De l’Asie à la France libre

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Joseph Hackin entre en 1924 à la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA), dont il devient le directeur en 1934 jusqu’à son départ pour Londres en 1940. D’autres archéologues, en mission à l’étranger, rejoindront aussi la France libre.

La DAFA a été créée en 1922 à l’initiative d’Amanullah, roi d’un Afghanistan à peine sorti de l’emprise de l’Empire britannique (1880-1919). Un accord entre l’Afghanistan et la France accorde à cette dernière le monopole des fouilles pour trente ans, avec un partage égal des découvertes à l’exception de l’or et des bijoux. Ce partenariat a pour mission d’étudier, de valoriser et de protéger le patrimoine archéologique afghan. Le premier directeur (1922-1925) de la DAFA, l’orientaliste Alfred Foucher, tente de retrouver les traces de l’expédition du roi de Macédoine Alexandre le Grand (356-323 avant J.C.) lors de sa conquête de l’Empire perse. Joseph Hackin effectue quatre campagnes de fouilles entre 1929 et 1940 et en expose les résultats pendant ses séjours en France. L’un de ses adjoints se nomme Ahmad Ali Kohzad, futur conservateur du musée de Kaboul. Malgré la fin du monopole de la France sur les fouilles, les archéologues français poursuivent leurs travaux après la seconde guerre mondiale. La DAFA, dont les autorités afghanes reconnaissent l’expertise, forme des jeunes chercheurs. La révolution de 1978 met un terme à ses fouilles sur le terrain. Son bureau à Kaboul est fermé de 1982 à 2003, pendant la longue période de guerres, d’affrontements armés et de destructions de vestiges archéologiques par les talibans iconoclastes. Dans le cadre du traité d’amitié entre la France et l’Afghanistan en 2012, la DAFA redevient la seule institution archéologique étrangère permanente dans le pays. Par ailleurs, en France occupée, des réseaux de résistance s’organisent pour sauvegarder le patrimoine français par l’évacuation en province de 4.000 trésors nationaux dans des dépôts secrets. D’autres recueillent des renseignements sur la destination des œuvres saisies par les Allemands et qui seront récupérées après la guerre. Enfin, certains suivent l’exemple de Joseph Hackin et de son épouse et adjointe Marie. Ainsi, jacques Soustelle, vice-président du musée de l’Homme en mission de recherche au Mexique, rejoint le général de Gaulle. Ce dernier lui confie une mission similaire à celle de Hackin, à savoir coordonner l’action des comités de la France libre en Amérique du Sud. Au Proche-Orient, Henri Seyrig, directeur des Antiquités de Syrie et du Liban de 1929 à 1941, est connu pour ses fouilles menées à Baalbek et à Palmyre. Il démissionne et devient attaché culturel de la délégation de la France libre aux Etats-Unis. L’archéologue et historien de l’Afghanistan, Daniel Schlumberger, qui succèdera à Hackin à la tête de la DAFA en 1945, rallie la France libre en Syrie dès l’été 1941. Il commence par commenter l’actualité politique à Radio-Brazzaville puis dirige le Service d’information de la France libre au Levant. Jean Starcky, curé de Palmyre, s’engage dans les Forces françaises libres puis devient aumônier au sein de de la 1ère Division française libre, depuis la Libye jusqu’aux derniers combats dans le massif de l’Authon (Préalpes de Nice) où il sera blessé. Compagnon de la Libération, Jean Starcky participe au déchiffrement des manuscrits de la mer Morte en tant que membre de l’Institut d’archéologie de Beyrouth. Puis, il deviendra directeur de l’Institut français d’archéologie.

Loïc Salmon

Exposition « De l’Asie à la France libre » aux Invalides

Angkor, naissance d’un mythe

« De l’Asie à la France libre », ouvrage collectif. Éditions Lienart, 144 pages, 25 €

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