Les forces française Sangaris et européenne EUFOR RCA, engagées en Centrafrique pour assurer la protection de la population civile et sécuriser l’accès des convois humanitaires, commencent à passer le relais à la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation de la République Centrafricaine (MINUSCA), a expliqué l’État-major des armées les 25 et 18 septembre 2014 à Paris. Présente en Centrafrique depuis le 5 décembre 2013 pour mettre fin aux exactions de bandes armées qui menaçaient la population, Sangaris (2.000 hommes) était jusque là composée de trois groupements tactiques interarmes (GTIA), répartis entre la capitale Bangui, la province Ouest et la province Est, ainsi que des éléments de soutien regroupés au camp de M’Poko près de Bangui. Dans la province Ouest, la MINUSCA a déjà relevé le GTIA, dont les effectifs sont rentrés en France et au Tchad (photo). Toutefois, l’effectif total de Sangaris reste identique, afin de renforcer les GTIA de Bangui et de la province Est. En effet, conformément à la résolution 2149 du Conseil de sécurité de l’ONU, Sangaris peut intervenir en appui de la MINUSCA là où se produisent des pics de violence. A partir d’avril 2014, Sangaris a été renforcée progressivement par la force de l’Union européenne en République Centrafricaine (EUFOR RCA, 750 hommes dont 250 Français), pour faciliter la montée en puissance de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique de la Commission de l’Union africaine (MISCA), forte de 6.500 hommes du Burundi, du Cameroun, du Congo-Brazzaville, du Tchad, du Gabon, de la Guinée équatoriale, de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda. A la suite de la résolution 2134 du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant le recours à la force, la MISCA a été relevée le 15 septembre 2014 par la MINUSCA (6.700 hommes) qui compte des contingents de l’ex-MISCA (Burundi, Cameroun, RDC, Gabon et Rwanda) ainsi que du Bangladesh, du Maroc, du Pakistan, de l’Indonésie et du Sri Lanka. A cette occasion, le général de division Philippe Pontiès, commandant l’EUFOR RCA, a présenté un bilan positif devant la presse le 18 septembre à Paris. Les taxis sont revenus dans Bangui, où le marché a repris ses activités, les stations-service ont rouvert et la presque totalité de la population a quitté le camp de réfugiés à proximité de l’aéroport. Le passage est assuré sur la principale route des approvisionnements entre la frontière camerounaise et Bangui. Des jeunes gens sont employés aux travaux de réhabilitation des habitations. La période du Ramadan s’est bien passée. Pour la première fois, précise le général, des gendarmes sont employés dans une opération européenne, à laquelle participent la France, l’Espagne, l’Italie, la Pologne, l’Estonie, la Lettonie et la Géorgie. Les gendarmes patrouillent dans Bangui avec les soldats de la MISCA puis de la MINUSCA, à pied et à bord de pick-up avec des systèmes radio pour réagir rapidement, afin de poursuivre le désarmement des bandes armées, lutter contre l’impunité et créer les conditions d’un retour durable des organisations humanitaires. L’EUFOR RCA coordonne ses patrouilles avec Sangaris et la MINUSCA, en raison des « poussées de fièvre » dans certains arrondissements de Bangui. En outre, elle assure la formation des gendarmes et policiers des forces de sécurité intérieures centrafricaines. Elle transfèrera son autorité à la MINUSCA fin novembre, car son mandat s’achève le 15 décembre 2014, a précisé le général Pontiès.
Loïc Salmon
Evolution et continuité de la gestion des crises en Afrique
Golfe de Guinée : zone de crises pour longtemps
Afrique : nouvelle frontière de la Chine avec des enjeux stratégiques