Sécurité : les armes légères et la lutte contre leurs trafics

La prolifération incontrôlée des armes à feu de petit calibre accroît la violence, déstabilise les États fragiles et freine leur développement. La lutte contre ces trafics nécessite une coordination mondiale.

Ce thème a fait l’objet d’un colloque organisé, le15 mai 2023 à Paris, par l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire et la Direction générale des relations internationales et de la stratégie du ministère des Armées. Y sont notamment intervenus :  Julien Joly, programme « Small Arms Survey » (Enquête sur les armes légères) de l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève ; Leonardo Lara Villarroel, Office des nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ; Anna Mensah, Institut de recherche des nations unies pour le désarmement (UNIDIR) ; Juan Belikov et Aldan Serikbay, Bureau des nations unies pour la lutte contre le terrorisme (ONUCT).

Fabrications illicites. Selon Leonardo Lara Villarroel, environ 550.000 armes à feu de petit calibre ont été saisies dans le monde en 2016 et en 2017. Près de 90 % d’entre elles ont été fabriqués de façon industrielle, mais seulement 85 % étaient correctement marquées. Les fabrications illicites concernent les armes artisanales, celles constituées après assemblage de leurs diverses pièces et les armes réactivées, transformées ou modifiées notamment au moyen de l’impression en trois dimensions. D’après l’ONUDC, les saisies d’armes transformées ont eu lieu en Grande-Bretagne, Suède, Azerbaïdjan, Ukraine, Moldavie et au Danemark. Celles d’armes assemblées se sont produites en Lituanie, Moldavie, Ukraine, Azerbaïdjan et aux Philippines. Celles d’armes réactivées ont eu lieu en Tunisie, Grande-Bretagne, Norvège et Lituanie. Les armes modifiées ont été saisies en Grande-Bretagne, Moldavie, Slovaquie, Lituanie et au Portugal. Enfin, les armes artisanales proviennent du Népal, des Philippines, du Burkina Faso, de Centrafrique, d’Algérie et de la Jamaïque. Au Sahel, les groupes terroristes s’approvisionnent surtout en armes fabriquées industriellement, tandis que les milices paramilitaires et les chasseurs préfèrent les armes artisanales.

Engins explosifs improvisés. Selon Julien Joly, le « Small Arms Survey » a répertorié plus de 2.200 incidents relatifs aux engins explosifs improvisés (EEI) entre 2014 et 2022 avec leurs type, date, lieu, auteurs et cibles. Les EEI sont fabriqués à partir de munitions explosives volées dans des entrepôts militaires, d’explosifs extraits de munitions, d’explosifs en vente dans le commerce à des fins civiles, d’engrais et d’accessoires divers. Ils peuvent être déclenchés par la victime, radiocommandés, placés dans des véhicules en cas d’attaques suicides, activés par fil, activés à distance puis déclenchés par les victimes ou portés par des personnes. Une étude de cas réalisée entre 2019 et 2022 identifie le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger comme directement concernés ainsi que le Bénin et la Guinée comme pays de transit. Les composants font l’objet de trafics divers : détournement de produits importés légalement ; détournement de produits pendant le transport ; détournement sur le site de l’utilisateur final officiel ; utilisation illicite de produits à double usage importés légalement ; prise de matériels militaires sur le champ de bataille. Le cycle de vie des munitions s’étend de la planification d’acquisition des composants et leur approvisionnement à la gestion de leurs stocks et leur élimination quand elles sont périmées. Le programme « Small Arms Survey » a publié un guide pratique sur la sécurisation des stocks. Il recommande le contrôle de l’achat et de la distribution des composants commerciaux, la surveillance de leurs acheteurs (entreprises ou individus), l’acquisition d’équipements pour le suivi et la traçabilité des munitions, la sensibilisation des personnels et leur formation.

Transferts et stockages. Anna Mensah explique que les détournements d’armes légères et de produits connexes se produisent au niveau du fabricant, pendant le transfert, dans les stocks publics ou privés, pendant leur utilisation active ou leur déploiement. Ils résultent aussi de l’absence de régularisation et de lacunes dans les contrôles nationaux ou lors de mouvements transfrontaliers non autorisés. Ces détournements sont effectués par des personnes privées, des groupes armés non étatiques ou même…des agents de l’État ! Ils résultent notamment des faiblesses et défaillances institutionnelles de l’État concerné, de trafics illicites, de la mise en œuvre de moyens techniques et de stratagèmes pour tromper les autorités publiques. L’UNIDIR évalue les risques de détournement grâce à ses réseaux d’information. Ainsi, les agences de renseignements gouvernementales identifient les personnes physiques ou morales soupçonnées d’être impliquées dans des trafics d’armes, analysent les tendances internationales des marchés illicites, repèrent les pratiques de corruption à l’étranger et les produits recherchés par les États sous embargo, et enfin pistent les organisations terroristes et les réseaux criminels. Les missions diplomatiques, les douanes et la police effectuent des contrôles sur les entités impliquées dans les transferts d’armes légères et sur les documents fournis à l’appui d’une demande d’autorisation d’exportation ou d’un autre type de transfert. S’y ajoutent les rapports des groupes d’experts de l’ONU sur la mise en œuvre des embargos sur les armes, ceux d’organisations non-gouvernementales crédibles, les annuaires commerciaux et ceux en ligne qui communiquent des informations précises et objectives. En outre, l’UNIDIR a développé une grille d’analyse du détournement des armes conventionnelles, de leurs munitions et de leurs pièces et composants, dans le cadre du Traité sur le commerce des armes, signé par 130 États et entré en vigueur fin 2014.

Post-conflit et terrorisme. Aux 850 millions d’armes légères de petit calibre hors des mains de l’État (voir encadré), s’ajoutent plus de 2 milliards d’armes non enregistrées selon l’ONUCT. Juan Belikov souligne les difficultés pour les retrouver et les collecter après les conflits. Or, ces armes jouent un rôle majeur dans la violence résiduelle, à savoir vengeance, récupération de biens perdus, improbabilité du retour à la paix, difficultés pour les combattants ordinaires de s’intégrer à la vie civile, effondrement de l’économie, contestation de territoires et nécessité de l’auto-défense en l’absence de l’autorité de l’État. Dans ce contexte, ces armes constituent des sources importantes d’échanges et de revenus. L’ONUCT manque de compétences spécialisées pour mener des enquêtes complexes sur les trafics d’armes à feu et le terrorisme. S’y ajoutent : l’absence d’enregistrement et de traçage systématiques des armes ; l’insuffisance d’échanges d’informations et de coordination entre les diverses agences ; le manque de bases de données sur les armes, les acteurs des trafics, les routes et les modes opératoires. De son côté, Aldan Serikbay précise que les groupes terroristes tentent d’acquérir et d’utiliser des matériaux létaux chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires, des armes légères, des engins explosifs improvisés et des drones. Depuis février 2021, environ 1.600 personnels militaires ont suivi des formations à la lutte contre le-terrorisme en Australie, Irak, Jordanie, Turquie, Malaisie, au Kenya, au Nigéria et aux Philippines.

Loïc Salmon

Le programme « Small Arms Survey » de l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genèveévalue le nombre d’armes à feu légères à environ un 1,013 milliard dans le monde en 2017. La répartition s’établit à 13 % (133 millions) des armes  détenues par les forces armées, 2 % (22,7 millions) par les forces de sécurité et 85 % (857 millions) par les populations civiles. Parmi ces dernières, 2,3 à 4,7 millions d’armes appartiennent à des entreprises privées de sécurité, 2 à 10 millions à des organisations criminelles et 2,1 à 2,8 millions à des groupes armés non-étatiques.

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Afghanistan : un sanctuaire néo-djihadiste très incertain

Organisation politico-religieuse sunnite, le régime taliban a trop besoin de la communauté internationale pour laisser l’Afghanistan redevenir une base-arrière de la mouvance djihadiste mondiale.

C’est ce qui ressort de deux études rendues publiques à Paris : une note réalisée par Jean-Luc Marret, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et publiée en septembre 2021 ; un dossier de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) en novembre 2021.

Les enjeux sécuritaires. Le régime taliban, arrivé au pouvoir après la chute de Kaboul le 15 août, a été surpris par l’attaque de l’aéroport, mal sécurisé, de la capitale le 28 août. Cet attentat, perpétré par le mouvement djihadiste EI-K (branche de l’Etat islamique en Afghanistan), a provoqué la mort de 180 personnes. Le régime taliban est en effet jugé trop modéré par l’EI-K, qui lui reproche ses négociations avec les Etats-Unis (accords de Doha en 2020) et ses relations avec l’Iran chiite. Multi-ethnique mais en majorité pachtoune, il limite son ambition à l’Afghanistan, tandis qu’Al Qaïda, avec qui il entretient des liens étroits, veut établir un califat mondial contre l’Occident en déstabilisant les Etats-Unis et Israël. Alors que, précise le document de la FRS, l’armée soviétique avait rendu hors d’usage ses milliers de blindés abandonnés lors de d’évacuation de l’Afghanistan en 1989, la débâcle de l’Armée nationale afghane a fourni aux Talibans un important arsenal en bon état et d’origine américaine. Il s’agit notamment d’avions, d’hélicoptères, de systèmes portables de communication tactique cryptée, de véhicules de transport de troupe et de missiles anti-char. Toutefois, les absences de soutien logistique (pièces détachées et munitions) et de compétence en matière de maintenance entraîneront une attrition progressive. Dans l’immédiat, ces équipements modernes renforcent les capacités du régime contre les oppositions armées locales : l’Alliance du Nord/Résistance du Panchir, qui a affirmé avoir repoussé une attaque des Talibans le 30 août 2021 ; l’EI-K, regroupant d’anciennes organisations djihadistes, y compris ouïgoures et ouzbèkes, ou de Talibans transfuges ; des éléments de l’ancienne armée afghane ; les groupes d’auto-défense Hazara (chiite), dont le Front de résistance aurait repoussé des Talibans le 24 août 2021 près de son fief de Behsud, ou le groupe d’Abdul Hakim Shujoyi, actif à Uruzan. Par ailleurs, la libération, par les Talibans au fur et à mesure de leur avancée militaire, de militants opérationnels détenus dans les prisons afghanes préoccupe désormais le nouveau régime. Parmi eux, certains djihadistes étrangers pourraient se mobiliser et constituer de nouveaux réseaux. Le mouvement taliban a souvent intégré des anciens militants des réseaux proches d’Al Qaïda. Aujourd’hui, paraît inévitable l’accueil passif de sympathisants cherchant une base-arrière sûre ou « faisant l’Hégire », à savoir se séparer de ses proches en déménageant en terre musulmane pour pratiquer un islam pur. La constitution formelle d’une administration d’accueil de volontaires djihadistes étrangers aboutirait logiquement à la préparation d’attentats régionaux ou internationaux, estime Jean-Luc Marret. Mais cela risquerait de précipiter la fin du régime taliban par une répétition de l’invasion américaine anti-Al Qaïda de 2001 ou par la fourniture de moyens nécessaires aux groupes anti-Talibans pour acquérir la supériorité militaire. Mais, le « djihad numérique » offre des possibilités de radicalisation en ligne, grâce à la maîtrise des réseaux sociaux ouverts ou cryptés, type « Telegram ». Les Talibans seraient, éventuellement, en mesure de d’utiliser les installations existantes pour diffuser suffisamment de propagande pour mobiliser des sympathisants hors d’Afghanistan. Toutefois, la lutte armée contre l’EI-K pourrait leur permettre de bénéficier d’une certaine tolérance par la communauté internationale comme le Somaliland, conclut Jean-Luc Marret.

L’environnement socio-économique. Selon le document officiel « Afghanistan living Conditions Survey », en 2016-2017, 36 % des Afghans avaient accès à l’eau potable et 31 % à l’électricité. Le taux d’alphabétisation des 15-24 ans atteignait 53,6 %. Celui de l’inscription en école primaire des dernières classes d’âge se montait 72,5 %, dont 84,4 % pour les garçons et 58,9 % pour les filles, chiffres supérieurs à ceux de la plupart des pays en développement. Par ailleurs, d’après des études américaines, l’Afghanistan pourrait détenir 60 Mt de cuivre, 2,2 Mdst de minerai de fer, 1,4 Mt de terres rares, des gisements d’aluminium, d’or, d’argent, de mercure et de lithium ainsi que des réserves de pétrole et de gaz. Le dossier de l’IHEDN indique que l’économie du pays dépend pour moitié de l’agriculture. Jusque dans les années 1970, seule une minorité chiite du Badakshan cultivait le pavot, d’où est extrait l’opium transformé ensuite en héroïne. Interdite par le premier régime taliban de 2000, cette culture a prospéré pendant 20 ans après son expulsion et représente 85 % de la production mondiale d’opium. Malgré son opposition de principe, le nouveau régime récupère une part substantielle des bénéfices de sa vente par diverses formes de taxation et de racket. En 2021, le pays connaît un effondrement économique et une grave sècheresse. Touchée par la pandémie du Covid-19, la population se trouve dans une situation humanitaire très difficile avec 14 millions de personnes nécessitant l’aide alimentaire internationale et 4 millions de personnes déplacées.

La situation diplomatique. Le dossier de l’IHEDN présente l’état des relations internationales de l’Afghanistan. Longtemps, le Pakistan a toléré une porosité de sa frontière en accueillant des exilés afghans des deux camps, au risque de relancer la question territoriale de la « ligne Durand », frontière héritée de la colonisation britannique et contestée par les Afghans. L’Inde, qui a toujours cherché un équilibre des puissances autour de cette ligne, pourrait perdre de son influence. La Chine convoite les richesses minières de l’Afghanistan et y avait déjà investi 8 Mds$ en 2009 dans une mine de cuivre sous contrôle taliban. Depuis 2000, la Russie partage avec les Talibans l’objectif politique commun d’humilier les Etats-Unis. Sa priorité demeure la stabilité de son voisinage immédiat et de l’Asie centrale. Afin de sécuriser ses frontières, l’Iran a amélioré ses relations avec les Talibans depuis plusieurs années, préservant ainsi les minorités chiites afghanes. Depuis des décennies, le Qatar s’est trouvé au centre des rencontres diplomatiques informelles entre les Talibans et leurs contacts internationaux, notamment américains. Toutefois en août 2021, il a accueilli un nombre considérable de réfugiés afghans en transit vers d’autres pays. La Turquie cherche à se positionner comme intermédiaire diplomatique pour faire participer ses entreprises de travaux publics à la reconstruction du pays. Quant aux Etats occidentaux, conclut le document de l’IHEDN, le départ des troupes américaines d’Afghanistan pourrait marquer la fin de leurs interventions militaires dans la lutte anti terrorisme, remplacée progressivement par une compétition accrue entre puissances régionales avec le retour possible de conflits de haute intensité.

Loïc Salmon

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Défense : le chef de l’EIGS tué et le grand contrat australien rompu

La force Barkhane a neutralisé Adnan Abou Walid al Sahraoui, émir de l’Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS), filiale de Daesh au Sahel. Par ailleurs, l’Australie a rompu le contrat portant sur la construction de 12 sous-marins.

Florence Parly, ministre des Armées s’est exprimée sur ces sujets devant la presse, le 16 septembre 2021 à Paris, en présence du général Thierry Burkhard, chef d’Etat-major des armées, et de Bernard Emié, directeur général de la sécurité extérieure.

EIGS décapité et déstabilisé. Selon la ministre, la lutte contre le terrorisme vise deux objectifs depuis 18 mois : construire la montée en puissance des armées sahéliennes ; désorganiser les groupes affiliés à Daesh, dont l’EIGS, ou à Al Qaïda dont l’AQMI (Al-Qaïda au Magrheb islamique). Il faudra du temps à l’EIGS pour trouver à Abou Walid al un successeur de son étoffe. Bernard Emié rappelle que l’émir a ordonné l’assassinat de 8 humanitaires (6 Français) au Niger (août 2020) et des massacres de populations locales au Burkina Faso (novembre 2020), au Mali (mars 2021) et au Niger (juillet 2021). La chaîne de commandement de Daech se trouve déstabilisée par la neutralisation de sept de ses membres : l’émir de l’EIGS, décédé ; Abdelhakim Sahraoui, N°2 du groupe (décédé) ; Abou Abderrahmane Sahraoui, N°3 et responsable religieux (décédé) ; Issa Sahraoui, chef pour le Mali (décédé) ;  Ikarey, chef militaire (décédé) ; Khattab al Mauritani, expert en explosifs (capturé) ; Abou Dardar, chef de la police islamique (capturé). Al Qaïda, implanté à l’Est du Mali, et Daesh dans le Liptako (zones des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger), tentent d’étendre leur influence vers le golfe de Guinée. La coopération entre services de renseignement français, africains, américains et européens a permis de localiser l’émir de l’EIGS. Sa neutralisation résulte d’une traque lancée le 17 août par un commando de 20 soldats dans la forêt clairsemée de Dangarous (Mali), explique le général Burkhard. Des frappes aériennes, entre le 17 et le 22 août, ont neutralisé une dizaine de véhicules, dont la moto transportant l’émir de l’EIGS. Par ailleurs, Florence Parly a indiqué qu’un éventuel accord entre les autorités maliennes et Wagner, société russe de mercenaires, serait incompatible avec l’intervention française au Sahel.

Contrat australien rompu. Le 15 septembre, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont annoncé un programme de sous-marins à propulsion nucléaire pour l’Australie. Or l’appel d’offres, que la France avait remporté en 2016, portait sur une propulsion diesel-électrique. Florence Parly estime que la dénonciation imprévisible de cet accord d’Etat à Etat constitue un non-respect de la parole donnée, base des relations internationales. En outre, elle remet en cause la souveraineté de l’Australie, qui aurait pu se doter d’une capacité sous-marine autonome grâce à l’acquisition du savoir-faire dérivé du programme de sous-marins nucléaire d’attaque (SNA) Barracuda, dont le Suffren, premier exemplaire, a été livré à la Marine en novembre 2020. Enfin, cette décision met en péril 400 emplois australiens et 650 en France chez Naval Group. Les clauses contractuelles seront étudiées attentivement pour préserver les intérêts français et pour que les conséquences soient le moins pénalisantes pour le constructeur, souligne la ministre. La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit la construction par Naval Group de cinq autres SNA livrables d’ici à 2030 et l’étude du sous-marin nucléaire lanceur d’engins de 3ème génération.

Loïc Salmon

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Drones : menaces aériennes à très basses altitudes

Souvent à l’abri des radars, les minidrones emportant une charge explosive constituent un outil de harcèlement en opération ou de terrorisme contre des cibles civiles.

Cette menace a fait l’objet d’une visioconférence organisée, le 20 avril 2021 à Paris, par COGES Events, filiale du Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres. Y sont notamment intervenus : Yannick Genty-Boudry, rédacteur en chef Défense de la publication Air & Cosmos ; Xavier Tytelman, expert en systèmes anti-aériens et ex-officier navigant sur avion de patrouille maritime ATL2.

Environnement de combat. Dès 2015, l’organisation terroriste Daech a monté des embuscades en Syrie avec des minidrones chargés de grenades, indique Yannick Genty-Boudry. Lors de la bataille de Mossoul, elle a utilisé des drones de 3 m de long pour cibler des centres irakiens de commandement tactique. Lors du conflit du Haut-Karabagh (2020), l’armée azérie a envoyé des minidrones armés jusqu’à 5-6 km derrière les troupes arméniennes pour les prendre à revers. Sous l’effet de la sidération, celles-ci n’ont pu réagir à une telle attaque qui a fait 80 morts. Les drones-suicides, non récupérables, visent des cibles de haute valeur comme les radars ou les centres de commandement et de contrôle. Le conflit du Yémen a pris une tournure économique avec le ciblage d’installations pétrolières saoudiennes, par les rebelles Houthis, au moyen de minidrones-suicides tirés à saturation comme des missiles balistiques classiques. La « démocratisation » du drone, ainsi armé à bas prix, provoque des dégâts matériels, psychologiques et économiques importants. Des acteurs non étatiques se professionnalisent à coûts réduits en armant des petits drones navals ou aériens avec une charge explosive de quelques kilogrammes. Cette tendance technico-opérationnelle dans des conflits de basse intensité prend une dimension de plus en plus stratégique. Des études en ce sens avec de l’intelligence artificielle (IA) embarquée ont commencé aux Etats-Unis, en Russie, Chine, Inde et Israël. En matière de drones armés, les démocraties occidentales veulent garder un contrôle humain avant une frappe contre des individus. Pour les autres nations, l’IA suffira pour déterminer une frappe en fonction d’un schéma. Dans l’armée russe, chaque groupe de combat devrait inclure un opérateur de système anti-drone. Une filiale de la société Kalachnikov développe une arme à énergie dirigée pour neutraliser les liaisons de données et les systèmes électroniques des minidrones.

Contexte civil. Aucun drone armé n’a encore été utilisé contre des aéronefs civils, indique Xavier Tytelman. Le groupe ADP (ex-Aéroports de Paris) utilise des caméras électro-optiques et infrarouges et étudie l’emploi de l’Intelligence artificielle avec l’armée de l’Air et de l’Espace. Quoique la plus efficace, la détection acoustique cible difficilement un minidrone dans un aéroport bruyant. Toutefois, s’y ajoutent les goniomètres (radio), radars, caméras numériques PTZ et balises DCL (40 km de portée). Après fusion des données et gestion de la menace, le poste de commandement donne l’ordre de neutralisation du petit drone intrus. De façon physique, celui-ci est enveloppé dans un filet, transporté par un minidrone « ami », capturé par un aigle, dressé à cet effet, ou détruit par un tir de précision. Des moyens électroniques peuvent, soit déstabiliser son gyroscope, soit brouiller sa liaison GPS ou la communication avec son pilote au sol.

Loïc Salmon

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Israël : ripostes militaires de précision au Hamas de Gaza

Par ses bombardements ciblés en représailles aux tirs de roquettes sur son territoire, Israël entend créer un climat d’insécurité totale au sein du mouvement islamiste Hamas.

Le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole de Tsahal (forces armées israéliennes) l’a expliqué au cours d’une visioconférence organisée, le 17 mai 2021 entre Jérusalem et Paris, par l’Association des journalistes de défense. La visioconférence a dû être retardée en raison d’une alerte en cours. Du 10 au 17 mai, les victimes de l’affrontement entre Israël et le Hamas de la bande de Gaza sont estimées à 10 tués et 294 blessés du côté israélien et 200 tués et plus de 1.300 blessés du côté palestinien.

Un contexte de guerre. Depuis 13 jours, 3.200 roquettes sont tombées sur Israël, mais avec un nombre réduit de victimes grâce au « dôme de fer », indique le lieutenant-colonel. Chaque unité du dôme comprend un radar de trajectographie, des roquettes et une batterie de missiles d’interception de courte portée. Dérivé du « Patriot » américain, ce système est de conception israélienne. En cas de tirs de roquettes décelés, les sirènes alertent la population de l’agglomération visée, qui se réfugie dans des abris en béton. A la date du 17 mai, le dôme de fer avait intercepté 90 % des roquettes, dont certaines ont explosé à Gaza. Il n’entre en œuvre que contre celles risquant d’atteindre des habitations. Tsahal a détruit 850 cibles considérées comme militaires, tuant 130 combattants. Les tirs de précision visent à réduire au maximum les dégâts collatéraux, souligne le lieutenant-colonel Conricus.

Des frappes chirurgicales. Le Hamas, dit-il, dissimule des installations militaires dans des infrastructures civiles très fréquentées, pour utiliser les passants comme boucliers humains. Ainsi, le 15 mai, une bombe guidée par GPS a totalement détruit la tour hébergeant les bureaux de médias étrangers, dont ceux de l’agence de presse américaine Associated Press et de la télévision qatarie Al-Jazira. Le personnel avait été sommé d’évacuer les lieux une heure avant l’attaque. Le ciblage de la tour, sans endommager les immeubles voisins, a été déterminé car elle abritait aussi les bureaux du service de renseignement du Hamas, des armes en cours de développement et des moyens logistiques. En outre, les bombardements ont détruit 100 km de tunnels aux parois bétonnées, par lesquels transitent des armes et des groupes armés. Il s’agit de perturber les activités militaires et civiles du mouvement islamiste, précise le lieutenant-colonel. Les opérations de représailles visent aussi les cadres militaires et les ingénieurs de haut niveau du Hamas. La prise de décision, processus complexe auquel participe un conseiller juridique, prend en compte la valeur de la cible et la réduction maximale du nombre de victimes potentielles. A titre indicatif, dans le passé, un dirigeant du Hamas a été abattu sans que son épouse, qui se trouvait à ses côtés, soit blessée.

Le Hamas. Le mouvement palestinien Hamas, qui comprend des branches politique et militaire, prône la destruction d’Israël et la création d’un Etat dans les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale. Il est implanté à Gaza, en Cisjordanie et dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, en Syrie et en Jordanie. Avec sa direction politique au Qatar, il dispose de camps d’entraînement en Syrie, au Liban, au Soudan et en Iran qui lui apporte une aide politique, financière et militaire. Son opposition à Daech et son hostilité à l’Etat islamique au Sinaï ont permis au Hamas de se rapprocher de l’Egypte.

Loïc Salmon

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Marine nationale : la TF 50 américaine sous commandement français

Pendant sa présence dans le golfe Arabo-Persique dans le cadre de la mission « Clemenceau 2021 », le Groupe aéronaval (GAN) assure le commandement de la Force opérationnelle américaine 50 (TF 50) depuis le 31 mars 2021.

Le contre-amiral Marc Aussedat, commandant le GAN, a présenté la situation le 15 avril 2021, au cours d’une visioconférence avec la presse à Paris.

Confiance et interopérabilité. Le golfe Arabo-Persique constitue une vaste zone d’opérations (voir encadré). Les contacts fréquents avec les Marines des pays riverains restent professionnels, même avec les forces navales iraniennes, pour éviter toute escalade, souligne l’amiral Aussedat. Dans le cadre de l’opération « Inherent Resolve », la TF 50 a pour missions d’accompagner les forces de sécurité irakiennes, pour empêcher Daech de se reconstituer, et de maîtriser l’espace aéromaritime de la zone. La TF 50 opère sous les ordres de l’état-major naval américain, basé à Bahreïn. Le centre des opérations aériennes de la coalition (83 pays), sous commandement américain, se trouve au Qatar. Signe de la confiance établie au cours de dizaines d’années entre les Marines américaine et française, le commandement français de la TF 50 met en exergue l’interopérabilité entre les porte-avions Charles-de-Gaulle et Eisenhower, tous deux à propulsion nucléaire et équipés de catapultes et de brins d’arrêt. Ce tandem permet une vision plus large de la situation et augmente l’intensité de l’effort dans les cas d’intervention armée. Ainsi, les deux avions de guet aérien E-2C Hawkeye du Charles-de-Gaulle, véritables postes de commandement volants, assurent le relais radio et l’alerte avancée dans l’environnement tactique. Les avions de chasse Rafale F3-R et les missiles de croisière navals de la frégate multi-missions Provence donnent une capacité de frappe dans la profondeur. Les Rafale effectuent 6 à 8 sorties par jour pour des vols de reconnaissance ou des frappes sur des objectifs identifiés ou pour des engagements d’opportunité au profit des troupes irakiennes au sol.

Composante américaine. L’amiral Aussedat s’entretient tous les deux jours avec le vice-amiral commandant la Vème Flotte américaine, dont dépend la TF 50 chargée aussi d’assurer la liberté de navigation dans le détroit d’Ormuz. Le porte-avions Eisenhower présente les caractéristiques suivantes : déplacement, 100.000 t ; longueur, 322, 8 m ; largeur du pont d’envol, 76 m ; vitesse, 30 nœuds (55 km/h). Il peut embarquer 90 aéronefs, dont : 4 « squadrons » (« flottilles » dans la Marine française) d’avions d’attaque et d’assaut F/18 Hornet ; 1 squadron d’avions de guerre électronique EA-6 Prowler ; 1 squadron d’avions de guet aérien E-2 Hawkeye ; 1 squadron d’hélicoptères de lutte anti-sous-marine Seahawk ; 1 flotte de soutien logistique Grumman C-2 Greyhound. La Marine américaine compte 11 porte-avions en service et devrait prendre livraison de 3 autres en 2022, 2027 et 2030.

Loïc Salmon

L’océan Indien est accessible par trois détroits d’importance stratégique, à savoir Bab-el-Mandeb (vers la mer Rouge et le canal de Suez), Ormuz et Malacca (vers l’océan Pacifique). Le détroit d’Ormuz relie la mer d’Arabie au golfe Arabo-Persique. Ce dernier s’étend sur 251.000 km2 avec une longueur de près de 1.000 km, une largeur variant de 200 km à 300 km et une profondeur de 50 m à 90 m. Il est bordé par : l’Iran au Nord-Est ; l’Irak, le Koweït et l’Arabie saoudite à l’Ouest ; Bahreïn, le Qatar et les Emirats arabes unis au Sud et à l’Est ; Oman à l’Est par l’enclave de Moussandan.

Marine : missions « Clemenceau 2021 » pour le GAN et « Jeanne d’Arc 2021 » pour le GEAOM

Aviation militaire : les Rafale F3-R en service opérationnel

Marine nationale : groupe aérien aux Etats-Unis, modernisation du porte-avions




Traquer la terreur

Démultiplicateur de l’insurrection pour déstabiliser un Etat, le terrorisme exploite la violence sur le plan médiatique et la justifie par des raisons idéologiques ou religieuses. Le contrer passe par le renseignement, la frappe chirurgicale et le…développement !

Théorisé par les Russes Trotsky et Lénine et le Chinois Mao, le terrorisme utilise le ressentiment de populations misérables ou d’individus fragiles et modifie en permanence ses modes opératoires. L’analyse de différents cas en montre les similitudes : guérilla Viêt Minh en Indochine (1945-1954) ; subversion en Irlande du Nord (1968-1998) ; Al Qaïda en Afghanistan ((2001-2014) ; attentats de Mumbai en Inde (2008) ; ceux d’Oslo et de l’île d’Utoya en Norvège (2011) ; terrorisme maritime dans le golfe d’Aden (2008) ; menace armée sur Bamako, capitale du Mali (2013). Pour atteindre ses objectifs, la stratégie terroriste inclut les domaines psychologique, social, économique, politique et culturel. Elle nécessite : mise en place d’un réseau d’agents dans les secteurs-clés d’une société, à savoir éducation, médias, transport et sécurité ; soutiens logistique, financier et technique sur une zone frontalière pour bénéficier de « sanctuaires » ou de soutiens extérieurs ; guérilla puis guerre dissymétrique d’envergure dans le pays ciblé ; retournement d’une population contre ses gouvernants par l’idéologie (subversion ou manipulation) ou la peur (attentats) ; instrumentalisation médiatique de la réaction disproportionnée des forces de sécurité, provoquée par des agitateurs. L’emprise totale sur une population s’avère primordial pour le renseignement, le ravitaillement, le recrutement et les caches de combattants. Au-delà de l’attentat ou de l’assassinat, l’option terroriste permet à l’insurgé d’apparaître comme un acteur sur les scènes nationale et internationale grâce au retentissement obtenu. En 1945, le Viêt Minh atténue son étiquette communiste et cherche à paraître nationaliste, contre la France, pour s’attirer le soutien des nationalistes vietnamiens et de la CIA américaine qui lui fournit armes et équipements. Au Pakistan dans les années 1980, pour lutter contre les troupes soviétiques en Afghanistan, la CIA forme à la guérilla de jeunes musulmans, qui constitueront plus tard Al Qaïda. Petits criminels et trafiquants passent au terrorisme au nom d’un idéal pour justifier leurs activités. En 2015, Daech gagne entre 700 M$ et 1,3 Md$ par le trafic de pétrole et d’antiquités, les rançons des otages, les donations et l’impôt sur les populations contrôlées en Irak et en Syrie. La médiatisation de ses massacres et la désinformation lui ont permis de s’emparer de territoires sans combats majeurs, en dépit de désavantages numériques. Toutefois, la guérilla et la subversion ne sont pas l’apanage des organisations terroristes, comme le montrent les actions britanniques auprès des bédouins contre les troupes turques pendant la première guerre mondiale et en Birmanie contre l’armée japonaise pendant la seconde ou celles des commandos français contre le Viêt Minh. A la trinité « population, armée et politique » de la guerre conventionnelle entre Etats, théorisée par le Prussien Clausewitz (1834), a succédé la synergie entre diplomatie, opérations spéciales et mentorat des armées de pays partenaires dans la guerre asymétrique. Retour de la sécurité et reprise de la vie économique dissuadent les populations ciblées de recourir aux réseaux parallèles des organisations terroristes pour subvenir à leurs besoins.

Loïc Salmon

« Traquer la terreur », commandant Vincent. Editions Pierre de Taillac, 252 pages, illustrations, 24,90 €.

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Afrique : quelles perspectives pour l’opération « Barkhane » ?

Pour la première fois depuis huit ans, le Sénat a débattu d’une opération militaire, en l’occurrence l’opération « Barkhane » au Sahel. L’action de l’Agence française de développement complète celle des forces armées.

A l’issue du débat, Christian Cambon, président de la commission sénatoriale des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, a tenu une visioconférence de presse à Paris le 9 févier 2021. Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement, a fait de même le lendemain avec l’Association des journalistes de défense.

Le débat sénatorial. Le débat sur « Barkhane » a rassemblé la presque totalité des sénateurs et chaque groupe s’est exprimé. Selon le président Cambon, un consensus s’est dégagé sur la qualité et le courage des forces françaises engagées, avec des résultats notables. Ainsi, environ 1.200 à 1.500 djihadistes les plus dangereux auraient été « neutralisés » (mis hors de combat) depuis le début de l’opération. Toutefois, dans ce conflit asymétrique où l’adversaire, invisible, se cache au milieu de la population, les technologies les plus pointues ne s’avèrent pas toujours les plus efficaces. Les décès et blessures de militaires français sont souvent causés d’engins explosifs improvisés, lors des transports par la route. La sécurité devrait s’améliorer grâce à une livraison accélérée des nouveaux véhicules blindés Scorpion, au blindage des véhicules plus anciens, à l’emploi de radars plus sensibles pour précéder les convois et au transport de soldats par des hélicoptères lourds, moins repérables que les convois. Ainsi, les hélicoptères suédois et britanniques CH-47 Chinook ont présenté un avantage par rapport à l’avion A400M. Par ailleurs, les forces africaines concernées se mobilisent petit à petit auprès des forces françaises, en vue d’un transfert de responsabilité à terme. La présence de contingents européens, à savoir estonien, puis suédois et bientôt italien, font avancer l’Europe de la défense, dont la frontière Sud commence au Sahel. Ce conflit pourrait provoquer un « effet domino » au Maghreb, où des tentatives de déstabilisation se produisent en Libye, Tunisie et Maroc. D’autres ont eu lieu dans le golfe de Guinée, notamment en Côte d’Ivoire. Il s’ensuivrait un exode de centaines de milliers de migrants sur tout le continent africain. Pour l’éviter, la France doit peser de tout son poids vers une réconciliation au Mali, seule solution aux mains des forces politiques maliennes. La junte militaire s’est engagée en ce sens et a pris des contacts avec les organisations qui ne veulent pas détruire l’Etat. Celui-ci est quasiment absent dans le Nord du pays, où écoles et services de santé sont fermés et où la police et l’institution judiciaire ont été remplacées par des organisations islamistes. Enfin, une aide de l’Agence française du développement, assurée directement dans les villages, doit permettre au pays de s’en sortir. Selon un récent sondage, 51 % des Français s’interrogent sur le maintien des forces françaises au Mali. Le président Cambon rappelle que, suite à l’embuscade d’Uzbin (10 morts et 21 blessés) en Afghanistan en août 2008, le président de la République Nicolas Sarkozy a décidé de ne plus y envoyer de troupes pour une cause mal perçue en France. De même, un rapport sénatorial sur l’efficacité des drones armés a conduit à la décision de la France d’acquérir des systèmes américains Reaper, actuellement déployés au Niger contre les groupes armés terroristes.

Le pilier développement. Institution financière, l’Agence française de développement (AFD) a déjà consacré 5 Mds€ au Sahel depuis 2013, soit de 500 M€ à 1 Md€/an, pour déclencher les mécanismes de développement par les acteurs locaux, souligne son directeur général. Une moitié des financements est versée au gouvernement de chaque pays et une moitié aux autres partenaires, comme la Banque publique de développement du Mali, qui intervient dans le Nord et le centre du pays, ou la Banque nationale du Mali, principal financier des secteurs de l’agriculture, du commerce et de l’industrie. Rien qu’au Mali en 2020, l’AFD a financé 43 ouvrages hydrauliques, pour fournir de l’eau à 50.000 personnes, 38 établissements de santé (38.000 consultations), 17 écoles (4.000 élèves) et 700 exploitations agricoles. L’AFD dispose d’un directeur régional à Ouagadougou (Burkina Faso) avec autorité sur le groupe G 5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et le Sénégal. Cette région, qui connaît un taux de croissance économique élevé, suscite des tensions et attire les groupes terroristes. L’effort de développement doit porter sur tous le territoire, car les emplois se trouvent là où la richesse se produit. Avec d’autres partenaires financiers, elle promeut quelque 800 projets à l’épicentre de la crise. Au Mali, l’AFD change les perspectives au-delà du court terme et ailleurs qu’à la capitale Bamako. Au Burkina Faso, elle contribue à la sécurité et à l’éducation. Au Niger, elle établit une cartographie commune aux diplomates et aux militaires. Le commandement de « Barkhane » au Mali et le Centre de planification et de conduite des opérations du ministère des Armées à Paris disposent chacun d’un conseiller « développement », l’Etat-major des armées détachant un officier supérieur à l’AFD. Ailleurs en Afrique, l’AFD intervient dans les pays riverains du golfe de Guinée, notamment en Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Bénin. Selon Rémy Rioux, les actions militaires et de développement devraient intervenir simultanément et non pas se succéder. Il faut agir côte à côte avant, pendant et après une crise. Après la séparation des belligérants et l’aide aux populations, il convient d’intégrer l’idée de développement dans les analyses. Une crise exerce une transformation concrète sur la vie des populations en matière d’approvisionnement en eau d’agriculture, d’infrastructure ou d’éducation. Par ses prêts sur 20 ans au Mali, l’AFD manifeste sa confiance dans l’avenir et explique comment le gouvernement doit développer le pays…afin de pouvoir la rembourser. En outre, elle acquière la connaissance de l’environnement, des acteurs économiques, de la société civile et des collectivités locales qui développeront le pays. Elle parvient ainsi « à faire entendre la voix de l’autre » auprès des ministères des Armées et des Affaires étrangères. Au sein de ce dernier, elle s’occupe de la mise en œuvre de projets de longue durée (4-5 ans), alors que la cellule de crise intervient dans l’action humanitaire d’urgence (alimentation et tentes). Le Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés et la Croix-Rouge internationale s’adressent à l’AFD pour les infrastructures des camps (eau, électricité et voierie).

Loïc Salmon

Depuis le 1er août 2014, l’opération « Barkhane » mobilise : 5.100 militaires ; 3 systèmes de drones ; 7 avions de chasse ; 20 hélicoptères ; 5 à 8 avions de transports tactique et stratégiques ; 280 véhicules blindés lourds ; 400 véhicules logistiques ; 220 véhicules blindés légers. Dans la bande sahélo-saharienne, aussi vaste que l’Europe, « Barkhane » a pour missions d’appuyer les forces armées des pays partenaires (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) dans la lutte contre les groupes armés djihadistes et d’empêcher la reconstitution de sanctuaires terroristes dans la région.

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Terrorisme : instrumentalisation de la pandémie du Covid-19

Les organisations terroristes Etat islamiste (EI) et Al Qaïda voient en la pandémie du Covid-19 une punition divine et non une crise sanitaire, qui ne remet pas en cause l’objectif de la fondation d’une société islamique.

Pierre Boussel, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, l’explique dans une note publiée le 29 juin 2020 à Paris.

Propagande et recrutement. Dans le cadre d’une propagande anti-occidentale, le Covid-19 est utilisé sur les réseaux sociaux pour séduire les populations musulmanes et susciter des vocations de djihadistes, indique Pierre Boussel. Ainsi, il touche surtout les pays riches sur les plans sanitaire et économique. Leurs banques leur portent secours par des prêts à intérêt, interdits par l’islam. Le virus, châtiment divin, infecte les personnalités influentes : des présidents (Botswana, Soudan du Sud) ; un vice-président (Iran) ; des Premiers ministres (Grande-Bretagne, Côte d’Ivoire) ; des ministres (Espagne) ; une vice-présidente d’Assemblée nationale (Burkina Faso) ; des députés (Italie) ; des sportifs, acteurs, musiciens et écrivains célèbres. La fréquentation des réseaux sociaux, accrue par le confinement, facilite le recrutement. Selon une étude (avril 2020) du Centre international d’étude de l’extrémisme violent, sur 236 nouveaux membres de l’EI, 49 % des hommes et 52,6 % des femmes ont été recrutés par voie « numérique ». Depuis sa fondation en 622, l’islam s’est renforcé malgré les crises, épidémies et autres aléas. Aujourd’hui, l’islam « radical » s’estime être le peuple « voulu » et « missionné par Dieu ». Comme lors de la grande peste de 1346, des djihadistes pourraient envoyer des personnes infectées par le Covid-19 au sein de populations vulnérables, notamment africaines. La cellule du renseignement financier du Luxembourg alerte sur les menaces liées au Covid-19, à savoir blanchiment d’argent et financement du terrorisme. Enfin, la récession économique creuse les inégalités sociales, causes de vocations djihadistes.

La complexité du Proche-Orient. En Irak, le confinement consécutif au Covid-19 affaiblit l’économie. La paupérisation, accrue et conjuguée à l’antagonisme sunnite/chiite, pourrait favoriser le recrutement de djihadistes, indique Pierre Boussel. Sur les 70.000 soldats américains présents au Moyen-Orient, 5.000 seulement se trouvent en Irak. Par ailleurs, la 5ème Division irakienne déployé à Diyala, bastion de l’EI, manque de matériels. Quelque 300 véhicules sont hors service et les caméras thermiques de surveillance, détruites par l’EI, ne sont pas remplacées. Selon un ancien directeur des forces spéciales américaines, la pandémie du Covid-19 donne l’occasion de revoir les priorités et d’examiner la valeur et les coûts des efforts entrepris. Le Pentagone a réduit la mobilité des forces déployées en Irak, mais y maintient leur capacité de réaction par le pré-positionnement d’urgence au Koweït de 3.000 soldats de la 82ème Division aéroportée. En Syrie, les forces américaines sont stationnées à l’Ouest de Deir er-Zor et de Bakamal, après l’offensive victorieuse contre l’EI en 2017-2019, avec parfois des incidents de tirs en présence d’éléments russes. En outre, les programmes américains de soutien et de formation à la lutte anti-terroriste se poursuivent en Jordanie, en Somalie et au Kenya. Par suite de la pandémie, la France a rapatrié la centaine de personnels chargés de la formation de l’armée irakienne, dans le cadre de l’opération « Chammal ». Mais des officiers français restent présents au sein de l’état-major de la force d’intervention combinée situé au Qatar, dans le cadre de l’opération internationale « Inherent Resolve » de reconquête des territoires syrien et irakien sur l’EI. Parallèlement au déclenchement de l’épidémie du Covid-19 en Irak au premier trimestre 2020, l’EI reconstitue ses forces, estimées à environ 500 à 3.000 hommes par les services de renseignement occidentaux. Il profite de l’affectation d’une grande partie de l’armée régulière irakienne à la surveillance du confinement pour conduire des attentats à Bagdad et des attaques contre des postes paramilitaires chiites.

L’Afrique en sursis. L’impact du Covid-19 sur le radicalisme islamiste dans la bande sahélo-saharienne (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) reste difficile à évaluer, estime Pierre Boussel. Une rivalité oppose le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans à l’Etat islamique au Grand Sahara. La répartition des subsides issus de la « zakat » (aumône légale de l’islam), les litiges pastoraux ou les défections de combattants entre les différents groupes l’emportent sur les considérations de santé publique. Le confinement n’arrête pas le terrorisme. Ainsi, en mars 2020 au Tchad, l’organisation Boko Haram a lancé un assaut avec plusieurs centaines d’hommes sur l’île de Bohoma, faisant 92 morts et 47 blessés. Le gouvernement tchadien a riposté par l’opération « Colère de Bohoma », qui a tué un millier de djihadistes. La crise économique, consécutive au Covid-19, parmi les Etats riverains du Lac Tchad pourrait inciter de jeunes déshérités à s’improviser djihadistes pour nourrir leur famille. Au Mozambique, le recul de la présence de l’Etat incite l’EI à lancer d’incessantes opérations « coups de poing » dans la province de Cabo Delgado. Au Sahel, des dizaines de milliers d’hectares, abandonnés par la puissance régalienne, se trouvent ainsi livrés à la prédation des organisations djihadistes.

La Chine, ennemi « verbal ». Selon Pierre Boussel, l’EI et Al Qaïda reprochent à la Chine son point de départ de la propagation du Covid-19, son athéisme, sa pratique de prêts financiers à intérêts et son oppression des Ouïghours musulmans de la province du Xinjiang. Celle-ci avait conquis son indépendance en 1933 sous le nom de « République islamique turque du Turkestan oriental » jusqu’à son absorption, en 1934, par la Chine devenue République populaire en 1949. Après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, les forces américaines engagées en Afghanistan contre Al Qaïda découvrent des combattants ouïghours, dont 22 sont envoyés à la prison de Guantanamo. Malgré un soutien financier, limité, au « Mouvement islamique du Turkestan oriental », Al Qaïda ne parvient pas à ouvrir un nouveau front dans le Xingiang, où l’islam radical reste minoritaire. A partir de 2011, des centaines de combattants ouïghours se rendent en Syrie. Il s’agit surtout de recrues issues des 25.000 ressortissants ouïghours de la diaspora d’Istanbul. L’effectif passe progressivement de 300 à 1.000 mis en scène dans une propagande vidéo. Mais, contrairement à ce qu’espérait l’EI, la province du Xingiang ne se soulève pas contre le pouvoir central chinois. En outre, les djihadistes ouïghours s’adaptent mal au conflit et réprouvent l’hyper-violence et les tactiques trop coûteuses en vies humaines. Sur le terrain, ils maîtrisent mal la langue, car leur connaissance de l’arabe du Coran diffère beaucoup de l’argot des troupes irako-syriennes de l’EI. Quant au Covid-19, les attaques de l’EI et d’Al Qaïda contre la Chine se limitent à la propagande, sans capacité opérationnelle ni engagement armé.

Loïc Salmon

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Afrique : hétérogénéité des crises et conflits au Sahel

Les groupes de rebelles djihadistes de la bande sahélo-saharienne présentent des spécificités, selon leurs implantations, leurs idéologies et leurs modes d’action.

Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Sector Network (ASSN), l’a expliqué au cours d’une conférence-débat organisée, le 9 mars 2020 à Paris, par l’Institut des hautes études de défense nationale. Organisation d’experts de la sécurité en Afrique, l’ASSN a son siège au Ghana et dispose d’antennes au Soudan du Sud, au Kenya et en Afrique du Sud.

Les acteurs. Les différents groupes armés actifs au Sahel, minés par les rivalités et la corruption, font allégeance au organisations terroristes Al Qaïda au Maghreb islamique ou Daech (voir encadré). Le « Groupe de soutien à l‘islam et aux musulmans » (GSIM), dirigé par le touareg Iyad Ag Ghali impliqué en 2010 dans la libération d’otages occidentaux, a décidé de négocier avec le gouvernement malien, en application des recommandations du dialogue national au Mali (8 mars 2020). Le GSIM veut obtenir le départ des troupes étrangères, notamment françaises. Le mouvement « Islamic States in West Africa » compte deux branches. La première, présente autour du lac Tchad, inclut le « Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest » et la branche armée du mouvement « Boko Haram », actif au Nigeria ; la seconde, « l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), est responsable de la plupart des violences contre la population civile, les forces armées et les représentants de l’Etat. L’EIGS, qui profite de nombreuses défections en raison de ses succès militaires au Mali et au Niger, obtient des ressources sur les territoires contrôlés et prélève un droit de passage sur les éleveurs en transhumance vers le delta du Niger. Les chefs des groupes armés se positionnent en fonction de la religion, de motifs politiques, de raisons économiques ou de vengeances interethniques. Le sommet de Pau (13 janvier 2020), qui a réuni les chefs d’Etat du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) à l’initiative de la France, a défini une stratégie contre l’EIGS.

Une grande complexité. Selon Niagalé Bagayoko, le Sahel se trouve en situation insurrectionnelle, avec des groupes qui remettent en cause le modèle d’Etat actuel, deuxième phase de la décolonisation. Les populations civiles se sentent abandonnées, en raison des faillites dans plusieurs domaines : la démocratisation, faute de transparence et d’alternance ; la décentralisation, qui gère mal les régions ; l’éducation, qui n’améliore pas les conditions sociales avec, pour conséquences, la fermeture d’écoles autour du lac Tchad et des menaces contre les enseignants par Boko Haram, qui a brûlé des livres venus de l’Occident ; l’urbanisation, qui laisse les zones rurales de côté ; le développement, car les populations ne tirent aucun bénéfice des réformes de l’Etat. En outre, les groupes armés bénéficient de la collaboration de la part des populations civiles, victimes des exactions des forces de défense et de sécurité. Les revendications indépendantistes se manifestent dans les régions exclues du développement depuis l’indépendance du pays. Depuis 2015 au Mali, un groupe armé s’oppose au gouvernement de Bamako et un autre, s’en sentant proche, veut négocier avec lui. Les fréquents conflits intercommunautaires se focalisent sur la gestion des ressources agro-pastorales et forestières au Sahel, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. S’y ajoutent ceux entre catégories professionnelles, à savoir entre éleveurs nomades et agriculteurs sédentaires et ceux entre autochtones et allochtones (extérieurs au territoire), sans liens avec les groupes islamistes. En outre, des querelles opposent les tenants des normes traditionnelles sur l’eau, la terre et le bétail et les partisans des règles de décentralisation des décennies 1990-2000. D’autres conflits portent sur l’exploitation des ressources du sous-sol, notamment l’or du Sud du Mali et de l’Ouest du Burkina Faso. Dans les sociétés très hiérarchisées des Touaregs et des Peuls, les « dominés » estiment avoir droit à l’égalité. La sécurité se « communautarise » au Mali avec la constitution de groupes d’auto-défense et de milices, à l’origine de massacres en 2019. Le gouvernement, qui a favorisé leur émergence, tente de les dissoudre. Au Burkina Faso, le gouvernement a fait voter une loi pour institutionnaliser les groupes d’auto-défense, plébiscités par la population qui les considère comme plus aptes à les protéger que les forces de sécurité. Enfin, les groupes criminels, qui vivent notamment sur le trafic de stupéfiants, entretiennent des liens avec la plupart des autres acteurs.

Les limites des interventions. Depuis 2019, se développe un ressentiment à l’égard de la politique étrangère de la France et non pas un sentiment anti-français, car les communautés françaises ne sont pas prises à partie, estime Niagalé Bagayoko. S’y ajoutent la difficulté à comprendre que l’opération « Barkhane » (5.100 militaires déployés) ne parvienne pas à éradiquer les groupes armés et l’impossibilité de vérifier les chiffres des résultats annoncés, pour en évaluer l’efficacité. L’objectif de restaurer l’autorité de l’Etat (sommet de Pau) ne parle pas aux populations, qui en dénoncent le modèle actuel. L’architecture de sécurité repose sur un conseil de paix et de sécurité et une force africaine pré-positionnée, encore en attente, et huit communautés économiques régionales. Selon Niagalé Bagayoko, ce dispositif ne fonctionne pas dans une conflictualité transrégionale. En outre, la MINUSMA (force de l’ONU) n’est pas capable de protéger les populations civiles. Enfin, les actions européennes de formation des forces armées africaines ne sont guère adaptées au contexte.

Les pistes possibles. Niagalé Bagayoko préconise de revoir les paramètres d’analyse des crises et conflits en Afrique, avec des sociologues et des anthropologues qui maîtrisent les langues locales. Au-delà de l’action militaire, il conviendrait de renforcer les capacités de la Police, de la Justice, du Parlement, de la Cour des comptes et du Médiateur (litiges entre les citoyens et l’Etat). La dimension « droits de l’homme » devrait s’intégrer à tous les échelons. La prise de décision, « hybride », devrait prendre en compte l’informalité, très importante en Afrique. Le concept de conflit de basse intensité nécessite une révision, en vue d’élaborer une pensée stratégique spécifique. Celle-ci, basée sur des références historiques africaines, devrait d’abord viser la protection des populations et en assumer le coût. Enfin, les Etats africains devraient définir eux-mêmes leurs propres besoins en armement.

Loïc Salmon

Deux coalitions terroristes se font concurrence au Sahel. La première, dénommée « Groupe de soutien à l‘islam et aux musulmans », créée en 2017, réunit plusieurs formations affiliées à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) : le groupe Ansar Dine qui avait participé à la prise de contrôle du Nord du Mali, renommé « Azawad » en 2012-2013 avant l’opération « Serval », lancée par la France en janvier 2013 à la demande du gouvernement malien ; le groupe Al-Mourabitoune ; la Katiba du Macina. La seconde, dénommée « Etat islamique au Grand Sahara », s’est ralliée à Daech et sévit dans la zone des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Opex : bilans de « Chammal » et de « Barkhane » en 2019

Afrique : les risques de déstabilisation et de terrorisme

Afrique : zone sahélienne sous tension et résolution de crises