Exposition « Les gendarmeries du monde » à Melun

Au service des Etats et des citoyens, les gendarmeries garantissent aussi l’indépendance et le choix des autorités judiciaires, en temps de paix, de crise ou de guerre, grâce à leurs organisation, formation et équipements adaptés.

Un même concept. Quels que soient les appellations, les uniformes ou leurs rattachements aux ministères de la Défense ou de l’Intérieur, les gendarmeries se caractérisent par leur structure militaire avec des valeurs partagées, un sentiment d’appartenance et un fort esprit de corps. Leurs armements varient des pistolets et fusils de petit calibre aux armes lourdes et véhicules blindés, avec emploi d’avions, d’hélicoptères et de bateaux. Organisées pour le traitement de l’insécurité intérieure et parfois extérieure, elles agissent de façon raisonnée et hiérarchisée, suivant des ordres déclinés d’un échelon à l’autre. En France, la « maréchaussée », apparue au XIVème siècle, devient « Gendarmerie nationale » en 1791. Elle s’exporte, d’abord en Europe par les guerres révolutionnaires et napoléoniennes puis, à partir de 1830, lors de l’expansion coloniale en Afrique et en Asie jusqu’aux indépendances de nouveaux Etats entre 1954 et 1962. De même, le Portugal, l’Espagne et l’Italie développent leurs modèles dans leurs sphères d’influence. La Turquie s’est inspirée de l’Allemagne. L’Iran fait appel à la Gendarmerie suédoise en 1911. La Chine a réformé sa Police armée populaire (PAP) en 1982 et le Cambodge a recréé sa Gendarmerie royale khmère en 1993. Après la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991, les gendarmeries sont réapparues en Roumanie, Lituanie, Moldavie, Serbie et même… Russie ! Leur modèle a été retenu au Qatar (2003), en Jordanie (2008) et au Mexique (2014). Ces cousinages ont débouché notamment sur des coopérations bilatérales frontalières, facilitées par la similitude des missions.

Le contrôle des flux. Le maillage des unités sur les axes de communication permet de contrôler l’espace terrestre national. Au Bénin et à Madagascar, la gendarmerie couvre 90 % du territoire où vit 81 % de la population. Le Niger, le Mali, la Mauritanie ont créé des brigades fluviales. En 2015, le Tchad a suivi leur exemple et a aussi institué un Groupement de sécurité et de protection des installations pétrolières. La Guinée s’est dotée d’une Gendarmerie de l’urbanisme et de l’habitat et d’une autre chargée des mines et de la géologie. La PAP chinoise a développé des « unités des mines d’or », des brigades de gardes forestiers et des « unités de travaux hydrauliques ». La surveillance des frontières est dévolue à la gendarmerie en Turquie et en Algérie. L’Union européenne dispose de l’agence Frontex pour le contrôle de ses frontières extérieures. En outre, la « Guardia Civil » espagnole surveille ses frontières terrestres avec le Maroc, pour les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, et maritimes par des patrouilles en haute mer. En Amérique, la répression de la criminalité transfrontalière dans les voies navigables communes est assurée par le Service des douanes et de la protection des frontières des Etats-Unis et la Gendarmerie royale canadienne. Des gendarmeries maritimes existent aux Comores, en France, au Gabon, en Guinée Conakry, au Maroc, en Mauritanie, au Portugal, au Togo, en Tunisie et au Venezuela. Le maillage territorial des brigades de gendarmerie, qui vivent sur place avec leur famille, facilite leur proximité avec la population. Une caserne de gendarmerie symbolise l’Etat, comme l’école, le lieu de culte ou la mairie. Ce lien social s’avère essentiel dans les pays peuplés de nombreuses ethnies aux affrontements récurrents, comme en Côte d’Ivoire (2002-2005) et en Centrafrique (2004-2007 et depuis 2012). Certaines gendarmeries côtoient des populations nomades : Touaregs (Tchad, Mali, Algérie et Niger) ; Bédouins (Jordanie) ; Peuls (Sénégal) ; Somalis (Djibouti). Suite à la guerre civile en Syrie depuis 2011, le Liban accueille 1,5 million de réfugiés et la Jordanie près d’un million.

La protection de la nation et de l’Etat. La plupart des gendarmeries assurent la police au sein des armées pour éviter les exactions à l’encontre des populations civiles. Certaines se sont trouvé directement confrontées aux groupes armés terroristes d’Aqmi ou de Boko Haram : Burkina Faso (9 octobre 2015) ; Cameroun (7 octobre 2016) ; Tchad (8 octobre 2016) ; Niger (6 mars 2017). En 2016, la Garde nationale tunisienne a été sévèrement attaquée par des groupes de Daech, venus de Libye pour établir un émirat en Tunisie. Depuis 2005, des carabiniers italiens forment des policiers d’Afrique et d’Asie avant leur déploiement dans les missions de l’ONU. Par ailleurs, les gendarmes assurent souvent la garde rapprochée du chef de l’Etat, des hôtes étrangers et des hautes personnalités (Côte d’Ivoire et Comores). Lors des déplacements, les escortes sont constituées de motocyclistes, mais aussi, parfois, de gendarmes à cheval comme ceux de la Garde républicaine française : Italie ; Mali ; Maroc ; Niger ; Portugal ; Burkina Faso ; Jordanie ; Sénégal (la Garde rouge) ; Togo. Les fanfares de gendarmerie rendent les honneurs aux plus hautes personnalités de l’Etat et animent les cérémonies patriotiques. Enfin, outre la garde des palais nationaux, les gendarmes assurent celle des ambassades à l’étranger.

Les nouvelles menaces. Les gendarmeries ont constitué des unités spécialisées dans la lutte contre le terrorisme. La Guardia Civil reste la pionnière avec la création d’un service de renseignement dédié contre l’ETA (organisation armée indépendantiste basque de 1959 à 2011), suivie des carabiniers contre les Brigades rouges italiennes (1970-1988 et 1999-2003). Le GIGN français, créé en1974, a servi de modèle à des unités similaires : DSI en Algérie (intervention sur le site gazier de Tiguentourine en janvier 2013) ; SFE en Argentine ; GIGN au Bénin et au Tchad ; GPIGN au Cameroun ; GOPE au Chili ; PIGN aux Comores ; UIGN en Côte d’Ivoire ; UEI en Espagne ; PIGN au Mali ; GSI au Maroc ; GSI en Italie ; GSIGN en Mauritanie et au Togo ; « Scorpion » en Moldavie ; USI/GN au Niger ; BSB aux Pays-Bas ; JÖAK en Turquie. Ces unités ont acquis un savoir-faire particulier dans le tir de précision, l’emploi d’explosifs et la libération d’otages. La PAP chinoise intervient lors de prises massives d’otages. Quelques pays disposent d’unités de sécurité spécialisées dans le déminage : Portugal avec un centre à Bela ; Qatar pour les explosifs radioactifs, biologiques et chimiques (RBC) ; Espagne pour les menaces RBC et nucléaire.

Loïc Salmon

Gendarmerie : lutte contre le terrorisme et renseignement

Les gendarmes du ciel

Les spécialistes de la gendarmerie

L’exposition « les Gendarmeries du monde » (5 octobre 2017- 15 juillet 2018) est organisée par le musée de la Gendarmerie de Melun, avec notamment les participations du ministère des Affaires étrangères, de la Garde républicaine et de la Société nationale de l’histoire et du patrimoine de la gendarmerie. Elle présente des objets, documents, équipements, armes, uniformes, insignes, photos et clips vidéo des gendarmeries ou forces équivalentes de 46 pays dans le monde, dont le Vatican et Monaco. Entre 1951 et 2016, l’Ecole des officiers de la Gendarmerie nationale de Melun a formé 837 officiers de 52 pays. (www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/musee)




Armée de l’Air : l’appui aérien aux opérations terrestres

Le processus « Air Land Integration » (ALI), à savoir une coordination élevée entre aéronefs et forces terrestres, implique une adaptation permanente de la mission au théâtre d’opération.

Le lieutenant-colonel Fabrice Laurens de l’état-major de l’armée de l’Air l’a présenté à la presse le 7 septembre 2017 à Paris, à l’occasion de l’exercice interarmées et interalliés « Serpentex ».

Synergie et technologie. Dans un contexte multi-théâtres, évolutif et avec emploi de technologies avancées, l’armée de l’Air met ses moyens en synergie au sein de la campagne globale. Elle respecte la liberté de décision et le choix des modes d’action de la composante terrestre bénéficiaire. L’ALI, qui nécessite un important investissement humain et technique, met en œuvre l’ensemble des processus tactiques (planification et conduite) pour optimiser la manœuvre interarmées. Il s’applique principalement à l’appui aérien : le feu au profit de troupes au sol et le renseignement pour les forces spéciales. La composante air de l’ALI met en place des chaînes de commandement adaptées au théâtre. Ainsi pour l’opération « Chammal » au Levant, les forces françaises sont engagées dans une coalition internationale au commandement très centralisé en raison des nécessités politiques du théâtre. L’appui aérien nécessite alors une coordination classée « haute » au niveau de l’état-major. En revanche dans la bande sahélo-saharienne, l’opération « Barkhane », menée par la France, permet une organisation décentralisée de l’ALI. La chaîne C2 Air (système de commandement et de conduite) descend au plus bas niveau tactique. Des officiers de l’armée de l’Air sont mis en place dans la structure du commandement Terre, constituant une prolongation, sur le terrain, du JFAC (commandement de la composante air interarmées) installé à la base aérienne de Lyon Mont-Verdun.

« Serpentex » 2017. La complexité des opérations nécessite un entraînement ALI très poussé en interarmées et interalliés, du plus bas niveau tactique à celui des chaînes C2. L’expertise de l’ALI, acquise pendant une dizaine d’années, est mise à profit dans l’exercice « Serpentex » (11-29 septembre 2017) à la base aérienne de Solenzara (Corse). Il vise à : entraîner les contrôleurs aériens avancés (JTAC) à leur mission d’appui aérien dans des conditions réalistes ; tester des matériels et éprouver des procédures nouvelles en interarmées et interalliés ; prendre en compte les opérations récentes. Plus de 10 pays, principalement de l’OTAN, soit 1.000 militaires dont 800 Français, participent à « Serpentex ». Ce dernier met en œuvre : une trentaine d’avions de chasse dont 17 étrangers ; 4 hélicoptères (1 Puma et 3 Fennec) ; 2 avions de transport tactique (Transall et Casa) ; 1 drone Reaper ou Harfang ; 1 avion radar AWACS E3-F ; 1 avion ravitailleur KC-135 français ; 74 JTAC, dont 13 instructeurs ; 1 système de défense sol-air Mistral de l’armée de Terre ; 1 simulateur de menace sol-air américain TRTG. Les commandos parachutistes de l’Air N°10, 20 et 30 utilisent le système « Alliance » pour effectuer le guidage terminal d’une bombe, en évitant les communications vocales. En outre, « Alliance » aide à la décision tactique en affichant : des points d’intérêt mise à jour en temps réel sur une carte ou une image satellite ; des éléments issus des bibliothèques ; les ordres de commandement. Il accélère la boucle décisionnelle pour l’appui aérien rapproché. Enfin, il réduit les risques de tirs fratricides et de dommages collatéraux par la visualisation de la zone létale de l’armement.

Loïc Salmon

Forces spéciales : ET «Poitou»/CPA10, binôme avions/commandos

Armées de l’Air et de Terre : interopérabilité en transport tactique et aérolargage

Défense : les opérations aéroportées, capacités spécifiques selon les missions




14 juillet 2017 : « opérationnels ensemble » en interarmées, interministériel et international

L’édition 2017 du défilé militaire sur les Champs-Elysées met l’accent sur la coopération entre forces armées et de sécurité et entre pays alliés dans les opérations extérieures. Elle commémore aussi le centenaire de l’entrée des Etats-Unis dans la première guerre mondiale.

Sa préparation, étalée sur un an, a été présentée à la presse le 5 juillet 2017 par le général de corps d’armée Bruno Le Ray, gouverneur militaire de Paris.

Les personnels et matériels. Ponctué par l’arrivée et le départ du président de la République, le défilé compte 3.765 militaires à pied (+ 526 en un an), 241 cavaliers de la Garde républicaine, 211 véhicules, 63 avions et 29 hélicoptères (+ 4). L’opération « Chammal », en cours en Irak et en Syrie, mobilise 1.200 soldats, toutes spécialités confondues, dans la lutte contre l’Etat islamique (Daech). Elle est mise à l’honneur par la marche d’un bloc d’une centaine d’entre eux, issus des armées de Terre et de l’Air et de la Marine nationale. Rappel de la Grande Guerre, une animation initiale met en parallèle les innovations technologiques réalisées à l’époque et la préparation de l’avenir par le travail d’anticipation des armées et la Direction générale de l’armement. Des images illustrent les capacités opérationnelles des véhicules présentés et les évolutions aériennes et maritimes depuis cent ans. Elles appuient huit présentations dynamiques de véhicules d’époque et d’aujourd’hui : un char Schneider et un véhicule blindé de combat d’infanterie ; un char Saint-Chamond et un char Leclerc ; un camion Renault EG1 équipé d’un canon 155 GPF et un canon Caesar ; un camion Latil en version ambulance et un véhicule de l’avant blindé sanitaire ; un porte-char Latil avec une maquette de char FT17 et un porte-char 700/100 ; un camion Lauer transport de marchandises et un camion logistique blindé ; un camion Peugeot avec une barque pontonnier et un SPRAT (système de pose rapide de travures). Un drone tactique de renseignement Patroller contribue à la fourniture d’images aériennes. Un drone de surveillance Reaper (moyenne altitude longue endurance) participe à la « bulle » de sécurisation de l’espace aérien de la capitale pendant le défilé.

Les Etats-Unis, invités d’honneur. A l’occasion du centenaire de l’engagement de son pays sur le front Ouest aux côtés des Alliés, le président américain Donald Trump assiste au défilé, à l’invitation du président de la République Emmanuel Macron. La précédente présence d’un président des Etats-Unis à cette parade militaire, en l’occurrence George Bush (père), remonte à 1989. Environ 1 million de soldats américains ont participé aux combats du premier conflit mondial et 126.000 y ont perdu la vie. Cette fois-ci, quelque 200 militaires des armées de Terre et de l’Air, de la Marine et du Corps des Marines défilent à Paris, dont cinq, en tête, revêtus des uniformes de 1917.  En 2002, les cadets de West Point avaient défilé avec les élèves-officiers de Saint-Cyr Coëtquidan. Le défilé aérien de 2017 inclut 2 avions de chasse américains F22 Raptor et 6 F16 de la patrouille acrobatique des « Thunderbirds », qui suivent les 9 Alphajet de la Patrouille de France. Celle-ci s’est rendue aux Etats-Unis en avril dernier. Aujourd’hui, la France et les Etats-Unis luttent contre Daech dans la coalition internationale au Levant.

Les musiques militaires. Les fanfares présentes symbolisent la coopération interarmées : Garde républicaine ; Air ; Flotte ; sapeurs-pompiers de Paris ; Légion étrangère ; transmissions ; cavalerie ; artillerie ; parachutistes ; troupes de Marine.

Loïc Salmon

2017 : centenaire de la participation des Etats-Unis à la première guerre mondiale

14 juillet 2016 : les engagements militaire, sécuritaire et national




19ème Régiment du génie, entreprendre et réussir

Depuis 1876, le 19ème Régiment du génie, décoré des croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945, apporte un appui incontournable aux opérations.

Le nom de « sapeurs d’Afrique », employé dans le chant régimentaire, reste attaché à cette unité. Dès les premières années de son existence, le 19ème Régiment du génie (RG) est déployé en Extrême-Orient et en Afrique. A Madagascar, le génie assure, durant 8 ans, la construction et l’entretien des casernements, hôpitaux, voiries et installations d’assainissement. Il joue déjà un rôle de pacificateur qui marquera son histoire à diverses reprises. Dès l’automne 1914, il s’illustre dans la guerre de position à laquelle se livrent Français et Allemands dans les tranchées : aménagement des fortifications de campagne ; appui aux offensives ; construction de galeries sous les tranchées ennemies lors de la « guerre des mines ». Le génie connaît une croissance rapide avec la création de nouvelles unités spécialisées : télégraphistes, sapeurs de chemins de fer, pontonniers et colombophiles. Les sapeurs s’imposent à tous les niveaux de la hiérarchie, à l’arrière comme au front, jusqu’à entrer les premiers dans le fort de Douaumont (bataille de Verdun, 1916). Le 19ème RG reçoit son appellation officielle en 1935.Il changera plusieurs fois de nom.

Durant l’entre-deux-guerres, il développe sa vocation nord-africaine en menant des travaux d’aménagements en Algérie et au Maroc, dont un réseau de 100 km de ligne télégraphique au sommet de collines tunisiennes ou une voie ferrée algéro-tunisienne. Au cours de la seconde guerre mondiale le 19ème RG participe aux campagnes de Tunisie, d’Italie, de France et d’Allemagne. Il compte alors dans ses rangs le fameux Alain Mimoun…futur champion olympique du marathon en 1956 ! Déminage, franchissement et rétablissement d’itinéraires font partie du quotidien des sapeurs. A la fin du conflit, une citation à l’ordre de l’armée leur est décernée. La 19ème Compagnie de marche du génie, issue du 19ème RG, participe au conflit en Indochine de 1949 à 1955. La tâche est rendue difficile par le terrain, le climat, l’action ennemie incessante, un matériel ancien et défaillant. Au cours de 22 opérations, les sapeurs d’Afrique réalisent près de 600 km de routes et de pistes, construisent plus de 100 ponts et radiers (souvent détruits par le Viêt Minh puis reconstruits), trois pistes d’aviation, un terrain pour les hélicoptères et un autre pour les avions de transport. Le régiment, regroupé à Hussein-Dey, est aux premières loges lorsqu’éclatent « les événements d’Algérie » (1954). Outre leurs missions traditionnelles de mise en valeur du territoire et d’assistance aux populations, les sapeurs d’Afrique sont déployés dans des opérations de maintien de l’ordre. A la fin de la guerre d’Algérie (1962), le 19ème RG s’installe à Besançon. Les sapeurs poursuivent leur instruction, s’entraînent à la navigation en courant rapide, à construire et détruire des ponts de nuit… pour faire face à la menace venant de l’Est. Depuis les années 1990, le  19ème RG s’illustre dans de nombreuses opérations extérieures : Balkans, Côte d’Ivoire, Liban, Kosovo, Afghanistan et bande sahélo-saharienne. En 2016, composée de 1500 personnels, l’unité est organisée en 9 compagnies et devient le régiment d’appui de la  1ère Division.

Nathalie Deleau

« Serval » : manœuvre aéroterrestre en profondeur et durcissement de l’engagement

Opérations : Afghanistan, Libye, Côte d’Ivoire et Tchad

Robotisation du champ de bataille : état de l’art

« Entreprendre et réussir, histoire du 19ème Régiment du génie », par Christophe Lafaye. Editions Pierre de Taillac, 2016, 175 pages, 35€.




Armées de l’Air et de Terre : interopérabilité en transport tactique et aérolargage

Transport aérien tactique et livraisons par air, indispensables à toute opération militaire, exigent rigueur, minutie et partage de savoir-faire, face à tout type de menaces sur des terrains sommaires où le « sur mesure » est de mise.

Leurs particularités ont été présentées à la presse, le 4 mai 2017 à Paris, par le lieutenant-colonel Christophe Piubeni, commandant le Centre d’instruction des équipages de transport, et le colonel Nicolas Filser, commandant le 1er Régiment du train parachutiste (RTP).

Le transport tactique. Outre le remplissage de l’avion de fret et le largage de matériel et de vivres, le transport tactique inclut les opérations aéroportées, les poser d’assaut et l’évacuation de ressortissants, explique le lieutenant-colonel Piubeni, L’Agence européenne de défense a lancé le programme ETAP (European Tactical Airlift Program), qui inclut le cours « Multi Ship » de vol à plusieurs avions. Les stagiaires apprennent à aller au combat dans un environnement représentatif d’une opération aérienne en coopérations interarmées et interalliées, afin de contribuer à l’interopérabilité des forces aériennes européennes. Dans ce cadre, un exercice multinational (9-19 mai 2017) se déroule à partir de la base 123 d’Orléans avec : 3 équipages français, dont 1 sur A400M et 2 sur Casa CN235, ainsi que des officiers de renseignement ; 1 équipage allemand sur C160 Transall; 1 équipage espagnol sur C130 Hercules ; 1 équipage néerlandais sur C130 Hercules. Il s’agit d’améliorer leurs connaissances des opérations, leur aptitude à préparer et conduire des missions tactiques, en vue de préparer leur qualification « élément leader ». A cet effet, l’armée de l’Air mobilise : 1 escadron électronique sol (moyens d’écoute et de brouillage) ; 1 escadron de défense sol/air (systèmes SAMP-T et Crotale) ; 1 escadron de chasse avec des Rafale, Mirage 2000 et Alphajet ; des commandos parachutistes de l’air ; le Centre air de saut en vol ; le Centre national des opérations aériennes. S’y ajoutent : 1 avion de détection et de commandement AWACS ; 1 avion de guet aérien Hawkeye de la Marine Nationale ; 2 avions de chasse allemands Eurofighter ; 1 avion ravitailleur KC135 espagnol. L’armée de Terre déploie 100 parachutistes, des équipes de largage et de récupération ainsi qu’une équipe belge de contrôle de l’appui aérien.

La livraison par air. Polyvalente, efficace et adaptée aux situations d’urgence, la livraison par air donne la capacité d’entrer en premier sur un théâtre d’opérations, souligne le colonel Filser. Elle cumule diversité des modes, rapidité des moyens, multiplicité des acheminements et, lors des largages à très grande hauteur de personnels sous oxygène, invulnérabilité. Toutefois, elle dépend de la météorologie et de la disponibilité des avions. Le 1er RTP de Toulouse apporte un appui à la projection d’une force, à sa mise à terre et à son ravitaillement par voie aérienne. La maîtrise de tout le spectre de missions exige une formation de 10-15 ans. Le largage des colis de 50-225 kg (armement, munitions et carburant) s’effectue par les portes latérales. Les colis de 700-2.500 kg (véhicule blindé ou autre) sont largués par gravité (ouverture automatique du parachute) à des altitudes de 125 m à 10.000 m par la rampe arrière. Les très gros colis de 1,6-8 t sont largués par éjection, au moyen d’un petit parachute extracteur puis d’une voile jusqu’à 700 m2. Le conditionnement d’un bulldozer de 6,5 t nécessite 10 heures de travail. En 2016, le 1er RTP a effectué 49 missions pour le largage de 258 t de fret.

Loïc Salmon

Défense : les opérations aéroportées, capacités spécifiques selon les missions

Forces spéciales : ET «Poitou»/CPA10, binôme avions/commandos

Mali : la boucle du Niger contrôlée en 48 h par les forces franco-africaines




DGA : commandes et contrats

Au cours des quatre premiers mois de 2017, la Direction générale de l’armement (DGA) a lancé des programmes et notifié des contrats pour la Marine nationale et l’armée de l’Air.

Navires. Le 21 avril, le programme des 5 frégates de taille intermédiaire (FTI) de la classe Belharra a été lancé (photo). Réalisées par le groupe DCNS, elles seront dotées de capacités d’autodéfense élargies et de projection de forces spéciales, du nouveau radar à 4 antennes planes Sea Fire et de missiles Aster 30. Chacune représente 2 millions d’heures de travail dont 300.000 pour les bureaux d’études. La première sera livrée en 2023 pour une entrée en service actif en 2025, avec une capacité d’évolution pour une durée de vie de 40 ans. A l’horizon 2030, la Marine Nationale disposera de 15 frégates de premier rang : 8 frégates multi-missions (6.000 t de déplacement) ; 2 frégates de défense aérienne de la classe Horizon (7.000 t) ; 5 FTI de lutte anti-sous-marine (4.000 t). Le 19 janvier, la DGA a notifié au industriels Piriou et DCNS la réalisation du 4ème bâtiment multi-missions (B2M, 2.300 t) Dumont-d’Urville. Les B2M assurent présence, protection des intérêts français dans les zones économiques exclusives, soutien logistique, sauvegarde et assistance au profit des populations en cas de catastrophe naturelle. Destinés à la souveraineté outre-mer, ils sont ainsi répartis : D’Entrecasteaux en Nouvelle-Calédonie depuis le 29 juillet 2016 ; Bougainville en Polynésie française depuis le 16 décembre 2016 ; Champlain à La Réunion à l’été 2017 ; Dumont-d’Urville aux Antilles en 2018.

Missiles. Le 28 mars, le délégué général pour l’armement Laurent Collet-Billon et son homologue britannique Harriett Baldwin, ministre pour les Acquisitions de Défense, ont signé un accord sur le programme FMAN/FMC (futur missile antinavire/futur missile de croisière) pour remplacer et améliorer les systèmes de missiles employés par la Marine Nationale et l’armée de l’Air à l’horizon 2030. Chaque pays contribuera à hauteur de 50 M€ à cette étude, menée par MBDA, et profitera d’un accès réciproque aux expertises technologiques et moyens d’essais et de tests. La coopération franco-britannique porte aussi sur la rénovation des missiles de croisière aéroportés SCALP-EG/Storm Shadow, dont les premiers seront livrés fin 2018 en Grande-Bretagne et en 2020 en France. Le 5 janvier, la DGA a annoncé la commande de nouveaux AASM (armement air-sol modulaire) « Block 4 », kits montés sur des bombes standards OTAN et livrables à partir de 2019. L’AASM se décline en plusieurs versions selon le type de guidage : inertie/GPS ; inertie/GPS + imagerie infrarouge ; inertie/GPS + laser. Equipé d’un kit de propulsion, il peut être tiré à distance de sécurité sur tous les types de cibles terrestres, même mobiles. L’armée de l’Air et la Marine Nationale ont déjà reçu 1.700 AASM.

Drones. La loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit 4 systèmes de drones Reaper MALE (moyenne altitude longue endurance) de 3 drones chacun pour l’armée de l’Air en 2019. Le 10 janvier, la DGA a annoncé la réception du 2ème système, dont 2 drones ont été livrés le 31 décembre 2016 à Nyamey pour l’opération Barkhane. Le 3ème drone est destiné à l’entraînement des personnels de l’escadron 1/33 « Belfort » à Cognac. Une campagne d’essais doit valider : l’aérotransport du système Reaper, notamment à bord de l’A400M ; les conditions techniques de son utilisation dans l’environnement électromagnétique de la base de Cognac et du territoire métropolitain. Le 4ème système a été commandé fin 2016.

Loïc Salmon

Marines : l’approche globale, indispensable à la sécurisation future du milieu maritime

Drones Air et Marine : surveillance, renseignement et… combat

MBDA : coopération industrielle européenne pour les missiles

 




Armée de Terre : innovation et volonté au service de la victoire

Emporter la décision sur le champ de bataille nécessite la supériorité technologique sur l’adversaire, mais aussi une définition claire des objectifs et la volonté farouche de vaincre.

Ce thème a fait l’objet d’une conférence-débat organisée, le 24 janvier 2017 à Paris, par le Centre de doctrine et d’enseignement du commandement de l’armée de Terre. Y ont participé : le général de division Patrick Berthous commandant les forces spéciales Terre ; l’ingénieur en chef Christian Ramaen, études amont à la Direction générale de l’armement (DGA) ; Emmanuel Chiva, groupement des industriels de l’armement terrestre et aéroterrestre (GICAT).

L’innovation sur le terrain. Composées de soldats « rustiques », les forces spéciales connaissent un rythme opérationnel très variable, mais celui de renouvellement de leurs tactiques est plus élevé que pour les forces conventionnelles, explique le général Berthous. Véritable laboratoire pour les armées et en liaison avec la DGA, elles adaptent en permanence leurs modes d’action et leurs équipements à partir de retours d’expériences et d’études prospectives. Ainsi pour l’opération « Barkhane », le drone tactique Patroller a été utilisé contre les djihadistes au Mali dès l’hiver 2016, en coordination avec l’infiltration de parachutistes. L’hélicoptère Tigre apporte un appui direct aux opérations, qui ne sont jamais déclenchées sans lui. Aujourd’hui, les véhicules blindés du combat d’infanterie sont climatisés. D’une façon générale, il s’agit de maintenir une supériorité technique et tactique sur l’adversaire pour le détecter et le détruire de loin. Les forces spéciales partent avec le strict minimum, à savoir l’eau, les rations, le carburant, les pièces détachées, le système de navigation GPS et la liaison avec les satellites qui couvrent la zone. Quoiqu’affaibli au Levant, Daech profite du nivellement technologique par son accès au GPS et aux réseaux sociaux. Il pratique les cyberattaques et utilise des drones de reconnaissance et des engins explosifs improvisés. Quels que soient les progrès technologiques, estime le général Berthous, les combattants resteront indispensables sur le terrain pour conserver un temps d’avance sur l’adversaire sur les plans technique, tactique et de compréhension de la situation. La victoire reposera toujours sur l’intelligence du chef.

Le futur technologique. Premier investisseur de l’Etat dans l’industrie, la DGA a pour mission de conserver la supériorité opérationnelle, qui inclut entraînement des soldats, fiabilité des systèmes et avantage technologique, rappelle l’ingénieur en chef Ramaen. Dans un programme d’armement long, les études amont se trouvent au cœur de la recherche. Ainsi pour le char Leclerc qui doit durer jusqu’en 2040, les études amont ont commencé en 1965 et le démonstrateur a été lancé en 1970 pour des livraisons à partir de 1985. Pour le programme « Scorpion » de l’armée de Terre, la DGA a injecté 200 M€ dans les études amont depuis 1990 pour assurer des innovations dans la durée, alors que les livraisons des matériels débuteront en 2018. La loi de programmation militaire (LPM) 2008-2013 a fixé, comme choix technologique de la DGA, le maintien des compétences critiques en alimentant les bureaux d’étude. La nouvelle gouvernance des études amont est précisée dans un document d’orientation de la science et de la technologie, qui donne des axes de recherche sur 10 ans en parallèle avec la LPM réactualisée. Ainsi, la période 2016-2021 concerne notamment les aéronefs de combat (Rafale et drones) et la cyberdéfense des forces terrestres. La coopération franco-allemande portera sur le char du futur à l’horizon 2040, car les Leopard allemands et les Leclerc français arriveront en fin de vie, de même que les lance-roquettes unitaire des deux pays. L’accent sera aussi mis sur le laser de forte puissance, que la Grande-Bretagne étudie, que l’Allemagne possède déjà (2 exemplaires) et que certains navires américains emportent en opérations. Le programme « Scorpion » entrera dans sa phase 2. Le fantassin sera « augmenté » par l’exosquelette pour le transport et la manipulation des charges lourdes. La capacité de vision nocturne des véhicules circulant tous feux éteints leur permettra de voir la nuit en couleurs et non plus en noir et blanc. Les études porteront aussi sur la robotique et l’énergie (batteries et motorisation hybride). Toutes les technologies non duales seront maintenues, tandis que les duales (à usage civil et militaire) seront « allégées » financièrement. Les véhicules blindés, qui doivent durer 40 ans, sont conçus comme des plates-formes modulaires, susceptibles de recevoir de nouveaux systèmes de brouillage et de protection. Enfin en cas d’urgence opérationnelle, indique l’ingénieur en chef Ramaen, la DGA peut réaliser un matériel mature dans les 6 mois suivant la définition des besoins.

La vision industrielle. L’industrie de défense s’inscrit dans un écosystème, où l’Etat définit les besoins opérationnels et technologiques à partir des retours d’expérience, explique Emmanuel Chiva. Ainsi, les forces terrestres américaines ont déployé 10.000 robots en Irak en 2003. Une vision d’ensemble permet d’anticiper les convergences entre nanotechnologies, biotechnologies et microélectronique. Certaines ont débouché sur le treillis protégeant des attaques biologiques ou les lentilles de contact pour vision thermique. En 2025, quelque 6.000 Mds$ seront investis au niveau mondial dans l’intelligence artificielle, du fait de son caractère dual. Pour la défense, il s’agira d’identifier les ruptures technologiques et leurs conséquences capacitaires (puissance de calcul, simulation embarquée). Le financement public de l’innovation de défense réalisée par des « start up » comporte un risque, avertit Emmanuel Chiva. En effet, si elles sont rachetées par un grand groupe privé, celui-ci sera probablement tenté de diffuser dans le grand public leurs innovations qui échapperaient alors à la défense. Le représentant du GICAT recommande d’intégrer l’homme dès le début des recherches, car la technologie est souvent surestimée sur le court terme et sous-estimée sur le long terme. Par ailleurs, alors que les ingénieurs de la DGA peuvent se reconvertir dans l’industrie de défense, cette passerelle ne fonctionne pas dans l’autre sens. En revanche, la DARPA (agence américaine de recherche avancée sur des projets de défense) facilite les passages croisés entre elle et les sociétés d’armement, en vue d’encourager la synergie entre industriels et opérationnels.

Loïc Salmon

Armée de Terre : programme « Scorpion », le GTIA de demain

Forces spéciales : outil complémentaire des forces conventionnelles

Nom de code Geronimo

La loi de programmation militaire 2014-2019, actualisée en 2015, définit les priorités des études amont en matière d’armement : préparation du renouvellement des deux composantes de la dissuasion ; conception des futurs aéronefs de combat au travers d’une dépendance mutuelle organisée autour du couple franco-britannique, préparation des évolutions du Rafale, autoprotection et travaux spécifiquement militaires sur les hélicoptères, insertion des drones dans la circulation aérienne en coopération européenne ; montée en puissance de la rationalisation de l’industrie franco-britannique pour le renouvellement et la rénovation des systèmes de missiles ; lutte sous-marine, systèmes de combat naval modulaires opérant en réseaux, architectures innovantes pour les bâtiments de surface ; montée en puissance de la cyberdéfense ; poursuite des efforts sur la protection des véhicules, des équipages et des combattants, la surveillance des itinéraires ; nouvelles technologies pour munitions ; préparation de futurs programmes spatiaux d’écoute, d’observation et de communication ; poursuite de l’effort sur le traitement des images, la guerre électronique, l’exploitation et le traitement des données de renseignement, la numérisation de l’environnement géophysique, les évolutions des systèmes de radionavigation ; lutte anti-drones.




DGA : une industrie d’armement forte, pilier de la souveraineté

La souveraineté du système de défense français se construit sur une solide industrie d’armement, qui repose notamment sur l’investissement, l’innovation et l’exportation.

Tel est l’enjeu majeur de la Direction générale de l’armement (DGA), dont le bilan 2016 a été présenté à la presse, le  6 mars 2017 à Paris, par son délégué général, Laurent Collet-Billon.

L’investissement. Pour équiper les forces, la DGA a dépensé 10,8 Md€ en 2016 et s’est engagée sur 9,8 Md€ en 2017. Pour préparer l’avenir, elle a dépensé 804 M€ en études amont et s’est engagée sur 672 M€. En 2016, les livraisons incluent : 1 lot de missiles M51 pour les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) ; 8 Rafale ; 2 avions de transport tactique A400M ; 1 système de drones moyenne altitude longue endurance Reaper ; 6 hélicoptères d’attaque Tigre ; 6 hélicoptères de transport tactique NH90 ; 1 frégate multi-missions ; 2 bâtiments multi-missions (B2M) ; 10 modules projetables du système d’information des armées ; le système numérique Auxylium pour « smartphone » ou tablette, qui permet de se passer des réseaux de téléphonie mobile en cas de crise. En 2016, les commandes ont porté sur : les équipements sécurisés cyber ; le programme de télécommunications militaires sécurisées Descartes ; les drones tactiques Patroller ; 2 avions légers de surveillance et de reconnaissance ; les roquettes à guidage laser ; la rénovation des avions Mirage 2000 D ; un système de drones de guerre des mines ; les AASM block 4 (armements air-sol modulaires) ; la rénovation à mivie du missile de croisière Scalp EG ; un 4ème système de drones Reaper ; 4 avions de transport tactique C-130J, dont 2 capables de ravitailler des hélicoptères en vol ; le programme FOMEDEC (formation modernisée et entraînement différencié des équipages de chasse) ; le fusil d’assaut allemand HK-41F, qui remplacera le Famas ; le véhicule léger tactique polyvalent ; le programme CERBERE (centres d’entraînement représentatifs des espaces de bataille et de restitution des engagements) ; 2 bâtiments d’assistance et de soutien hauturier ; un 4ème B2M.

L’innovation. Les grands projets portent d’abord sur la modernisation de la dissuasion nucléaire : 2 nouveaux SNLE ; le système de missiles M51 au-delà de 2021 ; le successeur du missile ASMP-A (air sol moyenne portée amélioré). Ensuite, le système de combat aérien futur inclut la mise en réseau du Rafale. Enfin, le combat aéroterrestre prend en compte la robotisation et l’intelligence artificielle sur le champ de bataille. De nouvelles orientations stratégiques seront données aux organismes sous tutelle de la DGA (Ecole Polytechnique, Supaéro, ONERA et doctorants) avec des contrats d’objectifs et de performance 2017-2021. En 2017, le projet « DGA Lab » sera lancé auprès des « start up » et des petites et moyennes entreprises spécialisées dans la recherche duale, à usage civil et militaire. Par ailleurs, 80 experts en informatique ont été recrutés en 2016 sur un objectif de 2.600 « combattants numériques » d’ici à la fin 2019.

L’exportation. Les partenariats avec les pays étrangers apportent une visibilité sur le long terme aux chaînes de production et aux bureaux d’études pour le maintien d’une longueur d’avance technologique. Le 19 janvier 2017, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé plus de 20 Md€ de prises de commandes (+ 3 Md€ en un an), grâce à la vente de 12 sous-marins à propulsion classique à l’Australie.

Loïc Salmon

DGA : 2015, un excellent millésime pour l’armement

« DGA Innovation » : rendre les projets possibles et rentables sur le long terme

DGA : la révolution numérique et industrielle de l’impression 3D




Marines : le porte-avions, outil militaire et diplomatique pour agir loin

Symbole d’une Marine océanique dont les grands pays veulent se doter quand ils n’en disposent pas déjà, le porte-avions permet de défier les dénis d’accès dans la durée et de s’adapter aux conflits futurs.

Le capitaine de vaisseau Eric Malbrunot, commandant le porte-avions Charles-De-Gaulle, a présenté les capacités opérationnelles de ce type de navire au cours d’une conférence-débat organisée, le 18 janvier 2017 à Paris, par le Centre d’études stratégiques de la Marine.

Un succès mondial. Le porte-avions donne une liberté d’action en haute mer, de jour comme de nuit. Mais sa complexité entraîne une maintenance continue dès sa mise à l’eau. En outre, la conduite de son aviation embarquée, longue à acquérir, nécessite une pratique régulière, une maîtrise des processus et une chaîne de commandement. Le parc mondial, qui comptait 19 bâtiments fin 2016, devrait se monter à 28 dans 3 ans. Il se répartit ainsi : Etats-Unis, 10 et 1 en projet/construction, soit 11 en 2020 ; France, 1 (1 en 2020) ; Brésil, 1 (2) ; Italie, 2 (2) ; Espagne, 1 sous cocon (1) ; Inde, 2 (3) ; Chine, 1 (4) ; Grande-Bretagne, 0 (2) ; Russie, 1 (2). Actuellement, seuls les porte-avions américains et français sont dotés de catapultes pour le décollage et de brins d’arrêt pour l’atterrissage, qui donnent une allonge considérable à l’aviation embarquée en raison de la possibilité de ravitaillement en vol. Ceux des autres pays sont configurés avec un tremplin pour avions à décollage court et atterrissage vertical, opérations qui consomment beaucoup de carburant. L’emploi de ces avions impliquent un choix en matière de poids : plus de bombes pour frapper plus fort, mais à courte distance, ou plus de kérosène pour aller davantage dans la profondeur du théâtre d’opérations,  mais avec un impact moindre. La Chine a construit des pistes d’atterrissage sur des îlots inhabités pour affirmer sa souveraineté en mer de Chine. En outre, son porte-avions peut choisir le meilleur endroit en fonction des conditions météorologiques. La Grande-Bretagne a décidé de se doter à nouveau de 2 porte-avions à tremplin avec réapprentissage de l’aéronautique navale. De son côté, l’Inde va équiper un ancien bâtiment russe d’une catapulte pour pouvoir embarquer des avions de 25 t. Celui de la Russie peut conduire une opération aéronavale, notamment en Syrie.

Le cas français. Le groupe aéronaval rassemblé autour du porte-avions Charles-De-Gaulle a connu 3 déploiements, dénommés  « Arromanches », en 2 ans. Le premier a eu lieu dans le golfe d’Aden et en Méditerranée (février-mai-2015) pour renforcer les liens avec les pays riverains amis et la connaissance de l’environnement du théâtre. Le deuxième (novembre 2015-mars 2016) avait notamment pour objectifs de renforcer la contribution française à l’opération en coalition Inherent Resolve (Chammal pour la France) au Levant, d’assumer le commandement de la Task Force 50 dans le golfe Arabo-Persique et de renforcer l’interopérabilité avec les pays membres de la coalition. Le troisième (septembre-décembre 2016) a porté sur l’appui des forces irakiennes au sol et les frappes dans la profondeur. Les moyens de renseignement du Rafale donne des informations très précises et une vision oblique complétant celle, verticale, des satellites. Outre le commandement, la conduite et la coordination d’opérations aériennes, l’avion de guet Hawkeye a assuré la couverture de la zone où se trouvaient les bâtiments russes et les systèmes sol/air syriens (renseignements d’origine électromagnétique). Ces renseignements ont été fusionnés avec ceux des autres navires et des pays alliés. Pour la dissuasion, la Force d’action navale nucléaire (FANu) est installée sur le Charles-De-Gaulle, dont les Rafale de standard F3 emportent le missile nucléaire aérobie ASMPA. Le centre d’opération de la FANu, implanté à Six-Fours (Var), prépare et suit l’exécution des ordres du président de la République. Le Rafale, capable de parcourir plusieurs milliers de km avec des ravitaillements en vol, peut tirer l’ASMPA à très basse altitude, à très grande vitesse et par tous les temps.

Loïc Salmon

Symbole d’une Marine océanique dont les grands pays veulent se doter quand ils n’en disposent pas déjà, le porte-avions permet de défier les dénis d’accès dans la durée et de s’adapter aux conflits futurs.

Le capitaine de vaisseau Eric Malbrunot, commandant le porte-avions Charles-De-Gaulle, a présenté les capacités opérationnelles de ce type de navire au cours d’une conférence-débat organisée, le 18 janvier 2017 à Paris, par le Centre d’études stratégiques de la Marine.

Un succès mondial. Le porte-avions donne une liberté d’action en haute mer, de jour comme de nuit. Mais sa complexité entraîne une maintenance continue dès sa mise à l’eau. En outre, la conduite de son aviation embarquée, longue à acquérir, nécessite une pratique régulière, une maîtrise des processus et une chaîne de commandement. Le parc mondial, qui comptait 19 bâtiments fin 2016, devrait se monter à 28 dans 3 ans. Il se répartit ainsi : Etats-Unis, 10 et 1 en projet/construction, soit 11 en 2020 ; France, 1 (1 en 2020) ; Brésil, 1 (2) ; Italie, 2 (2) ; Espagne, 1 sous cocon (1) ; Inde, 2 (3) ; Chine, 1 (4) ; Grande-Bretagne, 0 (2) ; Russie, 1 (2). Actuellement, seuls les porte-avions américains et français sont dotés de catapultes pour le décollage et de brins d’arrêt pour l’atterrissage, qui donnent une allonge considérable à l’aviation embarquée en raison de la possibilité de ravitaillement en vol. Ceux des autres pays sont configurés avec un tremplin pour avions à décollage court et atterrissage vertical, opérations qui consomment beaucoup de carburant. L’emploi de ces avions impliquent un choix en matière de poids : plus de bombes pour frapper plus fort, mais à courte distance, ou plus de kérosène pour aller davantage dans la profondeur du théâtre d’opérations,  mais avec un impact moindre. La Chine a construit des pistes d’atterrissage sur des îlots inhabités pour affirmer sa souveraineté en mer de Chine. En outre, son porte-avions peut choisir le meilleur endroit en fonction des conditions météorologiques. La Grande-Bretagne a décidé de se doter à nouveau de 2 porte-avions à tremplin avec réapprentissage de l’aéronautique navale. De son côté, l’Inde va équiper un ancien bâtiment russe d’une catapulte pour pouvoir embarquer des avions de 25 t. Celui de la Russie peut conduire une opération aéronavale, notamment en Syrie.

Le cas français. Le groupe aéronaval rassemblé autour du porte-avions Charles-De-Gaulle a connu 3 déploiements, dénommés  « Arromanches », en 2 ans. Le premier a eu lieu dans le golfe d’Aden et en Méditerranée (février-mai-2015) pour renforcer les liens avec les pays riverains amis et la connaissance de l’environnement du théâtre. Le deuxième (novembre 2015-mars 2016) avait notamment pour objectifs de renforcer la contribution française à l’opération en coalition Inherent Resolve (Chammal pour la France) au Levant, d’assumer le commandement de la Task Force 50 dans le golfe Arabo-Persique et de renforcer l’interopérabilité avec les pays membres de la coalition. Le troisième (septembre-décembre 2016) a porté sur l’appui des forces irakiennes au sol et les frappes dans la profondeur. Les moyens de renseignement du Rafale donne des informations très précises et une vision oblique complétant celle, verticale, des satellites. Outre le commandement, la conduite et la coordination d’opérations aériennes, l’avion de guet Hawkeye a assuré la couverture de la zone où se trouvaient les bâtiments russes et les systèmes sol/air syriens (renseignements d’origine électromagnétique). Ces renseignements ont été fusionnés avec ceux des autres navires et des pays alliés. Pour la dissuasion, la Force d’action navale nucléaire (FANu) est installée sur le Charles-De-Gaulle, dont les Rafale de standard F3 emportent le missile nucléaire aérobie ASMPA. Le centre d’opération de la FANu, implanté à Six-Fours (Var), prépare et suit l’exécution des ordres du président de la République. Le Rafale, capable de parcourir plusieurs milliers de km avec des ravitaillements en vol, peut tirer l’ASMPA à très basse altitude, à très grande vitesse et par tous les temps.

Loïc Salmon

Marines : coopérations accrues dans les dix prochaines années

Marine nationale : mission « Arromanches 3 » du GAN en Méditerranée orientale

Marine nationale : emploi de l’ensemble des moyens




Marines : l’approche globale, indispensable à la sécurisation future du milieu maritime

Militarisation des eaux internationales, piraterie, migrations de masse, trafics illicites, terrorisme, pollution marine, catastrophes naturelles et pêche illégale peuvent déboucher sur des crises maritimes, dont l’origine se trouve dans des rivalités géopolitiques terrestres.

Cette globalisation sans précédent a été  abordée lors d’un colloque international organisé, le 18 octobre 2016 au salon Euronaval du Bourget (banlieue parisienne), par  le Groupement des industries de construction et activités navales, l’Agence européenne de défense, l’Institut pour les études de sécurité de l’Union européenne et l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire. Y sont notamment intervenus : l’ingénieur général François Maistre, Direction générale de l’armement (DGA) ; le préfet Vincent Bouvier, secrétaire général de la Mer ; le vice-amiral britannique Clive Johnstone, chef du Commandement maritime de l’OTAN ; l’amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major de la Marine nationale.

Menace complexe et moyens futurs. Selon l’ingénieur général Maistre, un constat s’impose : contestation de la souveraineté maritime de certains pays par d’autres ; emploi de forces régulières ou irrégulières ; activité de l’État remise en cause par des organisations, qui mêlent actions civiles et militaires et maîtrisent l’utilisation de médias. La défense du territoire passe par la sécurité de ses approches maritimes, de ses ports et des flux de marchandises avec des moyens adaptés. Le combat aéromaritime va de l’opération de basse intensité à la confrontation directe. Pour le mener, il faut disposer d’un accès autonome à l’information et de capacités de ravitaillement à la mer, de lutte anti-sous-marine et anti-aérienne ainsi que d’actions autonomes ou interalliées. Outre les drones, il faut pouvoir compter sur des systèmes résilients et sommaires à terre. L’interopérabilité entre la terre et la mer, quoique difficile à établir, devient incontournable. Elle nécessitera : de disposer de davantage d’espace à bord des navires pour l’équipage ; d’identifier les moyens d’analyse des menaces dans un contexte d’emploi de nouvelles technologies ; de passer de la connectivité croissante sur le même navire à la logique de réseaux. La DGA conçoit les référentiels de modélisation structurelle, avec des scénarios opérationnels, pour des effets recherchés dans un cadre optimal établi. Elle mobilise l’état-major de la Marine et les industriels pour imaginer les équipements futurs. Avec la mise en commun des informations des capteurs, le combat « collaboratif » intègre bâtiments de surface, sous-marins, aéronefs et drones dans un ensemble global. Leurs systèmes de détection et de combat devront être en cohérence avec ceux de la guerre des mines, des drones sous-marins et de l’ISR (renseignement, surveillance et reconnaissance) en interarmées.

Sécurité maritime d’aujourd’hui. L’action de l’État en mer se militarise en raison de l’incertitude à l’arrivée sur le lieu d’un sinistre, explique le préfet Bouvier. En raison de la porosité de la menace et pour plus d’efficacité, la coordination entre la Marine nationale, les Affaires maritimes, la Douane et le ministère de l’Intérieur se fait sous l’égide des préfets maritimes. La stratégie nationale de sûreté, adoptée en 2015, porte sur la lutte contre le terrorisme afin de rendre le trafic maritime plus sûr : embarquement de fusiliers marins sur les grands navires à passagers ; plan Vigipirate mer ; autorisation de gardes privées à bord de navires marchands ; radars plus performants ; mutualisation des moyens de secours maritimes et côtiers. Toutefois, les contraintes budgétaires incitent l’État à recourir au secteur privé, notamment pour le contrôle à l’embarquement des navires à passagers. La sécurité et la sûreté maritimes nécessitent un partage de l’information et la construction d’une fonction garde-côte à l’échelle européenne. Ainsi, l’opération militaire « Sophia » (EUNAVFOR Med) d’observation et de renseignement a été lancée le 22 juin 2015 par les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne pour lutter contre le trafic de migrants en Méditerranée, dans le cadre de la Politique de sécurité et de défense commune. Son champ d’action pourrait s’élargir après une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

Guerre navale de demain. L’OTAN se trouve confrontée à des scénarios de basse intensité, indique l’amiral Johnstone. Quoique adhérente aux valeurs démocratiques, la Russie agit de façon déstabilisante en Syrie, en Ukraine et en Atlantique Nord. Zone instable de la Syrie à la Libye, la Méditerranée est devenue un théâtre de terrorisme, de trafics d’armes et de migrations massives. L’OTAN, qui défend ses États membres en termes de capacités et de compétences, a pris conscience de ces défis et doit agir maintenant et quotidiennement. Elle intègre les innovations civiles dans l’intelligence artificielle, l’analyse en temps réel de l’action de l’adversaire et la classification des données. Mais elle doit être plus résiliente dans la logistique, la gestion des stocks et la formation des personnels, afin de mobiliser davantage de navires plus rapidement. Son commandement maritime se concentre sur la surveillance de la flotte russe du Nord au Sud et prévoit des exercices communs de lutte anti-sous-marine avec les Marines de l’Union européenne. De son côté, l’amiral Prazuck souligne le pouvoir de nivellement de la technologie face à une menace plus « aisée » : un système de géolocalisation (GPS) et un lance-grenades portatif (RPG7) permettent de devenir un redoutable pirate. La sécurité maritime, multiforme, induit une action internationale, un besoin de savoir (radars, satellites et échanges d’informations) et une présence sur zone. Par ailleurs, le combat naval futur pourrait se produire en haute mer avec des navires spécialisés à haute technologie. La Marine nationale doit convaincre les autorités politiques et l’opinion publique  de la nécessité de la mise au point des hautes technologies dans les 20 ans à venir. Au cours de l’Histoire, sécurité maritime et combat naval ont été privilégiés tour à tour. Pour répondre aux menaces, le meilleur équilibre entre les besoins implique développement de savoir-faire communs, coopération internationale, couverture des espaces maritimes, formation et entraînement.

Loïc Salmon

Marine nationale : la police en mer, agir au bon moment et au bon endroit

Défense : le climat, facteur de dérèglement géopolitique

Marines : coopérations accrues dans les dix prochaines années

Le 18 octobre 2016 à l’occasion du salon Euronaval du Bourget, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian (au centre), a dévoilé la maquette de la future frégate de taille intermédiaire (FTI) de 4.200 t. Armée par un équipage de 125 personnes, détachement aéronaval compris, la FTI disposera des capacités de projection de forces spéciales et de luttes anti-sous-marine, anti-aérienne et antinavire. Premier bâtiment « tout numérique », elle pourra embarquer un hélicoptère et/ou un drone aérien. Son radar de nouvelle génération à panneaux fixes sera intégré à une mâture unique. Les 5 FTI prévues, dont la première sera livrée en 2023, complèteront les 8 frégates multimissions et les 2 frégates anti-aériennes de type Horizon vers 2030. Une FTI pourra être déployée seule ou au sein d’une force interarmées ou interalliés, comme le groupe aéronaval centré sur le porte-avions Charles-De-Gaulle.