Le 30 avril 2013 marque le 150ème anniversaire du combat de Camerone, où 62 fantassins de la Légion étrangère affrontèrent 1.200 fantassins et 800 cavaliers mexicains lors de l’expédition française au Mexique (1861-1867). Leur commandant, le capitaine Jean Danjou, est tué, mais sa main articulée deviendra une véritable relique pour la Légion. Artilleur, il avait perdu sa main gauche dans un accident. « Camerone est l’occasion de renouveler l’engagement de servir avec honneur et fidélité », a déclaré, le 2 avril à Aubagne, le général de division Christophe de Saint Chamas (photo), commandant de la Légion étrangère et qui défilera le 14 juillet à Paris à la tête d’un détachement de légionnaires. La « cérémonie » et non pas « prise d’armes » de Camerone est particulière. « On est saisi par ce qui se passe, elle est unique, dit-il, la main du capitaine Danjou illustre les trois principes de la Légion ». D’abord, la mission est sacrée et doit être remplie jusqu’au bout. Ensuite, ce « serment de Camerone » souligne le sens de la parole donnée. Enfin, il existe un lien entre le légionnaire (étranger) et l’officier (français). Celui-ci doit se montrer capable de mériter la confiance de ses subordonnés. Le 30 avril 1863, à Camerone, trois survivants, encore debout et prêts à charger à la baïonnette, acceptent finalement de se rendre à condition de conserver leurs armes et que leurs blessés soient soignés, dont leur sous-lieutenant à terre à côté d’eux. Un cinquième, laissé pour mort par les Mexicains, sera retrouvé le lendemain par un éclaireur français de la colonne de secours. Le 30 avril 2013, le point d’orgue de la cérémonie de Camerone à Aubagne, en présence du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, est constitué par le port de la main du capitaine Danjou, honneur suprême, par le général d’armée (2S) Michel Guignon, Grand-Croix de la Légion d’Honneur, accompagné de deux légionnaires particulièrement méritants. Lieutenant en Algérie, il est très gravement blessé le 31 janvier 1961, au cours d’un combat dans le douar d’Arres. Il se trouve dans un état trop désespéré pour une évacuation sanitaire, selon les critères de l’époque. Le sergent Berthold Vossler (nationalité allemande), qui vient de lui sauver la vie, est lui aussi grièvement blessé à la jambe. Son état étant jugé moins grave, son évacuation est décidée. Pourtant, il refuse d’en profiter sans son chef de section. Ils seront donc évacués tous les deux. Le sergent Vossler reçoit la Médaille militaire l’année suivante. Il terminera sa carrière comme adjudant-chef en1973 et sera fait chevalier de la Légion d’Honneur en 2008. Enfin, le caporal-chef d’active Sully Laplagne (né à La Réunion) représente la diversité dans la Légion. Titulaire de la Médaille militaire, il totalise plus de 19 ans de services en compagnie de combat. Ses multiples comportements exemplaires au feu lui valent l’honneur d’accompagner le général Guignon et l’adjudant-chef Vossler. Enfin, rappelle le général de Saint Chamas, où qu’ils soient, les légionnaires fêtent Camerone, cérémonie où se forge l’esprit d’appartenance.
Loïc Salmon
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