Défense : le climat, facteur de dérèglement géopolitique

Les forces armées vont prendre en compte les effets du changement climatique en matière de veille stratégique, d’alerte précoce et de soutien aux opérations de secours, sur le territoire national et à l’étranger, et lors des opérations de maintien de la paix.

Dans le cadre de la Conférence de Paris pour le climat, leur rôle a fait l’objet d’un colloque international intitulé « Climat et Défense » et organisé, le 14 octobre 2015 à Paris, par le ministère de la Défense. Des ministres et hauts responsables de la défense d’une dizaine de pays alliés y ont participé, dont : Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense ; Patricia Adam, présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale ; Leila Aïchi, vice-présidente de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat ; le général Pierre de Villiers, chef d’État-major des armées.

L’élévation du niveau de la mer. Le 8 octobre 2015, la commission sénatoriale des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a rendu public un rapport sur les conséquences géopolitiques du climat. Ainsi selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, une augmentation de 5°C de la température d’ici à 2100 ferait monter le niveau de la mer de 82 cm, conséquence de la dilatation thermique des océans et de la fonte des glaciers (montagnes, Groenland et Antarctique). En termes de sécurité, il convient de prendre en compte les marées, la houle et l’augmentation probable en fréquence et en intensité des tempêtes et ouragans. Les vulnérabilités des territoires et des populations seront accrues. Or, dès 2035, 6,5 milliards de personnes, soit 75 % de la population mondiale, vivront à 150 km des côtes. L’OCDE évalue à 63 Mds$/an les dommages subis par les 136 plus grandes villes côtières en 2050 et à 50 Mds$/an les dépenses à engager pour protéger les plus pauvres. Les pays en développement risquent de dépendre davantage des importations pour leur sécurité alimentaire. Pour les pays avancés, les conséquences seraient lourdes en termes d’approvisionnement et de désorganisation de leurs économies. Pour atténuer les effets du dérèglement climatique, la commission sénatoriale propose de supprimer les aides à l’exportation et au développement de projets concernant les produits carbonés et de les réorienter vers les énergies nouvelles, l’efficacité énergétique et les projets susceptibles d’accroître la résilience des territoires et des populations.

L’Arctique, nouvelle frontière. Le réchauffement de l’océan Arctique pourrait ouvrir les routes du Nord entre l’Europe, l’Amérique et l’Asie, avec des trajets réduits d’environ 7.000 km. L’extension des terres arables pourrait susciter l’intérêt des pays manquant de terres cultivables, notamment la Chine. Celle-ci poursuit ses recherches sur les pôles, dispose déjà d’un brise-glace et projette d’en construire un deuxième. Par ailleurs, la pêche deviendrait plus attractive, de même que l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans la zone Arctique, qui pourrait receler 22 % des réserves de gaz et de pétrole restant à découvrir. En outre, l’Arctique pourrait devenir la cause ou le prétexte de  tensions avec la Russie, qui en revendique une grande partie. Elle met déjà en œuvre un vaste programme d’aménagement du territoire arctique, avec l’installation de bases militaires, la construction de brise-glaces et l’exploitation de gisements d’hydrocarbures. Pour le prochain Livre Blanc sur la défense, le rapport sénatorial recommande : d’analyser les intérêts économiques et stratégiques de la France en Arctique ; d’y maintenir et développer une capacité d’actions maritime et aérienne dans le cadre de coopérations avec les pays riverains.

Les enjeux majeurs de défense. L’élaboration d’une nouvelle cartographie des risques associés aux changements climatiques permettra de mieux anticiper les risques de tensions internationales, estime de son côté Jean-Yves Le Drian. Il s’agit de mieux diriger les efforts de prévention ou d’action de défense, en cas d’échec de la diplomatie préventive. L’action globale, mêlant anticipation, protection, prévention et intervention, sera interministérielle comme celle de l’État en mer, souligne le ministre. Dès le début des années 2000, la France et plusieurs de ses alliés américains et européens ont analysé les changements climatiques, afin d’anticiper les impacts sur les sécurités nationale et internationale et de prendre les mesures d’adaptation nécessaires. En octobre 2014, le Conseil européen a fixé comme objectif de réduire d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990. L’Agence européenne de défense va coordonner les efforts de recherche et de technologie sur l’efficacité énergétique et les sources d’énergie renouvelables sur les terrains et infrastructures militaires de l’Union européenne qui représentent 1 % de son territoire. De son côté, l’OTAN prend en compte le réchauffement climatique dans le cadre de la protection de l’environnement et de la sécurité énergétique.

Les implications militaires. Dans leurs missions de secours et d’assistance aux populations (canicule ou inondation), les armées agissent dans l’urgence avant de passer la relève aux organisations étatiques dans la durée, indique le général de Villiers. En outre, elles participent aux opérations permanentes de prévention : « Harpie » contre l’orpaillage clandestin en Guyane ; « Héphaïstos » contre les feux de forêt ; police des pêches ; action de l’État en mer. Par ailleurs, les conditions climatiques sont des facteurs opérationnels déterminants sur terre, sur mer et dans les airs. Les opérations et les systèmes d’armes s’inscrivent dans un environnement civilo-militaire  et dans le temps long. En outre, le soldat se doit de respecter le milieu naturel, où il vit et combat, rappelle le général. Le climat peut être la cause ou un facteur aggravant des crises sécuritaires, où l’action militaire, quoique nécessaire, ne suffit pas. Leur règlement exige une approche globale pour agir sur l’ensemble du spectre de la violence. Le réchauffement climatique provoque des déplacements de populations, auxquels s’ajoute la pauvreté, terreau du terrorisme. Enfin, ces déstabilisations accroissent le volume des missions des armées qu’il faudra financer, conclut leur chef d’État-major.

Loïc Salmon

L’océan Arctique : atouts économiques, guerre froide larvée

Résilience : la survie de la collectivité nationale

Crises : prévention et gestion en Ile-de-France

Un « Livre Vert de la défense », document officiel contenant diverses idées destinées à alimenter un débat ou une consultation publique sur le dérèglement climatique, a été publié en 2014. Dans la préface, la sénatrice Leila Aïchi rappelle que la Défense représente le premier investisseur de l’État, le deuxième budget de la nation après celui de l’Éducation nationale, le deuxième employeur du pays et la première emprise sur le territoire français. Ce Livre Vert propose une vingtaine de recommandations. Lors du colloque « Climat et Défense », la députée Patricia Adam a précisé que la Russie, qui assure 20 % des exportations d’hydrocarbures, a, dans la zone arctique, des frontières non protégées avec les autres pays riverains, tous membres de l’OTAN. Le réchauffement climatique pose notamment la question de la protection des richesses de cette zone, nouvelle voie maritime à sécuriser à terme.




Sécurité : risques et tensions liés au désordre climatique

Eau, terres arables et ressources halieutiques subissent les effets du réchauffement climatique. Ses phénomènes extrêmes, plus nombreux et plus intenses, provoquent des déplacements de populations, qui  fragilisent des États d’Afrique et d’Asie.

Les conséquences sur la sécurité et la stabilité régionale ont fait l’objet d’un colloque international organisé, le 14 octobre 2015 à Paris, par le ministère de la Défense dans le cadre de la Conférence de Paris pour le climat (COP21, voir encadré). Y ont notamment participé : Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international, président de la COP21 (photo) ; Ibrahim Thiaw, directeur exécutif adjoint du Programme des nations unies pour l’environnement ; Smaïl Chegui, commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine (UA).

Menaces pour la paix. Le réchauffement climatique provoque sècheresses, famines et inondations de zones côtières ou submersions de certains territoires, facteurs majeurs de déclenchement des conflits pour les générations à venir, avertit Laurent Fabius. Les exodes de « déplacés climatiques » pourraient atteindre, à terme, plusieurs centaines de millions de personnes. En outre, l’usage massif d’énergies carbonées, à savoir charbon, pétrole et gaz, constitue un accélérateur de conflits car leurs gisements sont très inégalement répartis. Les dépendances et les rivalités qui en résultent représentent autant de menaces pour la sécurité internationale. Les tensions actuelles en Asie trouvent leurs origines dans l’exploitation des fonds marins, riches en hydrocarbures, et la sécurisation de leurs voies d’acheminement. Une dépendance moindre du carbone sur le plan économique réduirait les risques de conflits pour le contrôle des énergies fossiles, estime le ministre. En revanche, les énergies renouvelables, comme le soleil et le vent, appartiennent à tous. Par ailleurs, exceptés notamment les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient, près de 150 États, correspondant à presque 90 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont déjà présenté leur objectif national de limitation des émissions. Cela devrait permettre de réduire à moins de 3 °C la trajectoire du réchauffement climatique, au lieu des 4-6 °C envisagés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Prix Nobel de la Paix en 2007). Selon l’OCDE, les pays riches du Nord ont consacré 62 Mds$ en 2014 pour aider les pays pauvres du Sud à atteindre leurs objectifs climatiques. Ils se sont engagés à porter ce montant à 100 Mds$ par an, à partir de 2020. Un rapport du G7 sur les liens entre sécurité et climat montre que les diplomates, experts et praticiens du maintien de la paix ignorent tout des politiques de lutte contre les risques climatiques. De plus, seule une minorité d’entre eux considère que les politiques d’adaptation aux impacts du dérèglement climatique contribuent au maintien de la paix.

Constats de l’ONU. Le changement climatique ignore les frontières, rappelle Ibrahim Thiaw. Les catastrophes naturelles déstabilisent les économies et déstructurent les populations, qui émigrent vers les villes puis vers des pays de plus en plus lointains. La compétition pour l’accès à l’eau, aux terres arables et aux autres ressources naturelles provoque 45 % des conflits interétatiques. Le réchauffement climatique affecte les populations les plus pauvres. La sécurité doit donc mobiliser les organisations civiles et militaires, estime Ibrahim Thiaw. L’exploitation illégale de la faune et de la flore, l’extorsion, le terrorisme et les trafics d’armes et d’êtres humains privent les pays pauvres de ressources financières pour la construction d’écoles et d’hôpitaux. Les conflits internes causent des pertes estimées à 213 Mds$/an, soit 164% de l’aide publique au développement. Entre 1950 et 2000, 90 % d’entre eux se sont produits dans les pays riches en biodiversité. Faute de sûreté, les pays pauvres dépendant de leurs ressources naturelles courent dix fois plus de risques de guerre civile que les autres. La mauvaise gouvernance de ces ressources en constitue l’une des causes. La solidarité transfrontalière et la responsabilisation en matière de paix et de sécurité s’imposent. L’ONU devrait apporter des solutions pour pallier les impacts du dérèglement climatique, notamment en partenariat avec l’Union européenne, souligne Ibrahim Thiaw. Selon lui, l’interdépendance entre la sécurité environnementale et le réchauffement climatique prend une dimension stratégique. Les forces armées de tous les pays pourraient réduire leur empreinte écologique par des choix technologiques simples d’économie d’eau et d’énergie, notamment dans les transports logistiques terrestre, aérien et maritime.

Approches de l’UA. Le dérèglement climatique pourrait compromettre le développement durable de l’Afrique, estime Smaïl Chegui. La hausse des températures, l’élévation du niveau des océans, l’assèchement croissant du lac Tchad et la déforestation aggravent le déficit économique, la pauvreté, l’insécurité alimentaire, les inégalités et les mouvements migratoires massifs. Ainsi, la guerre civile au Darfour (Soudan), très dépendant de ses ressources agricoles, a commencé dans les années 1970, par suite de la sècheresse et de la désertification. Les relations conflictuelles entre éleveurs et sédentaires ont été exacerbées par des motifs religieux, avec le risque de radicalisation qui alimente le terrorisme. Face au dérèglement climatique, l’UA recommande une action collective et soutenue. Son plan 2015-2020 inclut : un système d’alerte précoce des catastrophes naturelles avec des indicateurs spécifiques ; une préparation opérationnelle de la Force africaine en attente pour réagir aux catastrophes naturelles en identifiant les vulnérabilités suffisamment tôt pour en atténuer les conséquences. Pour lutter contre le réchauffement climatique, fardeau supplémentaire des pays en développement, l’Afrique compte sur les aides financières des pays riches et l’introduction d’énergies renouvelables. Smaïl Chegui s’est félicité du rapprochement, dans ce domaine, de la Chine et des États-Unis, grands pays pollueurs, et a salué l’initiative de la France (COP21). Enfin, il a évoqué le concept « d’éco-défense » pour renforcer la prise de conscience, à l’échelle mondiale, du réchauffement climatique.

Loïc Salmon

Marine nationale : sécuriser les espaces maritimes, mais aussi les protéger

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, adoptée au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro  en 1992 et ratifiée par 196 pays, est en vigueur depuis 1994. De caractère universel, elle reconnaît l’existence d’un changement climatique d’origine humaine et donne aux pays industrialisés le primat de la responsabilité pour lutter contre ce phénomène. La Conférence des parties (COP), composée de tous les États « parties », constitue l’organe suprême de la Convention. Elle se réunit chaque année lors de conférences mondiales, où sont prises des décisions pour respecter les objectifs de lutte contre les changements climatiques. Les décisions sont prises à l’unanimité ou par consensus. La COP organisée à Paris (30 novembre-11 décembre 2015) est la 21ème, d’où son nom de « COP21 ». Elle a pour objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2 °C.




Marine nationale : sécuriser les espaces maritimes, mais aussi les protéger

La Marine intervient lors des catastrophes naturelles ou industrielles liées à la mer, qu’elle analyse en permanence pour en préserver les ressources. Elle a déjà intégré l’écologie à la vie de ses bâtiments, de leur conception à leur démolition. Tout cela est expliqué dans une plaquette rendue publique, le 15 octobre 2015 à Paris, par le ministère de la Défense. Chaque jour, la Marine déploie en mer 500 marins, 35 navires, 5 aéronefs et 1 sous-marin, chargés de surveiller 11 Mkm2 de zones économiques exclusives et de protéger 1,7 Mkm2 d’aires marines. Elle recueille et exploite des données hydro-météo-océanographiques, destinées à l’observation du climat et des impacts du réchauffement. Acteur central de la connaissance du milieu marin, le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) met en œuvre 5 navires et 7 vedettes hydrographiques. Ces derniers effectuent environ 80 levés hydrographiques et campagnes océanographiques pour mesurer en temps réel les hauteurs d’eau sur 45 sites dans le monde entier. Le SHOM produit chaque année 341 cartes électroniques de navigation, 900 cartes format papier et 64 ouvrages d’informations nautiques. Dans le cadre de l’action de l’État en mer, la Marine a secouru ou porté assistance à 678 personnes en 2014. Dans le même temps et pour la préservation des ressources halieutiques, elle a contrôlé 1.756 bateaux de pêche, dressé 1.789 procès verbaux et dérouté ou accompagné 59 bateaux contrevenants. La protection de l’environnement fait partie des missions régaliennes et permanentes de la Marine. A cet effet, elle dispose du Centre d’expertises pratiques de lutte anti-pollution de Brest et de navires dédiés à cette mission en métropole et outre-mer. En 2014, la lutte contre les pollutions marines a donné lieu à 45 infractions et 18 détections de pollution. Le dispositif d’alerte permanent a permis de porter assistance à 23 navires marchands, dont 5 ont été remorqués. En outre, la gestion des déchets, la limitation des rejets, la diminution des gaspillages énergétiques  et la réduction d’énergie fossile sont prises en compte dès la conception des nouveaux navires, dont 15 sont déjà labellisés « passeport propre ». Tous les bâtiments retirés du service sont dépollués et « déconstruits », avec recyclage de l’acier. Chaque année, des opérations « rade propre » sont organisées dans les bases et sur le littoral de Toulon, Brest et Cherbourg, avec signature de « contrats de base » avec les collectivités locales. Par ailleurs, au sein de l’École Navale, un institut de recherche contribue au développement des énergies renouvelables en participant à la conception du navire propre et du port du futur intégré dans son environnement. Cette compétence, reconnue, est entretenue en permanence. Enfin, les marins sont sensibilisés et formés aux enjeux et savoir-faire du développement durable, tout au long de leur carrière.

Loïc Salmon

Marine nationale : permanence, Opex et police en mer

Marine : des capacités à la hauteur des enjeux stratégiques




Les gendarmes du ciel

Trois générations ont déjà servi à terre et à bord des neuf types d’aéronefs des forces aériennes de la gendarmerie (FAG), depuis leur création en 1953.

Pendant ce temps et au prix de 25 personnels morts en service commandé, les FAG ont totalisé près de 750.000 heures de vol, au cours de 830.000 missions opérationnelles, portant notamment secours à 300.000 personnes. L’avion léger a été rapidement abandonné au profit exclusif de l’hélicoptère. L’aventure des FAG commence en 1950, quand le chef d’escadron Fouché, créateur des pelotons motocyclistes, découvre l’emploi des hélicoptères par la police de New York. Trois ans plus tard, les États-Unis acceptent de fournir des appareils à la France pour les secours ou évacuations sanitaires pendant la guerre d’Indochine. Au cours des six mois de la bataille de Dien Bien Phu (novembre 1953-mai 1954), les pilotes des armées de Terre et de l’Air et de la Gendarmerie effectuent 1.317 heures de vol en opération, pour 782 missions et 2.478 blessés évacués. Par la suite, les hélicoptères de la Gendarmerie seront peints en bleu pour les différencier de ceux de l’armée de Terre (kaki). Leurs opérations de secours en montagne donneront naissance à « l’hélitreuillage ». La longueur du câble est passée de 25 m sur l’hélicoptère Alouette III à 90 m sur l’EC145, permettant des opérations de treuillage et de dépose/récupération au-dessus de 2.000 m. Rien que dans le massif du Mont-Blanc, les FAG ont totalisé à la fin de 2014 : 4.343 missions de secours ; 4.488 personnes secourues ; 8.620  hélitreuillages ; 28.983 posés en haute montagne (Alouette II et III, Écureuil et EC145).  Aujourd’hui, les FAG disposent de 29 bases opérationnelles : 23 en métropole et 6 en outre-mer. Disponibles à 85 %, les aéronefs des FAG sont dotés d’équipements renforçant leurs capacités opérationnelles : nombreuses liaisons radio directes ;  gestion automatisée du pilotage ; facilité des déplacements grâce à une cartographie embarquée ; descente en rappel ou corde lisse ; treuils. Leurs missions sont multiples : sécurité routière ; appui lors d’un transfèrement judiciaire par voie terrestre, pour éviter  les tentatives d’évasion ; reconnaissance de zones sensibles ; maintien de l’ordre (renseignement en direct de l’autorité) ; surveillance du réseau SNCF ; vols de reconnaissance et de surveillance générale du territoire national. Depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis, les FAG participent à la sécurisation des grands évènements internationaux de types sommets du G8, du G20 et de l’OTAN, 60ème et 70ème anniversaires du débarquement de 1944, avec transport d’éléments d’intervention et d’appui, dont des tireurs embarqués. Elles contribuent aux enquêtes judiciaires : recueil de renseignement et recherches d’indices, de malfaiteurs et de personnes disparues. L’hélicoptère est en effet souvent sollicité pour préparer une mission de police avec le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale ou le RAID (Police nationale). Sur le plan international, le Commandement des forces aériennes de la gendarmerie nationale a conclu des accords avec ses homologues marocain (formation et entraînement) et allemand (échanges de procédures technico-opérationnelles). Enfin, il développe des liens de coopération avec les unités aériennes de police d’Afrique du Sud, du Botswana et de Namibie.

Loïc Salmon

Gendarmerie : un musée national directement accessible

L’histoire de l’Aviation légère de l’armée de terre 1794-2014

Drones civils : avantages, mais aussi sources de menaces complexes et évolutives

« Les gendarmes du ciel », ouvrage collectif. Éditions Pierre de Taillac, 240 pages, 450 photos, 35 €.




07ème Bataillon de chasseurs alpins

Titulaire des croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945 et de celle de la Valeur militaire, le 7ème Bataillon de chasseurs alpins (BCA) a été décoré de la Médaille britannique de Crimée (1855) et de la Médaille interalliée de la victoire (1945).

Fondé en 1840 par le duc Ferdinand-Philippe d’Orléans, fils aîné de Louis-Philippe, il sera d’abord régiment de chasseurs à pied avant de devenir « alpin » en 1888. Son destin reste lié à la famille d’Orléans. En effet, l’un des descendants directs du duc, le sous-lieutenant François d’Orléans, a été tué au combat en Algérie en 1960. Sa tante, Isabelle, était devenue marraine du 7ème BCA en 1957 et le resta jusqu’à son décès en 1983. Sa nièce, Hélène, lui a alors succédé, avant de passer le flambeau à sa propre nièce, Marie, en 2009. Le bataillon connaît son premier fait d’armes en 1845, lors de la conquête de l’Algérie, où une compagnie de 80 hommes sera presque totalement anéantie à  Sidi-Brahim. Il est ensuite engagé en Italie (1851-1853), en Crimée (1855-1856), au Mexique (1862-1867), à nouveau en Algérie (1853-1855), en Tunisie (1881) et au Maroc (1912-1913). C’est en pensant à lui et au 14ème BCA que le maréchal Lyautey définira ainsi « l’esprit chasseur » : « C’est la rapidité dans l’exécution de gens qui pigent et qui galopent. C’est l’allant, c’est l’allure, c’est le chic ! C’est pour les chefs le sens social dans le commandement, c’est l’accueil aimable. C‘est servir avec le sourire, la discipline qui vient du cœur. C’est le dévouement absolu qui sait aller, lorsqu’il le faut, jusqu’au sacrifice total ». Pendant le premier conflit mondial, le 7ème BCA ne combat pas à Verdun, mais participe aux batailles de la Somme, du Chemin-des-Dames et d’Ypres. En 52 mois de guerre, il perd 43 officiers, 126 sous-officiers et 1.016 caporaux et chasseurs. Il reçoit la fourragère aux couleurs de la croix de Guerre en 1919. Malgré sa dissolution le 1er septembre 1940, certains chasseurs rejoignent le maquis jusqu’à leur intégration dans l’armée du général de Lattre de Tassigny en septembre 1944. Reconstitué en 1948, le 7ème BCA rejoint encore une fois l’Algérie en 1955. Il y encadre notamment des commandos de chasse, forces spéciales de contre-guerilla, dans le cadre du plan Challe en 1959. Un chef de section témoigne : « Concrètement, il s’agit d’équipes de six à dix chasseurs, quelques fois plus, recevant la mission de se rendre discrètement à un point, par exemple, un carrefour obligé de pistes ou une cache récemment « traitée », de s’y camoufler pour être totalement invisibles pendant la journée et éveillés et prêts à agir dès la tombée de la nuit ». Par la suite, le 7ème BCA sera engagé au Liban, dès 1984 et à plusieurs reprises, sous l’égide de l’ONU. Il a participé à l’opération « Baliste » d’évacuation de 2.000 personnes des ports de Beyrouth et Naqoura vers Chypre en 2006. Sous mandat des Nations unies, il a été déployé dans les Balkans (Bosnie-Herzégovine, Krajina et Kosovo) entre1992 et 2005.  Comme toutes les unités françaises, le 7ème BCA sera professionnalisé en 2001. Missions de courte durée ou opérations extérieures se succèdent alors : Tchad (2000, 2003 et 2008) ; Sénégal (2001) ; Afghanistan (2002, 2007-2008, 2009 et 2012) ; Côte d’Ivoire (2002-2012) ; Cameroun (2005-2006) ; République centrafricaine (2009-2014) ; Gabon (2012) ; Mali (2013-2014). Le 7ème BCA participe aussi à la protection du territoire national en outre-mer (Nouvelle-Calédonie) et en métropole, dans le cadre du plan Vigipirate.

Loic Salmon

Les chasseurs alpins du 13ème BCA

« Le 7ème Bataillon de chasseurs alpins », ouvrage collectif. Éditions Pierre de Taillac, 272 pages, plus de 450 documents, 29,90 €.




Cyber : le combat numérique, nouvelle dimension militaire

Les forces militaires tentent de définir leur place au sein de la confrontation numérique aux conséquences mondiales et dont les prémices ont déjà commencé.

Cet aspect a été abordé au cours d’un colloque international organisé, le 24 septembre 2015 à Paris, par le ministère de la Défense et diverses entreprises de cyberdéfense. Y sont notamment intervenus : Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense ; le général de corps d’armée Didier Castres, sous-chef opérations de l’État-major des armées ; le vice-amiral Arnaud Coustillière, officier général cyberdéfense ; un lieutenant-colonel (Air) cyber ; un délégué du Centre d’analyse en lutte informatique défensive  (CALID) ; un ingénieur d’Airbus Defence & Space.

Les menaces persistantes avancées. Les logiciels de renseignement russes et américains sont capables de filtrer les courriels, de rechercher les mots clés et de les exfiltrer. Leurs logiciels malveillants passent outre aux antivirus et mettent en place leurs propres systèmes de protection. Par ailleurs, selon un colonel spécialisé cyber, de véritables organisations militaires, liées à des groupuscules ou des mouvements terroristes (Daech) et équipées de moyens spécifiques, partagent leurs compétences. Avec les virus les plus simples, elles cherchent un effet destructeur dans le temps sur une cible, dont elles recherchent les failles. Donc, les forces engagées sur un théâtre doivent être opérationnelles avant l’action du virus et trouver, par le renseignement, le virus que personne ne connaît encore, afin de garder l’initiative sur l’adversaire. Ce dernier va tenter de l’implanter le plus rapidement possible et le garder caché longtemps. Les exercices permettent d’identifier les comportements anormaux des systèmes d’information et de réagir vite. Pour Airbus Defence & Space, il faut pouvoir détecter les logiciels malveillants en évitant un impact sur les systèmes eux-mêmes. Cela consiste à présenter la menace informatique à tout le personnel militaire et à l’accompagner dans sa démarche. Les systèmes d’information, évolutifs, peuvent détecter les nouvelles menaces. Compte tenu de l’expansion des capacités d’attaque, ces systèmes sont sécurisés dès les phases de conception et de production. Ainsi, la sécurisation des systèmes embarqués d’un hélicoptère et de ceux qui restent au sol évolue pendant tout le cycle de vie de l’aéronef. Selon le CALID, de grands exercices internationaux évaluent l’interopérabilité des systèmes et la capacité des participants à réagir. En 2014, « Cyber Endeavor » a mobilisé 2.500 personnels de 40 pays et a permis de tirer des enseignements. En opérations, le déploiement rapide des forces exerce un impact mesurable sur la sécurité de leurs systèmes. Or, des cyberattaques, non prévues dans l’exercice, se sont produites dès le premier jour. La  « défense collaborative » nécessite de partager les méthodes, chose difficile car les moyens militaires présentent des caractéristiques différentes. Il faut aussi connaître l’évolution de la menace dans le monde civil et établir une classification des degrés de confiance entre les différents partenaires. La recherche et le développement portent sur les « logiciels pièges », qui attirent l’attaquant pour qu’il dévoile ses méthodes sans qu’il se sache découvert.

Les capacités nationales. La loi de programmation militaire 2014-2019 et son actualisation consacrent plus de 1 Md€ à la cyberdéfense, afin de recruter 1.000 agents pour les états-majors, la Direction générale de l’armement et les services de renseignement, rappelle Jean-Yves Le Drian. De son côté, l’amiral Coustillière avait présenté l’état de la cyberdéfense militaire à la Commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale le 12 juin 2015. Le ministère de la Défense compte actuellement 1.600 personnels, dont 1.200 relèvent de l’État-major des armées, à savoir 300 personnels en charge des équipements de chiffrement et 900 du seul périmètre cyber. Parmi ces derniers, environ 60 s’occupent de l’expertise et de l’audit, 70 de la lutte informatique défensive et tous les autres de la prévention, de l’exploitation ou de l’architecture des systèmes. La protection des réseaux est bien perçue et le mode de renforcement rapide de leur sécurité est maîtrisé. En revanche, la sécurisation des systèmes d’armes et des automates embarqués dans les systèmes automatisés est moins connue. A titre indicatif, une frégate multimissions (FREMM) rassemble 2.400 systèmes d’information ! En cas de cyberattaques, les armées disposent de 200 ingénieurs de très haut niveau, capables d’intervenir en premier. Seuls l’État et quelques grandes entreprises sont capables de posséder et de mobiliser rapidement cette compétence rare. Au deuxième niveau de l’intervention, le vivier redéployable se monte à près de 800 personnes. En matière de contre-espionnage informatique, les pays anglo-saxons ont choisi de confier l’ensemble de leur cyberdéfense à leurs services de renseignement (SR). En France, les tâches sont bien séparées, souligne l’amiral. Les SR caractérisent le contenu de l’espionnage, c’est-à-dire les intentions et les objectifs. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information et la cyberdéfense militaire s’intéressent au contenant, à savoir les « métadonnées » (données servant à définir d’autres données). Lors du colloque du 24 septembre 2015, l’amiral a rappelé la création d’un centre de commandement cyber pour les opérations défensives et offensives, dont il a pris la tête en 2011. Ce centre apporte l’expertise technique à la préparation d’une opération militaire, reposant sur les travaux d’anticipation d’une crise à deux ans et la procédure OTAN : J5 (politique et planification), J3 (opérations) et J6 (systèmes d’information et de communications).

Le cyber en coalition. Les « cyber commandeurs » français, américain, britannique, estonien, néerlandais, espagnol et portugais ont présenté leur expérience de cyberdéfense dans une opération militaire en coalition (photo). Ainsi, selon l’amiral Coustillière, sa préparation cyber par étapes prend en compte : le renseignement et la surveillance : les réseaux grand public ; les réseaux nationaux et systèmes d’armes ; ceux de l’Union européenne et de l’OTAN ; ceux d’une coalition ad hoc, instituée spécialement pour répondre à un besoin ; ceux de l’adversaire. La cyberdéfense, conclut-il, est un club comparable à celui des forces spéciales.

Loïc Salmon

Cyber : au cœur des enjeux de défense et de sécurité

Cyberdéfense : bientôt une 4ème armée après celles de Terre et de l’Air et la Marine

Piraterie : encore présente sur mer et en expansion dans le cyberespace

Les influences géopolitiques, la nature des crises et les menaces des adversaires transforment le champ de bataille, estime le général Castres. Elles contractent le temps et étendent les zones « grises » (espaces de dérégulation sociale). Les moyens militaires agissent là où les tensions sont les plus fortes dans les zones de crise, dont la solution dépend des populations concernées. La seule force militaire ne suffit pas pour combattre les idées. Ainsi, Daech, présent sur 2.370 sites internet francophones, reçoit l’appui de 3 millions de « followers » (partisans ou disciples). Par ailleurs, malgré leur supériorité technologique en matière de maîtrise, contrôle, communications, informatique et renseignement (C4I en anglais), les forces armées doivent en permanence garantir la sécurité de leurs systèmes d’armes et de commandement contre le brouillage ou les interférences.

 




Sécurité : la contrefaçon et ses conséquences économiques, sanitaires et criminelles

Les produits contrefaits, accessibles sur internet, privent l’État de recettes fiscales, pillent les fruits des recherches des entreprises, menacent les emplois et mettent en péril la santé et la sécurité des consommateurs. En outre, leurs ventes financent le terrorisme et les organisations criminelles.

La lutte contre la contrefaçon a fait l’objet d’un colloque organisé, le 23 septembre 2015 à Paris, par le cabinet Rivington. Parmi les intervenants figurent : Bernard Brochand, député et ancien président du Comité national anti-contrefaçon ; Véronique Louwagie, députée et membre de la commission des finances ; Cécile Untermaier, députée et membre de la commission des lois ; Didier Hillion, directeur Propriété intellectuelle du groupe Renault ; Pascal Asselot, directeur de Licensing France Brevets ; Joël Rosenberg, études industrielles du ministère de la Défense ; Delphine Sarfati-Sobreira, directrice générale de l’Union des fabricants (UNIFAB) ; Céline Gouyer, Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières ; Didier Douilly, Gendarmerie nationale.

Fléau multisectoriel. Le marché de la contrefaçon, qui touche 15 % du commerce mondial pour un montant de 450 Md€, a fait perdre 40.000 emplois en France et 100.000 en Europe, estime Bernard Brochand. Quelque 6 millions d’objets contrefaits ont déjà été saisis en 2015. Investir 1.000 € rapporte 20.000 € dans la drogue, mais 500.000 € dans la contrefaçon ! Celle-ci touche même les produits culturels. Ainsi, la Ville de Cannes a dû déposer la marque  « Cannes » pour protéger son patrimoine, car la Corée du Sud et la Turquie l’apposaient sur leurs produits. Environ 1 médicament sur 10 est dangereux car contrefait. Ceux « made in China » peuvent contenir des excipients toxiques. De son côté, Véronique Louwagie rappelle que, selon l’Organisation mondiale de la santé, 50 % des médicaments accessibles sur internet sont frelatés, ce qui pose un problème de santé publique. La vente en ligne porte aussi sur le tabac, les cosmétiques, les produits de luxe et ceux à haute valeur ajoutée. Leur contrefaçon représente une source de revenus criminels de l’ordre de 250-500 Mds$ par an. Par ailleurs, « l’impression en 3 D » (dimensions) ouvre un champ nouveau à la contrefaçon, explique Joël Rosenberg. Elle permet en effet la reproduction d’objets en plastique, métal ou céramique, même de grandes dimensions. Il suffit de scanner les fichiers techniques de millions d’objets disponibles dans les bibliothèques pour en recomposer l’identité numérique extérieure et intérieure, rendant difficile la protection de la propriété industrielle. Cette révolution technologique accélère le temps de fabrication, car les fichiers numériques sont envoyés directement à des machines automatisées. A terme, en cas de rupture de stock de pièces de rechange d’un véhicule, il sera plus rapide, par l’impression 3 D, d’en réaliser de plus en plus sophistiquées, de bonne tenue dans le temps et selon des caractéristiques proches de celles des pièces d’origine.

Protection et prévention. Tout marché de pièces de valeur suscite celui de la contrefaçon, poursuit Joël Rosenberg. La principale protection réside dans l’innovation, afin d’avoir une longueur d’avance. Ensuite, la qualification des pièces d’origine et la certification des modes de production deviennent indispensables. Par ailleurs, il faut identifier les faux brevets et porter l’affaire devant les tribunaux du pays du contrefacteur, souligne Pascal Asselot. Comme se défendre coûte de plus en plus cher, les grands groupes industriels veulent épuiser les petites sociétés demanderesses. Actuellement, les entreprises américaines, très actives sur les réseaux sociaux, font le siège des institutions européennes pour affaiblir les réglementations des pays membres sur les brevets. Toutefois, un brevet « européen » devrait voir le jour en 2017. La Chine, qui a commencé par copier, dépose aujourd’hui des brevets et veut les protéger. Selon Delphine Sarfati-Sobreira, elle a compris que le droit de propriété intellectuelle permet aux inventeurs de vivre et à la technologie d’avancer. En conséquence, elle entreprend de sensibiliser les enfants dès les petites classes. En France, l’UNIFAB intervient dans les grandes écoles, pour que l’enseignement aille au-delà de la simple sensibilisation. En 2014, elle a lancé avec Interpol une campagne d’information sur internet et les réseaux sociaux.

Traque et répression. Le renseignement vise à matérialiser des informations en vue d’une action judiciaire, explique Céline Gouyer. A cet effet, la Douane dispose d’attachés en poste en Chine et dans divers États dans le cadre d’unions douanières (accords commerciaux entre États membres ayant adopté une politique commune vis-à-vis de pays tiers). En outre, un plan d’action européen (2009-2017) auprès des groupes industriels est piloté en France par le ministère de l’Économie. Depuis 2014, la loi autorise l’infiltration physique et électronique des livraisons de produits contrefaits. Un achat sur internet permet de remonter la filière. Ainsi, la saisie de 8,8 millions d’objets en 2014 a débouché sur le démantèlement de réseaux et l’identification des contrefacteurs. Chaque année, quelque 1.200 expertises, réalisées en partenariat avec les entreprises et les titulaires de droits industriels, facilitent l’identification de contrefaçons. Toutefois, les douaniers ne peuvent intervenir sur les marchandises en transbordement… qui n’entrent pas dans l’Union européenne !

Grand banditisme. Les enquêtes sur la contrefaçon et la drogue vont de pair. En effet, le même véhicule peut acheminer les deux pour rentabiliser le transport, indique Didier Douilly. Contrefaçon impliquant travail illégal et blanchiment d’argent, les recherches portent sur les achats immobiliers ou d’importants biens meubles, afin de démanteler les réseaux criminels organisés. Quand la Gendarmerie ne peut agir en France, elle envoie des informations à ses homologues étrangers. En outre, elle dispose de 250 spécialistes des nouvelles technologies, car 70% des ventes de contrefaçons s’effectuent sur internet. Enfin, l’argent saisi sert à indemniser les victimes physiques (inventeurs) ou morales (entreprises).

Loïc Salmon

Lutte contre le trafic de drogue : réponse internationale

La Douane : actions tournées vers la défense et l’international

Sûreté : élément stratégique des entreprises internationales

La convention internationale « Médicrime » contre les produits médicaux contrefaits et les infractions similaires menaçant la santé publique érige en infraction pénale : la fabrication de produits médicaux de contrefaçon ; la fourniture, l’offre de fourniture et le trafic de produits médicaux contrefaits ; la falsification des documents ; la fabrication ou fourniture non autorisée de médicaments et la commercialisation de dispositifs médicaux ne satisfaisant pas aux exigences de conformité. La convention établit un cadre favorisant l’instauration d’une coopération nationale et internationale entre les autorités sanitaires, policières et douanières compétentes tant au niveau national qu’international, l’adoption de mesures destinées à prévenir la criminalité en y associant le secteur privé ainsi que la poursuite effective des délinquants en justice et la protection des victimes et des témoins.




Gendarmerie : un musée national directement accessible

Depuis le 10 octobre 2015, les visiteurs peuvent découvrir le musée national de la Gendarmerie à Melun… sans avoir à déposer leur carte d’identité à l’entrée ! Il est désormais accessible depuis le parvis de l’École des officiers de la gendarmerie nationale, qui a formé plus de 12.000 élèves français et 2.500 étrangers depuis 1945. A l’entrée se trouve une monumentale grenade enflammée, réalisée en alliage de cuivre et d’aluminium et enchâssée sur des lames accrochées à une extension en verre. Cette grenade, qui remonte aux troupes d’élite de Louis XIV, symbolise le grand courage, car les « grenadiers voltigeurs » devaient courir devant les fantassins pour la lancer. Cet emblème militaire, aboli sous la Révolution, sera repris en 1797 par la Gendarmerie, devenue « nationale ». C’est toute l’histoire de cette arme, dont l’origine remonte à la « maréchaussée » de 1339, que retrace son musée nouvelle formule. Au cœur du bâtiment et sur toute sa hauteur, une vitrine suspendue de 18 m de long, 8,5 m de haut et 2 m de large présente une chronologie de référence à travers les silhouettes de gendarmes à pied et à cheval. Les gendarmes, dont l’uniforme sera codifié en 1720, étaient issus de la cavalerie lourde, d’une taille minimum de 1,75 m et coiffés d’un bicorne pour en imposer. Napoléon 1er placera à leur tête le maréchal Moncey qui,  momentanément destitué de sa dignité en 1816, sera nommé gouverneur des Invalides et assistera au « retour des cendres » de l’Empereur en 1840 avant de mourir à 88 ans en 1842. La Gendarmerie, qui n’acceptera les femmes qu’à partir de 1983, a pourtant décidé de confier la direction de son musée rénové à la jeune capitaine Élinor Boularand (photo). Celle-ci en a expliqué les enjeux au cours d’une visite pour la presse le 29 septembre. Pour la première fois, l’institution dévoile son patrimoine et son histoire sans nier la vérité historique, dont son rôle de « Garde personnelle du chef de l’État » (Philippe Pétain), pendant l’Occupation, et sa participation, répressive, aux événements de « Mai 68 ». Les 1.200  m2 d’exposition permanente présentent plus de 2.000 objets, documents et photographies sur une collection de 30.000. Figurent notamment des souvenirs du lieutenant Félix Fontan, à savoir son pistolet, sa croix de chevalier de la Légion d’Honneur et les menottes qu’il avait passées aux poignets de Jules Bonnot. Le 28 avril 1912, il avait lancé une charge de dynamite dans la maison où s’était retranché l’anarchiste. La « bande à Bonnot » avait défrayé la chronique en 1911 et 1912 par ses meurtres et braquages de banques. Le lieutenant Fontan sera le premier officier de Gendarmerie tué en 1914, lors de la reconnaissance d’une tranchée. Il fait partie de ces nombreux officiers et gendarmes qui se sont portés volontaires pour combattre, conscients de leur mauvaise image de « planqués » et de « chasseurs de déserteurs ». A ce propos, une exposition temporaire (10 octobre 2015-10 avril 2016) présente les missions de la Gendarmerie pendant la première guerre mondiale : police militaire ; renseignement sur l’opinion publique ; lutte contre le marché noir et le braconnage ; surveillance des camps de prisonniers de guerre. Depuis, les gendarmes ont retrouvé la sympathie acquise auprès du grand public depuis le milieu du XIXème siècle. Les exploits du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale et les défilés de la Garde Républicaine à cheval le 14 juillet sur les Champs-Élysées y ont certainement contribué, sans oublier les aventures cinématographiques… du « gendarme de Saint-Tropez » !

Loïc Salmon

Les spécialistes de la gendarmerie

Les gendarmes du ciel

 




Marine nationale : le porte-avions et la mer dans les relations internationales

En raison du libre usage de la haute mer, le groupe aéronaval constitue un outil stratégique pour la France, grâce à son autonomie et sa capacité de résilience. Il agit dans une manœuvre globale intégrant la dissuasion nucléaire, le dialogue avec les grands pays alliés et la participation à la résolution des crises.

Ce thème a fait l’objet d’une conférence organisée, le 23 septembre 2015 à Paris, par le Centre d’enseignement stratégique de la marine (CESM) au profit du magistère « Relations internationales et Actions à l’étranger » de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Y sont notamment intervenus : le contre-amiral Éric Chaperon, commandant de l’état-major embarqué de la Force d’action navale ; le capitaine de frégate (R) Martin Motte, professeur des universités ; Thibault Leroy, professeur agrégé d’histoire.

Le porte-avions en opérations. D’ici à 2020, indique l’amiral Chaperon, 29 porte-avions seront en service dans le monde, dont 14 à catapulte et 15 avec un tremplin pour avions à décollage court. Toutefois, les porte-avions à catapulte donne une allonge très supérieure à l’aviation embarquée, donc une plus grande capacité d’action dans la profondeur. Seules les Marines américaine et française en sont dotées. La répartition de ces « capital ships » (voir encadré) devrait s’établir ainsi : États-Unis, 13 contre 10 en 2015 ; France, 1 (1) ; Brésil, 2 (1) ; Italie, 2 (2) ; Espagne 1 (1 sous cocon) ; Inde, 3 (2) ; Chine, 3 (1) ; Grande-Bretagne, 2 (0) ; Russie, 1(1) ; Thaïlande, 1 (1). Grâce à la similitude de leurs porte-avions, les États-Unis et la France ont, pour la première fois, intégré leurs groupes aéronavals dans le golfe Arabo-Persique, lors de l’opération « Arromanches 2015 » (janvier-mai 2015). Celle-ci entrait dans le cadre de l’engagement d’une coalition internationale contre Daech en Irak, à savoir les reconnaissances et bombardements aériens des opérations « Chamal » (dénomination de la participation française) et  « Inherent Resolve » (appellation générale). Le groupe aéronaval français, centré sur le porte-avions Charles-De-Gaulle, a pu contribuer aux capacités rares : reconnaissance, commandement et contrôle des opérations, où 30 % des vols ont été réalisés depuis la mer. Il a engagé jusqu’à 15 avions en même temps avec 65 heures de vol par jour, pour des missions de 6 heures à l’intérieur du territoire irakien. Les règles d’engagement (ouverture du feu) et les zones d’action sont déterminées en commun, en tenant compte des incompatibilités de certaines missions avec le cadre défini par les autorités politico-militaires. La coordination impose des couloirs aériens séparés et des altitudes différentes pour des appareils évoluant  jusqu’à 100 km de leur porte-avions base. La France a dû obtenir l’autorisation préalable des Émirats arabes unis pour faire décoller ses avions (armée de l’Air) de la base d’Abu Dhabi, alors que le Charles-De-Gaulle a été déployé en toute souveraineté. De leur côté et dès le début de l’opération « Inherent Resolve » (août 2014), les États-Unis ont projeté un groupe aéronaval dans le golfe Arabo-Persique. En outre, pendant « Arromanches 2015 », indique l’amiral Chaperon, le groupe aéronaval français a évalué la situation géopolitique en océan Indien. Ainsi, le golfe d’Aden connaît une concentration sans précédent de navires de guerre de diverses nationalités. Pour la première fois, les Marines des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte se sont déployées au large du Yémen et commencent à prendre conscience de leur rôle de sécurisation des espaces maritimes. En outre, l’Égypte devient un partenaire important avec le rachat à la France des deux bâtiments de projection et de commandement initialement destinés à la Russie (septembre 2015). De son côté, l’Iran affirme sa présence régionale avec la maîtrise de la stratégie navale, comme l’a démontré son exercice « Noble Prophet 9 » dans le golfe Arabo-Persique (février-mars 2015). La Marine russe revient en océan Indien. Enfin, la Marine chinoise, qui connaît un développement exponentiel, y montre son pavillon.

L’importance stratégique de la mer. La Marine française s’intègre depuis un siècle à une stratégie terrestre. Ainsi, en août 1914, le transport du 9ème Corps d’armée d’Afrique du Nord vers la métropole a contribué à la victoire de la Marne. De 1940 à 1944, la stratégie de la France Libre a reposé sur les arrières maritimes et coloniaux, condition de la reconquête de la métropole. Pourtant son chef, le général De Gaulle, lâchera l’empire colonial dans les années1960 pour le remplacer par une double stratégie culturelle et de dissuasion nucléaire, estime Martin Motte. Outre son siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU depuis 1945, la francophonie constitue pour la France un atout majeur en matière de relations internationales. Le français, relais d’influence et aujourd’hui 5ème langue parlée dans le monde, représente 4 % de sa population, chiffre qui doublera à terme. D’autre part, avec ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, la Force océanique stratégique reste le pilier de la dissuasion, sans oublier les Rafale porteurs de l’arme nucléaire et embarqués sur le porte-avions. Le général De Gaulle l’avait anticipé dès 1965 : « La Marine se trouve maintenant et sans doute pour la première fois de notre Histoire au premier plan de puissance guerrière de la France ». Un demi-siècle plus tard, sur les 193 pays membres de l’ONU, 153 ont un accès direct à la mer. L’économie mondiale a connu une « maritimisation » croissante. Le commerce maritime a été multiplié par 8 depuis 1960. Plus de 80 % des échanges mondiaux transitent par la mer, dont un tiers pour les flux pétroliers. Les câbles sous-marins assurent plus de 99 % des flux numériques. Les organisations djihadistes pourraient prendre pour cibles les goulets d’étranglement du trafic  maritime : détroit de Gibraltar ; isthme de Suez ; détroit de Bab-el-Mandeb ; détroit d’Ormuz ; détroit de Malacca. La piraterie a diminué dans le monde, mais n’est pas éradiquée dans certaines zones : mer des Caraïbes ; golfe de Guinée ; golfe d’Aden ; golfe du Bengale ; détroit de Malacca ; mer de Chine méridionale. Enfin la mer devient un réservoir de ressources stratégiques : protéines, pétrole, gaz et minerais rares.

Loïc Salmon

Marine nationale : opération « Arromanches » en Méditerranée et océan Indien

Dissuasion nucléaire : assurer à la France son indépendance

L’océan Indien : espace sous tension

Au début du XXème siècle, la Marine de guerre de la France décline par rapport à celle de la Grande-Bretagne, tandis que celle de l’Allemagne monte en puissance, explique Thibault Leroy. Pour protéger son empire colonial, la Grande-Bretagne entend disposer d’une Marine capable de surclasser les deux autres plus importantes. Or, en 1905, le Japon inflige une sévère défaite à la Russie lors de la bataille navale de Tsushima. Le cuirassé devient alors  le navire principal d’une flotte de combat (« capital ship »). Après la guerre de Sécession (1860-1865), les États-Unis développent leur Marine, qui égale celles de la France et de l’Italie en 1914. Malgré la perte d’une grande partie de leur flotte à Pearl Harbour (1941), ils remportent la bataille aéronavale de Midway (1942), grâce aux radars, dont sont dépourvus les porte-avions japonais. Depuis, le porte-aéronefs a remplacé le cuirassé comme « capital ship », atout déterminant d’une force navale.




Cyber : au cœur des enjeux de défense et de sécurité

Les moyens de défense sont directement exposés à la menace cyber sur les théâtres d’opération et le territoire national. En outre, les capacités du réseau internet sont exploitées à des fins terroristes par des organisations et même des États.

Ce thème a fait l’objet d’un colloque organisé, le 24 septembre 2015 à Paris, par le ministère de la Défense et diverses entreprises de cyberdéfense. Y ont notamment participé : Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense ; Frédérick Douzet, professeure titulaire de la chaire Castex ; Kevin Limonier, chercheur à l’Institut de géopolitique ; le général Thierry Burkhardt de la Coordination nationale du renseignement ; Nicolas Mazzuchi, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques ; Alice Lacoye-Matteus, avocate et doctorante.

Une dimension stratégique. En Afghanistan, les forces françaises ont été la cible d’une attaque cyber, qui a temporairement perturbé les liaisons entre les drones et la métropole, a indiqué Jean-Yves Le Drian. Les groupes armés terroristes au Levant, en Afrique et au Maghreb menacent l’espace numérique. Une source de propagande Daech a été identifiée en Syrie avec des relais en Europe, qui utilisent les infrastructures et les opérateurs Internet. Les mafias, qui disposent de moyens du niveau de certains États, travaillent pour elles-mêmes ou vendent leurs services au plus offrant. La cyberdéfense est intégrée à l’État-major des armées, à la Direction générale de l’armement et aux services de renseignement. Le ministre a exposé ses quatre priorités en la matière. D’abord, il faut garantir la protection des réseaux et des systèmes de défense, par l’acquisition de produits et de service de confiance et une conception rigoureuse des systèmes concernés. En outre, la chaîne opérationnelle de cyberdéfense agit en temps réel pour la sécurité des systèmes. Ce volet, déjà intégré aux déploiements des forces militaires au Levant et au Sahel, leur fabrique un bouclier protecteur avec des dispositifs particuliers. Une unité spécialement équipée, dont le noyau est déjà en place au Levant, sera totalement opérationnelle en 2018. De plus, afin d’anticiper les menaces, de caractériser l’adversaire et d’adapter ainsi les systèmes de défense, la Direction du renseignement militaire a récemment créé un centre de recherches et d’analyse cyber. De son côté, la Direction générale de sécurité extérieure développe ses propres moyens depuis plusieurs années. La « lutte informatique active », explique le ministre, consiste à priver l’adversaire de ses systèmes numériques en les neutralisant ou les leurrant, en vue d’un avantage déterminant dans la manœuvre militaire. Un « pôle d’excellence cyber » a été créé à cet effet (voir encadré).

Une menace évolutive. Au niveau international, rappelle Frédérick Douzet, les impacts des cyberattaques, lancées par des réseaux anonymes et chiffrés, restent sous le seuil de déclenchement de conflits armés. Or, les données de traçabilité se trouvent entre les mains des grandes plates-formes américaines. Par ailleurs, la cyberguerre s’inscrit dans l’histoire de la Russie conquérante depuis le Moyen-Age avec des combattants irréguliers (cosaques notamment), puis la propagande déstabilisante du régime soviétique à partir de 1920, indique Kevin Limonier. Aujourd’hui, Moscou recourt aux milices politisées qui lui sont favorables, en échange de soutiens financier et logistique (Tchétchénie, 1999 et Ukraine, 2013). Sa stratégie est double : emploi de francs-tireurs (hackers) officiellement non affiliés aux institutions politiques russes (paralysie de l’Estonie en 2007) ; guerre de l’information pour déstabiliser une région (Ukraine depuis 2013). Les organes officiels russes d’information vont à l’encontre des valeurs occidentales via les réseaux sociaux, tandis que des « mercenaires » pro-russes polluent les débats en cours. L’intégration totale du cyber aux opérations conditionne désormais leur succès, souligne le général Burkhard. Les outils techniques sont regroupés dans le centre opérationnel cyber à Balard afin de gagner en synergie. Aujourd’hui, les armées françaises en opérations sont en situation de guerre avec des attaques quotidiennes de désinformation. Or l’intégration du cyber ne va pas de soi, car les armées de Terre et de l’Air, la Marine nationale et le Commandement interarmées de l’espace ont longtemps cru, à tort, pouvoir gagner cette guerre chacun de son côté. En conséquence, l’organisation de la cyberdéfense aux niveaux stratégique, opératif et tactique demande beaucoup de souplesse et d’adaptation. Enfin, la frontière entre les opérations extérieures et la sécurité intérieure s’efface.

Propagande terroriste. Daech, n’est pas seulement une organisation terroriste, mais aussi un « proto-État » avec la notion de territoire et l’utilisation de symboles, estime Nicolas Mazzuchi. Le cyberespace facilite l’action du faible au fort. Par suite des changements fréquents des chefs chez Daech, les nouveaux cadres supérieurs, plus jeunes, comprennent l’usage du cyberespace. Ils ont acquis la capacité de créer des jeux vidéo à la gloire de Daech, imposer son drapeau noir sur un site ou diffuser des atrocités en vidéo. La combinaison avec d’autres moyens leur permet de concevoir des actions terroristes, en raison de l’accroissement des vulnérabilités dues aux « systèmes de contrôle et d’acquisition de données » (SCADA en anglais) sur les victimes ou les futures recrues connectées. Selon Alice Lacoye-Matteus, Daech maîtrise les tuyaux techniques (piratage de TV5 Monde en avril 2015) et l’analyse du contenu des messages. Justifiant sa gouvernance par la religion, il a aussi acquis une assise politico-militaire, qui lui permet de recruter sur les réseaux sociaux 30 % de personnes de moins de 50 ans ayant une expérience du combat. Pour contrer la propagande de Daech, plutôt qu’une censure facile à contourner, Alice Lacoye-Matteus recommande d’exposer, notamment, la contradiction entre son rigorisme religieux et l’opulence matérielle de ses dirigeants ou sa justification religieuse de l’esclavage. Son archétype masculin et guerrier repose sur l’épopée de l’émir Chamil, résistant du Caucase, qui avait négocié sa reddition au tsar en 1859 !

Loïc Salmon

Cyberdéfense militaire : DEFNET 2015, exercice interarmées à tous les niveau

Cyber : de l’omniprésence à l’hyperpuissance

Terrorisme djihadiste : prédominance de la dimension psychoculturelle

Les statuts fondateurs de l’association à but non lucratif « Pôle d’excellence cyber » ont été signés, le 24 septembre 2015 à Paris, par le ministre de la Défense et le président du Conseil régional de Bretagne. Lancé en février 2014 au profit du ministère et de la communauté nationale cyber, ce pôle a pour mission de stimuler le développement de : l’offre de formations (initiale, supérieure et continue) et sécuriser la disponibilité des compétences qualifiées ; la recherche académique ; l’offre de services et de produits de confiance ; la base industrielle et technologique de cyberdéfense. Fort déjà de 50 partenaires qui travaillent en réseau, il regroupe notamment les équipes cyber du ministère de la Défense, des écoles et des universités, des laboratoires de recherche, des grands groupes prestataires et opérateurs d’importance vitale, des petites et moyennes entreprises innovantes et des agences de développement économique.