Armement : la coalition « Artillerie pour l’Ukraine »
Une coalition, dirigée par la France et les États-Unis, vise à orienter, fédérer et coordonner les initiatives des pays participants pour équiper, former et structurer l’artillerie de l’Ukraine.
Annoncée le 18 janvier 2024 par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, cette coalition a été présentée à la presse le 25 janvier par le général de division Jean-Michel Guilloton, commandant de l’entraînement au combat interarmes et de la base de défense de Mourmelon-Mailly.
Selon le ministère des Armées, la France propose à l’Ukraine une offre complète de soutien militaire : livraisons capacitaires, de l’équipement individuel au char de combat ; maintien des matériels en condition opérationnelle ; munitions ; formation. Elle lui fournira 3.000 obus de 155 mm par mois, une quarantaine de missiles de croisière Scalp et plusieurs centaines de bombes A2SM longue portée.
La situation du front. Depuis l’invasion russe du 22 février 2022, indique le général Guilloton, l’armée ukrainienne montre des signes d’usure avec l’échec de la contre-offensive du printemps 2023, malgré la livraison importante de matériels occidentaux. En matière d’artillerie, l’armée russe tire six fois plus d’obus que la partie ukrainienne et accentue sa pression sur le front. Elle impose son tempo opérationnel et conserve l’initiative. A l’arrière, la Russie a transformé son industrie en économie et de guerre et, grâce à des partenariats, aurait reçu près d’un million d’obus de la Corée du Nord et des drones armés de l’Iran. Depuis la seconde guerre mondiale, l’armée russe compte sur son artillerie pour conduire la guerre avec une masse très variée de canons, lance-roquettes multiples, missiles longue portée et drones armés. Elle frappe, très loin dans la profondeur, les points névralgiques ukrainiens, les centres énergétiques et la population. Le champ de bataille devient transparent par la connexion directe des capteurs à l’artillerie longue portée et fait l’objet d’une guerre hybride via la propagande et l’influence. De son côté, l’Ukraine va bientôt atteindre son maximum en matière d’équipements, de logistique, de capacité de combat et de munitions. En face, la Russie s’est organisée en ordre de marche pour favoriser son rapport de force dans la durée.
La coalition « Artillerie ». Sur proposition des États-Unis, les 54 nations alliées pour la défense de l’Ukraine (31 membres de l’OTAN et 23 hors OTAN), réunies sur la base aérienne de l’OTAN à Ramstein (Allemagne), ont constitué un groupe de contact, dit « format Ramstein ». Le 19 septembre 2023 et afin de mieux coordonner l’aide apportée à l’Ukraine, rappelle le général Guilloton, elles ont défini cinq coalitions capacitaires majeures, à savoir maritime, aérienne, blindée, défense sol-air et artillerie sol-sol. Dans ce cadre, la France a pris la direction de la coalition de l’artillerie sol-sol. Actuellement, l’artillerie ukrainienne compte plusieurs milliers de pièces, dont 30 canons Caesar français et 19 Caesar danois. Le ministre des Armés a annoncé la livraison prochaine de 6 Caesar et une offre de 72 autres, dont 12 financés par la France et les autres par les diverses nations alliées. Une vingtaine d’États ont manifesté leur intérêt pour cette coalition, co-dirigée par les États-Unis qui ont déjà proposé plusieurs centaines de milliers d’obus. L’aide inclut tous les systèmes d’artillerie de 105 mm à 155 mm, les lance-roquettes et les capacités émergentes. En 2023, la France a formé 5.000 combattants ukrainiens, dont 350 artilleurs. L’objectif de 2024 porte sur 7.000-9.000 combattants, dont 220 artilleurs. A court terme, il s’agit de répondre aux besoins urgents en munitions et en maintenance et réparations des matériels cédés. Le moyen terme concerne la création d’une nouvelle armée ukrainienne interopérable au standard OTAN. Le long terme porte sur la mise en œuvre d’une production nationale ukrainienne, sous licence étrangère, de lanceurs, de munitions, de pièces détachées et de matériels logistiques.
Loïc Salmon
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