Armée de Terre : le soldat, entraînement et protection

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L’esprit guerrier consiste à gagner par l’entraînement, la haute technologie et les traditions. Cela implique l’amélioration de la protection du soldat et du cadre de vie de sa famille.

Telle est la conviction du général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre dont les capacités de la 1ère Division ont été présentées le 4 octobre 2018 au camp de Satory.

L’ensemble du spectre. La démonstration a porté sur l’engagement des forces terrestres sur le territoire national, lors d’un conflit asymétrique ou d’un affrontement entre Etats. En effet, l’armée de Terre peut intervenir en métropole et dans les départements et territoires d’outre-mer, en soutien des populations, en appui et en complément des forces de sécurité intérieure. Grâce à ses formations et entraînements, elle apporte une réponse adaptée à la menace et à la nature de la crise. Dans l’urgence, l’armée de Terre peut déployer une force capable de produire d’emblée des effets. Elle intervient en montagne, en zone désertique ou équatoriale avec des moyens spécifiques. Elle assure une gestion de crise dans la durée, au contact des populations, selon une approche globale et dans un cadre multilatéral, avec un emploi de la force maîtrisé et réversible. Les innovations récentes concourent à la protection accrue de la force face à un adversaire tenace et dont les capacités se durcissent. Enfin, en raison du risque de guerre ouverte face à un ennemi puissant, l’armée de Terre entretient sa capacité à assumer la responsabilité de nation-cadre au sein de l’OTAN ou d’une coalition ad hoc. Son « système infocentré Scorpion » renforce sa capacité à prendre l’ascendant sur l’adversaire pour emporter la décision.

Le renseignement « Terre ». L’armée de Terre dispose de ses propres capacités de renseignement. Ainsi, le 2ème Régiment de hussards s’occupe de la recherche humaine : surveillance des objectifs ou des cibles ; guidage ; traitement des sources humaines ; exploitation des matériels sensibles. Le 61ème Régiment d’artillerie effectue de la recherche par imagerie (drones) pour appuyer en temps réel ou différé, acquérir des objectifs et évaluer les frappes. Le 28ème Groupe géographique recueille des renseignements de terrain, les exploite et apporte un appui cartographique. La recherche électromagnétique, assurée par le 44ème Régiment de transmissions, consiste à reconnaître les signaux, les détecter, les intercepter, les décoder, les localiser et, éventuellement, les neutraliser. La 785ème Compagnie de guerre électronique et le 54ème Régiment de transmissions apportent un appui électronique. Tous ces capteurs, complémentaires, travaillent en synergie dans l’espace et dans le temps au profit des différents niveaux de commandement, du Corps de réaction rapide-France (OTAN) au groupement tactique interarmes, des forces spéciales ou de la Direction du renseignement militaire. Le Commandement du renseignement garantit la cohérence d’emploi et l’évolution des moyens de recherche et d’exploitation (analyse et connaissance des modes d’action adverses). Il assure la formation aux métiers du renseignement, l’entraînement des bureaux dédiés des états-majors opérationnels et celui des structures « multicapteurs ». En outre, il adapte la fonction renseignement Terre aux évolutions permanentes de l’adversaire. Enfin, il participe aux missions du Centre interarmées des actions sur l’environnement, pour faire mieux comprendre et accepter l’action des forces françaises sur les théâtres extérieurs auprès des acteurs locaux et ainsi gagner leur confiance. Les missions portent sur l’aide directe aux populations, la gestion de chantiers de reconstruction ou les actions de communication d’influence auprès de la population, des élites et des élus locaux.

La référence. Compte tenu de l’évolution de la menace, l’armée de Terre adapte en permanence ses dispositifs opérationnels sur le territoire national et sur les théâtres extérieurs, rappelle son chef d’état-major. La modernisation de l’exercice du commandement inclut notamment la renaissance d’une Ecole de guerre « Terre » depuis le 30 août 2018, d’une durée de 43 semaines et complémentaire de l’Ecole de Guerre interarmées. Une vision prospective permet d’anticiper les ruptures futures. Le général Bosser énumère six critères de référence : un modèle complet pour affronter tout type de menaces ; une masse pour produire des effets stratégiques dans la durée ; des équipements de 4ème génération pour dominer l’adversaire ; une capacité à agir dans le cadre d’une stratégie globale pour gagner la paix ; une singularité militaire au service de l’efficacité opérationnelle ; un esprit guerrier pour décupler les forces morales. La loi de programmation militaire, qui s’étend de 2019 à 2025, dure autant que l’engagement moyen d’un jeune militaire du rang ou d’un sous-officier, souligne le général. Elle modernise l’outil de combat en préparant le déploiement en opération de groupements interarmes Scorpion à partir de 2021 (voir encadré). En 2019, l’armée de Terre doit mettre en œuvre 5 zones techniques Scorpion et 1 régiment de formation équipé de 92 véhicules blindés multi-rôles Griffon. Elle poursuivra la transformation de la maintenance terrestre et aura obtenu les premiers résultats du « contrat globalisé » pour les hélicoptères d’attaque Tigre. En matière d’innovation pour garder l’ascendant sur l’adversaire, sont prévues en 2019 : l’implantation du « Battle Lab Terre » (laboratoire de la bataille terrestre) à Satory ; la poursuite de la transformation numérique de l’administration (dossiers et recrutement) ; la numérisation de l’espace de formation ; l’accélération des processus de passation de marché.

Le quotidien du soldat. En 2019 et pour combler des lacunes majeures, indique le général Bosser, l’armée de Terre doit recevoir des treillis de dernière génération, 24.000 fusils d’assaut HK416 et 730 véhicules 4×4. L’entretien du matériel bénéficiera d’un financement renforcé. L’aguerrissement et l’entraînement collectif seront consolidés. Le nouveau Centre de formation de Bourges doit accueillir la première promotion de mécaniciens aéronautiques. Par ailleurs, le « Plan famille » porte sur le préavis des mutations, le déploiement wifi, des garderies supplémentaires et l’accession à la propriété. En 2017, l’armée de Terre comptait 126.000 militaires avec 60.000 conjoints ayants droits et 123.000 enfants, dont 24.000 de moins de 3 ans. Ils ont connu 14.000 mutations et 115 jours d’absence hors garnison.

Loïc Salmon

Destinée à projeter un sous-groupement interarmes Scorpion en opération extérieure dès 2021, la 1ère Division compte : 26.500 personnels d’active ; 5.200 réservistes ; 5 états-majors ; 27 régiments ; 1 école ; 1 centre d’aguerrissement ; 4 centres de formation initiale des militaires du rang. Outre les éléments français de la Brigade franco-allemande, elle regroupe trois grandes unités interarmes de 7 à 8 régiments : 7ème Brigade blindée ; 9ème Brigade d’infanterie de marine ; 27ème Brigade d’infanterie de marine. Enfin, elle dispose du 1er Régiment d’artillerie, du 19ème Régiment du génie et du 132ème Bataillon cynophile de l’armée de terre.

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