La formation optimisée des personnels de l’armée de l’Air va de pair avec l’amélioration de leur cadre de vie et la modernisation des équipements pour affronter les menaces futures.
Son chef d’état-major, le général d’armée aérienne Philippe Lavigne, l’a expliqué lors d’une rencontre organisée, le 4 décembre 2018 à Paris, par l’Association des journalistes de défense.
Formation et fidélisation. Quoique le recrutement soit passé de 2.000 jeunes en 2014 à 3.000 en 2018, l’armée de l’Air entend conserver ses anciens personnels, dont l’expérience permet de travailler le savoir être et le savoir-faire, souligne le général. La « smart school » ou méthode de formation repose sur la numérisation et l’intelligence artificielle pour gérer les compétences. Les personnels demandent de la valorisation et la reconnaissance des compétences acquises. L’adaptation aux besoins présents et futurs, du niveau brevet technique supérieur à celui de la recherche, nécessite d’obtenir la validation des enseignements par des diplômes reconnus par l’Education nationale. L’Ecole de l’Air de Salon-de-Provence a noué des partenariats avec l’ONERA et le CNES. Il s’agit de réduire le temps de formation au « juste besoin », afin de pouvoir exercer rapidement le métier. Ainsi, la réalité virtuelle permet de faire le tour de l’avion…sans avion. L’élève « voit » la manœuvre ou la réparation à effectuer. La simulation permet d’économiser les heures de vol. Un pilote de chasse français, qui effectue actuellement 164 h de vol sur avion et 70 h sur simulateur, devra, à terme, atteindre l’objectif OTAN, soit 180 h de vol et 70 h sur simulateur. La base de Mont-de-Marsan dispose d’un simulateur avec radar de pilote fictif et genèse de plots supersoniques, de missiles de croisière, d’avions de transport ou d’hélicoptères. Il élabore des scénarios de missions de plus en plus complexes et crée un lien avec le pilote qui vole réellement. Ensuite, la vigilance s’impose pour fidéliser les aviateurs, en améliorant leurs conditions de travail sur une base aérienne et celles de leur famille (Plan famille). Le secteur privé accueille en effet très facilement mécaniciens d’aéronautique, informaticiens, personnels médicaux et commandos.
Modernisation et coopération. La Russie et la Chine manifestent leur puissance en déniant l’accès à des théâtres pour des opérations des forces aériennes occidentales, par avions, missiles, défense sol-air et brouillages de GPS et de communications, indique le général Lavigne. D’ici à 2040, la menace portera sur la furtivité, qui sera déjouée par la recherche des failles techniques, et l’hypervélocité. Celle-ci, supérieure à mach 5, nécessitera d’augmenter la distance de tir, par un radar plus puissant, et le combat « collaboratif » : l’appareil repéré fuit, tandis qu’un autre tirera. L’avion de nouvelle génération sera piloté, car un robot n’inspire aucune confiance. Il sera équipé d’intelligence artificielle, comme le sont déjà certains capteurs. La transmission de données par satellite fera progresser le combat collaboratif. Déjà, un exercice dénommé « Point Blank » s’est déroulé en novembre 2018 en Grande-Bretagne pour tester les interopérabilités technique et opérationnelle entre le Rafale et le F-35 américain. Le prochain aura lieu en France en 2020. Le projet franco-allemand SCAF (système de combat aérien futur), dont les études vont commencer dans chaque pays, vise à élaborer des normes communes en vue de réaliser un démonstrateur. Toutefois, quels que soient les domaines concernés, il conviendra de conserver sa souveraineté en ne dévoilant pas tout.
Loïc Salmon
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