Service de santé des armées : la transfusion sanguine, un enjeu vital et stratégique

Principale cause de mortalité des blessés au combat, l’hémorragie peut être traitée sur place grâce à un acheminent rapide de produits sanguins sûrs, la présence d’une équipe médicale spécifique et l’innovation, dont le « plasma lyophilisé ».

Le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) fête son 8Oème anniversaire cette année. Son directeur, le médecin chef des services hors classe Jean-Jacques Lataillade, a présenté son évolution à la presse le 22 mai 2025 à Paris.

Expérience du terrain. Le CSTA accompagne les forces sur le territoire national et tous les théâtres d’opérations en soutenant les hôpitaux militaires. Son expertise unique permet de garantir la disponibilité du sang en tout lieu, en tout temps et au plus près des blessés. A partir du sang collecté dans les établissements militaires, le CSTA prépare des produits selon les mêmes règles de sécurité que le Centre national de transfusion sanguine. Il les qualifie sur le plan de la sécurité biologique et les stocke pour les distribuer aux patients. Il en prépare certains plus spécifiques aux besoins opérationnels. Ainsi, le plasma universel lyophilisé (déshydraté en flacon) se conserve à température ambiante pendant deux ans et peut se transporter indépendamment de la chaîne du froid. En outre, le sang total chaud, prélevé auprès des donneurs connus présélectionnés, que sont les militaires en opérations, peut être transfusé sans délai de conservation, grâce à des kits spécifiques. Pour utiliser les produits sanguins de manière optimale, le CSTA forme des médecins, des infirmiers et des techniciens de laboratoire. Il prend en compte les difficultés rencontrées pendant le conflit russo-ukrainien en cours, en termes de ravitaillement et d’utilisation des produits, pour faire évoluer sa doctrine. Il s’oriente vers la transfusion de sang total et de plasma lyophilisé, produits facilement disponibles à l’avant, plutôt que vers l’utilisation de concentrés de globules rouges, issus de la séparation du sang total et qui demandent du temps et de la technique et sont donc plus difficiles à fournir rapidement. La technologie du plasma lyophilisé a été mise au point par les forces armées américaine pendant les campagnes d’Afrique du Nord en 1942-1943, qui en ont ensuite perdu le savoir-faire. Elles s’approvisionnent aujourd’hui auprès du CSTA, qui l’a adopté puis développé depuis les années 1950, malgré les exigences sécuritaires consécutives à « l’affaire du sang contaminé » par le sida et l’hépatite C dans les années1980 et 1990. Le plasma lyophilisé du CSTA reste un produit sanguin, précise le médecin chef Lataillade, plus opérationnel que ce que diverses sociétés pharmaceutiques fabriquent sous forme de médicament.

Nouvelles thérapies. Le CSTA dispose d’une plateforme de production de thérapies cellulaire et tissulaire et de médicaments dits de « thérapie innovante ». Il propose de nouvelles thérapies réparatrices aux blessés polytraumatisés, brûlés ou irradiés à partir de ces cellules souches. Dans un contexte d’engagement possible de haute intensité, ses capacités de production et d’adaptation montent en puissance. Il travaille sur une nouvelle technique de lyophilisation plus rapide et d’une durée de péremption de trois ans, contre deux aujourd’hui. Après une démonstration clinique d’ici à 2030, il espère d’obtenir des plaquettes de sang, à partir de cellules souches immortalisées, qui pourraient être conservées à 4 ° C et même lyophilisées. Les plaquettes jouent un rôle crucial dans la coagulation en évitant notamment les risques d’hémorragie. A l’issue d’une dizaine d’années de collaboration avec le groupe industriel de cosmétiques L’Oréal, le CSTA envisage de produire un épiderme de culture à greffer sur un patient, dont la surface corporelle aurait été brûlée à 80 %.

Don du sang. Afin de reconstituer les réserves, le CSTA organise une collecte de sang auprès de donneurs civils et militaires chaque 14 juillet aux Invalides à Paris.

Loïc Salmon

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