Petite histoire de l’armée française

La France a forgé son destin par les armes, depuis la conquête de la Gaule par l’armée romaine jusqu’à la suspension du service militaire, effective en 2001.

Tout commence en 52 avant J.-C., quand Jules César assiège sans succès la ville sacrée de Gergovie, devenue symbole de la résistance à l’envahisseur. Au début du Moyen-Âge, les rois de France lèvent des troupes en convoquant le « ban » pour des opérations de conquête et « l’arrière-ban » pour repousser une invasion. Le « devoir d’ost » oblige les hommes d’armes à suivre leur seigneur. Base de toutes les traditions militaires, la chevalerie devient une caste de combattants avec ses codes : équilibre des vertus guerrières, de courage et d’honneur mais aussi de respect de l’adversaire et protection des plus faibles. Héritages des huit croisades (1095-1270), les musiques militaires avec trompettes, timbales et tambours, importées d’Orient, rythment encore la vie des soldats. A Bouvines, le 27 juillet 1214, l’armée royale et les milices communales repoussent les troupes germaniques, anglaises et flamandes, pourtant plus nombreuses. De cette victoire naît le sentiment d’appartenance à une même nation avec le profond dévouement à la patrie (terre des pères). Pendant la guerre de Cent Ans au XIVème siècle, le connétable Bertrand Du Guesclin harcèle l’armée anglaise par des embuscades et des « coups de main » derrière leurs lignes, ancêtres de la tactique « commando » souvent mise en œuvre pendant la seconde guerre mondiale et par les forces spéciales d’aujourd’hui. A Azincourt (1415), les archers anglais anéantissent la cavalerie française, marquant ainsi la fin de la chevalerie. A Castillon (1453), la cavalerie anglaise, fauchée par les 300 canons français, est achevée par la cavalerie royale et celle de la Bretagne (rattachée pacifiquement à la France en 1532). Cette victoire met fin à la guerre de Cent Ans. Au XVIIème siècle, le cardinal de Richelieu Premier ministre, organise le corps des intendants d’armée (ancêtre du Service du commissariat) et la Marine de guerre. Puis le secrétaire d’État à la Guerre, Michel Le Tellier, instaure les grades, encore en vigueur, de sous-lieutenant à colonel dans chaque régiment. Son fils et successeur, François-Michel Le Tellier marquis de Louvois, généralise l’uniforme et la discipline. Louis XIV édifie à Paris l’Hôtel royal des Invalides, hôpital et hospice pour les anciens soldats. Il instaure aussi l’ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1693 pour honorer les plus valeureux ayant au moins dix ans de service. Abolie sous la Révolution, cette récompense sera rétablie sous le nom de Légion d’honneur en 1802 par Bonaparte Premier consul. En 1792, face aux menaces des monarchies européennes, l’Assemblée nationale décrète « la Patrie en danger » et la levée en masse de volontaires, qui remportent les victoires de Jemappes et de Valmy au son du « chant de guerre de l’armée du Rhin », renommé ensuite la « Marseillaise ». La bataille d’Austerlitz (1805) contre les Austro-Russes, victoire la plus éclatante de Napoléon 1er, est reconstituée chaque année par les élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, qu’il a fondée en 1802. Louis-Philippe crée la Légion étrangère en 1831, dans la lignée des lansquenets, Gardes suisses, hussards et mamelouks entrés au service de la France. La victoire de Napoléon III sur l’Autriche à Solferino (1859) ouvre la voie à l’unité de l’Italie. Mais le nombre considérable de morts et les déplorables conditions de secours aux blessés incitent le Suisse Henri Dunant, présent, à créer la Croix-Rouge. La défaite de 1870, face à la Prusse, conduit à la création de l’École de guerre à Paris pour former des futurs grands chefs. Le souvenir de la meurtrière victoire de Verdun, contre l’Allemagne, perdure par la tombe du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris, symbole des morts pour la France.

Loïc Salmon

« Petite histoire de l’armée française », Efflam Maizières et Charles-François Ngo. Éditions Pierre de Taillac, 96 pages, illustrations, 22,90 €.

Grands discours de guerre de l’Histoire de France

Invalides : 350 ans de mémoire de la France combattante

Exposition « Histoires d’armes » : guerre constante entre épée et cuirasse