Eurosatory : salon d’armement terrestre dans le contexte de la guerre Russie-Ukraine
Conflit interétatique à l’Est de l’Europe, importance du numérique et du cyber, fortes dépendances en composants électroniques, dues à la mondialisation, et réchauffement climatique modifient les modèles de défense des nations.
Ces tendances lourdes sont prises en compte lors de la 27ème édition d’Eurostatory (Paris, 13-17 juin 2022), présentée à la presse le 25 mai par Marc Darmon, président du GICAT (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres) et le général (2S) Charles Beaudoin (photo), directeur général de COGES Events, filiale du GICAT et organisatrice d’Eurosatory.
Sécurité et souveraineté. La charte de l’ONU précise que chaque Etat a le devoir de protéger ses citoyens, son territoire et ses ressources contre la criminalité, le terrorisme et un ennemi extérieur. Selon le général Beaudoin, un conflit d’intensité moyenne comme celui en Ukraine cause 600 à 1.000 blessés par jour et nécessite une logistique efficace, qui fait défaut aux unités de chars russes. Dans ce contexte, de nombreux budgets de défense ont été revus à la hausse, mais aussi ceux de la sécurité pour protéger les grands événements, type Jeux Olympiques de 2024 à Paris, ou répondre aux catastrophes humanitaires et environnementales. Les dépenses militaires mondiales ont dépassé 2.000 Mds$ en 2021. Les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, la Grande-Bretagne et la Russie ont représenté 62 % du total. Entre 2016 et 2020, les Etats-Unis sont restés le premier pays exportateur d’armements dans le monde avec 37 % du marché, suivis de la Russie (20 %), la France (8,2 %), l’Allemagne (5,5 %) et la Chine (5,2 %). Sur la même période, l’Arabie Saoudite arrive en tête des pays importateurs avec 11 % du marché, devant l’Inde (9,5 %), l’Egypte (5,8 %), l’Australie (5,1 %) et la Chine (4,7 %).
Domaines militaire et civil. Au 24 mai, plus de 1.700 exposants de 62 pays sont inscrits à Eurosatory, avec 39 pavillons dont celui de l’Ukraine. Andorre, la Côte d’ivoire et la Macédoine du Nord exposent pour la première fois. Par zone géographique, l’Europe domine avec 73 % des exposants, devant les Amériques (12 %), l’Afrique et le Moyen-Orient (7 %), l’Asie (5 %) et l’Australie (3 %). Les pôles technologiques concernent : le cyber, 100 sociétés ; les drones, 61 sociétés ; les robots, 50 familles d’engins destinés notamment aux chars de combat et à la reconnaissance en terrain hostile ; l’électronique embarquée ; l’entraînement et la simulation ; l’ingénierie et la fabrication ; la lutte contre les menaces nucléaire, radiologique biologique, chimique et explosive ; la recherche, les tests et les mesures ; le renseignement ; la sécurité civile et la lutte contre l’incendie ; la sécurité des infrastructures. Près de 160 entreprises présentent des solutions de télécommunication, de brouillage et de guerre électronique. Environ 320 sociétés touchent à l’aéronautique et à l’espace, dont les systèmes, la sous-traitance et les services, les hélicoptères, les aéronefs habités et les satellites. De plus, 80 entreprises proposent des systèmes anti-aériens, de l’anti-drones à l’interception à haute altitude en passant par le C-RAM (système de défense contre les roquettes, l’artillerie et les mortiers) et la détection radar multi-spectres. Environ 90 % des exposants ne vendent pas d’armes létales, souligne Marc Darmon. Le GICAT regroupe plus de 380 entreprises, qui ont réalisé un chiffre d’affaires de 7,7 Mds€ en 2021, grâce à 47.500 emplois de haute technicité partout en France et surtout non délocalisables ailleurs.
Loïc Salmon
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