Pilotes de combat

Réduit au pilote et au chef de bord, responsable de la mission, l’équipage d’un hélicoptère Gazelle de l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) forme un binôme indissociable, à l’entraînement puis en opération.

La mission rapproche les hommes, puis le combat et le danger les soudent. Les gestes, dix à cent fois répétés, deviennent réflexes pour travailler en équipe et garantir la survie au combat, où le facteur « chance » intervient ou non. Après des mois de préparation, la participation au conflit du moment donne aux pilotes de l’ALAT l’occasion de se confronter à eux-mêmes, au risque au danger et à la mort. Dans cet ouvrage, il s’agit de l’Afghanistan en 2011. L’équipement, ensemble logique et cohérent des outils opérationnels, sauvera peut-être leur vie : casque, optique de nuit, gilet pare-balles, armement, gants, couteau coupe-sangles et documentation. Même si le risque d’être touché par l’adversaire reste faible, l’hypothèse de la panne, du « poser dur » ou de l’écrasement au sol demeure, avec la perspective de se retrouver isolé en zone hostile. Alors que les fantassins de la coalition internationale, engagée dans la lutte contre les talibans, sentent que tous ne reviendront pas d’une patrouille, les pilotes, chargés de les escorter et de les appuyer en cas d’accrochage, ont la certitude inverse. Les rebelles ne disposent en effet que de peu de missiles sol-air et ne les tirent qu’à coup sûr. En outre, un hélicoptère Gazelle, entre 300 m et 600 m d’altitude, reste hors de portée des armes automatiques. Même en vol tactique à moins de 10 m du sol mais à plus de 150 km/h, l’effet de surprise le préserve d’une éventuelle riposte ennemie. Toutefois, sa vulnérabilité s’accroît lors des phases de tir, où il descend et se stabilise quelques instants, et de décollage et d’atterrissage sur des zones à la portée des fusils d’assaut Kalachnikov ou de précision Dragounov et missiles Silkworm. Concentré sur ces manœuvres, particulièrement délicates, l’équipage ne peut riposter aisément. L’expérience des embuscades de la guerre afghane de l’Union soviétique (1979-1989) a débouché sur des règles valables pour les fantassins et les pilotes de l’ALAT : ne jamais repasser au même endroit et ne pas revenir par le même chemin. Cela implique de nombreuses missions de reconnaissance, car insurgés et forces de la coalition adaptent sans cesse leurs tactiques. Pour obtenir la maîtrise du terrain et de leurs missions, avant de voler, l’équipage doit connaître les dernières informations et pièges, les zones favorites de tir des talibans, la topographie, l’aérologie à cause des vents capricieux et redoutables et, bien sûr, l’état de son aéronef. Le chef de bord dispose de photos satellites très précises de la zone de la mission, jusqu’à des carrés de 100 m de côté avec tous les ponts, ruelles et habitations. En vol, le pilote se concentre sur le pilotage, tandis que le chef de bord scrute le terrain avec sa caméra, à la recherche de menaces et d’éventuels départs de tirs dans des zones qu’il sait potentiellement dangereuses. L’obsession du détail constitue le meilleur moyen de revenir vivant. Et pourtant, l’imprévu reste de mise, à savoir le changement soudain des conditions atmosphériques et le manque de réaction de l’hélicoptère, malgré les efforts du pilote. Au moment du « crash », la balise de détresse se déclenche automatiquement. L’organisation du sauvetage, à partir de la grande base américaine de Bagram, entre alors en action. Mais l’équipage n’en revient pas toujours au complet.

Loïc Salmon

« Pilotes de combat », par Nicolas Mingasson. Éditions Les Belles Lettres, 134 pages. 11 €

Lieutenants en Afghanistan, retour d’expérience

ALAT : retour d’expérience opérationnelle

L’ALAT : un ensemble de systèmes de combat et d’hommes




Troupes de montagne : dominer le terrain puis l’adversaire

La 27ème Brigade d’infanterie de montagne (BIM) fête ses 130 ans. Elle a accumulé des savoir-faire, qu’elle déploie dans les zones en conditions climatiques extrêmes et au relief escarpé, fréquentes dans les conflits.

Son commandant, le général Vincent Pons, en a présenté la singularité à la presse, le 5 avril 2018 à Paris, à l’occasion de l’exercice hivernal majeur « CERCES 2018 » du 23 au 26 avril.

La verticalité, expertise de combat. « CERCES 2018 » s’est déroulé sur le grand champ de tir des Alpes, dans la zone des Rochilles-Mont Thabor (frontière franco-italienne). Environ 600 soldats de la BIM ont été renforcés par des éléments du 511ème Régiment du train et du 7ème Régiment du matériel. Pour la première fois, des hélicoptères Tigre de la Brigade d’aérocombat ont participé à cet exercice et tiré au canon de 30 mm. Pour s’entraîner, les soldats de la BIM effectuent des raids de deux à trois semaines dans le Groenland et en Islande, en vue des grands exercices OTAN en Norvège. La BIM, héritière des troupes de montagne créées en 1888 pour défendre les Alpes face à la menace italienne de l’époque, a été déployée sur divers théâtres depuis la fin de la guerre froide (1947-1991) : Bosnie (1995) dans le cadre d’une opération de maintien de la paix de l’ONU ; Afghanistan (2008-2010) dans celui de la lutte contre le terrorisme en tant que composante au sol d’un groupement tactique hélicoptères. Aujourd’hui, indique le général Pons, elle est engagée dans l’opération « Barkhane » au Sahel selon un dispositif similaire. Pendant l’opération « Chammal » contre Daech en Irak, elle a participé à la reconquête de Mossoul au sein de la Task Force « Wagram » (canons Caesar). Ses véhicules de haute mobilité ont été récemment déployés en Estonie. Enfin, ses soldats participent à l’opération « Sentinelle » à Paris, en province et aux frontières montagneuses avec l’Italie. Par ailleurs, une dizaine d’alpinistes de haut niveau expérimentent les conditions extrêmes pour transmettre leurs savoir-faire aux forces spéciales. Lors des jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud (2018), les 18 militaires de la participation française (100 athlètes) ont remporté la moitié des médailles.

Interventions intégrées. La 27ème BIM, intégrée depuis 2016 à la 1ère Division « Scorpion », doit concevoir et conduire la manœuvre interarmes de ses unités dans des cadres interarmées et interalliés. Forte de 6.500 soldats de montagne, elle dispose d’une réserve opérationnelle d’environ 1.000 personnels et destinée surtout aux missions sur le territoire national. Installée à Varces (Isère), elle compte 4 capacités opérationnelles : infanterie avec les 7ème, 13ème et 27ème Bataillons de chasseurs alpins ; engagement blindé avec le 4ème Régiment de chasseurs ; feux dans la profondeur, défense sol-air et renseignement avec le 93ème Régiment d’artillerie de montagne ; appui génie avec le 2ème Régiment étranger de génie. En outre, les 200 commandos de montagne, issus de toutes ces unités, peuvent être employés pour des missions d’appui à l’engagement, de renseignement et de combat dans les milieux montagneux et polaires. La 27ème BIM dispose d’un centre de formation initiale pour les militaires du rang et d’une école pour la promotion des sous-officiers et la formation des cadres et experts. Son groupe militaire de haute montagne développe l’expertise, l’expérimentation et le rayonnement. Enfin, son groupement d’aguerrissement prépare toutes les unités de l’armée de Terre au combat en montagne et aux tirs en neige.

Loïc Salmon

ALAT : les hélicoptères NG, nouveaux systèmes d’armes

Forces spéciales : opérations selon le droit de la guerre




Opex : retour d’expérience des hélicoptères de combat

Dans les opérations extérieures (Opex) en interarmées, les hélicoptères apportent une plus-value en termes de modes d’action dans des conditions extrêmes et dans la durée.

Ces questions ont été abordées au cours d’un colloque organisé, le 18 juin 2015 au Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget (région parisienne), par le Commandement de l’aviation légère de l’armée de terre. Y sont notamment intervenus : le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre ; le colonel Hervé Auriault, Commandement des forces terrestres ; le colonel Bernard Tardy, Commandement des forces aériennes ; le capitaine de vaisseau Frédéric Babin Chevaye, chef d’état-major de la Force de l’aéronautique navale.

La manœuvre aéroterrestre. Depuis 2010, l’aérocombat s’est exercé dans des milieux très différents : Libye, Somalie et Centrafrique. Les hélicoptères combinent une attaque au sol avec une unité d’infanterie ou de cavalerie. Selon le colonel Auriault, cette intégration complète à la manœuvre interarmes résulte d’une culture de « terrien » : les équipages, formés dans l’armée de Terre, connaissent les combattants au sol et leur environnement. Elle implique une forte capacité d’adaptation et un emploi coordonné ou autonome des appareils. Le succès d’une opération combinée repose sur la capacité de s’engager et se déployer avec et comme les unités au sol. Leur préparation opérationnelle commune exige de maîtriser la totalité du spectre des missions en interarmées. Ainsi, les opérations au Mali ont nécessité : renseignement par les drones moyenne altitude longue endurance de l’armée de l’Air ; frappes programmées des avions de chasse ; interception et neutralisation de l’adversaire dans la profondeur par les hélicoptères ; ravitaillement en carburant, vivres et munitions par le bataillon logistique ; reconnaissance et escorte du soutien logistique pour les troupes au sol, qui saisissent et détruisent les caches d’armes ; contrôle combiné des espaces sensibles. Les appareils de nouvelle génération (Tigre et NH 90 Caïman) augmentent autonomie, puissance de feu et capacité de protection. Les plus anciens (Super Puma et Gazelle) conservent une capacité de résilience dans la durée. La maintenance constante des hélicoptères exige la présence permanente des mécaniciens. Une masse de manœuvre d’une vingtaine d’hélicoptères permet de tenir un engagement pendant 2 à 4 mois. Enfin, le commandement des hélicoptères nécessite une boucle décisionnelle courte, en vue d’une très forte réactivité pour exploiter l’occasion. La chaîne de l’aérocombat inclut brigade, régiment, groupement tactique interarmes et patrouille.

L’armée de l’Air. Les hélicoptères Fennec, Puma et Caracal, engagés en permanence en Opex, allient polyvalence, souplesse d’emploi et interopérabilité, explique le colonel Tardy. Leurs missions couvrent un large spectre : renseignement par les Fennec dans l’opération « Sangaris » en Centrafrique depuis 2013 ; action en Somalie (2013) par les Caracal ; reconnaissance armée et appui feu au canon de 20 mm par les Fennec en Centrafrique et par les Puma dans l’opération « Barkhane » (Tchad, Niger et Centrafrique, 2014) ; aéromobilité des troupes dans les opérations « Pamir » (Afghanistan, 2006-2013), « Serval » (Mali, 2013) et « Barkhane » ; contribution permanente aux opérations spéciales avec l’escadrille spéciale d’hélicoptères de l’escadron 1/67 (EH 1/67) puis au sein du 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales, dont l’opération « Sabre »  (Mauritanie, Burkina Faso et Niger, 2012) ; évacuation de personnel pendant « Pamir », « Harmattan » (Libye 2011), « Serval », « Barkhane » et « Bois Belleau » (golfe Arabo-Persique et océan Indien avec le groupe aéronaval, 2014). La recherche et le sauvetage de combat (Resco), du ressort des Caracal, consistent à récupérer un ou plusieurs personnels isolés en zone hostile. Ils concernent le segment héliporté et la capacité à intégrer et diriger, dans certaines phases de la mission, un dispositif aérien complexe, national ou interalliés (États-Unis), avec des procédures standardisées OTAN. L’armée de l’Air a déployé 3 de ses 5 Caracal dans l’opération « Baliste » (2006) pour évacuer des ressortissants français et européens hors du Liban. L’emploi des Caracal, ravitaillables en vol (photo), nécessite une forte intégration avec les unités spéciales : Commandos parachutistes de l’air N°10 (assistance, soutien, neutralisation et renseignement au profit du Commandement des opérations spéciales), N°20 (participation aux mesures actives de sûreté aérienne) et N°30 (Resco) ; service action de la Direction générale de la sécurité extérieure. Les Opex mobilisent en permanence 25 %-35 % des équipages des Caracal, 40 %-50 % de ceux des Puma de l’EH 1/67 et 30 % des équipages des forces spéciales.

La Marine nationale. Par leur allonge, les hélicoptères de combat embarqués donnent, aux bâtiments une capacité d’action susceptible de modifier le rapport de forces. Les Lynx sont déployés sur les frégates anti-sous-marines, les Panther sur les frégates antiaériennes et de type La- Fayette (à faible signature radar) et les Caïman, plus lourds, sur les frégates de défense arienne, les frégates multimissions et le porte-avions Charles-de-Gaulle. Compte tenu de l’environnement marin, tous disposent d’outils spécifiques (capacité de pliage, roues et harpon d’appontage), d’un radar et d’une caméra infrarouge pour détecter les navires militaires dans les eaux internationales. Dans le cadre de l’opération « Chammal » (golfe Arabo-Persique, depuis 2014), ces appareils ont été intégrés à un groupe aéronaval américain pour sécuriser la zone et recueillir des renseignements sur les unités navales et drones iraniens (identification nocturne et suivi des activités). L’information est partagée pour éviter de provoquer des tirs iraniens. Au cours de l’opération européenne « Atalante » (côte somalienne et océan Indien, depuis 2008), le renseignement d’origine électromagnétique porte sur les boutres et skiffs des pirates et les navires détournés et transformés en « bateaux mères ». Déjà, 190 tirs d’avertissement ont été autorisés et une action héliportée a permis de capturer des pirates à terre. La détection sous-marine se fait par immersion variable d’un sonar actif, largage de bouées actives ou passives et confirmation par caméra infrarouge. Lors de l’opération « Arromanches » (golfe Arabo-Persique, 2015), les hélicoptères du Charles-de-Gaulle ont établi, par radar, la situation maritime, transmise par la liaison tactique 11. Enfin, des torpilles MU90 héliportées peuvent détruire des patrouilleurs dans une zone de crise.

Loïc Salmon

Territoire national : emploi des hélicoptères en interarmées

ALAT : forte qualification et uniquement de l’opérationnel

Libye : bilan du Groupe aéromobile dans l’opération Harmattan

Selon le général Jean-Pierre Bosser, les opérations extérieures se caractérisent par une menace plus diluée et plus mobile, avec des élongations majeures et une capacité de frappe dans la profondeur. Dans un conflit asymétrique, l’affrontement final, face à face avec l’adversaire, nécessite des matériels protégés et une forte puissance de feu. La technologie des hélicoptères permet d’attaquer jour et nuit et de fusionner le renseignement avec celui des drones.




Territoire national : emploi des hélicoptères en interarmées

Les hélicoptères se trouvent au cœur des opérations de sécurité intérieure, qui met en synergie les moyens matériels et humains des armées de Terre et de l’Air et des Marine, Gendarmerie et Police nationales.

Ce thème a été traité lors d’un colloque organisé, le 18 juin 2015 au Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget (région parisienne), par le Commandement de l’aviation légère de l’armée de terre. Y sont notamment intervenus : le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre ; le lieutenant-colonel Pierre-Yves Bourboulon, Groupe interarmées d’hélicoptères ; le colonel Bernard Tardy, Commandement des forces aériennes ; le capitaine de frégate Frédéric Bordier, Force de l’aéronautique navale.

Le GIH, une unité particulière. Le Groupe interarmées d’hélicoptères (GIH) a été constitué le 1er juillet 2006, en application du principe de précaution et résulte de la coopération, plus ou moins simple, entre les ministères de la Défense et de l’Intérieur, explique le lieutenant-colonel Bourboulon. Il s’agit de renforcer la sécurité intérieure, disposer d’une capacité sécuritaire à l’échelle nationale et de rentabiliser les moyens par une approche interarmées. Le GIH doit pouvoir s’engager à tout moment et pour tout type de mission au profit du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) et du RAID (Recherche, assistance, intervention et dissuasion) de la Police nationale. En conséquence, deux hélicoptères Puma sont en mesure de décoller en moins d’une heure, 24 heures sur 24, pour assurer en priorité la sécurité des sites nucléaires. Le GIGN intervient sur les 20 centrales de production d’électricité et le RAID sur les 14 sites nucléaires civils d’AREVA et du Commissariat à l’énergie atomique. En outre, le GIH participe au contre-terrorisme maritime à deux niveaux : français, sous la direction de la Marine nationale et du Commandement des opérations spéciales (COS) ; européen, dans le cadre du groupe « Atlas », qui rassemble les unités de contre-terrorisme des polices des États membres de l’Union européenne. Ses personnels acquièrent et entretiennent les qualifications « Marine » et maintiennent quotidiennement la préparation opérationnelle du GIGN, du RAID et des unités du COS concernées. Ses équipages s’entraînent au sein du 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales. Installé à la base aérienne 107 de Villacoublay, le GIH dispose d’un effectif de 50 personnels (37 issus de l’armée de Terre et 13 de celle de l’Air) et de 7 Puma en moyenne (5 de l’armée de Terre et 2 de celle de l’Air). Il assure aussi des missions de police judiciaire, de transport d’autorités gouvernementales et de secours aux populations.

L’armée de l’Air. Les hélicoptères de l’armée de l’Air passent d’une opération extérieure à un engagement sur le territoire national, sans délai et dans la continuité de leurs missions quotidiennes, souligne le colonel Tardy. Il s’agit de Puma, Super Puma, Fennec et Caracal, très utilisés pour la recherche et le sauvetage (SAR) au profit de l’aviation civile, de la population et des armées. Ils sont regroupés dans quatre infrastructures en métropole ainsi qu’en Guyane et en Nouvelle-Calédonie. La mission SAR, prioritaire, se caractérise par une posture permanente et un grand rayon d’action. Ainsi, autonome pendant 4 h 30, un Super Puma peut aller jusqu’à 420 km en mer. Les appareils peuvent rester automatiquement en position stationnaire et récupérer des naufragés en pleine mer de nuit. Leurs équipages incluent des mécaniciens treuillistes et des plongeurs sauveteurs, qui s’entraînent avec la Marine nationale pour acquérir une expertise spécifique « d’aérocordage » (treuillage et descente en rappel). Dans le prolongement de la défense aérienne sur le segment basse vitesse, les hélicoptères sont intégrés dans des dispositifs permanents ou temporaires sur des événements ponctuels imprévus (attentat ou crash d’avion). Les mesures actives de sûreté aérienne prévoient une gradation dans la réponse : identification de l’aéronef hostile, contrainte d’atterrissage puis destruction par un tireur d’élite embarqué (photo) ou au canon de 20 mm. En Guyane, les hélicoptères contribuent à la lutte contre l’orpaillage clandestin, à la protection du centre spatial de Kourou, au renseignement, à l’appui-feu de troupes au sol et aux évacuations sanitaires. Ils agissent quotidiennement avec le 3ème Régiment étranger d’infanterie et le 9ème Régiment d’infanterie de marine, le groupe d’intervention de la Gendarmerie, la Marine nationale, les avions de l’Escadron de transport 68 et des hélicoptères civils.

La Marine nationale. Du plus loin au plus près des côtes, la Marine doit garantir la souveraineté de la France, protéger ses intérêts nationaux et assurer la sûreté maritime, rappelle le capitaine de frégate Bordier. Sont concernées : les eaux territoriales et les zones économiques exclusives, qui s’étendent sur 11 Mkm2, soit 20 fois l’hexagone. Cela implique de suivre l’évolution de la situation internationale et d’avoir une connaissance précise des zones maritimes, même lointaines, pour anticiper les crises dans les détroits de Bab-el Mandeb, d’Ormuz, de Gibraltar et du Pas de Calais. Frégates et hélicoptères embarqués font partie des dispositifs de surveillance, d’interception et surtout de police en mer, à savoir lutte contre la pollution marine, immigration clandestine et pêche illicite autour des Terres australes et antarctiques françaises. La lutte contre le narcotrafic en Méditerranée et dans les Caraïbes est assurée par le triptyque frégate, hélicoptère et commandos  embarqués : patrouille, pistage, observation, poursuite de « go fast » (embarcations rapides des trafiquants) et interception (6 t de cannabis et de cocaïne saisis depuis le début 2015). Frégates et hélicoptères assurent la sûreté des approches maritimes par leur présence et la lutte anti-sous-marine (ASM), programmée ou inopinée. Cette posture est coordonnée avec les moyens du GIH, des armées de l’Air et de Terre et de la Gendarmerie. Les hélicoptères légers Dauphin interviennent à proximité des côtes. De jour comme de nuit, les Caïman, plus grands, vont jusqu’à 330 km au large de leur bâtiment mère, pour les missions SAR et de surveillance, protection et lutte ASM. Dans le cadre du contre-terrorisme maritime et en coordination avec le GIH et l’armée de l’Air, un dispositif peut être mis en place à bord d’un bâtiment de projection et de commandement.

Loïc Salmon

Opex : retour d’expérience des hélicoptères de combat

Théâtre d’opérations aériennes en métropole

Théâtre d’opérations maritimes en métropole

Les hélicoptères, engagés en opérations extérieures ou sur le territoire national, nécessitent une maintenance fréquente en raison de leur technologie pointue. Une réflexion est en cours sur la révision au niveau industriel et la maintenance opérationnelle sur place. L’armée de l’Air organise l’entretien de tous les aéronefs militaires, mais les autres armées doivent pouvoir déployer des pilotes et des mécaniciens sur des théâtres très différents. La disponibilité des hélicoptères constitue un souci majeur en termes de coût de soutien, d’âge des aéronefs et d’approvisionnement en pièces de rechange. Selon le général Jean-Pierre Bosser, un groupement d’appui aéronautique ou d’appui aux hélicoptères reste à imaginer.




« CMOS Kaméléon », la caméra qui voit la nuit en couleur

La caméra à très bas niveau de lumière « CMOS Kaméléon » permet de voir en couleur dans l’obscurité quasi totale avec des applications militaires et civiles. Elle a été mise au point par les chercheurs Damien Letexier et Geoffroy Deltel de la société optronique Photonis, qui ont reçu, le 2 juin 2015, le 42ème prix « Ingénieur général Chanson » décerné par l’Association de l’armement terrestre et remis par général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre. Au niveau de nuit correspondant à la pleine lune, l’œil humain ne voit plus qu’en noir et blanc (monochrome). Or la couleur contribue à l’identification de la cible, à la discrimination ami-ennemi par traceur couleur ou le repérage de zones de danger sur un théâtre de combat. La caméra CMOS Kaméléon est déjà utilisée pour : la surveillance urbaine ; la lunette de tir des armes des forces spéciales ; le casque des pilotes des hélicoptères militaires français et britanniques et des appareils civils ; la surveillance rapprochée du char allemand Leopard 2. D’autres applications sont possibles : caméras sur drones de surveillance ; vision périphérique proche pour les petits véhicules blindés ; aide à la conduite de véhicules de sécurité de nuit, par fusion des signaux d’une caméra thermique refroidie et de la caméra à vision nocturne monochrome fabriquée par Photonis. Dans son allocution, le général Bosser a rappelé que la pertinence de l’innovation technique dépend de deux facteurs : la réponse à un besoin objectif et la facilité d’intégration dans l’environnement de l’utilisateur, à savoir par sa facilité d’emploi, son ergonomie et sa compatibilité avec les autres équipements. CMOS Kaméléon, dit-il, « répond à un besoin que confirmeront sans hésiter tous ceux qui ont eu à utiliser la vision monochrome sur le terrain. Elle devrait également s’intégrer aisément dans l’environnement du combattant, à la condition que cette caméra fasse du triptyque faible encombrement, robustesse et autonomie énergétique son leitmotiv ». La caméra CMOS Kaméléon a été développée dans le cadre du programme de financement « Rapid » de la Direction générale de l’armement. Le dispositif « Rapid » (Régime d’appui à l’innovation duale) finance des projets lancés par des entreprises de moins de 2.000 salariés. Ces projets de recherche industrielle ou de développement expérimental à fort potentiel technologique doivent présenter des applications militaires avec des retombées pour les marchés civils.

Loïc Salmon

 




Salon de l’aéronautique et de l’espace 2015 : + 5 % d’exposants

Le 51ème Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget accueille 2.260 exposants dont 50 % étrangers, soit une hausse de 5 % en deux ans, a déclaré Marwan Lahoud, président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), au cours d’une conférence de presse tenue à Paris le 21 mai 2015. « C’est un bon cru, grâce aux grandes commandes militaires » dit-il. Avec les commandes de l’avion de chasse Rafale par l’Égypte (24 appareils), l’Inde (36) et le Qatar (24), les commandes françaises ont atteint 73 Md€ en décembre 2014. Le Salon du Bourget (15-21 juin 2015), aujourd’hui à 20 % militaire et à 80 % civil, est aussi, pour tous les décideurs de l’aéronautique du monde, l’occasion de se rencontrer. Il aura reçu 120 aéronefs, 300 délégations officielles, 140.000 visiteurs professionnels  et 180.000 visiteurs grand public. Selon le GIFAS, il reste le plus grand du monde du genre avec 2.215 exposants et 139.000 visiteurs professionnels en 2013 (photo), par rapport à celui de Farnborough (Grande-Bretagne) avec 1.506 exposants et 132.000 visiteurs professionnels en 2014, le salon ILA de Berlin avec 1.203 exposants et 125.000 visiteurs professionnels en 2014 et ceux de Dubaï (2013) et Singapour (2014) avec approximativement 1.000 exposants et 50.000 visiteurs professionnels. Le Salon du Bourget 2015 est le moins cher du monde, par suite de la baisse de l’euro, et aussi le plus international, précise le GIFAS avec 26 pavillons nationaux, 47 pays représentant les exposants et 181 pays représentant les visiteurs professionnels. Compte tenu du plan « Vigipirate alerte attentat » en cours, la sécurité mobilise près de 1.500 personnels, privés et publics, fournis notamment par la Direction de  l’ordre public et de la circulation, la Police de l’air et des frontières, la Gendarmerie mobile, la Direction générale de la sécurité intérieure, la Direction de la protection et de la sécurité de la défense, la Brigade anti-criminalité départementale 93, la Police parisienne et la Préfecture de Seine-Saint-Denis. Par ailleurs, lors des trois derniers jours (vendredi, samedi et dimanche) se tient le 1er Salon de l’emploi et de la formation de l’industrie aéronautique et spatiale, du transport aérien et de la défense nationale. Les personnes à la recherche d’une formation, d’un stage ou d’un emploi peuvent y rencontrer quelque 70 exposants : entreprises (avionneurs, motoristes, équipementiers, sous-traitants, sociétés de services en ingénierie informatique et agences d’intérim) ; établissements de formation (écoles d’ingénieurs, instituts universitaires de technologie, universités, lycées professionnels, centres de formation d’apprentis et écoles spécialisées) ; associations ; fédérations. En outre, le GIFAS indique que ses entreprises adhérentes ont recruté environ 10.000 personnes (20 % de jeunes diplômés) en 2014 : 43 % d’ingénieurs et cadres ; 26 % d’employés, de techniciens et d’agents de maîtrise ; 31 % d’ouvriers qualifiés. Enfin, l’industrie aéronautique, spatiale, de défense et de sécurité a employé 180.000 personnes en 2014, auxquelles s’ajoutent 11.000 emplois équivalents temps plein de l’intérim aéronautique.

Loïc Salmon

Armée de l’Air : engagement opérationnel intense et réforme en profondeur

L’ALAT : un ensemble de systèmes de combat et d’hommes

Drones Air et Marine : surveillance, renseignement et… combat

 




ALAT : forte qualification et uniquement de l’opérationnel

L’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) correspond aux besoins existants et montre son efficacité sur les théâtres d’opérations. Mais son quotidien demeure complexe avec un risque de rupture de capacité.

Son commandant, le général de division Olivier Gourlez de La Motte, a présenté la situation au cours d’une rencontre organisée, le 9 janvier 2015 à Paris, par l’Association des journalistes de défense.

Structure et entraînement. L’ALAT est employée pour les opérations spéciales, l’aérocombat et le Groupe interarmées d’hélicoptères (GIH). Son parc d’hélicoptères, actuellement de 300 appareils, se limitera à terme à 273, conformément au Livre blanc 2013 sur la défense et la sécurité nationale. Son effectif de 5.000 personnes (pilotes, mécaniciens et personnels d’environnement) représente moins de 5 % de celui de l’armée de Terre. Le tout se répartit dans 4 régiments, dont 3 dits de forces conventionnelles (les 1er, 2ème et 3ème) dépendent de la Division aéromobile installée à Lille. Le 4ème, basé à Pau, relève du Commandement des opérations spéciales, dont il transporte et appuie les forces sur n’importe quel théâtre d’opérations. Sur ses 6 escadrilles, 2 font partie du GIH de Villacoublay pour appuyer et soutenir le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale. L’ALAT compte 3 états-majors : 1 à l’École de l’ALAT au Cannet-des-Maures ; 1 au sein du Commandement des forces terrestres à Lille ; 1 (100 personnes) à Villacoublay pour conseiller le chef d’État-major des armées en matière de sécurité dans l’espace aérien, de maintenance et de navigabilité des appareils. L’ALAT doit assurer une disponibilité sur le territoire national en cas de catastrophe naturelle. Globalement, les équipages effectuent 156 heures de vol par an (h/an), alors que l’objectif est de 180 h/an, et de 200-250 h/an pour ceux affectés aux forces spéciales. Les pilotes se classent en 3 catégories : rang 1, les « hyper opérationnels » avec 146-180 h/an ; rang 2, ceux prêts à prendre la relève (moins de 146 h/an) ; rang 3 (moins de 126 h/an).  Grosso modo, le rang 1 regroupe  45-50 % des pilotes, le rang 2 moins de 20 % et le rang 3 environ 33 %. Sur les 80.000 h/an de l’ALAT, quelque 30.000 h/an d’hélicoptères Gazelle, Tigre et Caïman sont effectuées en simulation. La simulation (vol et système tactique) complexifie l’environnement en vue de recréer un contexte opérationnel. L’acheminement sur le théâtre se fait habituellement par embarquements des hélicoptères à bord d’avions cargos Antonov ou C17 et des équipages à bord d’avions de transport stratégique. Des raids sont déjà entrepris pour relier directement Pau à Bamako (Mali) en longeant la côte africaine avec des escales dans les aéroports internationaux, soit 3 jours de voyage et 2 jours de mise en condition.

Bilan opérationnel. L’ALAT déploie actuellement 50 hélicoptères en opérations extérieures (Opex), dont 40 en Afrique et 10 en alerte GIH et « Guépard » à préavis variable. Les équipages, qui tournent tous les 3 ou 4 mois, peuvent effectuer jusqu’à deux interventions de 1h30 par jour et un combat dure environ 1 h (Libye), indique le général Gourlez de la Motte. Employée pendant la guerre du Golfe (1991) puis dans les Opex de Somalie (1992) et des Balkans (1999), l’ALAT est montée en puissance en 2009 après l’embuscade d’Uzbin (10 morts et 21 blessés) en Afghanistan (2008), zone de montagnes. En Côte d’Ivoire (2010), les hélicoptères sont intervenus en zone urbaine, de jour et de nuit, au profit des troupes françaises au sol. Lors de l’opération « Harmattan » en Libye (2011), ils ont décollé de nuit à partir des bâtiments de projection et de commandement (BPC) en mer. La France a engagé 18 appareils (Tigre, Gazelle et Puma) et la Grande-Bretagne 4. Les renseignements optiques et électroniques ont été obtenus par satellite, avions, drones, frégates et sous-marins, via la chaîne OTAN. L’adversaire n’avait pas l’habitude du combat de nuit et a tiré quelques missiles sol/air contre les avions. Alors que ceux-ci savent que les cibles sont identifiées, validées et illuminées, les hélicoptères pratiquent le combat rapproché contre un adversaire, dont ils ignorent le moment où ils le rencontreront. La mission commence en amont à bord du BPC : choix des cibles ; 24 h de préparation ; 24 h de « pré-jeu » avec tous les détails de l’action ; départ dans l’obscurité. Le chef de bord garde l’initiative jusqu’au au dernier moment. En effet, il peut refuser le tir, par exemple s’il constate l’absence de fusil dans le pick-up qu’il est chargé de neutraliser. A cette occasion, l’ALAT a mis en œuvre un dispositif d’action autonome avec autorisation de tir : vol aux instruments au départ du BPC, puis emploi de jumelles de vision nocturne à proximité de la côte. Le Groupe aéromobile a détruit 1 brigade libyenne avec un effet multiplicateur triple, qui a neutralisé de fait 3 à 4 brigades. Pendant l’opération « Serval » au Mali (2013), il a participé au combat interarmes dans un sévère environnement désertique (50° C pendant la journée) et de grandes élongations nécessitant un important soutien logistique. Les « poser poussière » (en raison de la poussière soulevée par le rotor) se sont révélés très difficiles, à cause du sable très corrosif. En République centrafricaine, l’ALAT a repris le combat en zone urbaine à Bangui, lors de l’opération « Sangaris » (2014). Pendant celle de « Barkhane » de contrôle de territoire et d’attaques dans la brousse du Sahel (depuis 2014), les hélicoptères de l’ALAT ont tiré au canon de 200 mm et lancé 5 missiles Hot, de nuit, contre un adversaire déterminé. Le succès de « Serval » et de « Barkhane » repose sur le renseignement, souligne le général Gourlez de La Motte. Il s’agit de prendre l’adversaire de vitesse, repérer ses pick-up et les neutraliser le plus vite possible. Parallèlement, les hélicoptères assurent la couverture et l’appui des unités conventionnelles d’infanterie et de cavalerie au sol. En outre, ils transportent très vite les forces spéciales sur des objectifs ciblés. Rien que pour « Barkhane », l’ALAT met en œuvre 21 appareils, dont la disponibilité, de 80 %, est jugée satisfaisante en opérations. Depuis l’engagement en Afghanistan, 18 hélicoptères ont été touchés en opérations, dont 6 détruits. Le taux d’attrition (1 appareil/an) est pris en compte. Enfin, 3 personnels de l’ALAT ont été tués au combat et 6 blessés.

Loïc Salmon

L’ALAT : un ensemble de systèmes de combat et d’hommes

ALAT : retour d’expérience opérationnelle

L’histoire de l’Aviation légère de l’armée de terre 1794-2014

Recruté sur titre en 1983, Olivier Gourlez de La Motte suit, comme lieutenant, la formation de l’École d’application de la cavalerie à Saumur. Breveté pilote et chef de patrouille d’hélicoptères de combat, il est ingénieur aéronautique et ingénieur d’essais. Breveté du Collège interarmées de défense (1997-1998), il est auditeur du Centre des hautes études de l’armement (2005-2006). En 1990-1991, il participe à la guerre du Golfe comme commandant d’escadrille appui protection. Par la suite, il commande le Groupement aéromobilité de la Section technique de l’armée de terre (2001), l’École de l’aviation légère de l’armée de terre (2010) et l’Aviation légère de l’armée de terre (2012). Titulaire de la croix de Guerre des théâtres d’opérations extérieurs, le général de division Gourlez de La Motte est officier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite.




Forces spéciales : outil complémentaire des forces conventionnelles

Les opérations « spéciales » emploient un minimum de moyens et visent un maximum de résultats dans un but stratégique. Elles sont réalisées par des forces dites « spéciales », dont l’action, sur décision politique, doit être fulgurante et facilement réversible.

Ce domaine a fait l’objet d’un rapport d’information de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat et d’un document du cercle « Prospective Terre », publié par le GICAT (groupement des industries d’armements terrestres), tous deux rendus publics en mai 2014.

Concepts. Le glossaire de l’OTAN, sur lequel s’appuie le rapport sénatorial, distingue divers types d’opérations militaires, visibles ou secrètes, et menées par des acteurs spécifiques. Une opération classique, préparée, planifiée et conduite sans dissimulation par des troupes conventionnelles, constitue le socle de toute campagne militaire importante et cherche un effet tactique sur le déroulement d’une bataille. Une opération « commando », menée par des unités d’élite sans discrétion, vise à neutraliser un point décisif lors d’une bataille. Une opération discrète, conduite par tous types de forces, n’est pas dissimulée, mais ne fait l’objet d’aucune communication par l’État commanditaire. Elle devient secrète quand l’accent est mis sur sa dissimulation. Une opération spéciale, destinée à influer de façon décisive sur la suite du conflit et menée par des forces non conventionnelles, peut être revendiquée par l’autorité politique, comme l’action américaine « Trident de Neptune » pour neutraliser Oussama Ben Laden. Une opération « clandestine » se différencie de la précédente par l’absence de preuve de son lien avec l’État commanditaire : l’identité de l’exécutant doit être dissimulée ou permettre un déni possible. Enfin, une opération « numérique », entreprise contre les infrastructures vitales d’un pays, s’apparente aux opérations spéciales et clandestines, avec lesquelles elle pourrait se combiner. Elle frappe « au cœur » de l’adversaire et démultiplie les effets obtenus par rapport aux moyens employés et sans identification de l’origine, par des actes de sabotage, déstabilisation, malveillance, manipulation ou d’espionnage : Estonie, 2007 ; Géorgie, 2008 ; Iran, 2010 ; affaire Wikileaks, 2010 ; ONU, Inde, Canada, États-Unis, Corée du Sud, Comité olympique international et 72 entités, 2006-2010 ; France, 2011 ;  Arabie saoudite et Qatar, 2012.

Organisations et missions. En incluant le soutien et les troupes d’élite, les forces spéciales américaines (USSOCOM) se montent à environ 60.000 personnels, qui devraient passer à 69.700. Elles se répartissent entre les armées de Terre et de l’Air, la Marine et le Corps des Marines avec un commandement interarmées. L’agence de renseignement CIA dispose de ses propres forces spéciales (environ 1.000 personnels) pour ses activités clandestines. Suite à la réforme de 2013, les forces spéciales britanniques (UKSF) devraient passer de 3.500 personnels à 1.750. Utilisables indifféremment pour les opérations spéciales ou clandestines, elles viennent des trois armées et peuvent recourir aux  unités commandos SAS (1.000 hommes) d’active et de réserve. En France, le Commandement des opérations spéciales (COS) est interarmées et placé directement sous les ordres du chef d’État-major des armées. Il ne s’occupe pas des opérations clandestines, menées sous une fausse identité par les agents du service action de la Direction générale de la sécurité extérieure. L’armée de Terre met à sa disposition : le 13ème Régiment de dragons parachutistes, pour l’acquisition du renseignement (photo) ; le 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine, pour action dans la profondeur, entrée en premier sur un théâtre, infiltration, raid de neutralisation, combat en zone urbaine et opération d’influence ; le 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales, pour aérocombat, infiltration et exfiltration des équipes de commandos, surtout de nuit. Tous dépendent de la Brigade des forces spéciales terre, chargée de leur organisation, équipement et mise en condition opérationnelle. La Marine compte 5 unités de forces spéciales, appelées « commandos » et portant un nom comme les bâtiments de combat. Chaque commando compte 3 groupes répondant au socle commun des forces spéciales et 1 correspondant à sa dominante particulière : assaut de navires pour Jaubert et Trépel ; reconnaissance maritime et côtière pour Penfentenyo ; appui et neutralisation d’objectifs pour Monfort ; guerre électronique pour Kieffer ; action sous-marine pour Hubert.  L’armée de l’Air met 2 unités  à la disposition du COS : le Commando parachutiste de l’air N°10 pour mise en œuvre de zones aéroportuaires et guidage d’aéronefs dans la profondeur ; l’escadron de transport 03/61 « Poitou » pour infiltration, aérolargage et poser d’assaut, surtout de nuit.

Suremploi et limites. Le rapport sénatorial note le suremploi des forces spéciales depuis 2006, en raison de leur adaptation aux formes d’engagement d’aujourd’hui, et l’usure des hommes : sur 3.000 personnels, plus de 600 se trouvent en permanence en opérations ! Dans le bulletin du « Cercle Prospective terre », le général de division (2S) Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre et professeur associé à l’Institut d’études politiques de Paris et à HEC, souligne la nécessité et la spécificité des forces spéciales. Leur emploi s’apparente à de la projection de puissance plutôt que de forces et ne peut produire d’effet politique, finalité de toute action militaire. Mais le recours aux forces spéciales présente certains avantages : contrôle politico-militaire étroit pour limiter les dérives ; exposition médiatique faible et modulable ; interventions très en amont, tout en préservant la liberté d’action politique du pays hôte et de celui qui intervient ; désengagement aisé et discret. En revanche, estime le général, les forces spéciales ne peuvent contrôler l’espace aérien, maritime ou terrestre, ni durer sur zone en assurant leur propre protection, ni interdire une invasion territoriale face à des troupes nombreuses. Ces missions resteront du ressort des forces conventionnelles, également vivier du recrutement des forces spéciales.

Loïc Salmon

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Renseignement militaire : clé de l’autonomie stratégique et de l’efficacité opérationnelle

ALAT : les hélicoptères NG, nouveaux systèmes d’armes

Fin 2013, les forces spéciales françaises comptent un peu plus de 3.000 personnels d’active des armées de Terre et de l’Air et de la Marine, auxquels s’ajoutent 400 réservistes. Son parc aérien inclut : 2 avions de transport tactique Hercules  C130 ; 3  avions de transport tactique Transall C160 ; 2 avions Twin Otter DCH6, équipés de roues, skis ou flotteurs ; 41 hélicoptères de l’Aviation légère de l’armée de terre ; 2 hélicoptères de l’armée de l’Air. La loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit d’accroître les effectifs d’environ 1.000 personnels. Parmi leurs équipements futurs, figurent le programme « Melchior » de transmissions sécurisées et la livraison des premiers véhicules adaptés aux opérations spéciales (programme d’ensemble VLFS/PLFS). L’ensemble de la flotte d’hélicoptères Caracal des armées sera regroupé sur un seul site, sous l’autorité du Commandement des opérations spéciales.




ALAT : les hélicoptères NG, nouveaux systèmes d’armes

Les hélicoptères de nouvelle génération (NG) de l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) disposent d’une puissance de feu accrue et s’intègrent dans un système complexe interarmes et interarmées. Mieux au fait de l’environnement tactique, leurs équipages peuvent se concentrer davantage sur leurs missions.

Ce thème a fait l’objet d’un colloque organisé, le 17 juin 2014 à Villepinte (banlieue parisienne), dans le cadre du salon des armements terrestres Eurosatory. Parmi les intervenants figurent : le général de division Autran de l’état-major de l’armée de Terre ; le colonel Arnaud Cazalaa, chef de corps du 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales ; l’ingénieur général de l’armement Thierry Pérard de la Direction générale de l’armement (DGA).

Combats futurs. Le combat de contact évolue selon les contraintes environnementales et l’évolution des technologies, explique le général Autran. A court et moyen termes, les combats de demain ressembleront à ceux du Liban, d’Afghanistan, du Mali et de la République centrafricaine. L’adversaire restera divers : insurgés, terroristes, factions armées et équipées de matériels modernes ou groupes claniques profitant de « sanctuaires » et utilisant des procédés rustiques (engins explosifs improvisés). Il faudra s’adapter à une situation variable, car les engagements se produiront aussi au sein des populations. La variété de terrains d’action, éloignés des bases, nécessitera des équipements robustes et adaptables. Les moyens futurs devront permettre de savoir, comprendre et agir vite. La masse d’informations à traiter augmentant, l’accélération des opérations exigera plus de réactivité avec moins de temps pour la réflexion. Le renseignement devra être exploité le plus vite possible avec des équipements performants. La mobilité tactique, avec une concentration de moyens à faibles effectifs au sol, nécessitera une capacité de traque et de combat de nuit pour surprendre l’adversaire. La fulgurance et le maintien du « tempo » (rythme de l’action) exigeront réactivité des acteurs, précision des tirs, combinaison des effets et économie des moyens. Les forces et les équipements devront pouvoir être renouvelés rapidement. D’une rusticité suffisante pour opérer dans des conditions dégradées, les hélicoptères Tigre HAD devront améliorer leur capacité d’observation pour discriminer les cibles potentielles, en coordination avec les drones tactiques et des équipes au sol. Pour s’intégrer à la manœuvre, ils devront être interopérables avec le futur système de combat « Scorpion » de modernisation des forces terrestres.

Forces spéciales. Les hélicoptères NG Tigre et Caracal se trouvent au cœur de l’engagement des forces spéciales, souligne le colonel Cazalaa. Les opérations spéciales se caractérisent par : un engagement sur des objectifs stratégiques ; des modes d’action et savoir-faire spécifiques ; un contrôle politico-militaire étroit ; une capacité aux engagements dans la profondeur, grâce à des moyens de liaisons chiffrés redondants ; une capacité de commandement et de manœuvre interarmées combinant des moyens terrestres et aériens ; une grande souplesse d’emploi et un haut niveau de réversibilité ; un petit volume de forces alliant discrétion, surprise, fulgurance et actions de nuit ; un haut niveau d’intégration en opérations interarmées et interalliées ; une prise de risque très élevée au regard des enjeux ; un large spectre capacitaire avec la maîtrise des milieux difficiles (jungle, montagne et zone urbaine). En conséquence, les hélicoptères NG permettent un éventail de missions plus larges que ceux de l’ancienne génération (Gazelle et Cougar), où il faudra maîtriser la violence et réduire davantage les dégâts collatéraux. Les évolutions techniques des hélicoptères NG devront porter sur la performance, l’endurance, la masse, la modularité et la compatibilité avec les Gazelle et Cougar. Sont aussi fondamentales pour la sécurité : la détection du départ de coups de feu ; la protection automatique ; la synchronisation du lancement de leurres. Les hélicoptères NG devront aussi disposer de moyens de communication entre le théâtre d’opérations et Paris, pour éventuellement modifier de manière claire une mission en cours de vol. Les capacités à venir porteront notamment sur la liaison par satellites, les systèmes de communication vidéo de combat et la transmission de données cryptées. Une autonomie accrue résultera d’un compromis entre les équipements des forces spéciales et la quantité de carburant à emporter dans des réservoirs supplémentaires.

Besoins et études amont. Selon l’ingénieur général Pérard, les concepts d’emploi des hélicoptères militaires en service varient d’une armée (Terre, Air, Marine et Gendarmerie) à l’autre. Quelque 500 appareils de 13 modèles différents se répartissent dans des flottes très hétérogènes d’appareils d’ancienne génération et de nouvelle génération en cours de livraison. La DGA et les constructeurs doivent mettre à niveau les Cougar et Caracal, très sollicités, pour améliorer leurs capacités ou permettre leur emploi dans le cadre réglementaire de l’Organisation de l’aviation civile internationale. Ils doivent réaliser rapidement les adaptations demandées en urgence opérationnelle, lors d’opérations extérieures (chiffreur sur Tigre et blindage de Gazelle). Pour assurer la disponibilité des appareils dans un contexte budgétaire restreint, il leur faut : être au rendez-vous des livraisons des hélicoptères NG avec les capacités attendues (Tigre HAD et NH90) ; optimiser les délais d’immobilisation lors de la rénovation des appareils d’ancienne génération. Dans la conduite de ses programmes, la DGA lance, très en amont, une étude des concepts de soutien/formation et un pilotage du coût de possession de l’hélicoptère du futur (achat et maintien en condition opérationnelle). Enfin, elle maintient une relation étroite avec les études menées dans le cadre de développements civils, afin d’identifier et intégrer les nouvelles technologies permettant de mieux répondre aux besoins opérationnels des forces.

Loïc Salmon

ALAT : retour d’expérience opérationnelle

L’ALAT : un ensemble de systèmes de combat et d’hommes

Forces spéciales : outil complémentaire des forces conventionnelles

 

L’hélicoptère Tigre (premier plan), de conception franco-allemande, est utilisé par les armées de Terre française, allemande, espagnole et australienne. Il existe en 4 versions : UHT, antichar avec viseur de mât et missiles air-sol ; HAP, appui protection sans capacité de tir de missiles antichars ; HAD, appui destruction avec armement HAP et missiles antichars ; ARH, version reconnaissance développée pour l’Australie. Sa vitesse de croisière atteint 280 km/h, avec une pointe possible de 315 km/h, pour la version HAP et de 260 km/h, avec une pointe possible de 290 km/h, pour l’UHT. Il peut  s’élever de 842 m par minute jusqu’à 4.000 m et franchir 800 km ou 1.300 km avec des réservoirs supplémentaires. Son armement interne compte : 1 canon de 30 mm (450 obus) pour les versions HAP, ARH et HAD ; 1 mitrailleuse de 12,7 mm ou 1 canon de 20 mm en nacelle pour l’UHT. Son armement externe inclut : 4 paniers de 12 roquettes et  4 missiles air/air Mistral pour l’HAP ; 8 missiles antichars Trigat-LR ou Hot 3 pour l’UHT ; 8 missiles antichars AGM-114 Hellfire pour les ARH et HAD.




L’ALAT : un ensemble de systèmes de combat et d’hommes

L’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) a prouvé son efficacité en opérations. Toutefois pour maintenir son savoir-faire et ses capacités, elle doit parvenir à maîtriser le coût de ses flottes d’hélicoptères d’ancienne et de nouvelle générations et à reconfigurer la formation de ses personnels.

Ce thème a été abordé au cours d’un colloque tenu, le 17 juin 2014 à Villepinte (banlieue parisienne), dans le cadre du salon des armements terrestres Eurosatory. Parmi les intervenants figurent : Étienne de Durand, chercheur à l’Institut français des relations internationales ; le général d’armée Bertrand Ract-Madoux, chef d’état-major de l’armée de Terre ; le général de brigade Marc Demieux, commandant l’École de l’ALAT. Un document sur l’aérocombat, actualisé en 2013 par le commandement de l’ALAT, apporte un complément.

Contraintes opérationnelles. Ainsi, ce document rappelle les finalités tactiques de l’emploi des forces terrestres : emporter la décision et faire diminuer le niveau de violence sur le terrain, sans nécessairement détruire l’adversaire ; assurer la sûreté des populations et des forces déployées sur le théâtre d’opérations ; restaurer la confiance par la présence, la communication, le conseil et l’assistance, afin d’empêcher toute résurgence de la violence. La manœuvre terrestre s’effectue dans un vaste espace, où les zones vides constituent des refuges pour l’adversaire. Le contrôle de ces zones exerce une pression dissuasive sur lui et stabilise la situation. L’emploi des hélicoptères, de jour comme de nuit, lui interdit toute liberté d’action. En outre, le déploiement d’hélicoptères en plusieurs modules permet de surprendre l’adversaire et de le menacer en permanence sur l’ensemble de la zone à contrôler. Par ailleurs, la capacité d’engagement en zone urbaine est devenue prioritaire. Les unités aéromobiles voient au-delà des obstacles et conservent la qualité et la fiabilité de leurs communications. Elles interviennent de préférence à partir de la périphérie d’une ville en raison de leur vulnérabilité, accrue par les possibilités de camouflage et de tirs de l’adversaire. En cas de survol de la ville, elles utilisent le relief urbain pour se cacher et chaque hélicoptère profite de la couverture d’un autre. D’une façon générale, estime Étienne de Durand, l’ALAT permet à une armée de Terre moderne de compenser son manque de puissance de feu roulante (chars et canons). Sa réactivité tactique crée la surprise par sa vitesse, instaure une sûreté sur une grande surface et constitue une marque politico-stratégique. Fer de lance des forces terrestres occidentales, surtout américaines, elle assure aussi le transport de matériels lourds et les évacuations sanitaires. Les forces spéciales utilisent l’hélicoptère pour augmenter la mobilité et l’infiltration, en toute discrétion de groupes isolés. Toutefois, l’ALAT reste vulnérable dans les forêts et les montagnes. L’adversaire sait travailler en réseau et utiliser des missiles sol/air de plus en plus performants. Ainsi, l’armée américaine a perdu 4.000 hélicoptères pendant la guerre du Viêt Nam (1954-1975) et l’armée soviétique 393 pendant celle d’Afghanistan (1979-1989), surtout à cause des missiles portatifs américains Stinger. Aujourd’hui, les hélicoptères américains Apache et franco-allemands Tigre sont pourvus de blindage. Lors l’intervention en Libye (2011), l’ALAT a détruit 80 % des cibles tactiques au cours de raids en profondeur. Au Mali, en 2013, elle aurait neutralisé quelque 400 djihadistes. Elle continue d’interdire l’impunité aux autres, en les empêchant de s’installer de façon durable pour mettre la population en coupe réglée.

Maîtrise des coûts. Les contraintes  budgétaires vont peser sur l’avenir de l’ALAT, indique Étienne de Durand. En effet, son coût de possession (achat des hélicoptères + maintien en condition opérationnelle + formation du personnel) se multiplie par 7 ou 8 d’une opération à l’autre. Les appareils obsolètes (Gazelle, Puma et Cougar) doivent être modernisés, alors que ceux de nouvelles générations (Tigre, Caracal et Caïman) entrent en service. Une réduction des heures de vol se répercute sur la qualité de l’entraînement des pilotes. Une diminution des commandes rend les séries de plus en plus onéreuses. L’ALAT doit pourtant conserver son avance opérationnelle et son patrimoine technologique. A court terme, quelques pistes apparaissent : mutualisation interarmées ou coopération avec les alliés proches (Grande-Bretagne notamment) ; simulation accrue pour la formation ; « cannibalisation » des appareils les plus anciens pour récupérer des pièces de rechange. A moyen terme, la maîtrise du coût de possession du successeur de la Gazelle, un hélicoptère léger, bon marché et très manœuvrant, implique : un accord interarmées sur ses caractéristiques ; un constructeur répondant au cahier des charges ; la possibilité de l’exporter.

Avenir préservé. La principale menace de la capacité aéromobile concerne le maintien en condition opérationnelle, souligne le général Ract-Madoux. Il s’agit désormais de soutenir simultanément une flotte ancienne et une autre de nouvelle génération. Au rythme des lois de programmation militaires (6 ans), l’écart se creuse entre les ressources attendues et celles effectivement disponibles et retarde la production et l’adaptation des appareils. Les Gazelle et Puma resteront en service jusqu’en 2025. « Mais l’avenir de l’ALAT est assuré », précise le général. Sont déjà  commandés : 46 Tigre, dont la version appui/destruction (HAD) ; 68 NH90 (photo). Le parc d’hélicoptères de nouvelle génération de l’ALAT passera de 10 % du total en 2014 à 50 % en 2024. Les équipements majeurs doivent durer de 30 à 40 ans. Les premiers NH90 et HAD livrés sont déployés au Mali dès l’été 2014.

Formation évolutive. La formation d’un pilote dure 2 à 3 ans et exige une bonne connaissance de l’anglais pour rechercher l’information dans une documentation gigantesque, explique le général Demieux. Outre les cours didactiques et l’enseignement assisté par ordinateur, elle inclut le passage sur entraîneur de procédures et sur simulateur 4 axes ainsi que des vols et tirs réels. La pertinence de l’analyse du stagiaire compte plus que sa connaissance des détails. La complexité des hélicoptères de nouvelle génération a nécessité d’en reconfigurer la formation, qui devient  commune fin 2014.

Loïc Salmon

ALAT : retour d’expérience opérationnelle

Armée de Terre : l’ALAT, indispensable à l’engagement terrestre

L’histoire de l’Aviation légère de l’armée de terre 1794-2014

L’hélicoptère de transport tactique NH90 Caïman transporte jusqu’à 20 personnes ou du matériel (2,5 t en soute ou 4,4 t sous élingue). Il peut servir de poste de commandement héliporté et effectuer des missions de recherche et de sauvetage, d’évacuation sanitaire, d’héliportage d’assaut et de parachutage. D’une autonomie de 4 h, il franchit 950 km en mission tactique et 1.400 km avec des réservoirs supplémentaires. Premier hélicoptère doté de commandes de vol électriques, il dispose de contre-mesures intégrées, d’une protection de l’équipage et de mitrailleuses de 7,62 mm en sabord. Les pilotes sont équipés d’un visuel de casque intégrant un dispositif de vision nocturne. Une rampe arrière permet un débarquement  des troupes plus rapide.