Tigre 2 : exercice franco-saoudien d’opérations spéciales

Pour la première fois, des forces saoudiennes sont déployées en Europe, en l’occurrence la Corse (base aérienne 126 de Solenzara), dans le cadre d’un exercice bilatéral de forces spéciales dénommé « Tigre 2 » (28 septembre – 20 octobre 2012).  Ce dernier fait suite à « Tigre 1 », portant sur la préparation d’un PC commun et qui s’est déroulé en Arabie Saoudite en 2011. Cette fois-ci, il s’agit de réaliser une « opération spéciale », par la mise en application du plan de coopération militaire bilatéral (élaboré en 2005 et engagé depuis 2010), le renforcement de l’interopérabilité entre les forces armées des deux pays et l’entraînement des commandements aux niveaux opératif (théâtre) et tactique. La France déploie environ 1.000 personnels dans « Tigre 2 ». Les forces spéciales (300 hommes) proviennent des commandos du 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine, du 13ème Régiment de dragons parachutistes, du Commando parachutiste de l’air No10 et des commandos Marine « De Monfort » et « Kieffer ». Elles mettent en œuvre des hélicoptères de 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales, des avions de transport de l’escadron « Poitou » de l’armée de l’Air et des drones. Elles bénéficient de l’appui et du soutien du Commandement de la force terrestre (une douzaine d’organismes et d’unités dont le 2ème Régiment étranger de parachutistes et le 2ème « Régiment de dragons – nucléaire, biologique et chimique »),  de la Marine nationale (bâtiment ravitailleur Meuse) et de l’armée de l’Air (avions de chasse Rafale). Les moyens saoudiens, dont les effectifs n’ont pas été divulgués, comprennent des commandos de la 64ème Brigade des forces spéciales, des hélicoptères Black Hawk et Bell (Little Bird) ainsi que des avions de transport C-130 Hercules.

Loïc Salmon




Un nouveau chef d’état-major pour l’armée de l’Air

Le 17 septembre 2012, le général d’armée aérienne Denis Mercier a pris ses fonctions de chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA), au cours d’une prise d’armes sur la base aérienne 107 de Villacoublay. Entré à l’Ecole de l’air en 1979, il est breveté pilote de chasse en 1983. Breveté du Collège interarmées de défense, il totalise 3.000 heures de vol, dont 182 en missions de guerre. Au cours de sa carrière, il a notamment commandé une escadrille à l’escadron de chasse 2/5 « Ile de France » sur Mirage 2000 RDI (Orange, 1988), l’escadron de chasse 1/12 « Cambrésis » sur Mirage 2000 RDI (Cambrai, 1991), la base aérienne 112 « Marin la Meslée » (Reims, 2002) et les écoles d’officiers de l’armée de l’Air (Salon-de-Provence, 2008). Avant sa nomination comme CEMAA, il était chef du cabinet militaire du ministre de la Défense (2010). Le général Mercier est officier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite et titulaire de la Médaille de l’aéronautique.

L.S.




Afghanistan : retrait des troupes combattantes en bon ordre

La planification du retrait des forces françaises d’Afghanistan prévoit de laisser 1.500 personnels sur place fin 2012, ramenés à 700 en juillet 2013 puis à 400 au mois d’octobre suivant. Selon l’Etat-major des armées, les effectifs sont passés de 3.400 militaires en mai 2012 à 2.950 fin août, plus 150 gendarmes. Le dispositif de rapatriement prévoit plusieurs options. Le transport aérien direct dépend de la saison, car les avions gros porteurs Antonov peuvent embarquer 80-100 t en hiver, mais seulement 20-30t en été. La voie mixte prévoit des rotations aériennes vers un port du golfe Arabo-Persique, puis un acheminement par mer. Enfin, la voie routière vers le nord et vers le sud est envisagée. Une bonne organisation est indispensable pour anticiper les attaques éventuelles de talibans désireux de perturber l’opération. Le format du bataillon d’hélicoptères, chargés de l’appui aux forces françaises et afghanes et de la protection des unités, évolue. Entre janvier et fin août 2012, le bilan du rapatriement s’établit à 110 vols, plus de 350 matériels roulants, plus de 300 conteneurs et 3 navires civils affrétés. Au 1er janvier 2013, outre 50 gendarmes instructeurs des forces de sécurité afghanes, 1.500 militaires seront répartis entre  Douchanbé (détachement Air) et Kaboul. A partir de 2014, environ 400 militaires seront stationnés à Kaboul pour assurer, au sein de la Force internationale d’assistance à la sécurité, des fonctions de protection, d’état-major auprès des forces afghanes, de soutien santé et de formation dans le cadre de l’opération « Epidote ». Celle-ci, qui a concerné plus de 6.000 officiers afghans depuis 2004, consiste à leur donner des formations initiale, d’état-major et spécialisées (renseignement et administration).

L.S




Médias sociaux : tout n’est pas bon à dire en opérations

En juin 2012, le ministère de la Défense a diffusé à 300.000 exemplaires un « Guide du bon usage des média sociaux », destiné à sensibiliser les militaires en opérations susceptibles de divulguer par inadvertance des informations mettant en péril leur sécurité et l’activité opérationnelle elle-même.

Sont notamment concernés : les noms et lieux, la géolocalisation (souvent automatique) par tablette ou téléphone portable, les photos, vidéos et paramètres de sécurité à vérifier avant publication. Devant l’impossibilité d’interdire les diffusions de messages en raison du progrès fulgurant des technologies, le ministère a choisi de responsabiliser, d’encourager et d’accompagner ses personnels dans le respect du secret professionnel et le devoir de réserve, en s’inspirant des exemples américain (trois guides) et britannique (un guide et des vidéos). Actuellement, 77 % des Français sont membres d’un réseau social, dont « Facebook », « copaind’avant.com », « Twitter » et « YouTube ». A lui seul, Facebook (800 millions d’utilisateurs dans le monde) regroupe 76 % des jeunes Français de 18-24 ans… tranche d’âge des soldats ! Le guide insiste sur la vigilance en opérations : « Dans les conflits modernes, nos « ennemis » scannent régulièrement le web (réseaux sociaux, blogs, forums, sites personnels), à la recherche d’informations sensibles et pour détecter nos vulnérabilités ». Il énumère une liste de recommandations à suivre avant de diffuser une information d’ordre opérationnelle, y compris à sa propre famille. Les chefs militaires et civils sont aussi concernés. En effet, en s’exprimant dans les médias sociaux au nom du ministère de la Défense, ils en sont les « ambassadeurs » et les « garants de son image ».

L.S.




Une deuxième femme amirale

Le capitaine de vaisseau Anne Cullerre deviendra, le 1er septembre 2012, la deuxième « amirale » de la Marine française, après Chantal Desbordes (2 S) en 2001. Officier du Corps technique et administratif  de la Marine (1981), elle est brevetée d’études militaires supérieures (2000). L’embarquement étant ouvert aux femmes en 1993, elle se porte volontaire sur l’un des deux premiers bâtiments à équipage mixte, la frégate anti-sous-marine Latouche-Tréville et y passe deux ans. Par la suite, elle a notamment commandé les bâtiments hydrographique Lapérouse (1997) et océanographique D’Entrecasreaux (2001) et a exercé, à bord du bâtiment de commandement et de ravitaillement Somme, les fonctions de chef d’état-major interarmées de l’amiral commandant de la zone maritime de l’océan Indien (2009). A terre, elle a dirigé le service  « ouvrage cartes et documents centralisés » de Brest (1998), puis la division 7 (entraînement, exercices et retour d’expérience) du Centre de planification et de conduite des opérations (2007) et ensuite du l’OHQ (Operations Headquarters) européen du Mont-Valérien dans le cadre de l’opération « Eufor » au Tchad et en Centrafrique. En 2010, elle est nommée directeur « Plans » de l’état-major multinational des Combined Maritime Forces pour les opérations TF 150, 151 et 152 à Bahreïn. L’année suivante, elle devient chef du bureau Asie-Pacifique à l’Etat-major des armées. Dès sa promotion au gade de contre-amirale, elle prendra les fonctions de commandant supérieur des forces armées de la Polynésie française, commandant du centre d’expérimentations du Pacifique et commandant des zones maritimes océan Pacifique et Polynésie française. Le capitaine de vaisseau Cullerre est chevalier de la Légion d’Honneur, de l’Ordre national du Mérite et de l’Ordre du mérite maritime.

Loïc Salmon




Piraterie en océan Indien : baisse des attaques réussies

Le succès des attaques de pirates contre des navires de commerce dans le golfe d’Aden diminue régulièrement, par suite de la présence permanente de la coalition maritime internationale sur zone, selon le contre-amiral Jean-Baptiste Dupuis, commandant le contingent européen EU Navfor dans le cadre de l’opération « Atalante ». Le 21 juin 2012, lors d’une visioconférence entre le ministère de la Défense à Paris et le bâtiment de commandement et de ravitaillement Marne, il a précisé que 30 à 40 bâtiments avec des hélicoptères et des avions de patrouille maritime surveillent un espace de 16,8 Mkm2 (l’équivalent de l’Europe occidentale), où passent plus de 20.000 navires par an. La coalition, dont les actions sont coordonnées par un site intranet crypté, comprend : l’EU Navfor (5 navires d’Allemagne, d’Espagne, de France et d’Italie ; 4 avions de patrouille maritime d’Allemagne, d’Espagne et du Luxembourg ; un détachement logistique à Djibouti) ; une force OTAN renforcée par des bâtiments du Pakistan et de l’Arabie Saoudite ; des forces nationales (Inde, Chine, Corée du Sud, Japon et Russie). Par ailleurs, les navires de commerce appliquent désormais des mesures de défense passive (barbelés et canon à eau) et active (équipes privées de sécurité, armées ou non, à bord de 30 % d’entre eux). Cependant, l’amiral Dupuis redoute que la présence, parfois dissuasive, de ces équipes privées (pas toujours bien encadrées et interdites à bord de navires marchands sous pavillon français) n’élève le niveau de violence. Toutefois et uniquement au large des Seychelles, certains bateaux de pêche embarquent des fusiliers marins après accord avec la Marine nationale. L’intensité de la piraterie fluctue selon les conditions météorologiques : baisse en été et en hiver en raison des vents forts, augmentation en automne et au printemps. La coalition internationale adapte ses moyens en conséquence. Depuis mars 2012, elle peut intervenir sur la frange littorale, avec l’accord des autorités politiques locales. Enfin, l’Union européenne a formé des gardes-côtes et des soldats en Somalie et dans les pays voisins fragiles pour assurer leur autoprotection contre les pirates et réduire l’insécurité à terre.

Loïc Salmon




Obsèques nationales pour quatre tués en Afghanistan

Le 14 juin 2012, les obsèques nationales des quatre militaires français, victimes d’un attentat suicide le 9 juin en Afghanistan, ont eu lieu aux Invalides à Paris, en présence du chef de l’Etat, de l’ensemble du gouvernement, de deux anciens présidents de la République, de la plupart des anciens Premiers ministres et des détachements de leurs unités.

Il s’agit de l’adjudant-chef Thierry Serrat, du maréchal des logis-chef Stéphane Prudhom, du maréchal des logis Pierre-Olivier Lumineau et du brigadier Yoann Marcillan. Deux de leurs interprètes afghans ont trouvé la mort lors de l’attentat, qui a fait cinq blessés français (trois gravement) et deux blessés civils afghans. Dans son éloge funèbre aux quatre militaires décédés, le président de la République François Hollande, chef des armées, a notamment déclaré : « Ils sont morts pour des valeurs justes et hautes, celles de la paix, celles de la liberté, celles de la démocratie, les valeurs de la France ». Après les avoir faits chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume, il s’est entretenu avec leurs familles présentes. Le retrait des forces combattantes françaises reste fixé à fin 2012. Depuis son engagement en Afghanistan en 2001, la France déplore 87 morts et environ 700 blessés. Selon l’Etat-major des armées, les quatre militaires effectuaient une mission de contact avec la population pour connaître ses besoins et ses sentiments. Ces missions, indispensables pour comprendre l’environnement opérationnel, ne sont pas suspendues, car elles permettent de déceler les menaces, participant ainsi à la sécurité des forces sur le terrain. Elles sont progressivement dévolues aux forces de sécurité afghanes. Enfin, il n’existe aucun moyen de se prémunir contre une attaque suicide.

L.S.




Exotic 2012 : premier exercice de SIC en Retex d’Harmattan

Jusqu’au 25 juin 2012, la Marine nationale et les armées de Terre et de l’Air participent à « Exotic 2012 », premier exercice interarmées de systèmes d’informations et de communications (SIC) qui prend en compte le retour d’expériences (Retex) de l’opération « Harmattan » (Libye, 2011). En préparation depuis le 7 mai, Exotic 2012 (11-25 juin) met en œuvre, sur le plateau de Satory (région parisienne), des architectures de télécommunications pour simuler un déploiement installé sur les sites italiens de Poggio Renatico et de Sigonella. Il vise notamment à améliorer les performances des réseaux SIC, à identifier les systèmes peu satisfaisants en double bonds satellitaires et à proposer des axes d’évolution. L’exercice est conduit par la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information de la défense. Créée le 31 décembre 2003, celle-ci emploie 11.000 personnes sur le territoire métropolitain et en outre-mer et couvre tous les réseaux de communications (internet, téléphone etc.), la sécurité des systèmes d’information, la gestion des fréquences et le soutien des réseaux des forces nucléaires stratégiques. Elle assure la mise en œuvre et le soutien des SIC opérationnels des forces prépositionnées outre-mer et à l’étranger et de celles déployées en opérations extérieures.

L.S.




Défense : nouveaux ministre et ministre délégué

Le 16 mai 2012, le président de la République François Hollande a nommé Jean-Yves Le Drian ministre de la Défense et Kader Arif ministre délégué chargé des Anciens Combattants. La passation de pouvoir entre Gérard Longuet et Jean-Yves Le Drian a eu lieu le lendemain (photo). Ce dernier, âgé de 64 ans, est inspecteur général de l’Education nationale. Secrétaire d’Etat à la mer (1991-1992) dans le premier gouvernement d’Edith Cresson, il a été élu et réélu député du Morbihan (1978-1988 et 1997-2002). Il a été notamment membre, rapporteur et vice-président de la Commission de la défense nationale et des forces armées (1988-1991 puis 1997-2002), puis membre et rapporteur de la Commission d’enquête sur la sécurité du transport maritime des produits dangereux ou polluants (2000). Kader Arif (52 ans), élu et réélu député européen (2004-2012), a remplacé Marc Laffineur dans ses fonctions le 17 mai.

L.S.




Afrique : huit accords de défense avec la France

Huit pays d’Afrique ont signé des accords de partenariats de défense avec la France, dont trois doivent encore être ratifiés par le Parlement français. Ces accords sont publiés au journal officiel (J.O.) après leur ratification, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ils portent sur l’appui de la France à la mise en place du pacte de sécurité collective de chaque pays signataire selon ses besoins et ses capacités.

Selon le ministère français de la Défense, il s’agit du Cameroun (21 mai 2009, J.O. du 21-04-2011), du Gabon (24 février 2010 en attente de publication au J.O.), de la République centrafricaine (8 avril 2010, J .O. du 21-04-2011), du Togo (13 mars 2009, J.O. du 21-04-2011), des Comores (27 septembre 2010, J.O. du 8-03-2011), de Djibouti (21 décembre 2011, en attente de ratification), de Côte d’Ivoire (26 janvier 2012, en attente de ratification) et du Sénégal (18 avril 2012, en attente de ratification). Par ailleurs le 17 avril, le colonel Marc Conruyt, chef de corps du Régiment d’infanterie de chars de marine, a pris officiellement le commandement de la force Licorne en Côte d’Ivoire, en présence du nouveau ministre de la Défense ivoirien Paul Koffi Koffi (photo). La force Licorne (450 militaires) accompagne la montée en puissance de l’armée ivoirienne, appuie l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et assure la protection des ressortissants français. Entre le 4 septembre 2011 et le 5 avril 2012, elle a détruit 24 t d’explosifs, mis 300 t de munitions en sécurité et effectué 300 patrouilles. Elle a aussi participé à des actions civilo-militaires (distribution de denrées de première nécessité et de kits scolaires), à des aides médicales à la population et à la formation de cadres militaires ivoiriens avec des éléments français stationnés au Sénégal.

Loïc Salmon