Armée de Terre : préparer les ruptures stratégiques et technologiques de demain

Par le contrôle d’un territoire et de sa population, la force terrestre s’impose pour marquer une solution politique à un conflit futur, sur le terrain et dans la durée, à condition de conserver l’ascendant sur l’adversaire. Ce nouvel engagement de l’armée de Terre figure dans un document, rédigé par son état-major et rendu public lors de la présentation annuelle des forces terrestres, le 20 octobre 2016 à Satory.

Démonstration dynamique. Une opération terrestre a été schématisée en 8 tableaux : renseignement humain en ouverture de théâtre par les forces spéciales et l’aérocombat (photo) ; ciblage et renseignement image par les drones et autres moyens ; coordination dans la 3ème dimension en gérant la bulle aéroterrestre ; agression, capacité à s’engager au contact de l’adversaire ;  commandement d’une opération, même en zone difficile ; saisie d’un point sensible, capacité à s’emparer d’une zone ; combat interarmes des véhicules blindés d’infanterie ou de cavalerie avec appui de l’artillerie (canon Caesar) et du génie ; logistique de l’avant en tous temps et lieux avec ravitaillement, maintenance et évacuation sanitaire.

Action terrestre future. Dans le document « Action terrestre future », le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre, rappelle que, depuis la guerre du Golfe (1991), 600.000 hommes se sont succédé dans des opérations militaires asymétriques, avec un avantage opérationnel certain… jusqu’au conflit en Afghanistan (2001-2014). Désormais, la domination de l’adversaire, terroriste ou autre, n’est plus acquise d’avance. En conséquence, l’armée de Terre a entamé une transformation en 3 phases sur 3 ans. La 1ère (2015), dite « Au Contact », concerne l’augmentation de la menace sur le territoire national avec pour effet la remontée en puissance opérationnelle. La 2ème (2016), centrée sur le programme intégrateur « Scorpion », porte sur la simulation, l’infovalorisation et des capacités accrues d’agression et de protection. La 3ème (2017), décrite dans « Action terrestre future », traite la mutation de l’environnement opérationnel et le développement des facteurs de supériorité. L’Afrique et le Proche-Orient resteront durablement une zone pivot des conflits futurs, sans écarter le risque d’un affrontement majeur à l’Est. La mondialisation des rapports entre les sociétés entraîne des flux humains, matériels et immatériels, facilités par la porosité des frontières intérieures. L’échec des modes de régulation supranationaux se cumule avec la remise en cause des droits de la guerre, impliquant brutalité et hyperviolence. Les États verront leur autorité contestée par l’intrusion des nano et biotechnologies, de l’intelligence artificielle et des sciences cognitives, la dissémination de moyens guerriers innovants et l’irruption des lanceurs d’alerte et pirates informatiques. De nouvelles puissances régionales développent hélicoptères, blindés, feux dans la profondeur, robotique et munitions hypervéloces. Les systèmes d’armes antichars, antiaériens antinavires ou de guerre électronique deviennent accessibles. Les prochaines opérations verront la contestation de la supériorité aérienne, la menace d’arsenaux chimiques, radiologiques et nucléaires et des actions répétées sur les centres de commandement et les flux logistiques. Face à des adversaires combinant qualité et quantité, conclut « Action terrestre future », la bataille sera remportée par : la technologie et l’humanité ; la foudroyance et la patience ; l’intelligence et la puissance.

Loïc Salmon

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