Ukraine : hégémonie navale russe en mer Noire

Malgré la perte d’un navire ancien, la Russie conserve un potentiel naval élevé, qu’elle a renforcé en mer Noire. Après une pause opérationnelle, ses forces terrestres ont repris l’offensive contre l’armée ukrainienne.

Le 3 juin 2022 à Paris, un officier supérieur a présenté à la presse l’étendue du volet naval de la guerre en Ukraine. De son côté, l’Etat-major des armées (EMA) a publié l’évolution du champ de bataille au 8 juin 2022.

Situation sur terre et sur mer. La carte de l’EMA présente : en rouge, la zone sous contrôle militaire russe ; en stries rouges, les gains territoriaux russes. Sur le front Nord, l’artillerie russe procède à des tirs dans la région de Sumy (1). Sur le front Est, les forces russes contrôlent la quasi-totalité des rives Est de la rivière Donetsk (2). Les forces russes progressent dans la ville de Severodonetsk (3). Sur le front Sud, la contre-offensive des forces ukrainiennes s’est arrêtée au Nord de Kherson (4). La Russie contrôle totalement la mer d’Azov. Des mines flottantes à orin (câble relié à un bloc lesté), défensives, ont été aperçues en mer Noire. Faciles à mouiller la nuit, elles protègent la côte ukrainienne d’une approche amphibie russe. Fin février, la Turquie a interdit le franchissement des détroits des Dardanelles et du Bosphore, voies d’accès à la mer Noire, à tous les navires militaires, sauf ceux des pays riverains, et procède à des reconnaissances aériennes. Les bâtiments russes basés à l’Île aux Serpents surveillent les plates-formes pétrolières, pour assurer les flux logistiques, et aussi l’activité du port d’Odessa. Ce dernier dispose de capacités d’entreposage et de manutention de cargaisons, notamment de céréales, dix fois supérieures à celles des ports roumains. Aucune attaque n’a été constatée contre le trafic marchand depuis deux mois.

Forces navales russes. Le dernier navire militaire ukrainien s’étant sabordé en février 2022, la Marine russe, qui a basé 50 navires à Sébastopol (Crimée), dispose du choix de l’action en mer Noire. Depuis l’automne 2021, Elle y concentre ses forces en rapatriant des navires déployés dans les océans Indien et Atlantique, en mer Baltique et mer du Nord et au large de la Syrie (2 sous-marins). Aucune opération de débarquement n’a encore été entreprise, en raison de la résistance ukrainienne et de l’insuffisance des capacités anti-aériennes et amphibies russes. L’absence de pont pour hélicoptères handicape une opération combinée avec des unités terrestres. Toutefois, les reconnaissances aériennes à partir de la Crimée permettent une coordination air/mer plus performante. Les sous-marins nucléaires d’attaque peuvent tirer des missiles contre la terre. En termes de nombre d’unités, d’expérience des équipages et d’interopérabilité entre les Marines de ses membres, l’OTAN surpasse la Marine russe…qui conserve un potentiel de nuisance. Outre son savoir-faire en grands croiseurs à propulsion nucléaire, elle possède une flotte sous-marine techniquement égale à celle de l’OTAN, de nombreux patrouilleurs, vedettes et unités de soutien (gros remorqueurs civils).

Capacités françaises de surveillance. La Marine française surveille la flotte russe en permanence, y compris par le pistage des sous-marins. Outre les renseignements par satellites, elle bénéficie du contrôle naval volontaire des navires marchands, qui informent le MICA Center. Sous l’égide de l’OTAN, une frégate patrouille en Méditerranée orientale et une autre en Baltique. Enfin, le groupe aéronaval se déplace en fonction du contexte opérationnel.

Loïc Salmon

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