OTAN : réaffirmation des défense collective, gestion des crises et sécurité coopérative

L’OTAN a accusé la Russie de constituer une menace pour l’ordre international et souligné l’instabilité au Moyen-Orient et en Afrique. Elle a aussi évoqué ses relations futures avec l’Afghanistan et son propre avenir.

C’est ce qui ressort des communiqués communs des 27 chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’OTAN, réunis les 4 et 5 septembre 2014 à Newport (Grande-Bretagne).

La Russie accusée. Le pacte de confiance entre l’OTAN et la Russie, lancé il y a une vingtaine d’années, est mis à mal, car « la Russie a rompu ses engagements et elle a violé le droit international ». L’OTAN ne reconnaît pas « l’annexion illégale et illégitime de la Crimée par la Russie », à qui elle demande d’y mettre fin. Elle condamne son intervention militaire en Ukraine et lui demande d’y retirer ses troupes, estimant que la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ce pays constitue une infraction grave au droit international et un défi majeur pour la sécurité euro-atlantique. L’OTAN demande aussi à la Russie de : faire cesser le flux d’armes, d’équipements, de personnes et de fonds, qui traversent la frontière à destination des séparatistes ukrainiens ; cesser d’attiser les tensions le long de la frontière ukrainienne et au-delà ; d’user de son influence auprès des séparatistes pour permettre une désescalade ; prendre des mesures concrètes en vue d’une solution politique et diplomatique. Dans ce contexte, l’OTAN soutient les sanctions imposées par l’Union européenne, le G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada) et d’autres pays pour : limiter l’accès des institutions financières publiques russes aux marchés des capitaux ; restreindre le commerce des armes ; établir des restrictions à l’exportation de biens à double usage civil et militaire ; réduire l’accès de la Russie à des technologies sensibles dans les secteurs de la défense et de l’énergie. Par ailleurs, la Russie est accusée par l’OTAN de non-respect récurrent du droit international, y compris la Charte des Nations unies. Elle est critiquée pour : son comportement à l’égard de la Géorgie et de la République de Moldova ; sa violation des engagements de l’Acte final d’Helsinki de 1975 sur la sécurité et la coopération en Europe ; sa non-application prolongée du Traité de 1990 sur les forces conventionnelles en Europe ; l’utilisation de moyens militaires et autres à des fins coercitives à l’encontre de pays voisins. Enfin, l’OTAN s’engage à poursuivre les efforts des pays riverains de la mer Noire pour assurer la sécurité et la stabilité de la région.

Le Moyen-Orient et l’Afrique menacés. L’OTAN considère le « prétendu État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) comme une menace grave pour les populations civiles irakienne et syrienne. Son partenariat avec l’Irak prévoit notamment la sécurité de ses frontières. Favorable à une transition politique négociée avec le régime de Damas, elle redoute les effets de la guerre civile syrienne (3 ans déjà) et de « l’extrémisme de l’EIIL » sur les économies et sociétés de la Jordanie, du Liban et de la Turquie (membre de l’OTAN). Celle-ci bénéficie déjà du déploiement de missiles Patriot de l’Alliance atlantique pour assurer sa défense et la dissuasion contre toute menace potentielle. Suite à son intervention « Unified Protector » (2011) en Libye et à sa décision d’octobre 2013, l’OTAN reste prête à instaurer un partenariat de défense et de sécurité à long terme avec ce pays et soutient la Mission d’appui des Nations unies pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat. Malgré le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Mali, les actes terroristes, le trafic d’armes et de stupéfiants et la traite d’êtres humains dans toute la bande sahélo-saharienne menacent la sécurité régionale et celle de l’OTAN. Celle-ci se dit prête à contribuer aux efforts de l’ONU, de l’Union européenne et de l’Union africaine pour assurer la stabilité politique et la sécurité régionale.

L’Afghanistan conforté. Tirant le bilan de 13 ans de présence de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan, l’OTAN estime avoir amélioré la sécurité à l’échelle mondiale et son aptitude à agir ensemble. La FIAS cessera ses opérations fin 2014, mais l’engagement de l’OTAN avec l’Afghanistan va perdurer. A court terme, la mission « Resolute Support », non combattante, continuera à fournir formation, conseil et assistance aux Forces nationales de sécurité afghanes (ANSF), mais devra être appuyée par une résolution de l’ONU. A moyen terme, les engagements financiers en faveur des ANSF seront poursuivis. Depuis le sommet de l’OTAN à Chicago (2012), des mécanismes ont été mis en place pour assurer transparence, efficacité financière et respect de l’obligation de rendre compte. L’OTAN, qui encourage le gouvernement afghan à intensifier ses efforts de lutte contre la corruption, a rappelé que l’Afghanistan devra financer totalement les ANSF à partir de 2024. A long terme, un partenariat durable OTAN-Afghanistan complètera la mission « Resolute Support » et se prolongera au-delà, dans le cadre de consultations régulières sur des questions d’intérêt stratégique. Il s’agit de : faire avancer la lutte contre les trafics de stupéfiants, les migrations illégales, le terrorisme et la criminalité dans la région ; mettre en œuvre les résolutions de l’ONU sur les droits des femmes et la protection des enfants.

L’avenir préservé. L’OTAN ne constitue une menace pour aucun pays, mais si l’un de ses membres devait être menacé, elle agirait de manière décisive, conformément à l’article 5 du Traité de Washington. Le budget de défense de chaque pays membre devrait se rapprocher de 2 % de son produit intérieur brut dans les 10 prochaines années, pour fournir les capacités requises et déployer les forces nécessaires. L’OTAN se déclare favorable au maintien d’une étroite coopération et d’une grande complémentarité avec l’Union européenne, afin de répartir plus équitablement les dépenses et les responsabilités et de renforcer le lien transatlantique, notamment par une plus grande coopération industrielle de défense. Enfin, elle souligne que la défense antimissile peut venir compléter le rôle des armes nucléaires, mais ne peut s’y substituer.

Loïc Salmon

OTAN : sommet de Chicago

Le CSAT de l’OTAN : un poste clé

Libye : bilan des opérations aériennes OTAN

Dans le cadre des mesures dites de « réassurance » sous mandat de l’OTAN, un détachement d’avions de chasse français a été déployé à Malbork (Pologne) du 24 avril au 1er septembre 2014 pour renforcer les missions de police de l’air et de surveillance des espaces aériens des pays baltes (Lettonie, Lituanie et Estonie). Dès le 6 mai, 4 Rafale ont pris la permanence opérationnelle, à savoir la capacité d’intercepter un intrus sous faible préavis. Ils ont été relevés le 2 juin par 2 Mirage 2000 C et 2 Mirage 2000-5. Le bilan s’établit à 424 sorties pour 500 h de vol et 4 aéronefs interceptés. En outre depuis le 1er avril, des avions AWACS de l’OTAN effectuent 1 à 2 vols par semaine dans les espaces aériens polonais et roumain à partir de la base française d’Avord. Enfin, depuis mars 2014, des bâtiments français sont déployés en Méditerranée, en mer Noire et en mer Baltique dans le cadre des mesures de « réassurance ».