Océan Indien : les forces françaises aux EAU, surveillance et coopération opérationnelle

La garantie de la liberté de navigation dans les accès à l’océan Indien, l’influence régionale et la recherche de profondeur stratégique constituent les missions des forces françaises aux Emirats arabes unis (FFEAU).

Leur commandant, le contre-amiral Jacques Fayard, l’a expliqué le 18 février 2021, au cours d’une visioconférence avec la presse à Paris.

Evaluation permanente. Environ 160.000 ressortissants français résident aux Proche et Moyen-Orient, carrefours des enjeux des grandes puissances et de tensions conjoncturelles en 2019-2020, souligne l’amiral. La lutte contre Daech se poursuit en Jordanie, Syrie et Irak. Le canal de Suez et les détroits de Bab-el-Mandeb, d’Ormuz et de Malacca, voies maritimes vulnérables, donnent accès à l’océan Indien, où la Chine exerce de plus en plus son influence. Les postures aériennes, navales et terrestres des protagonistes dans le golfe Arabo-Persique et le détroit d’Ormuz restent actuellement faibles ou modérées, notamment des exercices des forces navales iranienne et russe. De même au large du Pakistan, les forces navales chinoise, russe, américaine et pakistanaise maintiennent des activités prudentes et professionnelles. L’Union européenne (UE) manifeste sa présence politique par la surveillance de la sécurité maritime avec l’opération « Agénor », pour contribuer à la désescalade dans la région. Des frégates néerlandaises et danoises y ont déjà effectué des patrouilles de quatre mois. L’état-major tactique a inclus des officiers français, danois, belges, grecs et néerlandais. La force navale Agénor ne peut intervenir lors d’une action violente en cours, mais peut en rendre compte et établir les responsabilités en cas de manœuvres illicites. L’UE assure également une présence militaire dans le golfe d’Aden et la corne de l’Afrique avec l’opération « Atalante » de lutte contre la piraterie.

Moyens et coopération. Outre le commandement des FFEAU, l’amiral Fayard assume diverses responsabilités sur une zone couvrant 14 pays riverains de l’océan Indien : contrôle opérationnel des forces aéronavales françaises déployées ; soutien de l’opération « Chammal » en Irak ; commandement de l’opération « Agénor » ; action de l’Etat en mer (lutte contre le narco trafic). Les FFEAU, qui mobilisent de 700 à 1.000 militaires selon les circonstances, se répartissent entre les trois armées. La base aérienne 104, située à Al Dhafra, abrite l’escadron 1/7 « Provence » (reconnaissance, interventions et défense aérienne) et peut accueillir jusqu’à 14 avions de chasse et 5 gros porteurs : avion de patrouille maritime ATL2, avion de transport tactique C160 Transall ou A400M et avion ravitailleur KC135 ou MRTT Phénix. Le 5ème Régiment de cuirassiers, installé dans le camp de Zayed, compte un escadron de chars Leclerc et un sous groupement d’artillerie Caesar. Le camp de la Paix abrite la base navale française et l’état-major de la Marine émirienne. Les FFEAU contribuent au déploiement du Groupe de guerre des mines ou du Groupe aéronaval. Réservoir de forces pour intervenir en cas de crise, elles contribuent à la stabilité dans la région. La coopération avec les EAU porte sur le renforcement des capacités en matière cyber, NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique), lutte anti-drones, déminage, combat en montagne ou en zone urbaine, renseignement et formation. Deuxième client de la France à l’export en 2019, les EAU ont acquis hélicoptères, avions de transport, chasseurs Mirage 2000 et chars Leclerc.

Loïc Salmon

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