Mousquetaires !

D’Alexandre Dumas, historien militaire, au Paris de D’Artagnan, le catalogue de l’exposition « Mousquetaires ! » raconte en détail et avec beaucoup d’illustrations ce XVIIème siècle mouvementé… qui fait encore rêver !

Peu de traces matérielles subsistent de l’époque des mousquetaires, devenus personnages mythiques. Les estampes les représentent souvent de dos, comme des officiers observant le champ de bataille et des « gentilshommes » par excellence, modèles d’élégance et de société. Ces bretteurs portent des habits luxueux, une grande cape et une épée au côté. Le duel, quoiqu’interdit, se pratique dans la clandestinité. Il exprime la tension entre les aspirations héroïques, l’idéal de la noblesse, et les exigences du service du Roi, à savoir la soumission à la discipline et à la hiérarchie militaires. Cet univers est décrit par Gatien Courtilz de Sandras, mousquetaire quelques années au cours de sa carrière militaire de 1660 à 1679 et auteur des « Mémoires de Mr. D’Artagnan », à l’authenticité douteuse. Dumas s’en est inspiré, mais a aussi puisé à d’autres sources pour intégrer ses héros à l’Histoire en train de se faire. Dans la vie, D’Artagnan a arrêté le surintendant Nicolas Fouquet (1661) et le marquis de Lauzun (1671) et les a conduits à la forteresse de Pignerol (Piémont), où fut emprisonné à la même époque l’homme au masque de fer. L’Anglaise Lucie Haye, comtesse de Carlisle, fut mêlée à des affaires d’espionnage, emprisonnée et probablement torturée pendant la révolution anglaise (1641-1649). Dumas la transforme en la sulfureuse Milady de Winter, qui sera exécutée par le bourreau de Béthune en présence des fameux mousquetaires. Les ferrets, bijoux de la Reine Anne d’Autriche et au cœur de l’intrigue du roman « Les Trois Mousquetaires », font aujourd’hui partie d’ornements militaires. Ce sont les pièces de métal qui terminent la fourragère et les aiguillettes. Les autres mousquetaires, mentionnés par Courtiltz de Sandras, sont des personnages réels. Jean-Arnaud du Peyrer, comte de Tréville, s’engage dans les « Gardes françaises » (1616) puis est nommé sous-lieutenant d’une compagnie de mousquetaires (1625). Il en deviendra le capitaine-lieutenant (1634) après s’être illustré au siège de La Rochelle (1627-1628). Son cousin Henry d’Aramitz (l’Aramis du roman) entre aux mousquetaires à 20 ans en 1640. Autre cousin éloigné, Armand de Sillègue d’Athos d’Autevielle rejoint les mousquetaires en 1640 et meurt au cours d’un duel trois ans plus tard. Isaac de Portau (Porthos), né en 1617, commence comme cadet dans une compagnie des Gardes françaises commandée par le beau-frère du comte de Tréville. Il participe au siège de Perpignan en 1642, aux côtés de D’Artagnan, et entrera par la suite dans la compagnie des mousquetaires. Tous sont des cadets de familles nobles du Sud-Ouest de la France, pour qui les armées royales constituent un débouché professionnel. La bravoure jusqu’à la témérité forge la légende des Gascons. En outre, si elle est remarquée par les autorités, elle peut leur valoir un emploi public. En dehors de leurs incursions en Flandre, Val de Loire, Bretagne et même Angleterre, les mousquetaires de Dumas résident à Paris, chez l’habitant au faubourg Saint-Germain, afin d’être près du Louvre pour assurer notamment l’escorte du Roi en temps de paix. Le catalogue de l’exposition inclut un plan de Paris de l’époque…qui permet de suivre leurs traces !

Loïc Salmon

Exposition « Mousquetaires » au musée de l’Armée

« Mousquetaires ! », ouvrage collectif de 23 auteurs sous la direction d’Olivier Renaudeau. Éditions Gallimard Musée de l’Armée 272 pages 35 €