Marine : technologie de pointe pour combattre partout

La préparation au combat de haute intensité, en interarmées et de façon synchronisée dans l’espace et le cyber, nécessite une technologie avancée et du personnel à motiver et fidéliser.

L’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine (CEMM), l’a expliqué au cours d’une rencontre organisée, le 12 juillet 2021 à Paris, par l’Association des journalistes de défense.

L’action en interne Outre une présence mondiale, la Marine assure des missions permanentes : patrouille d’au moins un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) pour la dissuasion ; patrouille d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) ; équipes spécialisées pour la connaissance et l’anticipation ; défense côtière et interdiction maritime par des équipes de fusiliers marins ; soutien aux opérations par les commandos Marine. Selon l’amiral Vandier, le plan « Mercator », lancé en 2018, doit d’abord développer la capacité offensive, à savoir retrouver l’initiative et l’audace. Ensuite, il porte sur l’investissement pour les « cas d’usage » à 2-3 ans, comme par exemple : la lutte anti-drones en combinant satellite et laser qui aveugle ; le traitement des méga données pour évaluer l’environnement électromagnétique ; la frégate de défense et d’intervention et son « jumeau numérique » pour développer la modélisation. Grâce à la gestion de carrière et la rémunération, « Mercator » vise à fidéliser le personnel compétent, notamment féminin qui subit une forte attrition après 10-12 ans de service.

La présence extérieure. En juin 2021, la Marine déploie 49 navires, 12 aéronefs et 3.083 marins dans l’océan Atlantique, en Méditerranée, en Manche et mer du Nord, en océan Indien et dans le Pacifique. Le CEMM estime nécessaire de développer également une stratégie défensive. Ainsi, l’appareil militaire contribue aux technologies maritime, spatiale et cyber, qui soutiennent la croissance économique. L’Occident, pénalisé par le coût du travail, doit reprendre la main par la technologie duale (civile et militaire). La Marine française a besoin de patrouilleurs pour assurer la sécurité du SNLE (au départ et à l’arrivée) et de frégates multi-missions pour gérer les perturbations et les tentatives de chantage de la Russie. Les frégates naviguent aussi en Méditerranée centrale, à cause de la situation dans l’Ouest libyen et des migrations, et orientale, en raison du conflit en Syrie, du canal de Suez et de l’activisme turc à proximité des gisements de gaz. La mer Rouge constitue une zone d’action militaire entre la Russie, les Etats-Unis et la Chine, déjà présente dans le détroit de Bab el-Mandeb. Les porte-avions américains ne vont plus dans le golfe Persique, où la mission française « Agénor » recueille du renseignement électromagnétique (cyber et radar tridimensionnel). Dans les océans Indien et Pacifique, la Chine manifeste un comportement agressif avec ses bateaux de pêche, navires garde-côtes et bâtiments militaires. La situation se complique dans le détroit de Taïwan, île que Pékin considère comme une province à conquérir sans guerre.

La troisième voie. Selon l’amiral Vandier, la Chine pratique déjà une forme d’assujettissement économique et financier en Asie du Sud-Est. La France prône un multilatéralisme efficace partout où elle l’estime nécessaire, indépendamment de la tension Washington-Pékin. Ainsi pour acquérir une dimension océanique face à la Chine, l’Australie a décidé de se doter de sous-marins français malgré les pressions politiques des Etats-Unis, car « acheter américain » aurait été considéré comme un acte offensif par Pékin.

Loïc Salmon

Marine nationale : s’entraîner pour anticiper le combat futur

Marine nationale : les enjeux de la Nouvelle-Calédonie

Marine nationale : opération « Agénor » et missions « Foch » et « Jeanne d’Arc »