L’Europe de la défense pour faire face aux crises

L’ambition collective (27 membres) d’une Europe de la défense apparaît nécessaire dans un monde de risques et de menaces globaux et de plus en plus interconnectés. Telle est la conviction  du général d’armée aérienne Patrick de Rousiers, président du comité militaire de l’Union européenne désigné le 23 janvier (voir rubrique Archives  : « Union européenne, un Français à la tête du Comité militaire » 1-02-2012). Lors d’une conférence de presse le 25 octobre 2012 à Paris, il s’est présenté comme « catalyseur de consensus entre les 27 », porte-parole des différents chefs d’état-major des armées et conseiller de la Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton. Son rôle consiste à apporter une expertise militaire au Service européen pour l’action extérieure au moyen d’une planification générale (risques, enjeux et ce qui est possible ou pas) et opérationnelle (désignation du commandant de théâtre et définition des règles d’ouverture du feu). Selon le général, il s’agit d’engager tout le monde, même les pays qui ne sont pas présents sur le terrain. Cela prend de deux jours (Géorgie, 2008) à six mois (piraterie au large de la Somalie, 2008). Sont considérés comme des réussite européennes : le Commandement du transport aérien européen (convergence capacitaire) et les actions communes au Tchad (2007-2009) et en Somalie (mission de formation de forces de sécurité lancée en 2010). Mais, il n’y a aucune volonté de créer une armée européenne, a rappelé le général. Les accords dits « Berlin plus » (Washington, 1999 et Nice 2000) permettent à l’Union européenne de faire appel aux moyens et capacités de l’OTAN en cas de crise, mais sans engager militairement l’Alliance : planification, état-major, commandement et conduite (informations) et enfin détection aéroportée (avions AWACS). Toutefois, leur application dépend de l’approbation de l’Union européenne et… de celle de l’OTAN ! Faute de cette dernière, explique Patrick de Rousiers, seul le développement de l’Europe de la défense permettra de se doter des procédures communes d’engagement. Enfin, a déclaré le général, « je m’attacherai à trouver le compromis juste »  en ce qui concerne la détermination des projets capacitaires à mener à bien au sein de l’Agence européenne de défense (Archives : « AED, vision stratégique, recherche et technologie » 15-8-2012).

Loïc Salmon