Les plus grandes batailles en montagne

Connaissance du terrain, préparation opérationnelle de la troupe, raids et embuscades caractérisent la victoire dans la guerre en montagne.

Celle-ci vise surtout le contrôle d’une zone ou une action sur l’ennemi ou, accessoirement, à créer une diversion, une couverture ou un appui dans le cadre d’une manœuvre globale. La conception et la réalisation de la manœuvre, alliant audace, surprise et cohésion des troupes, restent toujours du ressort d’un chef déterminé. Toutefois, l’héroïsme ne suffit pas. Ainsi, quoique solidement retranché aux Thermopyles (- 480 avant JC) avec 300 Spartiates, Léonidas n’a pas imaginé que l’armée perse puisse le contourner, par surprise, à travers un sentier de montagne. Par contre, un coup d’audace et des techniques alpines ont permis à Alexandre le Grand de s’emparer du camp de la Roche sogdienne (Asie centrale, – 328 avant JC), place forte réputée imprenable. Malgré le terrain escarpé, la multiplicité des combats, la sévérité du climat, les accidents et les délais d’approvisionnements, Hannibal fait franchir les Alpes (- 218 avant JC) en 15 jours à une armée réduite à 26.000 fantassins et 6.000 cavaliers à son arrivée en Italie. L’année suivante, dans une embuscade montée sur les flancs des collines le long du lac Trasimène, il écrase l’armée romaine en l’empêchant de manœuvrer. De son côté, Vercingétorix réussit une manœuvre rapide d’infanterie en terrain montagneux à Gergovie (- 52 avant JC) et inflige à Jules César un important revers militaire. En 1675 et après un minutieux travail de réflexion et malgré un rapport de force défavorable, Turenne traverse les Vosges en plein hiver et remporte la bataille de Turkheim en disloquant par surprise le dispositif de l’armée austro-brandebourgeoise. En 1709, Berwick, Anglais au service de la France, protège 300 km de frontière alpine, grâce à une connaissance approfondie du terrain en toutes saisons et un raisonnement tactique fondé sur le renseignement et la mobilité. En 1808, face à une armée espagnole de 9.000 hommes et 16 canons installés sur le col de Somosierra, assez large pour quatre cavaliers de front, Napoléon ordonne une charge de chevau-légers, dans la brume, qui dure sept minutes et provoque la déroute de l’ennemi, ouvrant la route vers Madrid. Lors de la guerre d’indépendance du Chili en 1817, l’armée du général San Martin traverse la cordillère des Andes en 19 jours, soit 585 km à 4.800-5.000 m d’altitude avec des températures variant de 30° C le jour à – 10° C la nuit. L’allure de 28 km/jour ne laisse pas le temps aux renforts espagnols d’arriver et permet à San Martin de remporter par surprise la victoire de Chacabuco. En 1877 à la tête d’un détachement d’avant-garde russe composé majoritairement de cavalerie, le général Gourko traverse le Balkan d’Etropol du 25 au 31 décembre et défait l’armée turque à Baba-Konak. Le traité russo-turc de San Stephano (3 mars 1878) reconnaît la suprématie russe dans les Balkans à dominante slave et orthodoxe. En 1918, après un raid de plus de 500 km en 6 semaines dans la montagne, le général Jouinot-Gambetta et la cavalerie française remportent la victoire du Dobro Poljé, entraînant la capitulation de la Bulgarie. En 1944, le Corps expéditionnaire français du général Juin franchit les Monts Aurunci et gagnent la bataille du Garigliano au pied du Mont-Cassin, ouvrant aux Alliés la voie vers Rome.

Loïc Salmon

« Les plus grandes batailles en montagne », Colonel Cyrille Becker. Editions Pierre de Taillac, 240 pages, illustrations, 26,90 €.

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