Le nouveau visage de la guerre

En-1918, toutes les armes de mêlée, d’appui et de soutien coopèrent en vue d’atteindre une efficacité maximale, en tirant partie de l’expérience acquise depuis 1914 et en expérimentant l’avion et le char, armes nouvelles.

L’armée allemande crée des « Sturmtruppen » (troupes d’assaut) chargées de désorganiser le dispositif ennemi. Précédées par un tir d’obus fumigènes et à gaz, elles s’enfoncent le plus profondément possible dans le réseau de tranchées adverse, en contournant les nids de résistance pour atteindre très vite la ligne des postes de commandement et celle des batteries d’artillerie. Elles sont équipées de grenades, carabines, mitrailleuses d’accompagnement, lance-flammes ou mortiers légers. Toutefois en 1918, l’armée allemande manque d’hommes et surtout de chars de combat, faute de matière première. Son état-major a même douté de son utilité jusqu’en 1917. La mobilité de son artillerie est freinée par l’insuffisance de chevaux et aussi d’essence et de caoutchouc pour la motorisation. Son aviation, passée de 200 avions en 1914 à 2.500 en 1918, acquiert des suprématies aériennes ponctuelles, en concentrant ses actions sur les points les plus menacés du front. Malgré des progrès techniques considérables, le manque de carburant devient son principal handicap à partir de mai 1918. De son côté, l’armée française mise sur l’artillerie lourde pour démanteler complètement les défenses de l’ennemi. Elle améliore sa mobilité, grâce aux camions et à la voie ferrée, et sa discrétion par des réglages sans tirs préliminaires qui alertaient l’ennemi au début de la guerre. Les chars, considérés d’abord comme des canons mobiles, appartiennent à « l’artillerie d’assaut », qui démarre en 1916. Utilisés massivement l’année suivante, ils deviennent l’élément-clé des offensives de 1918. La cavalerie, inadaptée à la guerre de tranchées, entame sa motorisation et retrouve son rôle dans la reprise de la guerre de mouvement en 1918 avec deux groupes d’automitrailleuses autocanon. A la fin de la guerre, le fantassin s’est spécialisé pour remplir une mission correspondant à son arme : fusil, pistolet, grenades, fusil-mitrailleur, mitrailleuse ou mortier. Avec l’instauration de la conscription aux Etats-Unis, l’armée américaine passe de 300.000 hommes en mai 2017 à 4 millions en novembre 1918. Les fantassins n’ont guère connu de grand conflit. Après une formation sommaire aux Etats-Unis, ils rejoignent des camps d’instruction en France. Quoiqu’en grande partie équipés par les Français et les Britanniques, ils seront engagés au combat comme « armée américaine », hors de tout amalgame avec les troupes françaises et britanniques, malgré les injonctions répétées des Alliées. Faute d’une formation complète et adaptée, cette armée perd au combat plus de la moitié de ses fantassins et 80 % de ses officiers. Les artilleurs américains, dotés de nombreux canons français, sont formés par des instructeurs français aux Etats-Unis puis dans des camps dispersés en France. L’observation des premiers engagements des chars français en 1917 incite l’état-major américain à créer un service de « tanks » en janvier 1918. Des chars américains participent aux offensives aux côtés d’unités françaises. Les équipages reçoivent des formations dans des centres aux Etats-Unis, en France et en Grande-Bretagne. L’aviation passe de 220 avions et 1.185 hommes en avril 1917 à 1.025 appareils, surtout français, et 200.000 hommes en novembre 1918.

Loïc Salmon

« Le nouveau visage de la guerre », ouvrage collectif. DAGRES Éditions, 88 pages, 18 €

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