L’armée au féminin

Depuis Jeanne d’Arc contre les Anglais (1429-1430) et Jeanne « Hachette » contre les Bourguignons (1472), les femmes continuent de s’illustrer dans les armées françaises.

Après les infirmières de la Grande Guerre, elles seront 6.000 à s’engager en 1939, nombreuses dans la Résistance et 13.000 dans l’armée de la Libération en 1944. Pendant la guerre d’Indochine, deux personnalités entrent dans la légende : le médecin pilote d’hélicoptère Valérie André, croix de Guerre des théâtres d’opérations extérieurs avec 7 citations et qui deviendra la première femme officier général ; la convoyeuse de l’air Geneviève de Galard, qui sert comme infirmière dans le camp retranché de Diên Biên Phu. Grande école militaire, Polytechnique accepte 7 femmes pour la première fois … en 1972. Saint-Cyr Coëtquidan suivra en 1983 et l’École navale en 1992. Mais, dès 1969, la Marine recrute des officiers féminins sur titres universitaires. De 1983 à 1987, 40 femmes embarquent à titre expérimental. La première pilote d’aéronautique navale est brevetée en 1986. La « féminisation » des frégates commence en 1993. Aujourd’hui, environ 200 femmes font partie de l’équipage du porte-avions Charles-de-Gaulle (1.910 marins). Les armées françaises sont devenues les plus féminisées d’Europe avec 15 % de leurs effectifs, mais avec des variantes sensibles. Selon le tableau de bord 2014 sur l’égalité hommes/femmes, la participation féminine se présente ainsi : 3,7 % des effectifs dans l’artillerie, soit 225 postes ; 0,5 % dans l’infanterie (87) ; 2,3 % dans le génie (187) ; 0,5 % dans l’arme blindée (32) ; 6,6 % dans la sécurité (102) ; 5,1 %  dans la maintenance (591) ; 6,3 % dans la logistique (482) ; 0,6 % parmi les fusiliers marins (16) ; 4,1 % dans la détection sous-marine (35) ; 2,8 % dans la mécanique navale (80) ; 7,2 %  parmi les maintenanciers aéronefs et vecteurs/matériels télécoms (626) de l’armée de l’Air ; 4 % du personnel navigant (112) ; 5,7 % parmi les spécialistes de l’armement (86) ; 5,7 % dans la sécurité incendie (76) ; 6,1 % dans les matériels environnement et mécanique sol (139) ; 4,6 % dans l’infrastructure (68). En revanche, le taux de féminisation du Service de santé des armées atteint 41,23 %, tous services confondus ! Discrétion oblige, ceux des services de renseignement et des forces spéciales réaliseraient des scores importants, même sur le terrain. Une lieutenante-colonelle a même commandé le détachement ALAT des opérations spéciales. Une pilote d’hélicoptères aux 4.500 heures de vol, qui a participé à une dizaine d’opérations extérieures en Afrique et dans les Balkans, a été récompensée pour son comportement au feu : chevalier de la Légion d’Honneur, croix de la Valeur militaire (2 citations) et Médaille de la défense nationale (2 étoiles). Par ailleurs, « L’armée au féminin » présente une galerie de portraits de femmes de tous grades, dont certaines témoignent directement de leur métier avec ses difficultés et ses moments forts. Les plus brillantes ont réussi le concours de l’École de guerre, puis quelques unes ont été désignées pour le Centre des hautes études militaires. En 2015, la vice-amirale Anne Cullerre est devenue sous-chef d’état-major « opérations aéronavales » et l’autorité pour la cyberdéfense de la Marine. Première femme ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, très populaire de surcroît, a pu conserver son portefeuille 5 ans (2002-2007).

Loïc Salmon

Femmes en guerre 1940-1946

Parachutée au clair de lune

Femmes dans les armées : promotion par la compétence et soutien contre le harcèlement

« L’armée au féminin » par Jean-Marc Tanguy. Éditions Pierre de Taillac, 176 pages, plus de 150 documents, 22,90 €.