Grande-Bretagne : commémorations en France du « Jour J » et de la Grande Guerre
Les Britanniques entendent souligner, de juin 2014 à mars 2015, l’importance des engagements de leurs troupes en France lors des deux conflits mondiaux. La Reine Élizabeth II figure parmi les 18 chefs d’État et de gouvernement invités aux cérémonies du 70ème anniversaire du débarquement. Environ 500 anciens combattants britanniques sont inclus parmi les 7.000 invités à la cérémonie internationale de Ouistreham. En complément de la protection policière, le ministère français de la Défense a déployé 2.400 militaires pour sécuriser les sites des cérémonies des 5-6 juin pour faire face à tout type de menace, avec des dispositifs terrestre, naval et aérien (drone, avions, hélicoptères, radars et navires). Le 6 juin 1944, sur les 130.000 hommes des troupes alliées débarquées sur les côtes françaises, 3.000 sont morts ainsi que 3.000 civils normands. Fin juillet 1944, la bataille de Normandie, à laquelle ont participé 1,5 million d’hommes, a fait 600.000 victimes (tués, blessés et disparus), dont 54.000 Allemands, 24.000 Américains, 20.000 Anglo-Canadiens et 20.000 civils. Le « Jour J », 28.845 soldats britanniques, dont les 177 hommes du Commando de fusiliers marins français en uniforme anglais, débarquent sur la plage dite « Sword » et 630 seront tués, dont 10 Français. Le 7 juin, la 50ème Division britannique libère, pratiquement sans combat, Bayeux, qui deviendra pour les Britanniques la ville de la commémoration du débarquement. Elle abrite en effet le plus grand cimetière britannique de la seconde guerre mondiale en France avec 4.648 tombes, dont 3.395 britanniques. Par ailleurs, pour commémorer le sacrifice de ses soldats morts pendant la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne organise diverses conférences entre juillet et novembre 2014, en vue d’en tirer des leçons encore valables aujourd’hui pour ses forces armées. Le programme a été présenté à l’Association française des journalistes de défense, le 15 mai 2014, au Quartier Général de l’armée de Terre britannique à Andover. Ainsi, le 17 juillet, le « think tank » (organisation indépendante) Royal United Services Institute (RUSI) tient un colloque sur : le contexte politique et stratégique ; la vision des adversaires ; la guerre en coalition ; l’évolution de l’armée de Terre britannique (1914-1918) ; les caractéristiques du conflit (tactiques et technologies) ; les leçons du passé à tirer pour l’avenir. L’École d’état-major organise un séminaire du 7 au 12 septembre avec des universitaires, journalistes et officiers supérieurs français et britanniques ainsi que 60 étudiants britanniques et 50 français. Des déplacements sont prévus sur les lieux de combat où ont été engagées les troupes britanniques, notamment à Ypres, Neuve-Chapelle, Notre-Dame-de-Lorette et Beaumont-Hamel, au château de Querrieu, à Vimy et au bois de Delville. Les thèmes portent sur : la préparation d’une armée à la guerre (entraînement et réserves) ; le moral (personnels et facteurs humains) ; les équipements (technologies) ; la tactique (doctrine et entraînement) ; la stratégie (aspects politiques et militaires) ; la coalition (diverses nationalités). Ensuite, les 5 et 6 novembre, l’Académie royale militaire de Sandhurst (armée de Terre) organisera un « colloque d’exploitation » des enseignements contemporains de ce séminaire. Enfin, le 1er mars 2015, le « Directorate Land Warfare » (Direction du combat terrestre) rendra public les minutes des interventions ainsi qu’une mise à jour des enseignements que l’armée de Terre britannique avait tirés du premier conflit mondial en 1931.
Loïc Salmon