Exposition « Raymond Depardon 1962-1963, photographe militaire » à Paris

Déjà connu professionnellement avant, Raymond Depardon réalise, pendant son service militaire, un « tour de France des armées » en plus de 2.000 photos pour Terre, Air, Mer magazine (TAM).

En août 1960, envoyé en Afrique par l’agence photographique Delmas pour suivre « SOS Sahara », mission d’étude de la résistance du corps humain à la chaleur, il assiste au sauvetage d’un groupe de soldats appelés du contingent, perdus sans eau dans le désert. Le 3 septembre suivant, dix de ses photos sont publiées dans l’hebdomadaire Paris-Match sous son nom, alors qu’il n’a que 18 ans ! De passage à Alger, il rencontre des photographes militaires l’incitant à demander à effectuer son service militaire au journal Bled, qui deviendra TAM, deux ans plus tard. Appelé sous les drapeaux en mars 1962, Depardon effectue quatre mois de classe au 37ème Régiment d’infanterie de Sarrebourg puis, en juillet, est affecté à la rédaction parisienne de TAM, avec le grade de brigadier, jusqu’en août 1963. Ce magazine, que tous les militaires reçoivent, emploie notamment de futures célébrités comme le journaliste Philippe Labro ou le publiciste Jacques Séguéla. L’exposition présente leur témoignage audiovisuel. « On était en civil et très libres, se souvient Labro, on apprenait notre métier de reporter, qui rapporte ce qu’il a vu et entendu. ». « J’ai découvert que je savais écrire », déclare Séguéla, hilare. « On était tous tentés de faire des images en mouvement, souligne Depardon (photo) lors du vernissage de l’exposition le 30 septembre 2019, j’étais dans une période charnière à la fin de la guerre d’Algérie. » Equipé d’un appareil photo 120 mm reflex utilisant du film 6X6, il retrace cette période jusqu’en août 1963. Au cours de ses 51 reportages, il embarque notamment sur l’escorteur Le-Picard, fait l’ascension du Mont-Blanc avec les troupes de montagne, suit l’entraînement du 1er Bataillon parachutiste de choc en Corse, se rend à l’Ecole des enfants de troupe d’Aix-en-Provence et à la base aérienne de Cognac et couvre l’instruction du 404ème Régiment d’artillerie anti-aérienne à Valence. Son expérience de photographe militaire lui sert ensuite lors de la couverture de la guerre du Viêt Nam en 1964, dont certaines de ses photos sont publiées dans le quotidien américain New York Times. En 1966, il crée l’agence Gamma, qu’il quittera en 1978 pour rejoindre l’agence Magnum. En 1969, Depardon commence une carrière de cinéaste avec un court-métrage documentaire en Tchécoslovaquie, un an après la répression soviétique du Printemps de Prague. En 1974, il se rend au Tchad pour prendre des photos et réaliser le film « Les révolutionnaires du Tchad », dont le retentissement international contribuera à la libération, en 1977, de l’ethnologue Françoise Claustre, retenue en otage depuis trois ans. En 1978, il photographie la guerre civile au Liban et en Afghanistan.

Loïc Salmon

L’exposition « Raymond Depardon 1962-1963, photographe militaire » (1er octobre 2019-30 janvier 2020) se tient au Musée du Service de santé des armées dans l’Ecole du Val-de-Grâce à Paris. Outre une centaine de photos, elle présente des documents d’archives de films et d’entretiens audiovisuels. Une exposition similaire a lieu au Musée national de la Marine à Toulon (17 mai-31 décembre 2019). Ces deux événements sont organisés par l’Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense, le Musée national de la Marine, l’Ecole du Val-de-Grâce et la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives.

(www.depardon1962.fr)

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