DGA : bons retours sur investissements en 2011

« Nous avons prouvé l’efficacité des matériels sur le terrain », lors de l’opération Harmattan (Libye) en 2011, a déclaré, le 22 février 2012 à la presse à Paris, Laurent Collet-Billon, patron de la Direction générale pour l’armement (DGA) dont il a présenté les résultats de cette même année.

L’exploitation des retours d’expériences des avions Rafale, des hélicoptères Tigre, des bâtiments de projection et de commandement Mistral et Tonnerre et des armements déployés ont, en effet, permis de valider les choix capacitaires de la DGA. En 2011, celle-ci a investi 10,7 Md€ dans l’industrie au titre des programmes d’armements et de la recherche et des « urgences opérations » (réponses à des demandes opérationnelles imprévues). L’équipement des forces armées s’est traduit par des dépenses de 9,946 Md€ et des engagements de 7,964 Md€. Pour la recherche, la DGA a dépensé 724 Md€ en études amont et s’est engagée pour 695 M€. Enfin, malgré la simultanéité des engagements (Afghanistan, Libye et Côte d’Ivoire) en 2011, les urgences opérations n’ont représenté que 20 M€, contre 170 M€ en 2010 et… 250 M€ en 2009 ! Par ailleurs, les prises de commandes à l’exportation, dont le chiffre exact sera connu au troisième trimestre 2012, devraient dépasser 6 Md€. Les contrats à l’exportation impliquent 50.000 emplois directs et 50.000 indirects. A terme, la DGA souhaite arriver à une parité entre les commandes nationales et celles à l’exportation.

Les urgences opérations, au nombre de sept pour Harmattan, ont concerné les capacités de communication par internet des avions radar AWACS et l’évolution des périscopes des sous-marins nucléaires d’attaque pour les reconnaissances côtières. En Afghanistan, la protection des forces a nécessité, en urgence : pour les véhicules, la surprotection contre les attaques par roquettes anti-char ou par engins explosifs improvisés et un dispositif de localisation des tireurs embusqués ; pour les bases opérationnelles et postes de combat avancés, des alerteurs radar de tirs de roquettes et de mortiers et un système périmétrique de protection des camps ; pour le détachement d’ouverture d’itinéraires piégés, des commandes de minirobots et de drones pour le génie auprès de petites et moyennes entreprises. Les retours d’expériences permettront à la DGA, à l’Etat-major des armées et aux industriels de réfléchir sur les équipements futurs.

Le renouvellement des équipements des forces concerne les livraisons suivantes : missiles M51 pour les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) ; missiles ASMPA (air-sol moyenne portée améliorée) pour les Forces aériennes stratégiques et l’aviation embarquée ; des hélicoptères NH 90 Caïman à la Marine (NFH) et à l’armée de Terre (TTH) ; 6 hélicoptères d’attaque Tigre pour l’armée de Terre ; 4.000 équipements de fantassins Félin ; des véhicules blindés du combat d’infanterie ; 11 Rafale ; des missiles air-air Mica et sol-air moyenne portée terrestre (SAMP/T) ; des véhicules à haute mobilité (VHM); des  engins de débarquement amphibie rapides (EDA-R) ; des téléphones sécurisés Teorem. La capacité de renseignement électromagnétique a été renforcée par la rénovation de l’avion Transall Gabriel et la livraison de cinq nacelles de reconnaissance numériques RECO NG pour les Rafale de standard F3.

Les nouveaux contrats notifiés en 2011 portent sur les commandes de 13 lance-roquettes unitaires, du troisième sous-marin d’attaque de type Barracuda, de 200 petits véhicules protégés et des munitions de gros calibre. Sept hélicoptères de transport tactique Cougar seront rénovés. Les études ont commencé sur le SNLE de la troisième génération et la robotique navale (programme Espadon). Enfin, quatre nouveaux satellites de renseignement électromagnétique du programme Elisa ont été lancés (voir rubrique « Archives » 21-12-2011).

La coopération en matière d’armement continue. Avec la Grande-Bretagne, elle se concrétise par 60 projets, dont 40 existent déjà, la mise en place de bureaux de programmes conjoints (drones, guerre des mines navale, missile antinavire léger) et la communication par satellite (voir « Sommet franco-britannique, communauté de vues sur la Défense », 29-2-2012). Avec l’Allemagne, la coopération porte sur les contre-mesures infrarouges. Avec l’Italie, elle concerne le futur satellite de télécommunications militaires Sicral 2, qui doit être lancé en 2013. Une coopération tripartite avec l’Allemagne et l’Italie est engagée sur les systèmes de lance-roquettes unitaire, dont les premières livraisons sont prévues en 2014. Avec l’Union européenne, il s’agit de transposer des directives européennes sur les « transferts intra communautaires » et sur les marchés de sécurité et de défense. Avec l’OTAN, les travaux portent sur la préparation du sommet de Chicago de 2012 : défense anti-missile balistique, capacité alliée de surveillance terrestre et réforme de l’organisation. Enfin, en 2011, la DGA a signé…81 accords internationaux !

Loïc Salmon

Laurent Collet-Billon, est diplômé de l’Ecole nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace et auditeur de Centre des hautes études de l’armement. Entré à la Délégation générale pour l’armement (DGA) en 1974, il exerce plusieurs responsabilités de direction de programmes de télécommunications militaires à partir de 1977. Dix ans plus tard, il est nommé conseiller technique pour les affaires stratégiques, industrielles et de l’armement auprès du ministre de la Défense André Giraud. A partir de 1988, il connaît diverses affectations dans l’armement air-sol nucléaire, le domaine spatial, l’armement terrestre, l’électronique et l’informatique. En 1997, il devient directeur du Service des programmes d’observation, de télécommunications et d’information de la DGA. En 2001, il est nommé représentant français  au conseil de surveillance de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (OCCAR, voir revue téléchargeable N°302 décembre 2011 p.17). En juillet 2006, il entre au groupe Alcatel comme conseiller pour les affaires de sécurité et de défense. Il revient à la DGA comme délégué général, par décision du conseil des ministres du 28 juillet 2008. Laurent Collet-Billon est commandeur de la Légion d’Honneur et officier de l’Ordre national du Mérite.