Défense : renforcement industriel en armement et munitions

Les commandes d’armement aux industriels ont atteint 20 Mds€ en 2023. Les livraisons de missiles et d’obus, prévues pour 2024-2030 s’échelonneront entre l’été 2024 et le 2ème semestre 2025.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, les a annoncées au cours d’une conférence de presse, organisée le 26 mars 2024 à Paris, en présence des hautes autorités militaires et civiles, dont le chef d’État-major des armées, le général d’armée Thierry Burkhard, et le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva (photo).

Accélération des commandes. Le montant de 20 Mds€ des commandes effectives de 2023 dépassent d’un tiers celui de la moyenne de 15 Mds€ sur la période 2017-2022 et de plus du double celui de la moyenne de 9,5 Mds€ sur la période 2012-2016. Cela donne beaucoup de visibilité aux industriels de l’armement, explique le ministre, qui reconnaît des segments en tension dont les missiles Aster 30. Ces derniers équipent le dispositif sol-air Mamba, installé en Roumanie dans le cadre des missions OTAN de réassurance à l’Ukraine. Ce besoin de missiles concerne aussi la France. Ainsi, les frégates déployées en mer Rouge pour sécuriser le trafic maritime, ont tiré 22 missiles Aster 15 et 30 contre les drones et missiles balistiques lancés par les rebelles Houthis en réponse à l’offensive d’Israël à Gaza. Les commandes de divers types de missiles sol-air s’accélèrent. La livraison prévue en 2026 de 200 missiles longue portée Aster, commande d’un montant de 900 M€, aura lieu au 2ème semestre 2024. Celle de 1.500 missiles antichars MMP (400 M€) prévue fin 2024, sera avancée à l’été 2024, comme celle de 300 missiles courte portée Mistral (150 M€). Celle de 500 missiles air-air Mica-NG (700 M€), prévue fin 2026, aura lieu au 2ème semestre 2025. La livraison de 55.000 obus de 155 mm (600 M€) pour le canon Caesar, prévue de 2024 à 2030, sera avancée à l’été 2024. En outre, le ministre annoncé une commande anticipée de 200 missiles Aster, portant le montant total à 2 Mds€ et une autre similaire pour le Mica-NG. Au 31 décembre 2023, les principales commandes se répartissent ainsi : MBDA (missiles), 3 Md€ ; Naval Group (construction navale), 4 Mds€ ; Thalès (électronique), 6 Mds€ ; Arquus (véhicules terrestres), 1 Md€ ; Nexter (systémier terrestre), 1,5 Md€ ; Safran (aéronautique et espace), 2 Mds€. A l’export, le succès des canons Caesar offerts à l’Ukraine suscite de l’intérêt au Moyen Orient et en Europe, de même que les radars GM200 ou GM400. Toutefois, certains contrats n’ont pu aboutir en raison de délais de livraison trop longs.

Économie de guerre. Il s’agit de produire plus vite et en plus grande quantité, souligne le ministre, en s’appuyant sur une base industrielle et technologique de défense complètement autonome et performante à l’exportation. Les difficultés résultent de la diminution des crédits budgétaires et de contrats opérationnels, notamment au Sahel, ne nécessitant pas la même masse d’équipements ou de munitions qu’un conflit de haute intensité. Les industriels ont alors investi dans l’innovation et le développement d’armes nouvelles pour ne pas perdre des avancées technologiques. Toutefois, la production faisant la différence sur le terrain opérationnel, des travaux sont en cours sur les simplifications administratives et le financement, notamment au niveau de l’Union européenne. Enfin, le ministère des Armées va investir 10 M€ dans une usine de fabrication de poudre, filière perdue depuis 2007, pour produire l’équivalent à terme de 150.000 obus de 155 mm par an.

Aide à l’Ukraine. En deux ans de guerre, la France a livré environ 30.000 obus de 155 mm à l’Ukraine et lui en fournira 80.000 en 2024 ainsi que 78 canons Caesar (financement international bouclé). La France et l’Allemagne lui ont livré 400 équipements, qui auront besoin de maintenance. Un dialogue se poursuit avec les partenaires anglo-saxons pour adapter des bombes françaises A2SM sur les avions américains F16 destinés à l’Ukraine.

Loïc Salmon

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