Défense : l’AID, interlocutrice des porteurs d’innovation
L’Agence de l’innovation de défense (AID) fédère toutes les innovations qui contribuent à garantir l’autonomie stratégique et la supériorité opérationnelle des forces armées.
Son directeur, Emmanuel Chiva, l’a expliqué à la presse, le 15 novembre 2018 à Paris, à l’occasion du Forum Innovation défense (22-24 novembre, Paris). Des innovations concernant le combattant ont été présentées.
Imaginer demain et après-demain. Il s’agit de détecter les nouvelles tendances et anticiper les ruptures technologiques issues du monde civil, réfléchir à tout ce qu’il est possible de faire, y compris avec les startups, explique Emmanuel Chiva. L’AID doit orienter et conduire l’ensemble des innovations de défense, en s’appuyant sur les centres de développement (4.000 personnes) de la Délégation générale de l’armement (DGA). Elle devra en susciter de nouvelles, les capter, les accélérer, les valoriser et les transférer vers les utilisateurs, en favorisant l’expérimentation rapide et les cycles courts. Elle diffusera de nouvelles pratiques, notamment en matière d’achat. Elle facilitera la coopération avec les autres ministères, les industriels, les petites et moyennes entreprises et d’autres pays européens. Elle accompagnera l’innovateur pour qu’il gagne de l’argent et développe son innovation, dont la propriété intellectuelle sera protégée. Créée le 1er septembre 2018 et rattachée au délégué général pour l’armement, l’AID sera opérationnelle en avril 2019 avec un effectif d’une centaine de personnes, militaires et civiles. Selon la loi de programmation militaire (2019-2025) son budget passera de 1,2 Md€ en 2019 à plus de 1,5 Md€ en 2022.
Exemples d’innovation. La société française Scalian, fournisseur de logiciels et d’études pour la DGA, et la firme américaine Daqri, fabricant de lunettes et casque de « réalité augmentée », ont mis au point l’équipement du « Fantassin augmenté, sécurisé et tactique ». Le casque Daqri, contient un dispositif stéréoscopique, un affichage transparent et intégré, une caméra grand angle de 166 ° et 120 Hz et une caméra thermique. Les entités, à savoir une personne amie ou ennemie, un véhicule ami ou ennemi, un bâtiment ou un point à atteindre, sont suivies par GPS. Sont affichées sur la visière du casque : les entités sur un radar/boussole ; les distances de chaque entité ; le gisement topographique ; la situation tactique en deux dimensions. Sont également possibles : la prise de photo/vidéo avec la caméra thermique ; la création d’objet manquant (nouvel ennemi) dans la situation tactique ; la visualisation sur un poste de commandement de la brigade des forces terrestres. De leur côté, l’Institut de recherche biomédicale des armées et la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées ont développé un « Air Shock Absorber », système de coussins d’air muni de compartiments et cloisons, qui dissipent l’énergie d’un projectile. Cette innovation, disponible en 2019, permettra de diminuer les lésions anatomiques et physiologiques lors de l’impact sur le gilet pare-balles. Enfin, le Forum de l’innovation présente plus de 160 innovations et démonstrations dans divers stands : celui de l’AID ; « Protéger & Réparer » (prothèse de jambe bionique) ; « Projeter & Durer » (interface technico-logistique) ; « Combattre & Gagner » (camouflage adaptatif) ; « Administrer & Soutenir » (plateforme numérique participative) ; « communiquer et renseigner » (communication par satellite adaptée aux chasseurs).
Loïc Salmon