Défense : la géographie pour garantir la liberté d’action

L’appréciation autonome de la situation dépend de la compréhension de l’environnement géophysique d’un théâtre, en vue de planifier et conduire une opération aérienne, navale, aéroterrestre ou interarmées.

La géographie militaire a été présentée en visioconférence à la presse, le 29 avril 2021 à Paris, par : un colonel, chef du bureau géographique, hydrographique, océanographique et météorologique du Commandement pour les opérations interarmées ; un ingénieur en chef de l’armement, directeur adjoint de l’unité de management ESIO (espace et systèmes d’information opérationnels) de la direction des opérations de la Direction générale de l’armement (DGA).

Objectifs opérationnels. La veille stratégique inclut l’information géographique militaire globale, explique le colonel. La prise de décision tient compte de l’interaction entre géographie, hydrographie, météorologie et océanographie. L’intelligence artificielle permettra de gagner du temps et d’augmenter la base de données. Celles-ci servent, par exemple, à préparer une opération amphibie ou à déterminer la praticabilité d’axes routiers pendant la saison des pluies dans la bande sahélo-saharienne. Elles sont utilisées pour la précision de 80-90 % des systèmes d’armes. Grâce à la coopération internationale de 32 pays, la représentation de 43 % des terres émergées est disponible en cartes au 50.000ème. L’accès à l’espace permettra d’anticiper les enjeux et risques à moyen et long termes, consécutifs notamment au réchauffement climatique.

Production et information. Selon l’ingénieur en chef, l’Etat-major des armées et la DGA ont lancé, depuis 2016, le programme GEODE 4 D de mise à jour des données géographiques, à savoir augmentation de la résolution, rafraîchissement de l’information et couverture de nouvelles zones. La première composante de GEODE 4 D porte sur la production de données, acquises via trois marchés complémentaires : GEOSOCLE pour les images précises des vallées et montagnes de toute la planète ; GEOMAPS pour la modélisation de l’environnement (routes, zones industrielles, infrastructures etc.) ; T-Rex, coopération internationale basée sur l’exploitation de l’imagerie satellitaire radar pour numériser la surface du sol (immeubles, éoliennes, pylônes etc.). La seconde composante de GEODE 4D compte trois systèmes d’information : réalisation de modèles de cibles ; prévisions océanographiques du Service hydrographique et océanographique de la marine ; acquisition automatique des données géographiques, hydrographiques, océanographiques et météorologiques, dont certaines sont destinées aux systèmes d’armes.

Moyens. Selon le ministère des Armées, environ 500 militaires et civils traitent de la géographie militaire au sein de l’Etat-major des armées, de la Direction générale de l’armement, de l’Etablissement géographique interarmées (basé à Creil) et du 28ème Groupe géographique (Hagenau). Le ministère des Armées est représenté au conseil d’administration de trois établissements publics « satellites » : le Service hydrographique et océanographique de la marine (500 personnes) ; Météo France (2.500 personnes) ; l’Institut national de l’information géographique et forestière (1.500 personnes). La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit 450 M€ pour la géographie militaire. Celle-ci dispose de 270.000 produits référencés et d’un patrimoine numérique de 150 téraoctets.

Loïc Salmon

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