Défense : contributions des armées à la sécurisation des Jeux Olympiques 2024

Les armées vont déployer 15.000 militaires sur le territoire national, dont 10.000 en Île-de-France, pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, en coordination avec le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer. Toutefois, elles garderont leur liberté d’action dans les milieux terrestre, aérien, maritime et cyber.

Le général de corps d’armée Christophe Abad, gouverneur militaire de Paris, l’a expliqué à la presse le 23 novembre 2023 à Paris. Des vidéos ont été présentées sur la posture permanente de sûreté air, par le général de brigade aérienne Arnaud Bourguignon, et sur la posture permanente de sauvegarde maritime, par le contre-amiral Vincent Grégoire, adjoint opérations à la zone maritime Méditerranée, et le contre-amiral Geoffroy d’Andigné, commandant supérieur des Forces armées en Polynésie française.

Longue préparation. La montée en puissance a commencé depuis deux ans avec des travaux de planification et des entraînements matérialisés par des exercices, indique le général Abad. L’un d’eux, spécifique aux Jeux Olympiques et dénommé « Coubertin », se déroule en plusieurs éditions en 2022, 2023 et 2024. Ces exercices, parfois sous une température supérieure à 45 ° C, ont porté sur la menace terroriste, la chute d’avion, les attaques de drones et les mouvements perturbateurs à l’entrée des emprises militaires. Un camp militaire sera implanté à Orly pour accueillir 5.000 soldats. S’y ajoute le retour d’expérience de la Coupe du monde de rugby tenue en France (8 septembre – 28 octobre 2023). Un protocole, conclu avec le Comité d’organisation des Jeux Olympiques, prévoit l’intervention de la police, de la Gendarmerie et des armées en cas de défaillances des sociétés privées de sécurité. Par ailleurs, l’opération « Sentinelle » de protection du territoire national, commandée depuis le Camp des Loges à Saint-Germain-en-Laye, verra son effectif porté à 7.000 personnels à l’été 2024. La cérémonie d’ouverture sur la Seine, sécurisée en amont par les armées, et certaines épreuves olympiques se dérouleront au centre de Paris. Les armées assureront la montée des drapeaux nationaux pendant la remise de 350 médailles des Jeux Olympiques et des 550 médailles des Jeux paralympiques à Lourdes. Enfin, la Préfecture de police pourra faire appel à des démineurs et des plongeurs militaires.

Sûreté aérienne. La défense aérienne du territoire national sera renforcée pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques, indique le général Bourguignon. Elle traitera les menaces par la mise en œuvre de moyens de défense sol-air, de chasseurs Rafale et Mirage 2000, d’avions ravitailleurs, d’un avion radar AWACS, de drones Reaper, d’avions d’entraînement Pilatus PC 21, pour identifier visuellement un appareil inconnu, et d’hélicoptères Fennec avec un tireur d’élite embarqué et des moyens de brouillage. La lutte contre les drones, au sol et en coordination avec le ministère de l’Intérieur, consiste à les détecter, les identifier et brouiller leurs moyens de communication.

Sauvegarde maritime. Les épreuves de voile, soit 150 régates, auront lieu en rade de Marseille, dont il faudra assurer la sécurité et celle des spectateurs, indique le l’amiral Grégoire. L’amiral commandant la zone Méditerranée et préfet maritime assure le maintien de l’ordre public, la sauvegarde des personnes et des biens et le bon déroulement de l’événement. Ses moyens incluent une cellule anti-pollution, un groupe de plongeurs-démineurs, la Gendarmerie maritime, des fusiliers marins et des unités navales de protection au large pour anticiper les menaces sur la frange côtière. Enfin, certaines épreuves, prévues en Polynésie française avec hébergement des athlètes dans un navire-hôtel, seront sécurisées par la Marine nationale, sous l’autorité du Haut-commissaire, responsable de l’action de l’État en mer, précise l’amiral d’Andigné.

Loïc Salmon

Armée de l’Air et de l’Espace : sûreté aérienne, la sécurisation du Salon aéronautique du Bourget

Territoire national : protection permanente contre intrusions aériennes et maritimes

 




S’engager ! De l’Antiquité au XXIème siècle

Au cours de l’Histoire, les armées professionnelles n’ont jamais suffi pour défendre un pays en cas de menace directe. Les circonstances ont imposé le recours aux réserves fournies par la conscription, pas toujours universelle.

Dans la Grèce antique, remplir ses obligations militaires à 18 ans donne au jeune homme accès aux droits civiques. Les conquêtes et le développement du commerce favorisent le recours aux mercenaires. Sous la République romaine, tout citoyen est mobilisable dès 17 ans. Au IIIème siècle, la défense de l’Empire ne repose plus que sur une armée de métier et surtout les tribus barbares alliées…qui finiront par provoquer sa chute en 476. En Gaule, en contrepartie de terres, la dynastie mérovingienne institue le « ban », forme embryonnaire du service militaire pour les nobles. Pendant la féodalité, celui-ci devient « l’ost », où la garantie de l’Etat en Grèce et à Rome est remplacée par une relation d’assistance mutuelle entre le vassal et son seigneur. Charlemagne impose à ces derniers l’obligation de fournir le dixième de leurs serfs pour assurer la logistique de l’ost. La guerre ne se pratique qu’au printemps. En 1303, Philippe le Bel convoque exceptionnellement le ban pour quatre mois au lieu de trois. Dès le Xème siècle, certaines villes constituent des milices pour se défendre. Par ailleurs, les nobles subissent la concurrence des bourgeois au sein du ban, qui se dévalorise avec l’apparition d’une armée royale de soldats de métier soldés par la « taille », impôt permanent. Cette armée, bien organisée, mieux entraînée et immédiatement disponible, se diversifie en infanterie, cavalerie et artillerie au cours de la guerre dite de Cent Ans (1337-1453). A partir du XVIIème siècle, la fonction militaire devient une profession à part entière, où l’éducation initiale et le perfectionnement des connaissances supplantent le respect des traditions ancestrales. L’entrée de la France dans la guerre de Trente Ans (1618-1648) et la disparition du mercenariat conduisent à un recrutement des troupes, pendant l’hiver, par les sous-officiers et les « bas-officiers » qui assurent la continuité de l’encadrement et du commandement. Les nobles, colonels ou capitaines propriétaires de leur unité, ne sont militaires que pendant les périodes de combat puis se retirent dans leurs terres. Les ordonnances royales améliorent la condition du soldat, notamment par la constitution d’un cops d’inspecteurs des troupes et de leur matériel (1667) et la construction de l’Hôtel royal des Invalides (1675). Pour compléter les effectifs, Louis XIV institue, au sein des paroisses, la milice royale, fondement du devoir militaire des sujets du roi par tirage au sort mais avec des exemptions possibles. La désertion, passible de la peine de mort depuis l’ordonnance de 1635, se trouve, dans les faits, commuée en condamnation aux galères de la Marine royale. Devant la menace d’invasion de la France par les armées européennes l’Assemblée nationale déclare la patrie en danger en 1793 et décrète la levée en masse des volontaires. La conscription, officialisée par la loi Jourdan-Delbrel de 1798, perdure, avec le retour des exemptions et du tirage au sort, pendant les guerres napoléoniennes et après. Les deux conflits mondiaux nécessitent la mobilisation générale. Pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), 80 % des soldats déployés sont des « appelés ». Depuis 2002, la conscription, suspendue mais pas supprimée, concerne aussi les filles.

Loïc Salmon

« S’engager ! De l’Antiquité au XXIème siècle », Matthieu Chillaud. Editions Pierre de Taillac, 200 pages, illustrations, 29,90 €.

Soldats de Napoléon

Défense : durer et vaincre dans un conflit de haute

intensité

Faut-il recréer un service national ?




Aviation militaire : MCO, assurer la disponibilité entre flottes, Opex et métropole

Le soutien de sa base industrielle et technologique de défense, qui permet à la France de conserver sa liberté d’action, a notamment nécessité une réforme structurelle du maintien en condition opérationnelle (MCO) des moyens aériens des trois armées.

L’ingénieur général hors classe Monique Legrand-Larroche, à la tête de la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé), l’a présentée à la presse, le 6 janvier 2022 à Paris.

En 2017, la disponibilité technique des aéronefs militaires était inférieure à 50 % avec des disparités, à savoir « excellente » en opérations extérieures (Opex) mais « faible » en métropole, au détriment de l’entraînement. La DMAé, résulte de la transformation de l’ancienne SIMMAD (Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense). La Loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit 5,8 Mds/an pour le MCO, dont 3 Mds€/an pour l’aéronautique.

La réforme. La DMAé, placée directement sous l’autorité du chef d’Etat-major des armées, assure la maîtrise d’ouvrage étatique, comme cliente des industriels qui réalisent les travaux de bout en bout (maîtrise d’œuvre). Elle gère 1.150 aéronefs de 41 types différents tout au long de leur vie, de leur conception à leur retrait du service. Ainsi en 19 mois, 220 aéronefs et 350 moteurs ont été démantelés avec valorisation des matériaux recyclables. A l’été 2022, les flottes d’avions ravitailleurs C-135 et de transport tactique C-160 Transall feront l’objet de contrats de cession ou de démantèlement. Alors que le MCO d’un aéronef impliquait jusqu’à 30 contrats différents en 2017, un seul industriel gère la chaîne de sous-traitants pour la maintenance de chaque flotte avec un guichet unique pour la logistique. La durée du contrat a été portée à 10 ans. La DMAé a élaboré un fonctionnement en « plateau », qui regroupe industriels et utilisateurs opérationnels (pilotes et mécaniciens). L’industriel peut alors planifier, investir, recruter, innover et anticiper les obsolescences techniques. Sa rémunération dépend du nombre d’heures de vol des forces armées. Par ailleurs, le nouveau système « Brasidas » d’information numérique traite la navigabilité de flotte, l’exécution de la maintenance et la gestion du personnel.

Ses effets. Les disponibilités réalisées s’établissent ainsi : avion de chasse Rafale Marine, de 53 % en 2018 à 61 % en 2021 ; avion de patrouille maritime ATL2, de 24 % à 31 % ; Rafale Air, de 53 % à 55 % ; avion de transport stratégique et tactique A400M, de 27 % à 35 % ; hélicoptère d’attaque Tigre, de 29 % à 35 % ; hélicoptère polyvalent Dauphin/Panther, de 40 % à 46 % ; hélicoptère de manœuvre Cougar, de 24 % à 31 % ; hélicoptère de défense aérienne et de recherche et sauvetage Fennec, de 2.500 heures de vol à 5.100 ; pods, de 47 % à 54 %. La directrice de la DMAé a aussi annoncé la notification, le 29 décembre 2021, de deux importants contrats aéronautiques. Ainsi, la société Dassault a obtenu le marché « Balzac » des MCO des Mirage 2000 de l’armée de l’Air et de l’Espace pour garantir leur pérennité jusqu’en 2035. De même, Thalès va assurer, jusqu’en 2031, le soutien du Système de commandement et de contrôle des opérations aérospatiales. Ce dernier effectue la surveillance de l’espace aérien, la coordination de la défense sol-air, la planification, la programmation et la conduite des opérations sur le territoire national et en Opex. Thales va aussi mettre en place des guichets logistiques industriels sur des sites étatiques.

Loïc Salmon

Aviation militaire : les Rafale F3-R en service opérationnel

Aéronautique militaire : perspectives capacitaires

Marine nationale : l’aéronavale, tournée vers les opérations




Territoire national : soutien des armées, flexibilité et réactivité

Pour protéger la métropole et les outremers en cas de crise, les armées apportent leur appui par une combinaison des effets à tous les niveaux, quand les moyens des autorités civiles sont inexistants, insuffisants, inadaptés ou indisponibles.

Leurs missions ont été présentées à la presse, le 22 juillet 2021 à Paris, par Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées, et le colonel chargé du territoire national au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO).

Primo-interventions permanentes. Les menaces sur le territoire national risquent d’augmenter de façon exponentielle en période estivale, souligne Hervé Grandjean. Sous l’autorité, directe ou déléguée, du Premier ministre, les armées interviennent en premier en cas de crise dans les domaines aérien et maritime. La « posture permanente de sûreté aérienne » détecte, identifie et classifie 12.000 aéronefs qui survolent le territoire national chaque jour (hors contexte Covid-19). Mobilisés 24 heures sur 24, des équipages d’avions ou d’hélicoptères peuvent décoller en moins de 7 minutes le jour, 15 minutes la nuit ou même de 2 minutes en cas d’alerte renforcée. La « posture permanente de sauvegarde maritime » mobilise 1.300 marins dans les eaux territoriales (brigandage) et de la zone économique exclusive (luttes contre la pêche illégale et les narcotrafics). Les préfets maritimes de Cherbourg (Manche et mer du Nord), Brest (Atlantique) et Toulon (Méditerranée) exercent la police en mer. En outre-mer, ces postures sont assurées par les forces de souveraineté déployées aux Antilles, en Guyane, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Zone Sud Océan Indien (La Réunion et Mayotte).

Dialogue civilo-militaire. La « posture de protection terrestre » complète le dispositif des sécurités intérieure et civile, qui relève du préfet, précise Hervé Grandjean. Une chaîne de commandement militaire en garantit la cohérence et l’efficacité. L’opération « Sentinelle » déploie quotidiennement 7.000 militaires dans les gares et aérogares, sites culturels ou touristiques, écoles et établissements institutionnels et lieux de forte affluence, rappelle le colonel du CPCO. En été, une posture renforcée se concentre notamment autour des festivals. Face à un événement d’ampleur exceptionnelle, le président de la République peut engager une réserve de 3.000 militaires. L’opération « Héphaïstos » de lutte contre les feux de forêts porte sur 23 départements du Sud de la France, du 25 juin au 16 septembre. Elle mobilise : 48 militaires pour la surveillance et la sensibilité du public ; 3 hélicoptères, dont 1 Gazelle pour la reconnaissance des zones de feux et 2 Cougar pour le transport de pompiers ; 1 groupe du génie pour ouvrir des pistes forestières et créer des coupe-feux ; 20 véhicules pour la sécurité civile. Ce dispositif est complété par des détachements de pompiers militaires du camp de Canjuers et des bases d’Istres, de Solenzara et de Toulon, ainsi que par des camions-citernes de l’armée de Terre. Les aéronefs de la sécurité civile se ravitaillent à la base aéronavale d’Hyères. L’opération « Résilience » de vaccination contre le Covid-19 implique 500 personnes de 7 hôpitaux des armées, des Ecoles militaires de santé de Lyon-Bron et de 3 centres civilo-militaires (Olivet, Mérignac et Dijon). L’opération « Harpie » (300 militaires) en Guyane porte sur la destruction de sites et la neutralisation de flux logistiques de l’orpaillage clandestin.

Loïc Salmon

Territoire national : protection permanente contre intrusions aériennes et maritimes

Armée de Terre : création d’un commandement pour le territoire national

Défense : opération « Résilience » contre le covid-19




Défense : les infrastructures, de la construction à l’expertise

Le Service d’infrastructure de la défense (SID) intervient, partout et en tout temps, pour assurer la résilience du ministère des Armées, des hébergements aux grands programmes d’armement et sites nucléaires.

Son directeur central, le général de corps d’armée Bernard Fontan, l’a présenté à la presse, au cours d’une visioconférence à Paris le 27 mai 2021.

Eventail complet de capacités. Placé sous l’autorité du Secrétariat général pour l’administration, le SID construit et adapte les infrastructures des forces armées, directions et services, en métropole, outre-mer et opérations extérieures (Opex). Outre la maintenance lourde des infrastructures communes, il réalise celles destinées à l’entraînement des forces et à la collecte de données. En Opex, il met en œuvre centrales électriques, installations pyrotechniques, centres médico-chirurgicaux et unités de traitement de l’eau (captage, filtrage, distribution, retraitement des eaux usées et leur rejet dans la nature). Ses 6.600 personnels (67 % civils et 33 % militaires) traitent 4.100 immeubles et 2,7 Mdsm2 de terrain, 30,5 Mm2 de surface bâtie et 230 M€ d’achat d’énergie. Leurs domaines de compétences incluent les ports, installations nucléaires, centres de traitement des déchets, monuments historiques et forêts.

Programmes majeurs. Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2019-2025, le SID réalise notamment les infrastructures d’accueil et de soutien des sous-marins d‘attaque Barracuda à Toulon et les travaux à l’Ile Longue (Brest), base de la Force océanique stratégique. Pour l’armée de l’Air et de l’Espace, il adapte les infrastructures des bases de Mont-de-Marsan et d’Orange pour le soutien des avions de chasse Rafale. Il reconfigure la base d’Istres pour l’accueil des Airbus A330 MRTT de la 31ème Escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégique dédiée à la dissuasion nucléaire. Pour l’armée de Terre, le SID réalise les infrastructures relatives au programme de combat collaboratif Scorpion (écoles, centres de maintenance et régiments).

Organisation. Créé en 2011, le SID a réalisé un maillage fin du territoire, indique le général Fontan. Son réseau s’articule autour d’une direction centrale, d’un centre d’expertise et d’un centre national de production à Versailles et de sept établissements répartis en métropole. Ces derniers comprennent 49 unités de soutien au plus près des bases de défense, qui disposent d’antennes pour soutenir les régiments, bases aériennes et navales ainsi que les centres de la Direction générale de l’armement. A ces quelque 200 sites s’ajoutent les unités implantées hors du territoire métropolitain, à savoir à Cayenne (Guyane), Fort-de-France (Martinique), Nouméa (Nouvelle-Calédonie), Papeete (Polynésie française), Saint-Denis (La Réunion), Abou Dhabi (Emirats arabes unis), Abidjan (Côte d’Ivoire), Dakar (Sénégal), Libreville (Gabon) et Djibouti. Le SID suit les consommations d’énergie et optimise les contrats d’achat d’électricité et de gaz. Il assure la transition énergétique globale en identifiant les sites les plus gourmands, afin de diminuer leur consommation, respecter les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de recourir aux énergies alternatives. Cela implique le remplacement des chaudières à gaz, l’arrêt du charbon en 2024 et l’installation de panneaux photovoltaïques. Depuis 2017, le SID recrute plus de 400 personnes par an. Son budget est passé de 1,5 Md€ en 2015 à 2,1 Mds€ en 2020.

Loïc Salmon

Défense : relance de la politique immobilière des armées

La sûreté nucléaire des installations de défense

Défense : la stratégie énergétique, un atout opérationnel pour la résilience




Défense et sécurité : la réserve, résilience et cohésion nationale

L’engagement dans la réserve constitue une référence pour la résilience en cas de crise, affectant la sécurité du pays, et une contribution à la cohésion nationale.

Cette question a fait l’objet d’une visioconférence organisée, le 24 novembre 2020 à Paris, par l’Institut de relations internationales et stratégiques. Y sont notamment intervenus : la générale Véronique Batut, secrétaire générale de la Garde nationale (Gn) ; Jean-Marie Bockel, ancien ministre et sénateur ; le professeur Sébastien Jakubowski, directeur de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de Lille.

Témoin et ambassadeur. La réserve de masse, constituée par les appelés du contingent a été remplacée, lors de la professionnalisation des armées au début des années 2000, par la réserve d’emploi, rappelle la générale Batut. Cette nouvelle réserve a servi à renforcer les effectifs des armées, protéger les sites de défense et maintenir le lien Armée-Nation. Créée le 16 octobre 2016, la Gn y a intégré les réserves de la Police et de la Gendarmerie. Elle développe le partenariat avec les employeurs civils (800 accords conclus) et renforce son action sur les territoires avec ses 150 correspondants. Elle dispose de moyens budgétaires maintenus par la loi de programmation militaire 2019-2025 et le ministère de l’Intérieur. Face aux besoins futurs de personnels pour la cyberdéfense, le renseignement et la police, elle vise à un engagement plus fort des réservistes, en leur garantissant une employabilité dans le secteur civil par la valorisation de leurs missions auprès du grand public. La formation reçue en matière de résilience leur permettra de réagir en période de crise dans leur activité professionnelle. La Gn doit se préparer aux changements de société et de comportement, avertit sa secrétaire générale, car les jeunes d’aujourd’hui n’hésitent pas à changer de métier au cours de leur parcours.

Proximité et gouvernance. Auteur d’un rapport sénatorial pour redynamiser les réserves après les attentats terroristes de 2015-2016, Jean-Marie Bockel souligne que les armées ne peuvent plus fonctionner sans la réserve opérationnelle. La Police et la Gendarmerie, qui assurent la sécurité de proximité, ne disposent pas encore des ressources de réservistes au niveau souhaité en cas de crises grave (climat, troubles sociaux ou terrorisme organisé). Outre la constitution d’unités de réservistes dans les départements à proximité des bases de défense, le sénateur préconise la restauration de l’Inspection générale des réserves au sein de l’institution militaire.

Risques et leviers. La professionnalisation des armées a produit une « indifférence positive » à l’égard de l’institution, souligne Sébastien Jakubowski. Les armées ont perdu leur circuit d’alimentation naturelle. Mais on ne devient pas réserviste sans un lien avec elles. L’engagement dans la réserve, soutenu dans les administrations publiques et les grands groupes, s’avère plus difficile dans les entreprises petites, moyennes et de taille intermédiaire. Sa valorisation passe par le Service national universel (en cours d’élaboration), le sens du collectif consécutif à la crise du Covid-19 et la montée en puissance de la Gn. Toutefois, la réserve militaire risque de se trouver reléguée à des missions de second ordre, à la suite de formations déconnectées de celles des personnels d’active. La légitimation de la Réserve, perçue comme réservoir de ressources via la chaîne formation, entraînement et fidélisation, tirerait profit du nom « Force militaire non permanente ».

Loïc Salmon

Défense : la réserve opérationnelle, outil indispensable aux armées

Garde nationale : objectif, fidéliser les réservistes

SNU : succès du module « Défense et mémoire »




Défense : opération « Résilience » contre le covid-19

Le ministère des Armées a déclenché l’opération « Résilience » dès le 18 mars 2020, pour contribuer à la lutte quotidienne contre l’épidémie de covid-19 (coronavirus), tout en maintenant ses activités de défense et de sécurité.

Les mesures sanitaires de prévention sont appliquées au sein de chaque unité, direction et service pour limiter la propagation du covid-19 au sein des armées. Les plans de continuité des activités sont déclinés pour assurer la permanence des missions : dissuasion nucléaire, en mer et dans les airs ; lutte contre le terrorisme sur le territoire national (opération « Sentinelle ») et sur les théâtres d’opérations extérieurs (« Barkhane » au Sahel et « Chammal » au Levant) ; protection de l’espace aérien et des satellites ; surveillance et sauvegarde maritimes ; lutte contre les trafics. Les relèves ont lieu tous les 15 jours. Des hélicoptères ont évacué des patients français vers des hôpitaux allemands et suisses.

Moyens déployés. L’opération « Résilience » déploie 40.000 militaires sur le territoire national et en opérations extérieures et met 12.000 pompiers militaires à la disposition du ministère de l’Intérieur. Pendant la semaine du 21 au 27 mars, le Service de santé des armées (SSA) a monté à Mulhouse (département du Haut-Rhin) un « élément militaire de réanimation » avec des équipements médicaux lourds et du personnel soignant venu de toute la France : 30 lits de réanimation pour des patients intubés et ventilés ; 83 personnels du SSA et 8 auxiliaires santé du Régiment médical de l’armée de Terre ; 30 personnes chargées de la logistique ; 182 t de matériel dans 23 conteneurs. En outre, « Résilience » a mobilisé : le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre, qui dispose d’un hôpital embarqué avec deux salles d’opération et 69 lits médicalisés ; l’avion polyvalent A330 Phénix, équipé du module MORPHEE (MOdule de Réanimation pour Patient à Haute Elongation d’Evacuation). Ce dernier, basé à Istres (photo), a évacué 6 patients de Mulhouse vers les hôpitaux militaires de Marseille et Toulon, puis 6 autres de Mulhouse vers le centre hospitalo-universitaire (CHU) de Bordeaux et enfin 6 nouveaux patients de Mulhouse vers les CHU de Brest et Quimper. Des moyens logistiques militaires ont acheminé des masques vers des stockages dédiés dans tous les départements de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Parti de Toulon, le Tonnerre a embarqué 12 patients à Ajaccio (Corse) à destination de Marseille pour une prise en charge par les hôpitaux de la Région de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Sur l’île de La Réunion, le Régiment du service militaire adapté à mis en place une structure modulaire d’accueil pour le CHU de Saint-Pierre.

Recherche biomédicale. En janvier, l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) participe à la sécurisation du rapatriement des ressortissants français en Chine. Depuis le 11 mars, il met en œuvre une chaîne de diagnostic à grande capacité pour la Force océanique stratégique et le SSA. En outre, les experts de l’IRBA délivrent des formations sur les sites de Creil, de Balard, d’Istres et de l’élément militaire de réanimation de Mulhouse : procédures d’habillage/déshabillage ; délimitation de zones ; port des équipements de protection individuelle. Ils évaluent les procédés de désinfection : rédaction de procédures ; évaluation du risque résiduel ; prélèvements environnementaux analysés par le Centre de maîtrise radiologique, biologique et chimique de la Délégation générale de l’armement.

Loïc Salmon

Service de santé : médecine de guerre, efficacité maximale

Service de santé : renforcement des capacités biomédicales

Opex : la chaîne de santé, une course contre le temps




Les grandes affaires de la Libération 1944-1945

La représentation mémorielle de la seconde guerre mondiale a tendance à surévaluer l’apport des Etats-Unis et l’ampleur de la « collaboration » en France et à oublier l’impunité d’anciens nazis et le passé « douteux » de certaines personnalités d’après-guerre.

Cet ouvrage met en lumière une vingtaine d’épisodes à partir d’archives militaires et civiles des pays belligérants. Entre 1941 et 1945, les Etats-Unis ont perdu 416.837 soldats mais l’URSS 9.168.400. Du côté allemand, 3.543.000 soldats sont morts contre l’armée soviétique et environ 374.470 contre les troupes américaines. Entre 1939 et 1945, 740.000 soldats allemands sont tués sur le front de l’Ouest (France, Belgique, Pays-Bas et Allemagne de l’Ouest), dont 644.941 en 1944-1945 contre les armées américaines, britanniques, canadiennes et françaises. Lors de la bataille de Dunkerque (26 mai-4 juin 1940), la défense par les troupes françaises des poches de Dunkerque, Lille, Calais et autres secteurs fixe la majorité des divisions allemandes, facilitant le rembarquement de 224.686 soldats professionnels du corps expéditionnaire britannique, qui permettront la poursuite de la guerre. En outre, 300 navires de la Marine française embarquent 102.570 soldats alliés. En métropole et pendant toute la guerre, 266 réseaux de résistance sont créés par les services spéciaux de la France libre avec 150.000 membres permanents et 300.000 « occasionnels » et 125 autres par le SOE britannique avec des résistants français. Ces réseaux ont fourni 80 % des renseignements sur le dispositif militaire allemand. S’y ajoutent 300.000 maquisards homologués des Forces françaises de l’intérieur. En 1944, les Etats-Unis tentent de placer la France sous leur protectorat par la mise sur pied d’une administration militaire dénommée « AMGOT ». Mais le Gouvernement provisoire de la République française, qui ne sera reconnu par les Alliés que le 29 octobre, avait élaboré, deux jours avant le débarquement en Normandie, 400 décrets et ordonnances pour restaurer la légalité dans le pays. Fin février 1944, la division allemande « Das Reich », de retour du front soviétique où elle a subi de lourdes pertes, est envoyée dans le Sud-Ouest de la France pour reconstituer ses effectifs en hommes et matériel. Dès le mois de mai, elle mène des opérations féroces contre les maquis et les populations civiles et, le 8 juin, reçoit l’ordre de se porter le plus vite possible vers la Normandie. Au mois d’août, elle a massacré ou déporté 3.000 personnes en tout dans le Sud-Ouest. Par ailleurs, la Gestapo a recruté 6.000 agents français actifs et 24.000 informateurs occasionnels, aux motivations diverses. Mais de nombreux Français anonymes sauvent de la déportation 75 % des juifs présents en France (95 % de Français et 50 % d’étrangers). De son côté, l’Italie, quoique fasciste et alliée de l’Allemagne nazie, sauve 83,6 % de juifs sur son territoire et ses zones d’occupation. Pourtant plusieurs chefs gestapistes allemands, coupables de séries de crimes en France, seront épargnés ou faiblement condamnés après la guerre. Des responsables nazis seront exfiltrés vers l’Amérique latine. D’autres seront récupérés par les services de renseignements soviétiques ou américains. Des écrivains et journalistes français connus, compromis sous l’Occupation, dissimuleront leur passé, après avoir rendu de menus services à la Résistance lors de la débâcle allemande.

Loïc Salmon

« Les grandes affaires de la Libération 1944-1945 » par Dominique Lormier. Editions Alisio, 350 pages, 19,90€. 

Nouvelles histoires extraordinaires de la Résistance

Parachutée au clair de lune

Provence 1944




Garde nationale : objectif, fidéliser les réservistes

Trois ans après sa création, la Garde nationale compte déjà près de 76.000 réservistes. Elle en emploie plus de 6.600 par jour, dont 1.200 dans le cadre de missions de protection pour le compte du ministère des Armées.

Sa secrétaire générale, le général de Gendarmerie Anne Fougerat, en a dressé le bilan et présenté les perspectives à la presse, le 2 octobre 2019 à Paris, à l’occasion des « Journées des réservistes » (12 octobre-12 novembre). Il s’agit de confirmer la progression constatée (50 %) des engagements dans la réserve, initiée par les attentats terroristes de Paris (2015) et Nice (2016). L’émoi s’étant estompé, la perception de la menace devient moins évidente. Pourtant, 20 % des jeunes de 18-19 ans, en quête de sens et de supplément d’âme, souhaitent se rendre utiles dans la défense ou la sécurité de leur pays. La réserve, militaire ou civile, implique don de soi, envie de s’engager et compétences particulières.

Dix composantes. La Garde nationale fournit des réservistes aux ministères des Armées et de l’Intérieur. Au 1er janvier 2019, la réserve opérationnelle de premier niveau des armées, directions et services se monte à 38.529 personnels. L’armée de Terre en emploie 21.926 pour la protection des populations sur le territoire national (opération « Sentinelle » et plan « Vigipirate »), celle des installations militaires, l’assistance aux services publics et secours en cas de catastrophes naturelles, industrielles ou technologiques. La Marine nationale en emploie 5.838 pour la protection du territoire national (métropole et outre-mer) et sa défense maritime (surveillance du littoral et protection des eaux territoriales), la protection des navires de guerre et bases navales et aéronavales, le recrutement et le rayonnement de l’institution. L’armée de l’Air en emploie 5.829 pour la protection permanente de l’espace aérien national, des systèmes de combat et des sites militaires et civils. Les autres composantes des armées se répartissent les 4.141 restants. Le Service du commissariat des armées emploie des diplômés au minimum bac + 3, pour des missions militaires au sein d’une unité, d’un état-major ou d’un service, l’apport de compétences en finances, droit, logistique et achats sur le territoire national et/ou à l’étranger. Le Service des essences des armées en affecte à des postes de tous niveaux, dans l’approvisionnement, le transport, le stockage, la distribution et le contrôle de la qualité des produits pétroliers ainsi que la maintenance des matériels pétroliers. Le Service d’infrastructure de la défense en emploie dans la construction, la maintenance immobilière et la gestion technique et administrative du patrimoine. Le Service de santé des armées emploie des professionnels de santé et des étudiants en sciences de la santé, pour renforcer les centres médicaux, les hôpitaux, ses propres établissements et sur des opérations extérieures. La Direction générale de l’armement recherche des ingénieurs, chercheurs et autres diplômés (minimum bac + 5), disposant d’une solide expérience professionnelle valorisable dans la fonction armement. Au 1er janvier 2019, le ministère de l’Intérieur dispose de 37.388 réservistes. La Gendarmerie nationale en emploie 30.288 pour renforcer des unités d’active dans la sécurité et la bonne exécution des lois : protection des personnes et des biens, renseignement, alerte et secours. La Police nationale en emploie 7.100 pour des missions de soutiens opérationnel et logistique, de spécialiste (juridique ou informatique) ou d’agent de police judiciaire adjoint.

Loïc Salmon

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SNU : succès du module « Défense et mémoire »

Le module « Défense et mémoire nationales » du Service national universel (SNU) a été expérimenté avec succès auprès de 2.000 volontaires dans 13 départements (16-28 juin 2019).

Lors d’une conférence de presse le 9 juillet à Paris, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées a précisé qu’il avait été jugé satisfaisant par 90 % de ces jeunes de 15-16 ans et que les résultats en seront présentés en septembre à Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès de ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse.

Cérémonies patriotiques. « Un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir », maréchal Ferdinand Foch (1851-1929), artisan de la victoire de 1918. Depuis 1870, le ministère des Armées met en œuvre un programme commémoratif autour de 274 nécropoles nationales, 2.200 carrés militaires, 9 hauts lieux de la mémoire nationale et 1.000 cimetières militaires dans près de 80 pays. Il organise 11 journées commémoratives sur les conflits contemporains : 19 mars, victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ; dernier dimanche d’avril, victimes et héros de la Déportation ; 8 mai, victoire du 8 mai 1945 ; deuxième dimanche de mai, Jeanne d’Arc et le patriotisme ; 27 mai, la Résistance ; 8 juin, « Morts pour la France » en Indochine ; 18 juin, l’Appel du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l’ennemi ; 16 juillet, victimes de crimes racistes et antisémites de l’Etat français et « Justes » de France, qui ont recueilli, protégé ou défendu, au péril de leur propre vie et sans aucune contrepartie, une ou plusieurs personnes menacées de génocide ; 25 septembre, harkis et autres membres des formations supplétives ; 11 novembre, armistice de 1918 et tous les « Morts pour la France » ; 5 décembre, militaires et supplétifs morts de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie. Ces cérémonies sont l’occasion de remises de décorations et de dépôts de gerbes de fleurs aux monuments aux morts par les autorités.

L’engagement mémoriel. « Evoquer la mémoire n’est pas juste évoquer le passé. C’est essentiel pour vivre le présent et construire l’avenir ». Tel est l’objectif d’un atelier d’échanges, proposé à des groupes de 25 jeunes et incluant la projection d’un film de 8 à 10 minutes sur la Grande Guerre, la seconde guerre mondiale, les guerres de décolonisation et les opérations extérieures. Tout volontaire du SNU pourra, ensuite, témoigner devant d’autres jeunes de son expérience et de sa volonté de poursuivre son engagement, sous réserve que son projet reste dans le cadre d’un retour d’expérience national. Ainsi, au sein du ministère de l’Education nationale, le « trinôme académique » regroupe, dans chaque académie, l’ensemble des acteurs de « l’esprit de défense », qui contribuent à l’organisation de formations de jeunes pour les sensibiliser aux enjeux de défense et de citoyenneté. De son côté, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, présent dans chaque département, peut proposer la mise en œuvre d’une action mémorielle auprès du jeune public, la participation à une campagne de collecte de témoignages d’acteurs de conflits contemporains ou un travail de recherches dans le cadre de la valorisation de la mémoire locale. Il peut aussi orienter un jeune du SNU vers une association patriotique, pour participer à l’organisation d’une cérémonie mémorielle dans sa commune ou même devenir…porte-drapeau !

Loïc Salmon

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