Défense : de la réserve de complément à celles de compétences et de combat
Composante essentielle des forces morales et incarnation de la cohésion nationale, la réserve militaire, en cours de rénovation, contribue à la défense et à la résilience.
Le général Frédéric Barbry, commandant la division « Cohésion nationale » de l’État-major des armées et délégué interarmées aux réserves, l’a présentée à la presse le 19 octobre 2023 à Paris.
Montée en puissance. En 2023, le ministère des Armées compte 40.000 réservistes opérationnels, dont 25.000 dans l’armée de Terre, 6.000 dans la Marine nationale et 5.000 dans l’armée de l’Air et de l’Espace. S’y’ajoutent ceux des services interarmées (Santé, Commissariat et Énergie opérationnelle) et de la Direction générale de l’armement (3.000 réservistes d’ici à 2030) dans un contexte d’économie de guerre pour renforcer l’industrie d’armement en cas de crise majeure. L’effectif de la réserve devrait atteindre 80.000 personnels en 2030 en l’adaptant, quantitativement et qualitativement, aux besoins des armées tout en intégrant les exigences nouvelles de la société civile. Son emploi porte sur la protection du territoire, l’intervention aux côtés des unités d’active et l’apport de compétences. Actuellement, 60.000 anciens militaires d’active, sous-utilisés, ont l’obligation de disponibilité de cinq ans à leur départ en retraite. Ils consolideront les unités d’active et de réserve pour les régénérer en cas de conflit majeur. Dès 2024, le premier centre de rappel des réservistes sera mis en œuvre, en vue d’une dizaine pour la métropole et les Outre-mer en 2030. En outre, l’armée de Terre va constituer six bataillons (500 militaires chacun) de réserve, six de plus en 2025 et enfin l’unité d’outre-mer, en captant des compétences civiles en cyber, logistique ou maintenance. En 2024, la Marine nationale va déployer trois flottilles côtières sur l’ensemble du littoral Atlantique puis, ultérieurement, en Méditerranée en en Manche ains que six escouades (une quinzaine de militaires chacune) en outre-mer avec un effort sur les Antilles en 2025 et 30 unités de réserve opérationnelle dans les ports. L’armée de l’Air et de l’Espace va constituer une base aérienne de réserve et des escadrons (une centaine de militaires chacun) de réserve, adossés à chaque base aérienne. Les directions et services vont aussi créer des unités nouvelles. Dès 2027, le Service des synergies opérationnelles va établir une unité pétrolière de soutien auprès de la base pétrolière interarmées, sur un modèle de parité entre militaires d’active et de réserve. La gestion des compétences sera mise en place dans le cadre des reconnaissances croisées des compétences à la fois civiles et militaires. Le temps d’entraînement du réserviste, actuellement de 17 % de son temps de service, sera porté à 25 %. Le Plan Réserve 2035 repose surtout sur la communication institutionnelle déclinée par les principales composantes Terre, Air et Espace, Marine nationale, Directions et Services. Le système d’informations ROC (réservistes opérationnels connectés) pilotera la montée en puissance. Un service d’assistance téléphonique permettra à chaque candidat réserviste d’avoir un correspondant pour guider son choix.
Être réserviste en 2023. Militaires à part entière, les réservistes ne font pas l’objet d’un distinguo en situation opérationnelle, souligne le général Barbry. Ils viennent du service nationalπ pour 7,3 %, des armées d’active pour 39,6 % et directement du monde civil…pour 53,2 % ! Âgé d’environ 7 ans de plus que son homologue d’active, le réserviste peut désormais servir jusqu’à 72 ans ! Les militaires du rang représentent 80 % des moins de 30 ans et les sous-officiers 55 % des 40-50 ans et 58 % des plus de 50 ans. Les officiers constituent 7 % des moins de 30 ans, 35 % des 30-50ans et 45 % des plus de 50 ans. La répartition s’établit ainsi : militaires du rang, 73 % d’hommes et 27 % de femmes ; sous-officiers, 77 % d’hommes et 23 % de femmes ; officiers, 84 % d’hommes et 16 % de femmes.
Loïc Salmon
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