Armée de Terre : polyvalence globale et cohérence à conserver

La capacité d’intervenir en permanence sur divers théâtres d’opérations terrestres implique de s’y préparer en termes de commandement, d’appui, de soutien et d’évolution technologique, notamment dans un conflit de haute intensité.

Le général d’armé Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, l’a expliqué lors d’une rencontre organisée, le 13 février 2023 à Paris, par l’Association des journalistes de défense.

Le conflit en Ukraine. La Russie a constitué un outil militaire pour employer la force en Ukraine, en vue de modifier l’ordre international au mépris du droit international, souligne le général Schill. Cette guerre, sur laquelle certains pays membres de l’ONU n’ont pas pris parti, provoque des répercussions économiques dans le monde (énergie et alimentation des populations), avec des risques de changement majeur. Ses premiers enseignements portent sur la force morale, à savoir la volonté de combattre des Ukrainiens, la capacité de soutien et la protection sol-air. La transparence du champ de bataille, acquise par les États-Unis, résulte de l’emploi des drones, de la guerre électronique, du cyber et des satellites. L’analyse des images par l’intelligence artificielle s’avère plus complexe sur un théâtre terrestre, en raison de la topographie et de la dispersion des forces. L’influence a montré son importance. La milice privée Wagner, outil de la Russie employé au seuil de la conflictualité, devait se développer. La frappe dans la profondeur mobilise drones, guerre électronique et forces spéciales. Le conflit entraîne une forte létalité, qui serait de l’ordre de 100.000 tués et blessés côté ukrainien mais moitié moins du côté russe. Pour gagner, un assaillant doit disposer d’un effectif au moins six fois supérieur à celui du défenseur. Actuellement, la Russie en déploie un d’environ une fois et demie le nombre de militaires ukrainiens. Le cyber s’est affirmé sur les plans défensif (effet stratégique) et offensif (effet tactique contre les moyens de communications du commandement) et aussi de l’influence (actions spéciales).

La transformation des forces terrestres. D’abord, indique son chef d’état-major, l’armée de Terre doit pouvoir continuer à remplir ses missions de défense du territoire national en métropole et outre-mer et ses engagements en Europe, au Sahel et au Moyen-Orient. Ensuite, en fonction de la situation internationale, elle doit être capable de s’engager de façon plus importante, quel que soit le moment, avec une réactivité strictement modulée selon les missions. La polyvalence globale prend du temps. Les réformes déjà entreprises portent sur le renseignement (compétences et filière), l’aviation légère de l’armée de Terre, la logistique, les systèmes d’information et de communications et les forces spéciales. Ces dernières, employées par le Commandement des opérations spéciales au niveau interarmées, peuvent l’être aussi au niveau tactique (division ou corps d’armée) pour cacher la manœuvre à l’adversaire. Facteur de supériorité, la masse opérationnelle se monte à 77.000 hommes, dont 20 % issus de l’outre-mer avec un recrutement de 15.000 jeunes par an (15 % en outre-mer). Actuellement, l’armée de Terre, qui fournit déjà les deux tiers des spécialistes cyber, va accroître le recrutement aux niveaux bac pro, BTS et ingénieur. Par ailleurs, elle dispose de 24.000 réservistes (2.400 employés par jour), dont 80 % pourraient être mobilisés en cas d’engagement majeur. Elle va créer un « commandement sur les effets », relatifs à l’artillerie, au renseignement et à l’aérocombat dans la profondeur. Au sein des armes de mêlée (infanterie et cavalerie), de nouveaux métiers seront créés et d’autres disparaîtront sans dissolution d’unités. A l’horizon 2030, grâce à la mise en service du système de combat collaboratif Scorpion, elle devrait pouvoir conserver sa capacité de commandement de corps d’armée de l’OTAN (Corps de réaction rapide-France).

Loïc Salmon

Armée de Terre : le combat dans les conflits de haute intensité

Cyber : champ de lutte informatique et d’influence

Armée de Terre : mise en place du modèle « Au Contact »

 




Défense : reconversion professionnelle dans le civil

Confrontée à l’impératif de jeunesse, l’institution militaire doit conserver son attractivité et fidéliser les personnels ayant acquis une expertise grâce à une formation onéreuse. Toutefois, la très grande majorité des militaires doit aussi se préparer à retrouver un emploi dans le monde civil.

Ce thème a fait l’objet d’une conférence-débat organisée, le 28 novembre 2022 à Paris, par l’Institut de relations internationales et stratégiques. Y sont intervenus : Bénédicte Le Deley, directrice générale de Défense Mobilité (agence de reconversion du ministère de Armées) ; Dominique Lecerf, chercheur à l’Université de Montpellier ; Bruno de Lalande, comité de liaison Défense/Medef.

Privilégier le temps long. Selon le Haut comité d’évaluation de la condition militaire, parmi les 30.000 personnels qui quittent l’institution chaque année, 22.000 sont concernés par une reconversion (voir encadré ci-dessous). L’agence Défense Mobilité compte 700 agents répartis sur 80 antennes en métropole et dans les outremers, explique Bénédicte Le Deley. Elle accompagne les militaires en reconversion, leur conjoint en recherche d’emploi lors des affectations et les blessés. Elle n’oriente pas, mais aide à acquérir la capacité de faire des choix sur un projet individuel futur. Un militaire peut, selon les cas, passer 20 % de son temps en formation, soit plus que la moyenne de la population française. Un engagement long (6 ans au moins) développe l’employabilité. Le suivi des carrières et de l’augmentation des compétences, par la Direction des ressources humaines, permet d’accroître les capacités à remplir certaines missions. Aujourd’hui, les recruteurs recherchent des expertises et non plus des officiers ou des sous-officiers. Défense Mobilité donne, à chaque candidat, des outils pour devenir acteur de sa transition professionnelle, à savoir comprendre le marché du travail, sa valeur personnelle et les techniques de recherche. Il s’agit d’acquérir la capacité à expliquer son projet personnel et ses perspectives de carrière et savoir utiliser les réseaux des fédérations professionnelles et des associations.

Le processus de personnalisation. Selon Dominique Lecerf, la gestion des ressources humaines des armées implique un recrutement à la hauteur des ambitions du pays, avec la garantie d’une reconversion pour les militaires après une carrière d’une durée courte ou moyenne. Dans tous les corps de métiers, l’identité du groupe imprègne l’individu, mais ne doit pas être excessive. L’acquisition de compétences va de pair avec la volonté de progresser. Le passage de la vie militaire à une activité professionnelle civile doit se faire, autant que possible, en harmonie avec un nouveau projet de vie. Ainsi, le taux de satisfaction des personnels en reconversion passe de 62 % au début à 40 % au bout de 18 mois. De plus, un tiers d’entre eux rencontre des difficultés à se maintenir dans un emploi civil trois ans après avoir quitté les armées.

Reconversion et acculturation. Dans le monde civil, les gens qui changent d’emploi éprouvent les mêmes difficulités mais pour 70 % d’entre eux ça se passe bien, indique Bruno de Lalande. Certaines entreprises partagent les mêmes valeurs de savoir être, de loyauté et de confiance. Depuis la professionnalisation des armées (2002), il est devenu plus facile pour les militaires de passer d’un monde à l’autre. Le Medef et l’État-major des armées ont constitué des groupes de travail sur la reconversion des militaires en fonction des besoins des entreprises, la réserve de défense et l’intégration des blessés à la vie civile.

Loïc Salmon

Selon un document de Défense Mobilité datant de 2015, les militaires se reconvertissent ainsi : 29 %, transport et logistique ; 14 %, services à la personne et à la collectivité, dont la sécurité ; 14 %, installation et maintenance ; 9 %, construction et bâtiments et travaux publics ; 9 %, industrie ; 6 %, support à l’entreprise ; 6 %, commerce, vente et grande distribution ; 12 %, autres secteurs, dont la fonction publique.

Monde combattant : écoute, concertation, protection et modernisation

Défense : le « plan mixité » pour la performance opérationnelle

Défense : le Plan Famille, soutien du moral des troupes




Armée de l’Air et de l’Espace : l’Escadron franco-allemand de transport tactique C-130J

Première unité aérienne européenne, l’Escadron franco-allemand de transport tactique (EFATT), hébergé sur la base 105 d’Evreux, disposera de 10 avions C-130J Super Hercules en 2024.

La colonelle Solène Le Floch, commandant la base 105, le lieutenant-colonel français, commandant l’escadron, et son adjoint allemand l’ont présenté à la presse le 3 février 2022.

Besoin capacitaire partagé. L‘accord intergouvernemental d’avril 2017 a débouché sur la création, le 1er septembre 2021, d’une unité binationale de transport tactique en vue de se porter mutuellement assistance en cas de crise et de créer une culture opérationnelle commune, rappelle la colonelle Le Floch. L’EFATT a emménagé en janvier 2022 et accueillera son premier avion allemand en février. La formation des équipages commencera début 2024 avec deux simulateurs, l’un de vol pour les pilotes (deux par avion) et l’autre de soute pour les mécaniciens. Lors de sa pleine capacité opérationnelle en 2024, l’EFATT comptera 5 appareils C-130J-30 et 5 KC-130J (ravitailleurs), Les équipages ayant suivi une formation sur C-13OJ aux Etats-Unis, l’anglais est devenu la langue de travail. Le commandant de l’escadron est français et le commandant adjoint allemand, mais les directions des opérations et de la maintenance tournent. Les équipages sont mixtes pour les missions communes, mais conservent la possibilité du cadre national autonome, chaque partie disposant de sa propre cellule de planification et de conduite. L’EFATT comptera 4 avions français, dont 2 C-130J-30 déjà livrés, et 6 allemands. Le C-130J assure des missions de protection, d’intervention et de soutien logistique : transport et largage de personnel et de fret ; recherche et sauvetage ; évacuation sanitaire ; extraction de personnel en zone de menace ; avitaillement au sol ; pour les KC-130J, ravitaillement en vol d’hélicoptères Caracal (forces spéciales) et d’avions de chasse. Il présente les caractéristiques suivantes : envergure, 40,4 m ; longueur, 34,4 m ; hauteur, 11,8 m ; poids au décollage, 74,4 t ; vitesse 860 km/h ; altitude, presque 11 km. En 2024, la flotte commune (260 militaires, dont 130 Allemands) devra effectuer 6.000 heures de vol par an. En 2021, un avion de l’EFATT, disponible à 83 % à Niamey (Niger) en soutien de l’opération « Barkhane », a transporté 11.533 passagers et 2.640 t de fret et largué 268 t de fret en 1.925 heures de vol. Deux équipes ont été mises en alerte pour préparer une évacuation de 600 personnes de Kaboul (Afghanistan).

Projection et sûreté aériennes. La base 105 abrite des unités opérationnelles (2.100 personnels) et de soutien (350 personnels). Ainsi, la 64ème Escadre de transport met en œuvre des appareils de transport tactique C-160R Transall et CN-235 Casa, de recueil de renseignement C-160 Gabriel et des avions légers de surveillance et de reconnaissance ALSR Vador. L’Escadre aérienne de commandement et de conduite projetable détecte la menace en cas d’événement en métropole. En opération extérieure, elle donne aux forces spéciales et aux forces interarmées la capacité d’entrer en premier sur un théâtre, grâce aux moyens techniques acheminés par avion gros porteur, type Antonov ukrainien ou Galaxy américain : radar ; système C2 Giraffe ; station satellite à haut débit tactique ; radar multi-missions GM200 ; centre opérationnel des services de circulation aérienne déployable ; faisceau hertzien IP. Les effectifs en mission varient de 10 à 60 personnes.

Loïc Salmon

Défense : démonstrateur SCAF, missile ANL et futur site du Commandement de l’espace

Afrique : une base aérienne projetée pour « Barkhane »

Armées de l’Air et de Terre : interopérabilité en transport tactique et aérolargage




Aviation militaire : MCO, assurer la disponibilité entre flottes, Opex et métropole

Le soutien de sa base industrielle et technologique de défense, qui permet à la France de conserver sa liberté d’action, a notamment nécessité une réforme structurelle du maintien en condition opérationnelle (MCO) des moyens aériens des trois armées.

L’ingénieur général hors classe Monique Legrand-Larroche, à la tête de la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé), l’a présentée à la presse, le 6 janvier 2022 à Paris.

En 2017, la disponibilité technique des aéronefs militaires était inférieure à 50 % avec des disparités, à savoir « excellente » en opérations extérieures (Opex) mais « faible » en métropole, au détriment de l’entraînement. La DMAé, résulte de la transformation de l’ancienne SIMMAD (Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense). La Loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit 5,8 Mds/an pour le MCO, dont 3 Mds€/an pour l’aéronautique.

La réforme. La DMAé, placée directement sous l’autorité du chef d’Etat-major des armées, assure la maîtrise d’ouvrage étatique, comme cliente des industriels qui réalisent les travaux de bout en bout (maîtrise d’œuvre). Elle gère 1.150 aéronefs de 41 types différents tout au long de leur vie, de leur conception à leur retrait du service. Ainsi en 19 mois, 220 aéronefs et 350 moteurs ont été démantelés avec valorisation des matériaux recyclables. A l’été 2022, les flottes d’avions ravitailleurs C-135 et de transport tactique C-160 Transall feront l’objet de contrats de cession ou de démantèlement. Alors que le MCO d’un aéronef impliquait jusqu’à 30 contrats différents en 2017, un seul industriel gère la chaîne de sous-traitants pour la maintenance de chaque flotte avec un guichet unique pour la logistique. La durée du contrat a été portée à 10 ans. La DMAé a élaboré un fonctionnement en « plateau », qui regroupe industriels et utilisateurs opérationnels (pilotes et mécaniciens). L’industriel peut alors planifier, investir, recruter, innover et anticiper les obsolescences techniques. Sa rémunération dépend du nombre d’heures de vol des forces armées. Par ailleurs, le nouveau système « Brasidas » d’information numérique traite la navigabilité de flotte, l’exécution de la maintenance et la gestion du personnel.

Ses effets. Les disponibilités réalisées s’établissent ainsi : avion de chasse Rafale Marine, de 53 % en 2018 à 61 % en 2021 ; avion de patrouille maritime ATL2, de 24 % à 31 % ; Rafale Air, de 53 % à 55 % ; avion de transport stratégique et tactique A400M, de 27 % à 35 % ; hélicoptère d’attaque Tigre, de 29 % à 35 % ; hélicoptère polyvalent Dauphin/Panther, de 40 % à 46 % ; hélicoptère de manœuvre Cougar, de 24 % à 31 % ; hélicoptère de défense aérienne et de recherche et sauvetage Fennec, de 2.500 heures de vol à 5.100 ; pods, de 47 % à 54 %. La directrice de la DMAé a aussi annoncé la notification, le 29 décembre 2021, de deux importants contrats aéronautiques. Ainsi, la société Dassault a obtenu le marché « Balzac » des MCO des Mirage 2000 de l’armée de l’Air et de l’Espace pour garantir leur pérennité jusqu’en 2035. De même, Thalès va assurer, jusqu’en 2031, le soutien du Système de commandement et de contrôle des opérations aérospatiales. Ce dernier effectue la surveillance de l’espace aérien, la coordination de la défense sol-air, la planification, la programmation et la conduite des opérations sur le territoire national et en Opex. Thales va aussi mettre en place des guichets logistiques industriels sur des sites étatiques.

Loïc Salmon

Aviation militaire : les Rafale F3-R en service opérationnel

Aéronautique militaire : perspectives capacitaires

Marine nationale : l’aéronavale, tournée vers les opérations




Défense : le sport, du haut niveau à la reconstruction

Préparation à l’engagement opérationnel, réinsertion des blessés, cohésion interarmées et partage des valeurs militaires constituent les objectifs du plan « Sports 2025 », qui va du sport d’élite à celui pour tous.

Le sport dans les armées a été présenté à la presse, le 8 juillet 2021 à Paris, par Hervé Grandjean, porte-parole du ministère, et le commissaire en chef de 1ère classe Hervé Piccirillo, commandant le Centre national des sports de la défense (CNSD).

Une organisation cohérente. Premier contributeur au soutien des sportifs français de haut niveau, le ministère des Armées partage avec eux les mêmes valeurs, à savoir performance, rigueur, courage, don de soi et respect des autres, souligne Hervé Grandjean. Créé en 2006, le CNSD assure ce soutien sous l’autorité du chef d’Etat-major des armées. Implanté à Fontainebleau, il comprend l’Ecole interarmées des sports et l’Ecole militaire d’équitation. Disposant d’un budget annuel de 4,5 M€, le CNSD assure d’abord la préparation physique et mentale des militaires, en raison d’un contexte d’engagement opérationnel toujours plus difficile. En outre, grâce à la pratique du sport, les blessés peuvent lutter contre le stress et l’isolement et se dépasser, malgré leur handicap. De plus, lors des compétitions internationales, les athlètes de haut niveau contribuent au rayonnement des armées françaises. Enfin, pour renforcer le lien entre la nation et ses armées, celles-ci organisent, au niveau local, des actions sportives avec les collectivités territoriales et les fédérations sportives.

Une montée en puissance. Après la seconde guerre mondiale, la France prend la tête du Conseil international du sport militaire, destiné à prôner l’amitié et la paix entre les peuples par le sport de compétition, indique le commissaire Piccirillo. Le « Bataillon de Joinville » est alors constitué en 1956 pour optimiser l’entraînement des sportifs de haut niveau en âge d’effectuer leur service militaire. A partir de 1967, il accueille 450 à 550 jeunes athlètes, issus de 54 fédérations sportives, au sein de l’Ecole interarmées des sports. A la suspension de la conscription et la mise en sommeil du bataillon en 2002, son palmarès s’établit à : 20.500 athlètes du contingent et de carrière ; 45 médailles olympiques ; 312 titres mondiaux ou militaires ; 952 titres nationaux ou internationaux. En 2003 et 2014, des accords-cadres interministériels visent à développer le sport de masse et celui de haut niveau au sein des armées. Réactivé, le Bataillon de Joinville devient « l’Armée de Champions » sous la direction du commissaire aux sports militaires, commandant du CNSD. Ce dernier recrute sous contrat des athlètes comme militaires du rang avec un emploi du temps adapté aux compétitions. Comme 20 % d’entre eux restent dans les armées, certains deviennent sous-officiers et même officiers. En 2021, cette armée de 148 sportifs de haut niveau, (26 en situation de handicap) se répartit entre 77 pour l’armée de Terre, 13 pour l’armée de l’Air et de l’Espace, 11 pour la Marine nationale, 21 pour la Gendarmerie nationale et 26 pour le Secrétariat général pour l’administration et le ministère de l’Intérieur. Aux Jeux olympiques (JO) de Rio de Janeiro en 2016, les femmes représentaient 46 % de l’Armée de Champions. Aux Jeux paralympiques (JP), elles ont remporté 67 % des médailles. La sélection des athlètes pour les compétitions relève uniquement des fédérations sportives. En 2021, celles-ci ont envoyé 54 athlètes militaires (15 disciplines) aux JO de Tokyo (23 juillet-8 août) et 20 (11) aux JP (24 août-5 septembre).

Loïc Salmon

Blessures et sports adaptés : reconstruction physique et psychique

Défense : les blessés et les jeunes du SNU à l’honneur

Défense : la féminisation des armées, un enjeu opérationnel

 




Défense : la laïcité, facteur de cohésion dans les armées

L’aumônerie militaire apporte un soutien cultuel, spirituel et moral à ceux qui le souhaitent, dans le respect de la laïcité en vigueur en France. De plus, elle conseille le commandement.

Outre Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées, les aumôniers en chef (AUMC) des principales religions pratiquées l’ont expliqué à la presse, le 24 juin 2021 à Paris : Mgr Antoine de Romanet, évêque aux Armées ; le rabbin Joël Jonas ; l’imam Nadir Méhidi ; le pasteur Etienne Waechter. Par ailleurs, un prêtre orthodoxe non AUMC est détaché au sein de la Légion étrangère. Même s’il n’y a pas d’AUMC bouddhiste, des contacts existent avec l’Union bouddhiste de France.

Une longue histoire. La laïcité s’oppose à la reconnaissance d’une religion d’Etat. Juridiquement, elle repose sur le principe de séparation des sociétés civile et religieuse dans l’Etat, qui observe impartialité et neutralité à l’égard des religions. En France, la loi de 1905 sur la laïcité garantit la liberté de conscience et de culte dans toutes les administrations publiques. Toutefois, pour les militaires, souligne Hervé Grandjean, les impératifs de la mission et le principe de cohésion l’emportent sur l’expression religieuse. La première aumônerie militaire remonte…à Pépin le Bref en 742 ! François Ier instaure la Grande Aumônerie du Roi en 1541. Louis XIII autorise le culte protestant dans les armées en 1626. Supprimée sous la Révolution (1789-1799), l’aumônerie militaire est rétablie sous la Restauration (1815-1830). Suite à la campagne d’Egypte (1798-1801), des imams servent dans les armées depuis l’époque napoléonienne. En 1866, Napoléon III organise, par décret, l’aumônerie militaire en temps de guerre. En 1874, la Troisième République promulgue une loi sur la présence permanente d’aumôniers catholiques, protestants et israélites. La loi du 8 juillet 1880, qui réaffirme la liberté de culte au sein des armées et le principe de l’aumônerie militaire, a donc précédé de 25 ans celle sur la laïcité. La mosquée de Paris est construite en 1926. Le Conseil français du culte musulman, qui représente les musulmans de France auprès des instances étatiques pour les questions religieuses, est institué en 2003. L’aumônerie militaire du culte musulman suit deux ans plus tard.

Un statut particulier. Les aumôniers militaires portent un uniforme, emblème de la communauté militaire, indique Hervé Grandjean. Leur insigne, formé de deux branches d’olivier entrecroisées, inclut un signe spécifique de reconnaissance : la croix pour les catholiques et les protestants ; les tables de la Loi pour les juifs ; le croissant pour les musulmans. Chaque aumônerie, dirigée par un AUMC, comprend des laïcs, dont des femmes. Le ministère des Armées rémunère les aumôniers selon l’âge et un barème de soldes variant du grade de lieutenant à celui de lieutenant-colonel. En 2019, il disposait de 209 aumôniers militaires d’active, 66 de la réserve opérationnelle et 83 de la réserve citoyenne. Environ 80 d’entre eux étaient déployés en opération. Leur recrutement se fait sur proposition de chacune des autorités religieuses civiles, à savoir le Diocèse aux armées françaises, la Fédération protestante de France, le Consistoire central israélite et le Conseil français du culte musulman. Outre un niveau théologique minimum, tout candidat doit avoir obtenu le diplôme universitaire de formation à la laïcité, rendu obligatoire par le décret du 3 mai 2017 pour tout futur aumônier pénitentiaire, hospitalier ou militaire, quel que soit son culte. Les aumôniers militaires, tous cultes confondus, reçoivent également une formation spécifique d’une durée de trois semaines à l’Ecole des commissaires des armées de Salon-de-Provence.

Le culte catholique. L’aumônier partage la vie de tous dans des dimensions d’écoute, de disponibilité et de confidentialité, indispensables quand les militaires se trouvent éloignés de leurs bases géographique, familiale et culturelle, souligne Mgr de Romanet. Il est à l’aise avec chacun, car il a le même grade que son interlocuteur. Il devient un compagnon d’armes des soldats, dont l’engagement légitime le droit de donner la mort. Les informations sur le moral des troupes remontent à l’AUMC, qui dépend du chef d’Etat-major des armées. Les armées vivent la laïcité de « façon exemplaire » dans le respect des croyances de chacun. La séparation des domaines politique et religieux fait partie intégrante de la religion chrétienne. Ni l’un ni l’autre ne présentent de caractère totalitaire, contre lequel la laïcité constitue un rempart pour la liberté. A cet égard, précise Mgr de Romanet, les quatre AUMC se rencontrent une fois par mois.

Le culte israélite. Au sein des armées, les quatre religions vivent ensemble et dialoguent, indique le rabbin Jonas. Une religion mal comprise peut devenir le ferment d’un conflit. Les accents qui se propagent sur les réseaux sociaux inquiètent 95 % des juifs français. Quand on a la foi, porter la mort n’est pas gratuit, précise l’AUMC. C’est le signe d’un engagement très fort pour servir les valeurs de la France. Les militaires voient parfois des scènes épouvantables, dont ils ont du mal à gérer et contrôler les images ensuite. La guerre du Golfe (1991) a donné lieu à une prise de conscience du syndrome post-traumatique, pour lequel les armées ont fait beaucoup d’efforts. Aux militaires qui en ont besoin, les aumôniers apportent un soutien sur tous les plans. Aux questions les plus courantes sur la vie quotidienne, ils apportent leur savoir-faire pour trouver les mots qui parlent à l’épouse et aux enfants ou suscitent confidence, confiance et amitié.

Le culte musulman. L’engagement de musulmans dans les armées françaises remonte à 1802, rappelle l’imam Méhidi. Suite à l’instauration du Conseil français du culte musulman en 2003, 36 aumôniers militaires, hommes et femmes, sont aujourd’hui présents dans les unités militaires en métropole et en opérations extérieures. Pendant la pandémie du Covid 19, ils accompagnent les familles dans l’accomplissement du deuil sur les plans religieux et moral. Au quotidien, les militaires musulmans pratiquent leur culte et conjuguent leur foi avec leur situation professionnelle. Ils concourent ainsi au succès de leur mission et tout en assouvissant leur quête de sens grâce à leur spiritualité, souligne l’imam Méhidi.

Le culte protestant. Dans les armées françaises, la laïcité permet une cohabitation des religions, dont les spécificités facilitent la compréhension et l’action communes, estime le pasteur Waechter. Elle constitue un aspect particulier des relations entre les religions, représentées par les aumôniers, et l’Etat, représenté par les armées détentrices de la force légale. Loin de les opposer, elle débouche sur une approche concrète et collaborative, fondée sur la raison d’être des aumôneries, quel que soit leur culte. Celles-ci sont destinées à aider les militaires, hommes et femmes, s’ils le souhaitent et dans des domaines divers et non exclusivement celui de la spiritualité. Les AUMC restent à l’écoute permanente du commandement. Quant aux blessés psychiques, le Service de santé des armées assure leur prise en charge. Les aumôniers n’interviennent auprès des familles que s’ils sont sollicités, précise le pasteur Waechter.

Loïc Salmon

Géopolitique : poids de l’élément religieux dans les relations internationales

Diplomatie : prise en compte du fait religieux dans le monde

Etats-Unis : influence religieuse sur la politique étrangère




Défense : les infrastructures, de la construction à l’expertise

Le Service d’infrastructure de la défense (SID) intervient, partout et en tout temps, pour assurer la résilience du ministère des Armées, des hébergements aux grands programmes d’armement et sites nucléaires.

Son directeur central, le général de corps d’armée Bernard Fontan, l’a présenté à la presse, au cours d’une visioconférence à Paris le 27 mai 2021.

Eventail complet de capacités. Placé sous l’autorité du Secrétariat général pour l’administration, le SID construit et adapte les infrastructures des forces armées, directions et services, en métropole, outre-mer et opérations extérieures (Opex). Outre la maintenance lourde des infrastructures communes, il réalise celles destinées à l’entraînement des forces et à la collecte de données. En Opex, il met en œuvre centrales électriques, installations pyrotechniques, centres médico-chirurgicaux et unités de traitement de l’eau (captage, filtrage, distribution, retraitement des eaux usées et leur rejet dans la nature). Ses 6.600 personnels (67 % civils et 33 % militaires) traitent 4.100 immeubles et 2,7 Mdsm2 de terrain, 30,5 Mm2 de surface bâtie et 230 M€ d’achat d’énergie. Leurs domaines de compétences incluent les ports, installations nucléaires, centres de traitement des déchets, monuments historiques et forêts.

Programmes majeurs. Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2019-2025, le SID réalise notamment les infrastructures d’accueil et de soutien des sous-marins d‘attaque Barracuda à Toulon et les travaux à l’Ile Longue (Brest), base de la Force océanique stratégique. Pour l’armée de l’Air et de l’Espace, il adapte les infrastructures des bases de Mont-de-Marsan et d’Orange pour le soutien des avions de chasse Rafale. Il reconfigure la base d’Istres pour l’accueil des Airbus A330 MRTT de la 31ème Escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégique dédiée à la dissuasion nucléaire. Pour l’armée de Terre, le SID réalise les infrastructures relatives au programme de combat collaboratif Scorpion (écoles, centres de maintenance et régiments).

Organisation. Créé en 2011, le SID a réalisé un maillage fin du territoire, indique le général Fontan. Son réseau s’articule autour d’une direction centrale, d’un centre d’expertise et d’un centre national de production à Versailles et de sept établissements répartis en métropole. Ces derniers comprennent 49 unités de soutien au plus près des bases de défense, qui disposent d’antennes pour soutenir les régiments, bases aériennes et navales ainsi que les centres de la Direction générale de l’armement. A ces quelque 200 sites s’ajoutent les unités implantées hors du territoire métropolitain, à savoir à Cayenne (Guyane), Fort-de-France (Martinique), Nouméa (Nouvelle-Calédonie), Papeete (Polynésie française), Saint-Denis (La Réunion), Abou Dhabi (Emirats arabes unis), Abidjan (Côte d’Ivoire), Dakar (Sénégal), Libreville (Gabon) et Djibouti. Le SID suit les consommations d’énergie et optimise les contrats d’achat d’électricité et de gaz. Il assure la transition énergétique globale en identifiant les sites les plus gourmands, afin de diminuer leur consommation, respecter les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de recourir aux énergies alternatives. Cela implique le remplacement des chaudières à gaz, l’arrêt du charbon en 2024 et l’installation de panneaux photovoltaïques. Depuis 2017, le SID recrute plus de 400 personnes par an. Son budget est passé de 1,5 Md€ en 2015 à 2,1 Mds€ en 2020.

Loïc Salmon

Défense : relance de la politique immobilière des armées

La sûreté nucléaire des installations de défense

Défense : la stratégie énergétique, un atout opérationnel pour la résilience




Défense : la réserve opérationnelle, outil indispensable aux armées

La Garde nationale crée une dynamique de l’engagement dans la réserve, militaire ou de sécurité. L’Etat-major des armées y puise des personnels de renfort, en fonction de ses besoins et des qualifications des réservistes.

La réserve a fait l’objet d’une présentation à la presse, le 6 octobre 2020 à Paris, par le général de division Walter Lalubin, délégué interarmées aux réserves, et le général de brigade aérienne Véronique Batut, secrétaire générale de la Garde nationale.

Imbrication permanente. Conseiller du chef d’Etat-major des armées, le délégué interarmées aux réserves lui propose des évolutions en fonction des capacités des armées. Tous les citoyens français concourent à la défense de la nation. Ce devoir peut s’exercer, dès l’âge de 17 ans, par une participation à des activités militaires dans la réserve. Les réservistes, militaires à part entière, peuvent effectuer les mêmes missions que les personnels d’active, y compris dans les forces spéciales et le renseignement. Les armées assurent leurs entraînement, préparation opérationnelle et maintien en condition opérationnelle. En 2020, 1.000 réservistes par jour ont participé aux opérations « Sentinelle » (protection du territoire) et « Résilience » (crise sanitaire du Covid-19). Pendant le pic de mars à juin, cette dernière a impliqué 3.000 militaires, dont 500 réservistes, pour l’assistance médicale (médecins, infirmiers et praticiens), la protection et la logistique santé, en appui du ministère des Solidarités et de la Santé, qui a mobilisé ses propres ressources de réserve. Par ailleurs, souligne le général Lalubin, outre la lutte contre le terrorisme (opération « Barkhane » au Sahel), les armées doivent se préparer au risque de confrontation conventionnelle de haute intensité. Environ un tiers des réservistes opérationnels font partie d’unités spécifiques de réserve des armées de Terre et de l’Air pour des missions de protection. Les autres suivent une formation en prévision d’un emploi, individuel ou en petit module, sur tous les théâtres d’opération. Le doublement des effectifs de la réserve opérationnelle a permis de compenser la diminution de ceux des armées d’active. Cette attrition, estimée à 75.000 postes, a résulté de la Révision générale des politiques publiques (2007-2012) et de la Modernisation de l’action publique (2012-2017). Outre la réserve opérationnelle de niveau I (voir encadré ci-dessous), le ministère des Armées dispose d’une réserve opérationnelle de niveau 2 (RO2), constitué d’anciens militaires de carrière ou sous contrat et de personnes ayant accompli un volontariat dans les armées. Tous sont soumis à l’obligation de disponibilité dans la limite de 5 ans à compter de la fin de leur lien au service. Mobilisable par décret du Premier ministre, la RO2 s’est montée à 58.000 réservistes en 2019. Avec les anciens du Service militaire volontaire et les volontaires issus du Service militaire adapté (insertion socioprofessionnelle au profit des jeunes des outre-mer), cette RO2 atteint 80.000 personnels de tous grades. Les réservistes opérationnels effectuent des carrières courtes, souvent de l’ordre de 3 à 5 ans. Par ailleurs, la « réserve citoyenne de défense et de sécurité » (RCDS) accueille les Français volontaires et bénévoles, pour servir comme « réserviste citoyen » au sein d’une armée ou d’un organisme rattaché. Contributeurs au rayonnement des armées, ils diffusent des informations sur elles au sein de la société civile, sous condition d’agrément. Le ministère des Armées a ainsi délivré 4.000 agréments RCDS en 2019. Conformément aux évolutions des lois de programmations militaires 2014-2019 et 2019-2025, le budget des réserves est passé de 70 M€ en 2016 à 170 M€ en 2020. La Garde nationale constitue un forum d’échanges de réflexion, d’études et de pratiques, conclut le général Lalubin.

Synergie des expériences. Créée le 13 octobre 2016 après les attentats terroristes de 2015, la Garde nationale (GN) repose sur deux piliers, rappelle sa secrétaire générale : deux tiers de réservistes pour la sécurité civile au sein de la Gendarmerie et de la Police, dépendant du ministère de l’Intérieur ; un tiers pour le ministère des Armées. Les personnels de 20 à 40 ans constituent la moitié des effectifs de la GN au 1er janvier 2020. Un réserviste sur deux vient du monde du travail. La sécurité intéresse surtout les gens ayant servi dans la Police. La GN leur apporte les bonnes pratiques des armées et autres composantes. Elle doit en priorité faire savoir les besoins des ministères de l’Intérieur et des Armées et connaître les attentes des réservistes. Ses objectifs en 2020 portent sur : l’accompagnement financier ; la valorisation de l’engagement des réservistes ; le partenariat avec leurs employeurs pour répondre à leurs attentes ; un accès amélioré à l’information par l’ouverture d’une plate-forme internet.

Journées nationales des réservistes. Sur le thème de l’engagement individuel à l’engagement collectif destiné à favoriser la cohésion nationale, la GN organise les « Journées nationales des réservistes » du 10 octobre au 12 novembre 2020 sur l’ensemble du territoire national.  En effet, les crises successives amènent les employeurs et les établissements d’enseignement à s’interroger sur l’impact sociétal des réservistes. Atouts opérationnels de leurs unités, ceux-ci représentent également la GN au sein de leurs environnements professionnels, sociaux et familiaux. Pendant les journées nationales des réservistes, des événements, dénommés « Rencontres de la Garde nationale » permettent au grand public de prendre la mesure des engagements des réservistes, hommes et femmes, qui garantissent une mobilisation quotidienne. Des réservistes y apportent leur témoignage en « présentiel », par visioconférence ou diffusion de vidéos en raison du contexte sanitaire. Ces rencontres ont rassemblé 54.000 personnes en 2019. Les Journées nationales sont organisées en coopération avec les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, les entreprises, les collectivités territoriales et les associations de réservistes. Elles se terminent le 12 novembre par un ravivage de la Flamme à l’Arc de Triomphe à Paris, cérémonie organisée par le commandement des réserves de la Gendarmerie nationale et le secrétariat général de la Garde nationale.

Loïc Salmon

La réserve d’engagement de premier niveau (RO1) est constituée de volontaires issus de la société civile, des armées d’active ou d’anciens appelés du contingent. Tous doivent souscrire un engagement à servir dans la réserve. En 2019, 40.321 personnes ont intégré la RO1, contre 26.000 en 2016. Ils ont été répartis ainsi : 24.255 dans l’armée de Terre ; 6.252 dans la Marine nationale ; 5.759 dans l’armée de l’Air ; 3.325 dans le Service de santé des armées ; 524 dans le Service du commissariat des armées ; 206 dans le Service des essences des armées. 4.000 réservistes sont employés chaque jour, dont plus de 1.000 dédiés à la protection du territoire national. 48 % sont issus de la société civile et 37 % sont âgés de moins de 30 ans. Chaque réserviste effectue en moyenne 40 jours d’activités par an, alors que l’objectif a été fixé, en 2016, à 36,5 jours/an.

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CEMA : assurer la capacité de la France à assumer son rang

Disposer d’armées prêtes à l’engagement sans délai et préserver la singularité militaire constituent les priorités du général François Lecointre, chef d’Etat-major des armées (CEMA).

Il l’a expliqué lors d’une réunion organisée, le 22 janvier 2020 à Paris, par l’Association des journalistes de défense.

L’engagement au Sahel. L’opération « Barkhane » dans la bande sahélo-saharienne vise à éviter la contagion du terrorisme et à maintenir le cloisonnement entre les groupes armés d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est, qui prospèrent sur les confrontations ethniques et religieuses. Ces groupes disposent d’une technologie des engins explosifs improvisés de plus en plus sophistiquée et emploient des drones avec efficacité. Ils se réfèrent à « l’Etat islamique dans le Grand Sahara », aligné sur Daech qui se maintient par la propagande. La force « Barkhane », soit 4.500 hommes renforcés récemment par 220 personnels, concentre ses efforts sur la zone des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Elle bénéficie de l’appui des troupes françaises en Côte d’Ivoire et va recevoir, à l’automne 2020, celui d’un contingent de forces spéciales européennes (Estonie, Belgique, République tchèque, Finlande, Norvège et Suède) de l’unité « Takuba », qui assurera la reconstruction des armées locales, leur préparation opérationnelle et le contrôle de la sécurité. La Mauritanie protège la zone à l’Ouest. Un bataillon sénégalais est déployé sur le fuseau Ouest, un bataillon malien sur le fuseau Centre et un bataillon nigérien sur le fuseau Est. La force « Barkhane » est parvenue à maintenir la violence au niveau le plus bas possible, malgré la propagande anti-française alimentée par des factions politiques locales, mais ne peut pas continuer seule, souligne le général Lecointre. Lors du sommet de Pau (13 janvier 2020), le président de la République, Emmanuel Macron, a rappelé les pertes de soldats français et nigériens fin 2019 à ses homologues du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) pour qu’ils mettent à profit les efforts tactiques des armées pour restaurer l’autorité de l’Etat dans leur pays et y assurent la sécurité, clé du développement, par les efforts budgétaires nécessaires.

D’autres acteurs. La force « Barkhane » ne dispose pas de moyens suffisants pour surveiller toute la bande sahélo-saharienne, aussi vaste que l’Europe. Elle dépend des moyens de transport stratégique, de renseignement d’origine électromagnétique et de ravitaillement en vol et des drones américains. Selon le CEMA, les Etats-Unis comprennent que la France ne peut agir seule dans cette région et que le retrait de leurs forces serait contre-productif. Par ailleurs, les relations avec la Russie ont repris, notamment aux niveaux de la Direction du renseignement militaire et de l’armée de Terre. Le CEMA dispose d’une ligne téléphonique directe avec son homologue russe, le général Valery Gerasimov. Des entretiens ont eu lieu sur le terrorisme et l’emploi de l’arme chimique en Syrie. Il s’agit d’éviter une confrontation militaire au Levant et une déstabilisation en Centrafrique.

La spécificité militaire. Selon le CEMA, le haut commandement souhaite conserver des armées jeunes, garanties de leur efficacité et de leurs forces morales et physiques, en facilitant les flux sortants. Les officiers et sous-officiers bénéficient de la jouissance immédiate de leur retraite, avec des points de bonification en fonction de leurs engagements dans certaines opérations et des primes liées à leurs spécialités. Les opérations sont conduites selon le code de la défense.

Loïc Salmon

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Armement : exposition virtuelle de 50 ans d’innovations

A l’occasion de son cinquantenaire, le Corps de l’armement a mis en ligne, sur internet, une exposition permanente sur les innovations dans les grands programmes qui ont contribué à la souveraineté de la France.

Accessible depuis mars 2019 et réalisée par la Confédération amicale des ingénieurs de l’armement et le Conseil général de l’armement, cette exposition a été présentée, le 22 mai 2019 à Paris, par Stéphanie Dameron, professeur à l’Université Paris-Dauphine, et les ingénieurs généraux (2S) de l’armement Alain Crémieux et Pierre-André Moreau.

Audace technique. Les grands projets, pilotés par des ingénieurs de l’armement, ont parfois profité aux programmes civils. Avec leur histoire écrite par certains responsables au sein de l’Etat ou de l’industrie, sont ainsi présentés : le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle ; l’avion supersonique Concorde, aujourd’hui retiré du service ; le Mirage IV, atout maître des forces aériennes stratégiques ; le canon automoteur de 155 mm Caesar aérotransportable, outil des opérations extérieurs (photo) ; l’hélicoptère d’attaque franco-allemand Tigre, déployé en Afghanistan (2001-2014), Libye (2011) et Mali (2013) ; le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) de nouvelle génération Le-Triomphant ; l’avion de combat Rafale et ses systèmes d’armes qui ont remplacé sept types d’appareils en service dans l’armée de l’Air et la Marine nationale ; l’Airbus A380, un paquebot du ciel peut-être en avance sur son temps. La thématique de l’espace est aussi abordée. Enfin, le site devrait s’enrichir d’autres grands projets au fil des années.

Objectifs. Cette exposition numérique vise d’abord à inciter les jeunes générations de diplômés scientifiques à travailler dans l’armement, indique Stéphanie Dameron. Elle retrace les grands programmes, où prouesses technologiques et engagements politiques ont permis la dissuasion nucléaire et le maintien de la paix. Certains d’entre eux, connus du grand public, ont exercé un impact socio-économique et gardé la maîtrise de leurs coûts. Les industries de l’aéronautique et de la construction navale, développées sur le territoire national, continuent d’exister. En complément, ingénieurs et personnels opérationnels témoignent de leur expérience.

Réorganisation. En pleine guerre froide (1947-1991), rappelle Alain Crémieux, la France fait exploser sa première bombe atomique en 1960 dans le désert du Sahara puis une bombe thermonucléaire en 1968. Cette date marque aussi la création de la Délégation ministérielle pour l’armement, qui deviendra l’actuelle Direction générale de l’armement, et du Corps de l’armement regroupant les ingénieurs militaires de six domaines (terre, air, mer, télécommunications, poudres et hydrographes). Les motivations sont d’abord d’ordre technique (armes nucléaires et engins stratégiques) puis tactique (armes antichar) avec l’électronique et l’informatique. S’y ajoute la nécessité de regrouper les armées et l’armement autour d’un seul ministre. En 1968, les Etats-Unis n’imaginaient pas que la France puisse construire des SNLE.

Synthèse. Les innovations des programmes ont résisté jusqu’en 2019, souligne Pierre-André Moreau. En outre, l’exposition numérique se veut objective en termes d’emploi et de « vie » de certaines activités. Un étudiant conclut : « Quand on pense innovations, on pense aux startups. Quand on travaille dans la défense, on a l’impression de contribuer à quelque chose de grand. »

(www.armement-innovations.fr)

Loïc Salmon

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