Japon : stratégie de défense et de sécurité et programmation militaire renforcées

Conséquence de la guerre en Ukraine, le Japon a décidé de se doter des capacités de dissuasion d’une invasion de son territoire et de sa défense en première ligne. Toutefois, il doit trouver un équilibre entre les États-Unis, son protecteur militaire, et la Chine, son premier partenaire économique, dont la rivalité devrait s’exacerber dans les dix prochaines années.

Dans une note publiée le 24 mars 2023 en région parisienne par la Fondation pour la recherche stratégique, Valérie Niquet, maître de recherche, analyse la nouvelle stratégie de sécurité et de défense du Japon et son programme militaire 2023-2027.

Augmentation des capacités militaires. Dès 2027, le Japon veut pouvoir répondre efficacement à une invasion ennemie avec le soutien des États-Unis, conformément au traité bilatéral de sécurité de 1951 qui autorise la présence de forces armées américaines sur son territoire. A l’horizon 2030, il compte pouvoir repousser une attaque plus tôt et plus au large. Cela nécessite d’abord de développer des capacités dans sept domaines prioritaires : tirs à distance de sécurité ; renforcement de la défense anti-aérienne et antimissiles ; développement d’une force de drones ; renforcement de la synergie entre les opérations dans les milieux terrestre, aérien, maritime et spatial ; le cyber ; le commandement et la conduite des opérations (renseignement, déploiement et mobilité) ; l’action militaire dans la durée et la résilience. Par ailleurs, le Japon compte porter le budget de sa défense à 2 % de son produit intérieur brut en 2027 (voir encadré) et acquérir plusieurs centaines de missiles de croisière américains Tomahawk de 1.500 km de portée, afin de contre-attaquer jusque dans le territoire ennemi. Vers 2030, le Japon devrait étendre la portée de ses propres missiles antinavires T12 à 1.000 km, soit la distance le séparant de la Corée du Nord. Combinée à la défense anti-missiles, cette allonge vise à dissuader une attaque de l’ennemi par missiles balistiques, de croisière ou hypersoniques ou à l’empêcher de lancer une seconde frappe. Il s’agit de ralentir sa décision et de compliquer son calcul du bénéfice escompté par rapport au coût induit. Tout cela implique un partage du renseignement avec les États-Unis. Dès septembre 2022, les deux pays ont décidé d’analyser conjointement les informations fournies par les drones américains MQ9 Reaper. En novembre, les forces navales d’autodéfense japonaises ont procédé, au large de l’archipel d’Hawaï, à des tirs d’essais de missiles Aegis SM3 block IB et SM3 block IIA, développés en commun par les États-Unis et le Japon. Ce dernier va renforcer ses moyens satellitaires de renseignements optiques et coordonner leur exploitation. Aujourd’hui, seuls les États-Unis peuvent lui fournir les renseignements nécessaires au ciblage d’objectifs ennemis et aux frappes à longues distances.

Menaces en Extrême-Orient. Le Japon est d’abord préoccupé par l’activité de Chine dans la région, qui n’hésite pas à recourir à la force ou à la coercition pour modifier une situation. En effet, elle manifeste une présence navale constante devant les îles japonaises de Senkaku et multiplie les intimidations militaires autour de Taïwan, tout en prônant une réunification pacifique. En outre, elle accroît ses capacités militaires par l’intégration des technologies civiles et le développement de missiles hypersoniques, qui réduisent l’efficacité des systèmes japonais de défense antimissiles. Selon Tokyo, sa stratégie de déni d’accès vise à dissuader ou à ralentir l’intervention de puissances étrangères dans sa zone d’action potentielle, notamment face à Taïwan et au Japon. Toutefois, les intérêts économiques du Japon restent considérables en Chine, où sont installées plus de 40.000 de ses entreprises et où ses investissements représentent 16,9 % du total des investissements directs étrangers. La volonté de réduction de cette dépendance économique se heurte à l’impossibilité d’un découplage. Outre l’importance du marché chinois, les entreprises japonaises rentabilisent leurs investissements par la capacité de la Chine à produire de façon réactive à des prix encore compétitifs. Quoique 63 % des entreprises japonaises estiment que le rivalité Chine-États-Unis constitue un risque pour le monde, elles sont 30 % à l’imputer à la Chine et 70 % aux États-Unis, dont les règles de contrôle des investissements et des exportations sont perçues comme de entraves. Cette vision rejoint celle de l’Union européenne. Toutefois, comme les Pays-Bas, le Japon a décidé de ne pas fournir à la Chine les technologies de production de semi-conducteurs de dernière génération. Par ailleurs, la Corée du Nord reste la deuxième menace pour le Japon, en raison de la multiplication de tirs de missiles dans la mer du Japon de la perspective d’un nouvel essai nucléaire. La Russie arrive en troisième position, par suite de son rapprochement avec la Chine et de l’organisation d’exercices militaires communs au large du Japon, notamment dans le détroit de Tsushima séparant les îles de Honshu et de Hokkaïdo. Pour Tokyo, le conflit russo-ukrainien apparaît comme un signal d’alarme du risque de guerre imminente, avec la similitude des situations de l’Union européenne et du Japon face aux menaces russes et chinoises.

Coopérations interalliées accrues. Vu le contexte régional tendu, le Japon entend renforcer son alliance avec les États-Unis et profiter de sa dissuasion nucléaire. Lui-même s’interdit de posséder, d’importer ou d’introduire des armes nucléaires sur son territoire…depuis1967 ! De leur côté, les États-Unis attendent de lui un plan d’action en cas de conflit dans le détroit de Taïwan. Actuellement, les forces américaines stationnées au Japon ne peuvent intervenir à partir de leurs bases qu’avec l’autorisation de Tokyo. Le conflit russo-ukrainien a donné au Japon l’occasion de se ranger du côté de l’Occident, de fournir une aide économique et du matériel paramilitaire défensif à l’Ukraine et d’accueillir certains de ses ressortissants, qualifiés de « personnes déplacées » et non pas de « réfugiés » pour éviter de créer un précédent. Cette guerre souligne l’importance des stocks de munitions, des drones et de l’interaction entre le cyber, la guerre informationnelle et l’espace, domaines au centre de la réflexion stratégique de l’alliance nippo-américaine. Au début des années 2010, des accords de coopération en matière de transferts d’équipements et de logistique ont été conclus avec les États-Unis, l’Australie, la Grande-Bretagne, l’Inde et la France. En outre, le Japon a signé des « accords d’accès réciproques » avec la Grande-Bretagne en janvier 2022 et avec l’Australie en janvier 2023, autorisant des exercices militaires communs de grande ampleur.

Loïc Salmon

Selon l’organisme « Global Firepower », qui classe 145 pays selon leurs capacités militaires conventionnelles (hors armements nucléaires), le Japon occupe le 8ème rang mondial en 2023 après les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde, la Grande-Bretagne, la Corée du Sud et le Pakistan. Il dispose de 1.400 aéronefs, 36 frégates dont 8 équipées du système d’armes naval américain Aegis (radars et missiles antinavires et anti-aériens), 21 sous-marins et 2 porte-aéronefs. En cas de crise, le ministère de la Défense exerce un contrôle direct sur les garde-côtes, qui dépendent du ministère des Territoires, des Infrastructures et du Tourisme. Partage d’informations et rapprochement opérationnel ont déjà eu lieu. Le ministère de la Défense devrait prendre à sa charge une partie du budget des garde-côtes. Par ailleurs, il pourra participer au financement de la recherche et du développement du pays en général et à celui des infrastructures publiques. En décembre 2022, le gouvernement japonais a décidé de porter le budget de la défense à 2 % du produit intérieur brut d’ici à 2027, pour donner suite aux demandes répétées des États-Unis et correspondant à l’objectif de l’OTAN. Le budget de la loi de programmation militaire 2023-2027 atteindra alors 315 Mds$. Celui de l’année fiscale 2023-2024 (avril-mars) se monte à 51 Mds$ avec une hausse annuelle de 26,3 %, la plus élevée depuis 1952.

Japon : protection et évacuation des ressortissants en cas de crise en Corée et à Taïwan

Missiles : amélioration de la technologie de la Corée du Nord

Japon : multilatéralisme dans un contexte stratégique tendu

 




Attendez ici – Terminé

Rigueur de l’entraînement, dépassement de soi, opiniâtreté, volonté de vaincre et fraternité d’armes. Ces caractéristiques du combattant ont permis à des soldats japonais de survivre dans la jungle pendant des années et même des décennies.

En 1945, pour atteindre rapidement le Japon, la stratégie américaine consiste à contourner certaines îles du Pacifique en misant sur le fait que leurs garnisons japonaises, privées de ravitaillement, ne représentaient pas de danger. Des milliers de soldats japonais se sont retrouvés, seuls ou en petits groupes, isolés, abandonnés mais armés. Beaucoup n’ont pas été informés de la fin de la guerre. Ceux qui ont continué le combat ont été capturés ou tués jusque dans les années 1950. D’autres, souvent des appelés du contingent, se sont cachés par peur de la captivité ou du sort que leur aurait réservé la sévère hiérarchie militaire japonaise. Beaucoup sont morts de maladies ou victimes de la faune de la jungle. Les quatre militaires de ce roman intitulé « Attendez ici – Terminé » sont inspirés de personnages bien réels : Itô Masahi, capturé à Guam en 1960 ; Shoichi Yokoi, caché à Guam jusqu’en 1972 ; Téruo Nakamura, d’origine taïwanaise, capturé en Indonésie en 1974 ; Hiroô Onoda, combattant dans l’île philippine de Lubang jusqu’en 1972 avant sa reddition en 1974. Le titre reprend les messages radio, brefs et clairs pour ne pas encombrer les ondes : « Attendez ici » correspond à l’ordre à exécuter. « Terminé » met fin à la conversation avec le chef. Officier de renseignement, le sous-lieutenant Onoda (1922-2014) avait été entraîné pour résister des années sur les arrières de l’ennemi jusqu’à la reconquête des territoires abandonnés. Le roman rend compte des préoccupations quotidiennes et des sentiments de ces soldats, persuadés que la guerre continuait. Ils se méfiaient des autochtones, car les Américains avaient la réputation de les envoyer en première ligne et de tuer tous les prisonniers. Dans le îles, les Japonais creusaient des postes de combat tournés vers la mer pour affronter des fantassins américains, sans blindés ni logistique ni canons. Ils pensaient que la préparation et la motivation du défenseur compenseraient l’avantage du nombre de l’assaillant. La récupération d’un poste de radio et de piles permettait d’écouter les nouvelles de Bangkok, de Saïgon ou de Brunei. Mais après des années sans informations de l’extérieur, les soldats japonais interprétaient la guerre du Viêt Nam (1955-1975) de façon erronée. A l’unité secrète de Nakano (Japon), les instructeurs avaient ordonné aux officiers de ne pas se suicider, de ne jamais abandonner la mission ni d’envoyer des hommes à la mort de façon inconsidérée. Les cours portaient sur la survie, le sabotage, l’emploi d’explosifs, la résistance aux interrogatoires, l’usage des émetteurs-récepteurs, les codes, l’anglais, les arts martiaux et l’observation de l’ennemi. Outre ses missions de renseignement, un officier devait maintenir le moral et la volonté de son groupe par une discipline de fer, face à ce qu’il considérait comme de la propagande ou une manœuvre d’influence adverse. Le largage de tracts par hélicoptères, appelant à la reddition, ou la diffusion de messages par haut-parleurs, répétant que la guerre mondiale était finie, ne pouvaient qu’être que des ruses pour déstabiliser les soldats japonais, avant de les traquer et les tuer. Mais après 29 ans de résistance et de certitude, Onoda (le lieutenant Ikéda dans le roman) a commencé à douter. Pourquoi l’ennemi consacrait tant de temps et de moyens pour faire sortir de la jungle un seul soldat japonais, alors qu’ils devaient être des milliers insérés, comme lui, derrière les lignes de combat ? Dans la réalité, le journaliste japonais Norio Suzuki parvient à rencontrer Onoda dans la jungle le 20 février 1974. Les autorités japonaises et philippines organisent alors la venue du chef direct d’Onoda en 1945, devenu libraire, qui lui donne l’ordre de se rendre.

Loïc Salmon

« Attendez ici – Terminé », Noël-Noël Uchida. Éditions Pierre de Taillac, 116 pages, illustrations, 16,90 €.

La puissance au XXIème siècle : les « pôles » du Pacifique

Japon : protection et évacuation des ressortissants en cas de crise en Corée et à Taïwan

Exposition « Forces spéciales » aux Invalides




Japon : protection et évacuation des ressortissants en cas de crise en Corée et à Taïwan

Tirant les enseignements de catastrophes naturelles, d’épidémies, d’attentats et guerres, les ministères japonais des Affaires étrangères et de la Défense se préparent au sauvetage de leurs ressortissants en cas de crise, notamment en Corée et à Taïwan.

Jean-François Heimburger, chercheur associé à l’Université de Haute-Alsace, l’explique dans une note publiée à Paris en juillet 2022 par la Fondation pour la recherche stratégique.

Anticipation pour la Corée et Taïwan. En 2021, selon le ministère japonais des Affaires étrangères, 41.238 ressortissants résident en Coré du Sud, surtout dans la région métropolitaine de Séoul située à quelques dizaines de kilomètres de la zone démilitarisée, frontière avec la Corée du Nord. En outre 24.162 vivent à Taïwan, dont la moitié dans la capitale Taipei. Avant la pandémie de Covid-19, plus de 200.000 Japonais effectuaient des séjours de courte durée en Corée du Sud et plus de 150.000 à Taïwan chaque mois. Des plans d’évacuation avaient été envisagés pour la Corée du Sud, lors de la crise nucléaire nord-coréenne de 1993-1994, et pour Taïwan lors de la tension de 1995-1996 avec la Chine. Récemment une équipe d’experts japonais des milieux universitaire, diplomatique et militaire a étudié divers scénarios possibles. En Corée du Sud, les autorités gouvernementales ne souhaitent pas discuter d’opérations d’évacuation de personnes civiles de n’importe quel pays, sauf des Etats-Unis, avec qui un exercice simulant une guerre a déjà eu lieu en 2018. Quant au Japon, elles refuseraient probablement l’arrivée d’avions et de navires militaires pour des raisons historiques, la péninsule coréenne ayant été intégrée à l’Empire japonais entre 1910 et 1945. En revanche, malgré l’absence de relations diplomatiques avec le Japon, Taïwan devrait autoriser l’atterrissage de ses avions militaires, en raison de l’importance des échanges commerciaux, touristiques et culturels entre les deux pays. En outre, l’effondrement du gouvernement taïwanais semble peu probable dans une situation d’urgence, même en cas d’attaque de la Chine. Pour éviter une condamnation d’une grande partie de la communauté internationale et ses conséquences économiques comme lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Chine devrait accorder un délai entre l’annonce de son intention et son intervention effective. Dans le pire des cas et après des négociations avec les Etats-Unis, une guerre avec la Chine se limiterait au rétablissement de l’ordre public à Taïwan et à l’établissement d’un gouvernement pro-Pékin. Quant aux situations d’urgence les plus graves, le Japon et les Etats-Unis ont déjà évoqué avec précision les opérations d’évacuation, en 1997 et 2015, dans le cadre des « Lignes directrices pour la coopération nippo-américaine en matière de défense ». Les deux pays disposent de capacités de transports aérien et maritime très importantes et de territoires et/ou de bases situées à proximité. Pour Taïwan, un dialogue à huis clos permettrait d’éviter de provoquer un fort mécontentement de la Chine. En cas de guerre dans la péninsule coréenne, l’assurance de l’assistance militaire apportée aux Etats-Unis par le Japon constituerait un message de soutien de celui-ci à la Corée du Sud. Le gouvernement du Japon devra se concerter avec les collectivités locales du Sud pour y faire transiter ou accueillir plusieurs milliers de ressortissants japonais et des étrangers.

Risques accrus à l’étranger. Entre janvier et mars 2022, environ 200 japonais ont été rapatriés d’Ukraine. Lors des manifestations du « Printemps arabe » en Egypte en 2011, quelque 800 ressortissants ont été évacués en un seul jour. Au début de la pandémie de Covid-19, 7.524 japonais ont été rapatriés avant le 21 avril 2020. Par ailleurs 24 Japonais sont morts ou portés disparus pendant les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. En outre 9 ont été tués lors de la prise d’otages dans la raffinerie d’In Amenas en Algérie en 2013 et 7 pendant l’attentat terroriste dans un restaurant de Dacca (Bangladesh) en 2016. Enfin, 35 sont morts lors du tsunami en océan Indien au large de l’Indonésie en 2004. Par ailleurs, selon le ministère des Affaires étrangères, le nombre de Japonais séjournant à l’étranger depuis au moins trois mois ou désirant s’y installer est passé de 586.972 en 1989 à 1.344.900 en 2019. La plupart d’entre eux se répartissent aux Etats-Unis, Canada et Brésil, en Chine, Thaïlande, Australie et Grande-Bretagne. Le nombre de Japonais effectuant un voyage de courte durée est passé de 9, 66 millions en 1989 à 20,08 millions en 2019 puis à 3,17 millions en 2020 par suite de la pandémie du Covid-19.

Moyens d’évacuation. L’emploi d’avions de l’Etat constitue l’ultime solution pour transporter des ressortissants japonais en zone sûre en dehors d’un pays en crise. Il résulte des difficultés rencontrées lors des évacuations par avions civils à partir de 1985 pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988). La plupart des vols commerciaux avaient été annulés, en raison de la zone d’exclusion aérienne décrétée par l’Irak au-dessus de l’Iran. En conséquence, plus de 200 Japonais, qui n’avaient pu en profiter, ont finalement été rapatriés à bord de deux avions des Turkish Airlines. En 1992, deux avions destinés au transport du Premier ministre ont été mis à la disposition de l’Agence de Défense (appellation du ministère de la Défense à l’époque) pour les évacuations d’urgence de ressortissants à l’étranger. La loi sur les Forces d’auto-défense (Fad) a été modifiée pour inclure l’emploi d’hélicoptères, de navires et de véhicules terrestres. Les Fad ont déjà procédé à cinq évacuations d’urgence : avril 2004, 10 journalistes japonais, de l’Irak vers le Koweït par avion de transport militaire C-130H ; janvier 2013, 7 Japonais et les corps de 9 autres (pris en otages par un commando islamiste), de l’Algérie vers le Japon par un B-747 de l’Etat ; juillet 2016, les dépouilles de 7 Japonais accompagnées de 17 de leurs proches, du Bangladesh vers le Japon par un B-747 de l’Etat ; juillet 2016, 4 diplomates japonais, du Soudan du Sud vers Djibouti par un C-130H ; août 2021, 1 Japonais et 14 Afghans sur la demande des Etats-Unis, de l’Afghanistan vers le Pakistan. En fait, trois C-130H et 1 C2 militaires avaient été envoyés au Pakistan pour évacuer d’Afghanistan quelque 500 personnes (Japonais, collaborateurs locaux de l’ambassade et de l’Agence japonaise de coopération internationale et leur famille), qui n’ont pu rejoindre l’aéroport de Kaboul, freinées aux points de contrôle installés par les talibans.

Prévention et gestion de crises. Depuis 2000, outre le service de « conseils aux voyageurs », les ambassades informent leurs ressortissants immatriculés sur l’état des maladies infectieuses et la sécurité dans le pays de séjour. Elles privilégient l’évacuation par le services commerciaux (voitures, buses, bateaux et avions). Lors des manouvres militaires russes à proximité de l’Ukraine, l’évacuation a été recommandée deux semaines avant la guerre et la fermeture de l’espace aérien ukrainien à l’aviation civile. Près de 40 % des ressortissants japonais ont pu quitter l’Ukraine avant l’invasion russe.

Loïc Salmon

Chine : risque de conflit armé dans le détroit de Taïwan

Corée du Nord : « royaume ermite » et facteur de crise en Asie du Nord-Est

Japon : multilatéralisme dans un contexte stratégique tendu




Indo-Pacifique : les partenariats de sécurité des Etats insulaires

La diplomatie maritime de la France et de l’Union européenne (UE) vise à rassurer les micro-Etats de la zone indo-pacifique, vulnérables aux enjeux stratégiques, économiques, environnementaux et humains.

Ce thème a été abordé au cours d’une visioconférence organisée, le 19 avril 2022 à Paris, par l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Y sont intervenus : Christian Lechervy, ambassadeur de France en Birmanie et ancien ambassadeur auprès de la Communauté du Pacifique ; le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, commandant supérieur des forces armées en Polynésie française (Alpaci) ; Julia Tasse, chercheuse à l’IRIS et responsable du programme « climat, énergie, sécurité ».

Face aux puissances régionales. En raison de leurs alliances, il ne faut pas sous-estimer les micro-Etats du Pacifique qui représentent 10 % des pays membres de l’ONU, souligne l’ambassadeur Lechervy. Ils intéressent notamment Cuba, la Turquie, le Maroc et les Emirats arabes unis. A ces 15 Etats, en comptant le Timor oriental, s’ajoutent 10 territoires et d’autres entités diverses (voir encadré). Certains Etats non-souverains ont conclu des accords de coopération avec des organisations régionales, non-régionales ou même internationales dont l’ONU, l’OMS, l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est et la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique. Les parlements entretiennent des relations politiques entre eux. Certains accords portent sur la société civile et les entreprises. Les Etats-Unis redéfinissent leur stratégie dans la zone avec Hawaï, l’Australie, le Japon et la Corée du Sud. Comme la France en Polynésie, les Etats-Unis et Grande-Bretagne ont procédé à des essais nucléaires dans les Iles Marshall, débat récurrent. Depuis l’attaque imprévue de Pearl Harbor par le Japon en 1941, Washington veut éviter toute surprise de la part de Pékin. La bataille de Guadalcanal (1942-1943) dans les îles Salomon avait opposé les troupes du Japon à celles de l’Australie et des Etats-Unis. Or en 2019, l’Etat des Îles Salomon a établi des relations diplomatiques avec la Chine, suivies d’un accord de sécurité en avril 2022. Outre la coopération policière, cet accord, d’une durée de cinq ans et renouvelable, autorise le déploiement de moyens navals chinois de soutien. Dès 2006, la Chine avait procédé à des évacuations de ses ressortissants dans la région, démontrant sa capacité de projection civile mais aussi militaire. Les Îles Salomon constituent un point d’appui pour le grand projet chinois de « Nouvelles routes de la soie », qui inclut un volet de coopération militaire. Les Etats-Unis et la Chine veulent impliquer les Etats insulaires dans leur architecture de sécurité. Toutefois, ces deniers préfèrent se tenir à distance des grandes puissances et développer leurs capacités militaires (aérienne, navale et sous-marine). L’Espagne, le Portugal, l’Allemagne et les Pays-Bas se sont implantés dans le Pacifique pendant plusieurs décennies, mais la France y maintient une présence depuis un siècle. Au cours du premier semestre 2022, dans le cadre de sa présidence du Conseil de l’Union européenne (UE) et pour se positionner comme une puissance d‘équilibre, elle a organisé : le Forum sur la sécurité maritime : le One Ocean Summit sur la protection et la gestion durable des océans ; le Forum ministériel pour la coopération dans l’Indo-Pacifique, incluant l’UE, le Japon, l’Indonésie et la Nouvelle-Zélande.

Présence militaire française. La moitié des sous-marins en service dans le monde se trouve dans le Pacifique, indique l’amiral Rey. Environ 2 millions de ressortissants français vivent dans la zone Indo-Pacifique, aussi vaste que l’Europe. Alpaci dispose de 7.000 militaires, 15 navires et 40 aéronefs, renforcés par des éléments métropolitains de passage, pour remplir ses missions de garde-côtes, d’action de l’Etat en mer dans la zone maritime exclusive et d’assistance humanitaire. Ainsi, outre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la France a envoyé des secours, à partir de la Polynésie française, lorsque l’archipel de Tonga a été isolé du monde après une éruption volcanique et un tsunami en décembre 2021. En cas de conflit régional, Alpaci, représentant du chef d’Etat-major des armées, doit rechercher un règlement pacifique. Il s’entretient régulièrement avec son homologue chinois sur zone. La stratégie française des partenariats concerne les Etats-Unis, l’Inde, le Japon, Singapour, la Malaisie, l’Indonésie et le Chili.

Dérèglement climatique. Le changement climatique exerce un impact direct sur la sécurité, rappelle Julia Tasse. La submersion des infrastructures aériennes et maritimes sur le littoral d’une partie des îles entraîne des conséquences économiques. L’intensification des cyclones accroît le besoin de dispositifs de secours. La sècheresse accrue dans les zones cultivables, trop exploitées, aggrave les conditions de vie dans l’agriculture et les transports. Le blanchissement des côtes par le dépérissement du corail mène à une perte des bancs de poissons associés aux récifs. L’arrivée massive des flottilles de pêche des pays asiatiques entraîne une surpêche dans les eaux profondes et celles proches des côtes. Il s’ensuit une migration croissante d’une partie de la jeunesse des Etats insulaires vers la Nouvelle-Zélande, l’Australie et la Nouvelle-Calédonie, pour des raisons financières et économiques. Par ailleurs, précise Julia Tasse, la politique chinoise d’appropriation territoriale de la mer par l’occupation de récifs et la poldérisation d’atolls inhabités comme en mer de Chine ne peut s’appliquer dans le Pacifique. En effet, sa vaste étendue entraîne « une tyranie des distances », estime l’amiral Rey.

Loïc Salmon

Dans l’océan Indien, la présence de la France inclut : les départements de La Réunion et de Mayotte ; la collectivité des Terres australes et antarctiques françaises (Îles Kerguelen, Îles Crozet, Îles Saint-Paul-et-Amsterdam et Îles Eparses). Dans l’océan Pacifique, elle comprend trois collectivités d’outre-mer : Polynésie française (Îles de la Société, Archipel des Tuamotu, Îles Gambier, Îles Australes et îles Marquises) ; Wallis-et-Futuna ; Île de Clipperton. La Grande-Bretagne possède l’Île Pitcairn dans l’océan Pacifique et dispose du territoire de l’Archipel de Chagos dans l’océan Indien. Dans l’océan Pacifique, la présence des Etats-Unis inclut : l’Etat d’Hawaï ; des territoires (Guam, Samoa américaines, Île Baker, Île Howland et Récif Kingman) ; des réserves naturelles (Île Jarvis et Atoll Palmyra) ; les Îles Mariannes du Nord ; l’Atoll Johnson ; les Îles Midway ; l’atoll de Wake. Dans l’océan Indien, l’Australie inclut des territoires extérieurs : Îles Ashmore-et-Cartier ; Île Christmas ; Îles Heard-et-McDonald ; Îles Cocos. Dans l’océan Pacifique, elle est associée au territoire autonome de l’Île de Norfolk. Dans l’océan Pacifique, la présence de la Nouvelle-Zélande inclut : les Îles Chatham ; le territoire de Tokelau ; les Etats en libre association des Îles Cook et de Niue. La Papouasie-Nouvelle-Guinée inclut le territoire de Bougainville. Les Philippines incluent la région autonome de Bangsamoro. Le Chili est présent dans l’Île de Pâques et l’Antarctique. L’Indonésie inclut la Nouvelle-Guinée occidentale. Dans l’océan Indien, l’Etat de l’île Maurice inclut la région autonome de Rodrigues et la Tanzanie l’entité administrative autonome de Zanzibar.

Stratégie : l’action de la France dans la zone indopacifique

Asie-Pacifique : présence militaire française accrue

Armée de l’Air et de l’Espace : missions « Heifara » et « Wakea » dans le Pacifique




Espace : système GEOTracker®, surveillance optique renforcée

Le ministère des Armées et ArianeGroup ont signé, le 16 décembre 2021 à Paris, un contrat de surveillance renforcée de l’espace sur des orbites de 2.000 km à 36.000 km par GEOTracker®, pour réagir vite et efficacement aux menaces émergentes.

André-Hubert Roussel, président exécutif d’ArianeGroup, le responsable Défense et son adjointe ont présenté ce système à l’Association des journalistes de défense le 15 décembre à Paris.

Système GEOTracker®. Ce contrat constitue une extension, financée par le Commandement de l’espace (CdE), de celui sur le service de données de positionnement, d’orbitographie et d’analyse de 2017. ArianeGroup dispose d’un réseau mondial de capteurs optiques et d’un centre de commande et de contrôle centralisé, qui automatise et traite rapidement les données orbitales. GEOTracker® fournit une couverture permanente à 360 °, qui permet au CdE de détecter, suivre et contribuer à la caractérisation d’objets spatiaux, actifs ou inactifs, afin d’établir la situation spatiale et de protéger les satellites français. En 2021, se déplacent dans l’espace : 1.500 satellites actifs et 2.900 inactifs ; 23.000 objets supérieurs à 10 cm ; 500.000 entre 1 cm et 10 cm ; plusieurs millions de débris inférieurs à 1 cm. Parmi les satellites, 41 % sont américains, 13 % chinois, 12 % européens, 9 % russes, 4 % japonais et 21 % divers. GEOTracker® utilise le laser et l’intelligence artificielle pour détecter le comportement d’un satellite qui, s’il se déplace, effectue une mission particulière. Du 8 au 12 mars 2021, GEOTracker® a participé à l’exercice tactique et opératif d’entraînement aux opérations spatiales militaires « Aster’X », piloté par le CdE sur le site de Toulouse du Centre national d’études spatiales. Un exercice similaire est prévu en 2022. Cela permet de voir les équipements, défensifs et offensifs, des satellites en orbite, d’établir la situation sur une zone géographique et d’envisager des scénarios d’attaque. Vu qu’un satellite parcourt plusieurs dizaines de km en quelques secondes, la surveillance permanente de 100.000 objets nécessite une réflexion, au niveau européen, sur la mise en œuvre et le partage de moyens à améliorer, afin de tenir une situation en temps réel. Déjà, en juin 2021, la Commission européenne a sélectionné ArianeGroup pour les projets de surveillance spatiale « Sauron » et « Integral ». D’ici à 2025, GEOTracker® disposera d’un grand réseau de télescopes répartis sur une vingtaine de stations sol pour réaliser un catalogue de plusieurs milliers d’objets.

Lanceurs et missiles. ArianeGroup, co-entreprise à parité du constructeur aéronautique européen Airbus et du motoriste aéronautique et spatial français Safran, emploie 8.800 personnes (filiales comprises) en France et en Allemagne et a réalisé un chiffre d’affaires de 2,7 Mds€ en 2020. Il assure la maîtrise d’œuvre des lanceurs européens civils Ariane 5 et Ariane 6, des recherche et développement à l’exploitation. Pour la dissuasion nucléaire de la France, il contrôle le cycle de vie, des études amont au démantèlement, des missiles balistiques M51 de la Force océanique stratégique et en effectue l’adaptation permanente au contexte stratégique et aux systèmes de défense des grandes puissances nucléaires. Par ailleurs, ArianeGroup conçoit les futurs « planeurs hypersoniques », destinés aux frappes dans la profondeur et que développent les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Lancés d’un avion, d’un sous-marin ou d’une plateforme mobile, ils parcourront environ 4.000 km à 60-80 km d’altitude dans une atmosphère raréfiée.

Loïc Salmon

Espace : « Keraunos », le laser pour la communication optique

Espace : un commandement dédié pour comprendre et agir

Espace : sécurisation en question et dissuasion nucléaire




Japon : multilatéralisme dans un contexte stratégique tendu

Pour le Japon, allié des Etats-Unis et partisan du multilatéralisme en matière de politique étrangère, la sécurité régionale l’emporte parfois sur les enjeux commerciaux.

Valérie Niquet, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, l’explique dans deux notes publiées le 18 novembre 2020 et le 24 mars 2021.

Le contexte stratégique. Le pacte d’alliance entre le Japon et les Etats-Unis, conclu à l’issue de la seconde guerre mondiale, reste au cœur de la sécurité du Japon et de la région Asie-Pacifique. La Corée du Nord demeure la menace la plus immédiate (voir encadré). De mai 2019 à novembre 2020, celle-ci a effectué 35 tirs d’essais de missiles, dont un seul a échoué. Les derniers concernaient des missiles de courte portée à combustible solide, signe d’un progrès technologique considérable. Ces essais, prélude à une éventuelle attaque massive, constituent une menace crédible et immédiate pour le Japon, qui abrite les bases américaines les plus importantes en Asie. Par ailleurs, la Chine a remplacé l’Union soviétique comme adversaire commun du Japon et des Etats-Unis, Son idéologie communiste se trouve masquée par les réformes économiques et la stratégie d’ouverture sur le monde mise en œuvre depuis 1979. Toutefois, la Chine demeure un partenaire économique majeur pour le Japon. Son deuxième partenaire pour les exportations après les Etats-Unis, elle en est devenue le premier pour les échanges commerciaux, passés de 1Md$ par an à la fin des années 1970 à 317 Mds$ en 2019. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine affecte certaines entreprises japonaises. Ainsi les fabricants de micro-processeurs sont concernés par l’interdiction de vente de technologies américaines à des entreprises chinoises, dont ZTE (réseaux et de communication et fabrication de téléphones mobiles) et Huawei (smartphones). La menace chinoise porte notamment sur l’archipel des Senkaku et d’autres îles de l’espace maritime japonais. Pour Pékin, la contestation des limites en mer de Chine orientale constitue un moyen de de contrôle de la puissance japonaise. Cette posture se traduit par la multiplication des incursions dans les eaux entourant les Senkaku. Entre avril 2019 et août 2020, des navires chinois ont passé 456 jours dans les eaux contigües. Des garde-côtes chinois ont même pénétré à quatre reprises dans les eaux territoriales japonaises en 2019 et sept fois en 2020. Certains sont restés 39 heures et même jusqu’à 59 heures, maintenant en alerte permanente les unités navales et de garde-côtes japonais. Le Livre blanc de la défense du Japon, publié en juillet 2020 mentionne comme menace importante « la tentative constante de modifier unilatéralement le statu quo autour des Senkaku et en mer de Chine méridionale en utilisant la coercition. » Selon un sondage réalisé le même mois, 90 % des personnes interrogées ont déclaré avoir une opinion négative de la Chine. Cette perception de la Chine comme une menace et un facteur d’instabilité croît dans la région. En conséquence, le Japon a adopté une stratégie de sécurité nationale en 2013. Le budget de la défense représente 1,1 % du produit intérieur brut pour l’année fiscale 2020-2021. Mais l’augmentation cumulée entre 2012 et 2019 a atteint 13 % à 48,6 Mds$. Une loi de 2015 autorise le principe « d’auto-défense collective ». Il s’agit de construire une « force de défense multi-domaines », capable de défendre le territoire, y compris les îles éloignées, et de donner aux forces d’auto-défense la capacité de contribuer à la paix, même loin des côtes.

L’action extérieure. La montée en puissance de la Chine transforme en profondeur le cadre de la politique extérieure du Japon. La « doctrine Fukuda » (Premier ministre de 1976 à 1978), énoncée en 1977, a amorcé le retour du Japon comme puissance pacifique sur la scène internationale, en commençant par l’Asie du Sud-Est, important récipiendaire de son aide au développement. Un premier accord de libre-échange, signé avec Singapour en 2002, a été suivi deux ans plus tard d’un autre avec l’ASEAN qui regroupe 11 pays (Brunei, Birmanie, Cambodge, Timor-Leste, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Viêt Nam). En vue d’un rééquilibrage entre les domaines économique et stratégique, le Japon soutient, dès 2016, le « Trans-Pacific Partnership » (Partenariat trans Pacifique), accord commercial entre Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Viêt Nam. Il propose des normes démocratiques, transparentes et libérales, face à l’influence chinoise. En effet, Pékin ne trace pas de frontières entre les théâtres d’actions économiques, militaires, stratégiques, scientifiques et légales, qu’ils soient bilatéraux ou multilatéraux, afin de servir les intérêts définis par le Parti communiste. En intégrant l’Organisation mondiale du commerce avec des conditions spécifiques, elle a tenté de se servir des règles qui l’avantagent, sans respecter celles qui limitent sa marge de manœuvre et en imposant son propre « multilatéralisme », à savoir le projet des « Nouvelles routes de la soie ». En outre, elle contrôle 4 des 15 organisations internationales sous l’égide l’ONU, afin d’exercer une influence indirecte par l’intermédiaire des Etats membres dont elle est proche. En vue d’équilibrer la puissance chinoise dans une vaste zone de libre-échange, le Japon a adhéré, en 2021, au « Regional Comprehensive Economic Partnership (Partenariat économique pour l’ensemble de la région), vaste zone de libre-échange entre Australie, Brunei, Cambodge, Chine, Indonésie, Laos, Malaisie, Birmanie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Singapour, Corée du Sud, Thaïlande et Viêt Nam. Par ailleurs, en 2018, le Japon a signé un accord de partenariat économique avec l’Union européenne, doublé d’un partenariat stratégique. Le concept d’une « zone indo-pacifique libre et ouverte », prôné par le Japon en 2016, refuse l’usage de la force, le non-respect des règles internationales et la remise en cause du libre-échange par décision unilatérale ou manipulation des règles existantes.

Loïc Salmon

Le 15 septembre 2021, les deux Corées ont procédé à des tirs de missiles. Le missile sud-coréen a été tiré d’un sous-marin de la classe Ahn Chang-ho, récemment mis en service et équipé de systèmes de lancement verticaux pour missiles de croisière. Quelques heures auparavant, deux missiles à courte portée, lancés depuis le centre de la Corée du Nord vers la mer du Japon, ont parcouru environ 800 km à une altitude maximale de 60 km, selon l’Etat-major interarmées sud-coréen. Le 13 septembre, la Corée du Nord avait annoncé que des « missiles de croisière à longue portée » avaient parcouru 1.500 km pendant deux heures au-dessus de son territoire et de ses eaux territoriales. Selon les analystes, ces missiles pourraient atteindre la Corée du Sud et le Japon. Les sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord portent sur l’armement nucléaire et les missiles balistiques, mais pas sur le développement de missiles de croisière. Le 28 septembre, l’agence de presse de la Corée du Nord a annoncé l’essai réussi d’un missile planeur hypersonique Hwasong-8 sur une distance de 200 km et une apogée de 30 km.

Chine : risque de conflit armé dans le détroit de Taïwan

Asie-Pacifique : présence militaire française accrue

Asie du Sud-Est : zone sous tension et appropriation territoriale de la mer




KGB-DGSE

Russes ou français, les agents de renseignement acquièrent la même façon de penser et s’intéressent, en priorité, au pillage économique et technologique des pays en pointe. Le reste de leurs tâches s’apparente au travail des diplomates.

Deux anciens officiers traitants (OT), en service des années 1970 à la chute de l’URSS en 1991, l’expliquent sous forme de dialogue. A sa grande époque, le KGB soviétique compte 420.000 personnels, dont la moitié garde les frontières, une bonne partie assure la police politique et seulement 10.000 gèrent le renseignement extérieur sur l’ensemble du monde. Avec un budget dix fois inférieur, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) concentre les efforts de ses 2.500 personnels sur les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne, mais aussi les anciennes colonies françaises pour le renseignement politique. D’une façon générale, le recueil de renseignement porte d’abord sur les sources « ouvertes » : presse spécialisée ; documentations professionnelles ; publications universitaires ou de recherche ; études à diffusion restreinte accessibles dans les bibliothèques d’universités ; interventions dans les colloques et congrès. Viennent ensuite les sources secrètes, à savoir documents internes d’entreprises, de laboratoires, d’institutions ou de ministères. Ce renseignement d’origine humaine concerne rarement des directeurs, ingénieurs ou cadres haut placés, car rapidement identifiables par les services de contre-espionnage adverses en cas de fuite. Or, de bons analystes de sources ouvertes peuvent arriver aux mêmes conclusions que ceux travaillant sur les renseignements confidentiels recueillis…par les OT, qui récoltent aussi du renseignement d’ambiance, très apprécié. Les procédures de transmission ou d’espionnage varient selon la « culture » des services. Ainsi, l’OT du KGB dispose d’un émetteur radio compressant des données transmises en une seconde, quand il passe devant l’ambassade soviétique. La DGSE utilise des « canons spéciaux » qui captent les vibrations de la voix à travers les murs. En URSS, des micros directionnels peuvent écouter des conversations à l’extérieur jusqu’à 500 m. Fort de l’appui des partis communistes locaux, le KGB utilise, dans les années 1950 et 1960, des « agents d’influence » dans les milieux politiques, intellectuels et artistiques des pays capitalistes. Il s’agit souvent de personnalités haut placées, plus ou moins conscientes ou même qui ne se rendent pas compte de la manipulation. De son côté, la DGSE recourt aussi à des « agents inconscients » de la mouvance soviétique, qui servent à faire passer des messages dans certains milieux ou à obtenir du renseignement mais jamais pour la propagande. Tout agent du KGB en mission extérieure doit surveiller les Soviétiques en poste à l’étranger ou des ressortissants ayant émigré partout dans le monde. Toutefois, il ne peut réaliser une opération criminelle qu’avec l’autorisation du Bureau politique ou du secrétaire général du Parti communiste soviétique. Le service action de la DGSE est soumis aux mêmes contraintes politiques. Dans les années 1970, les dirigeants soviétiques cessent de croire à la révolution communiste mondiale. L’agitation dans les pays occidentaux, par l’intermédiaire de groupuscules « gauchistes » soutenus par les pays satellites, devient gênante lors de l’entrée dans une période de coopération économique. Aujourd’hui, le FSB russe a pris la relève du défunt KGB.

Loïc Salmon

 KGB-DGSE », Sergeï Jirnov et François Waroux. Mareuil Éditions, 204 pages. 19 €

Renseignement : la DGSE souhaite être connue

James Bond n’existe pas

Dictionnaire renseigné de l’espionnage




Asie-Pacifique : présence militaire française accrue

Ses moyens d’action et son influence dans la zone Asie-Pacifique permettent à la France, seule nation européenne riveraine, d’y préserver ses intérêts et de contribuer à la sécurité régionale.

Le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, commandant sur zone, l’a expliqué lors d’une visioconférence organisée avec Paris, le 30 mars 2021, par le Centre d’études stratégiques de la Marine.

Zone « crisogène ». Nouveau centre de gravité du monde, l’océan Pacifique est devenu le théâtre d’enjeux économiques et stratégiques entre les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Inde, indique l’amiral Rey. Les pays riverains du Pacifique regroupent 50 % de la population mondiale. Les ports asiatiques déchargent 61 % des marchandises transportées par mer, alors que le trafic transatlantique stagne. Le réchauffement climatique va bientôt permettre de relier l’Europe à l’Asie par le passage maritime du Nord-Est, où l’exploitation des ressources sous-marines se développe. Dans un contexte de tension commerciale avec les Etats-Unis, la Chine valorise ses « nouvelles routes de la soie » vers l’Europe. Toutefois, la crise sanitaire consécutive à la pandémie du Covid-19 rend plus complexe la situation pendant les escales. En outre, les Etats insulaires du Pacifique Sud connaissent de plus en plus de cyclones et de tsunamis. Les contestations territoriales perdurent, notamment au sujet des îles Kouriles entre le Japon et la Russie et des Senkaku entre le Japon, Taïwan et la Chine. A lui seul, l’archipel des Spratleys et sa zone économique exclusive (ZEE), qui recèle du pétrole, du gaz et de vastes ressources halieutiques, sont revendiqués par Brunei, la Malaisie, les Philippines, le Viêt Nam, Taïwan et la Chine. Celle-ci construit, sur cette zone, des aérodromes militaires sur des atolls « poldérisés » et des îlots artificiels reposant sur des récifs d’ordinaire submergés : Johnson South, travaux commencés en 2008 et achevés en 2016 ; Fiery Cross Reef, (2014-2018) ; Subi Reef (2015-2018) ; Mischief Reef (2015-2018) ; Woody Island (2018). Le Viêt Nam a installé une base aérienne à Truong Sa Lon entre 2013 et 2018. Outre la poursuite du programme nucléaire spécifique de la Corée du Nord, la zone Asie-Pacifique connaît une militarisation générale croissante avec l’augmentation du nombre de sous-marins, de l’activité spatiale et des missiles hypervéloces en développement. S’y ajoutent le terrorisme dans les Célèbes et en mer de Chine, le narcotrafic entre l’Amérique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Australie et aussi la surpêche par des bateaux-usines restant jusqu’à deux ans sur zone.

Présence française. Selon l’amiral Rey, la zone à surveiller s’étend sur 5 Mkm2, où la liaison maritime sur l’Extrême-Orient dure une semaine à partir de la Nouvelle-Calédonie et deux depuis Tahiti. Environ 500.000 ressortissants vivent en Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et Polynésie française. S’y ajoutent les expatriés, dont 130.000 en Asie-Pacifique, 234.000 en Amérique du Nord et 147.000 en Amérique du Sud. Pour les protéger ainsi que la ZEE française (pêche), les forces permanentes pré-positionnées en zone Indo-Pacifique totalisent 6.800 militaires, 15 bâtiments de la Marine nationale, 22 avions de transport et 16 hélicoptères. Elle se renforcent périodiquement par : le groupe aéronaval ; la mission « Jeanne d’Arc » de l’Ecole d’application des officiers de marine ; une frégate ; un sous-marin nucléaire d’attaque (3 mois sur zone) ; un avion de transport polyvalent A400M de l’armée de l’Air et de l’Espace avec un avion ravitailleur C135 (2 à 3 semaines tous les 3 mois). Il s’agit d’entretenir une bonne connaissance de la zone pour éviter des réactions hostiles de la part des pays riverains qui, dans le respect du droit international de la mer, « marquent » les navires français. Ceux-ci n’entrent pas dans les espaces contestés (voir plus haut), mais contribuent au maintien de la liberté de navigation ailleurs. Ainsi, en avril 2019, la frégate de surveillance Vendémiaire a été « marquée », au plus bas niveau possible pour réduire les risques, lors du franchissement du détroit international de Taïwan, fréquenté par des centaines de bateaux de pêche de divers pavillons. Une autre suivra. La France, souligne l’amiral Rey, maintient son autonomie stratégique jusqu’au Pacifique par sa présence en océan Indien : au Nord avec 2.100 militaires, 11 avions et 8 navires dans les bases de Djibouti et d’Abou Dhabi ; au Sud avec 1.900 militaires, 5 navires, 2 avions et 2 hélicoptères à La Réunion. Au cas où la Nouvelle-Calédonie quitterait la République française par référendum, celle-ci ne disposerait plus que des bases de La Réunion et de la Polynésie française dans l’hémisphère Sud, compliquant notamment la coopération avec les pays partenaires du Pacifique Sud.

Coopération internationale. Il s’agit d’opérer en bonne intelligence avec tous les protagonistes de la zone Asie-Pacifique, souligne l’amiral Rey. La lutte contre la drogue, coordonnée avec le Chili, le Mexique et l’Equateur, porte sur une partie des trafics de l’Amérique du Sud et de l’Australie vers le continent nord-américain. Exercices conjoints de haut niveau pour renforcer l’interopérabilité, dialogues entre états-majors et commandeurs, soutiens mutuels et opérations coordonnées sont organisés avec les Etats-Unis, l’Australie et le Japon. Pour prévenir un contrôle de l’Asie du Sud-Est par la Chine, qui construit l’équivalent en tonnage de la Marine française tous les quatre ans, les partenariats stratégiques s’intensifient avec Singapour, la Malaisie, le Viêt Nam et les Philippines. Enfin, la lutte contre la prolifération nucléaire de la Corée du Nord concerne les Etats-Unis, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne et…la France !

Loïc Salmon

Le « Commandement Pacifique des Etats-Unis » (USPACOM), installé à Hawaii, inclut des unités des armées de Terre, de l’Air, de la Marine et du Corps des marines. Il dispose notamment de 375.000 militaires et de 5 groupes aéronavals. L’USPACOM a pour mission de veiller au respect des traités de défense conclus entre les Etats-Unis et les Philippines (1952), l’Australie et la Nouvelle-Zélande (1952), la Coré du Sud (1954) et le Japon (1960). La VIIème Flotte, basée au Japon, opère dans le Pacifique Ouest et l’océan Indien. Outre de nombreux destroyers et frégates, la Marine chinoise compte 2 porte-avions et bientôt un 3ème ainsi qu’une capacité amphibie et une infanterie de marine (40.000 hommes en 2017). En outre, elle dispose de facilités navales en Birmanie, au Bangladesh et au Pakistan ainsi qu’une base permanente à Djibouti. La Marine japonaise dispose de plus d’une centaine de navires de combat, dont 2 porte-hélicoptères et 18 sous-marins, ainsi qu’une base navale permanente à Djibouti pour 2 frégates et 2 avions de patrouille maritime. La Marine australienne compte 2 porte-aéronefs, 6 sous-marins et une dizaine de frégates. La Marine néo-zélandaise comprend notamment 1 bâtiment amphibie, 2 frégates et 6 patrouilleurs. Outre des frégates, corvettes et patrouilleurs, la Marine malaisienne compte 2 navires amphibies et 2 sous-marins Scorpène (origine française). Outre des frégates et des patrouilleurs, la Marine chilienne comprend 4 sous-marins (2 Scorpène), 1 transport de chalands de débarquement et 5.200 soldats d’infanterie de marine.

Océan Indien : les forces françaises aux EAU, surveillance et coopération opérationnelle

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Avions espions

Dès l’origine, tous les avions armés puis de nombreux appareils civils ont recueilli des renseignements d’ordre tactique ou stratégique (photos et fréquences radar). Satellites et drones les complètent sans les remplacer.

En 1794 à Fleurus, l’observation par ballon a contribué à la victoire de l’armée française sur les troupes autrichiennes. Puis, cet avantage militaire tombe dans l’oubli jusqu’au développement de la photo aérienne au début du XXème siècle. Le premier « avion espion » est mis en service en 1911 par l’armée italienne pour la reconnaissance, en vue d’un bombardement aérien, réussi, contre des troupes et positions turques en Tripolitaine et Cyrénaïque (Libye actuelle). Pendant la première guerre mondiale, l’analyse des prises de vues aériennes de mouvements de troupes ou de navires conduit à la nécessité de la « maîtrise des airs », avant d’engager le combat. Les avions de chasse ont d’abord été conçus pour détruire…les appareils de reconnaissance adverses ! Dans les années1930, une organisation allemande pratique « clandestinement » la photographie aérienne au-dessus des Pologne, France, Grande-Bretagne, Tchécoslovaquie et Union soviétique. De leur côté, les services de renseignement français et britanniques recourent à une société civile pour faire de même au-dessus de l’Allemagne, de l’Italie et de la Libye. Pendant le second conflit mondial, l’Allemagne utilise des bombardiers modifiés pour les vols de reconnaissance à haute altitude (12.800 m !) au-dessus de l’URSS, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. La Grande-Bretagne met en œuvre les avions de reconnaissance photo Mosquito, fabriqués en grande partie en contreplaqué, à long rayon d’action et dont la vitesse et l’altitude leur permettent d’échapper aux chasseurs ennemis. Des hydravions japonais survolent clandestinement les îles britanniques du Pacifique, la Malaisie, Guam, les Philippines, l’île de Wake, les Indes néerlandaises et, peut-être, Hawaii. La Grande-Bretagne utilise l’avion pour les missions de renseignement électronique en appui des raids de bombardement contre l’Allemagne. L’armée de l’Air américaine l’emploie dans le Pacifique et au-dessus du Japon pour ouvrir la voie aux raids « atomiques » sur Hiroshima et Nagasaki (1945). En outre, l’interception des communications air-sol et air-air ennemies en Europe et dans le Pacifique réduisent les pertes en bombardiers. Dès le début de la guerre froide (1945-1991), les Etats-Unis accroissent les reconnaissances par des avions, de la Baltique à la mer Egée et dans les « couloirs » de Berlin à travers l’Allemagne de l’Est, et par des hydravions en Baltique, Méditerranée, mer du Japon et dans le Pacifique Nord. En 1949, l’analyse de la collecte d’échantillons d’air à haute altitude, entre le Japon et l’Alaska, conclut à l’explosion effective du premier engin nucléaire soviétique. En 1952, grâce à des ravitaillements en vol au-dessus de l’Allemagne de l’Ouest et du Danemark à l’aller et au retour, trois avions britanniques RB-45 C pénètrent en URSS au-dessus des pays baltes, de Moscou et de l’Ukraine pour tester les radars…sans être interceptés par les chasseurs soviétiques ! Pendant la guerre de Corée (1950-1955), des avions espions américains pénètrent jusqu’à 300 km en Chine. En 1960, après la frappe d’un avion U2 par des missiles et la capture de son pilote, les Etats-Unis renoncent au survol de l’URSS. A cette date, les satellites espions entrent en scène.

Loïc Salmon

« Avions espions » par Norman Polmar et John Bessette. Éditions E-T-A-I, 240 pages, 300 photos, 55 €.

Avions de combat

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Renseignement aérospatial : complémentarité entre drones et aéronefs légers ISR




Marine : missions « Clemenceau 2021 » pour le GAN et « Jeanne d’Arc 2021 » pour le GEAOM

Le groupe aéronaval (GAN) a quitté Toulon le 21 février 2021 pour la mission « Clemenceau » (quatre mois) jusqu’en océan Indien. La mission « Jeanne d’Arc » (146 jours), qui emmène le Groupe école d’application des officiers de marine (GEAOM) jusqu’en mer de Chine et au Japon, est partie de Toulon le 18 février.

Ces deux missions présentent un volet opérationnel avec des spécificités : lutte contre le terrorisme islamiste et renforcement des partenariats pour le GAN ; formation, coopération et assistance humanitaire pour le GEAOM.

Clemenceau 2021. En Méditerranée orientale, le GAN participe à l’opération américaine « Inherent Resolve » contre le djihadisme au Levant, via son intégration au dispositif français « Chammal » de soutien des forces irakiennes, engagées au sol pour détruire les capacités militaires de Daech. Dans le cadre des opérations « Inherent Resolve » et « Agénor » (Union européenne) en mer Rouge, dans le golfe Arabo-Persique et en océan Indien (mer d’Arabie), il approfondit les connaissances des zones traversées et assure une présence opérationnelle, réactive et adaptable pour garantir la sécurité régionale. Le GAN se compose du porte-avions Charles-de-Gaulle, qui embarque : 20 avions de chasse Rafale marine (F3R) ; 2 avions de guet aérien E-2C Hawkeye ; 2 hélicoptères Dauphin pour la sécurité des équipages et les missions de recherche et de secours ; 1 hélicoptère Caïman pour les luttes anti-sous-marine et antinavire et le transport logistique. Il est escorté par : la frégate de défense aérienne et de commandement des opérations aériennes Chevalier-Paul ; la frégate multi-missions Provence, renforcée temporairement par sa jumelle Auvergne, pour les luttes anti-sous-marine et antinavire, l’appui aux opérations terrestres et la projection de puissance, chacune embarquant un hélicoptère Caïman ; un sous-marin nucléaire d’attaque pour le recueil de renseignement, l’intervention contre des enaces navales ou sous-marines et la mise en œuvre de forces spéciales ; le bâtiment de commandement et de ravitaillement Var. En outre, un avion de patrouille maritime Atlantique-2, basé à terre, assure, pour le GAN, des missions de renseignement en haute mer, de lutte anti-sous-marine et, éventuellement, de puissance de feu sur des objectifs terrestres par des bombes guidées laser. « Clemenceau 2021 » prévoit la participation partielle de la frégate belge Leopold-1er, d’une frégate grecque et du destroyer américain Porter.

Jeanne d’Arc 2021. Dans le cadre de la présence française ans la zone indopacifique, le GEAOM intègre la « Combined Task Force 150 » de la coalition internationale en océan Indien, pour lutter contre les trafics et activités illicites liées au terrorisme et sécuriser les espaces maritimes. Il contribue au maintien de la connaissance des zones et de l’étude de leurs évolutions, afin d’anticiper l’apparition des crises tout en conservant une liberté autonome d’appréciation de la situation. Le GEAOM se compose du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre et de la frégate Surcouf. Outre un groupement tactique et des hélicoptères de l’armée de Terre, les deux navires embarquent 148 officiers de Marine en formation, dont 14 femmes, 8 enseignes de vaisseau étrangers (Allemagne, Cameroun, Côte d’Ivoire, Madagascar, Togo et Viêt Nam) et 5 officiers invités (Egypte, Ethiopie, Indonésie, Malaisie et Maroc). « Jeanne d’Arc 2021 » inclut des exercices majeurs avec les Marines d’Inde, d’Australie, du Japon et des Etats-Unis.

Loïc Salmon

L’océan Indien : enjeux stratégiques et militaires

Marine nationale : l’aéronavale, tournée vers les opérations

Marine nationale : opération « Agénor » et missions « Foch » et « Jeanne d’Arc »