Marine nationale : motiver, fidéliser et accompagner

La Marine a entrepris une démarche « marque employeur » par ses actions de recrutement, de communications interne et externe, de suivi du moral, de gestion des carrières, de fidélisation des compétences rares, de formation, de validation des acquis de l’expérience et enfin d’égalité des chances.

Son directeur du personnel, le vice-amiral d’escadre Olivier Lajous, les a présentées au cours d’un atelier organisé, le 20 septembre 2012 à Neuilly (banlieue parisienne), par le cabinet de conseil en recrutement Hudson pour une vingtaine de responsables de ressources humines de grands organismes et entreprises, dont le ministère de la Défense, Valeo, Nespresso, Accor et la Française des Jeux.

Les ressources humaines de la Marine en 2012 se montent à 44.000 personnels, dont 4.000 civils et 15 % de femmes. Chaque année, 3.000 nouveaux y entrent et 3.800 militaires la quittent en raison de la limite d’âge, du non-renouvellement du contrat ou de l’aide au départ. Les unités opérationnelles emploient 21.000 militaires, dont 5.000 sont déployés en permanence et absents 120 jours par an. Après 15 ans de service en moyenne, 80 % des personnels retrouvent un emploi dans l’année qui suit leur départ de la Marine. Une étude sociologique sur dix ans, soit depuis la suspension du service national, a analysé les motivations des nouvelles recrues. Les jeunes en difficulté scolaire y trouvent un refuge et constituent 70 % des « fidélisés ». Ceux qui veulent faire carrière passent différents brevets et certificats qui leur permettent de monter un « escalier social » valorisant. Les « professionnels », désireux d’apprendre un métier, y suivent diverses filières techniques. Enfin, les « illuminés », qui se croient investis d’une mission salvatrice de la nation, sont les plus difficiles à fidéliser, car rapidement déçus dans leurs espérances. L’enquête a aussi porté sur les motifs de départ. Après une dizaine d’années, les jeunes marins sont souvent en couple, puis parents et veulent accéder à la propriété, donc se sédentariser. Pour les gens de 40-50 ans, chargés de famille et ayant contracté des emprunts immobiliers, il s’agit de gagner plus d’argent. En conséquence et afin de fidéliser son personnel compétent et formé à grands frais, la Marine a trouvé une solution au « célibat géographique » métropolitain : pour éviter dix heures de train entre Brest et Toulon en passant par Paris, une navette aérienne quitte l’un des ports le vendredi soir et y revient le dimanche soir. Pourtant, trop fidéliser risque de trop sédentariser. Comment convaincre de changer de métier des gens qui ont encore au moins une dizaine d’années de vie professionnelle devant eux et ne s’estiment pas capables faire autre chose ? C’est le cas d’officiers supérieurs compétents, mais dont l’espoir de finir leur carrière en beauté risque d’être déçu par suite de la sélectivité accrue de l’accès aux fonctions d’officier général. « Il faut prendre le temps de discuter avec eux », souligne l’amiral Lajous.

La formation technique est primordiale. Les cadres reçoivent un complément éthique : tuer ou mourir au nom de la France, intrinsèque au métier militaire, ne doit pas être oublié. Chaque année, la Marine envoie 15.000 marins se former pendant 23 jours en moyenne à plus de 50 métiers et entretenir 1.000 qualifications. Une frégate, un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) et un porte-avions constituent des ensembles complexes, dont la compréhension et la sécurité des systèmes sont indispensables à l’accomplissement de leurs missions. Ainsi, un pilote de chasse embarquée coûte 1 M€ en formation pour faire décoller et apponter du Charles-De-Gaulle un Rafale de 70 M€ ! Après avoir été largué d’une altitude de 10.000 m, un nageur de combat doit être capable de « palmer » 20 km, remplir sa mission et maintenir un comportement éthique. Les équipages des grands bâtiments de surface, autrefois de l’ordre de 300 membres, sont réduits à 100. Certains métiers évoluent ou vont disparaître. Ainsi, les « météos », chargés d’analyser l’environnement des radars (en l’air) et sonars (sous la mer) reçoivent désormais leurs informations directement du siège de Météo-France à Toulouse, ce  qui n’était pas le cas il y a cinq ans. De jeunes opérateurs sont formés à l’usage des panneaux solaires, qui équiperont les bâtiments de demain. La Marine doit adapter en permanence les métiers dont elle a besoin et en anticiper d’autres, comme les « maintenanciers ».

L’environnement professionnel est d’abord perçu par le témoignage d’un proche. L’engagement ferme peut être motivé par le désir de voyager, les mythes du sous-marin et du pilote de chasse embarquée ou l’esprit d’équipage. Une fois dans la Marine, le compagnonnage entre générations transmet les règles de travail et de vie en commun. La féminisation est considérée comme un succès dans la Marine. Les femmes ont accès à presque toutes les spécialités, mais sont surreprésentées dans certaines : les transmissions, les ressources humaines et surtout le service de santé (80 % des médecins). Une exception demeure : les SNLE où les patrouilles durent 70 jours.  Le principal refus de leur présence provient… de la jalousie des épouses de marins ! Dans une large majorité, les personnels de la Marine nationale soulignent la qualité de l’ambiance du travail et des relations avec le commandement ainsi que la clarté de l’information interne et de la concertation. Tous reconnaissent être correctement payés par rapport au monde civil. Enfin, l’attractivité de la Marine se traduit par un sentiment de fierté d’appartenance : 88 % des sondés se définissent d’abord comme étant marins avant d’être militaires ou d’une spécialité précise.

Loïc Salmon

Olivier Lajous, matelot du Service national en 1974 et titularisé dans le Corps des officiers de marine en 1987, terminera sa carrière au grade de vice-amiral d’escadre le 8 novembre prochain. En 36 ans de service dont 17 à la mer, il a participé à des opérations au Liban, en Iran, en Libye, au Tchad, au Yémen, en Erythrée et en Afghanistan. Il a notamment dirigé le Service de communication de la marine (Sirpa Marine) et commandé la frégate De-Grasse (2001) et le Centre d’enseignement supérieur de la marine (2007). Nommé directeur du personnel militaire de la Marine en 2009, il a reçu, trois ans plus tard, le « trophée du DRH de l’année », décerné par le cabinet de conseil en recrutement Hudson (sa représentante à droite sur la photo), la publication Figaro économie et le site internet d’emplois pour les cadres et dirigeants en France Cadremplois.fr. Cette distinction est le plus souvent remise à des directeurs de ressources humaines d’entreprises privées pour leur réalisations et engagements. Actuellement chargé de mission auprès du chef d’état-major de la Marine, il va entrer en novembre au conseil d’administration de la Société nationale de sauvetage en mer, dont il prendra la présidence quelques mois plus tard. L’amiral Lajous est officier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite, titulaire de la croix de la Valeur militaire et chevalier du Mérite maritime.




Femmes en guerre 1940-1946

Cet ouvrage, réalisé par cinq personnes, présente les femmes qui ont participé, sous l’uniforme, à la seconde guerre mondiale du côté des Alliés. Abondamment illustré de photos et documents, sans oublier les détails vestimentaires et insignes,  il souligne leur engagement et leurs difficultés à se faire admettre par leurs collègues masculins. « Bien des combattants d’hier tiennent pour inadmissible la présence de femmes dans leurs rangs. Nous ternissons la pureté de leur légende, mettons de la sauce majorette dans leur gloire », explique Suzanne Torrès, qui épousera le futur général Massu. Elle fait partie des Françaises vivant à New York que la riche Américaine Florence Conrad, soutenue par les puissantes ligues féministes, recrute en 1943 pour créer le groupe de conductrices ambulancières « Rochambeau », du nom du commandant des troupes françaises pendant la guerre d’Indépendance américaine. Les « Rochambelles » accompagnent la 2ème Division blindée du général Leclerc jusqu’en Allemagne. En décembre 1940, au Caire, le général Catroux crée le Bureau central d’assistance pour les Forces françaises libres au Moyen-Orient et en confie la direction à sa femme Marguerite, infirmière principale de 1ère classe. Une autre infirmière, la comtesse Gali-Leila du Luart, met sur pied la Formation chirurgicale mobile (FCM) N°1, franco-américaine de statut civil, pour secourir les grands blessés pendant la campagne de France. Elle reçoit la croix de Guerre et la Légion d’Honneur. Après divers avatars, la FCM reprend du service en Tunisie en 1942, suit tous les combats en Italie, rejoint la France le 31 mai 1945 et défile à Paris le 14 juillet. L’armée de l’Air crée le Corps auxiliaire féminin en 1943 à Alger. Parmi ces « filles de l’air » figurent la chanteuse américaine Joséphine Baker (croix de guerre avec palme et chevalier de la Légion d’Honneur) et l’aviatrice Maryse Bastié (croix de Guerre avec palme et commandeur de la Légion d’honneur). Outre ces grandes dames, nombreuses furent les femmes de métropole et des colonies à contribuer à la libération de la France. En Afrique du Nord, les volontaires doivent avoir entre 18 et 45 ans mais, les effectifs ne suffisant pas, un appel individuel sous les drapeaux est institué pour les Françaises de 21 à 40 ans, célibataires, veuves, divorcées et mariées sans enfants. Seules celles ayant souscrit un engagement peuvent servir aux armées. De tous les corps féminins, celui des transmissions, créé par le général Merlin, est le plus connu. Les « Merlinettes » participent à la libération de la Corse en 1943 et au débarquement de Provence en 1944. Parmi les 30 d’entre elles recrutées par le 2ème Bureau (renseignement), 7 seront parachutées en France occupée, capturées par les Allemands et exécutées. La Marine constitue les Services féminins de la flotte (SFF), dont les cadres sont recrutés en fonction des diplômes, des états de service ou des services rendus. Deux groupes d’ambulancières SFF se distinguent au 1er Régiment de fusiliers marins et au Régiment blindé de fusiliers marins. Les premières, engagées en Italie en juillet 1944, seront considérées comme membres à part entière de l’unité, malgré la méfiance du début, pour leur courage, leur endurance et leur calme en toutes circonstances. Les secondes seront présentes à la prise de Berchtesgaden (« nid d’aigle » d’Hitler) les 4 et 5 mai 1945. Pourtant, l’unique monument aux ambulancières mortes pour la France, situé à Réchésy (Territoire de Belfort), ne sera inauguré… qu’en 1991 !

Loïc Salmon

Exposition photographique itinérante « Femmes de la défense »

 

« Femmes en guerre 1940-1946 » (2013).

Éditions E-T-A-I/176 pages/36 €




Défense : la féminisation des armées, un enjeu opérationnel

Motivation, volonté, courage et talent ouvrent la carrière aux femmes dans les armées. Des mesures en faveur de la mixité et de l’égalité professionnelles ont permis des avancées réelles.

Ce thème a fait l’objet d’une présentation à la presse, le 4 mars 2021 à Paris, par le contre-amiral Anne de Mazieux, haut fonctionnaire à l’égalité des droits et chargée de la mise en œuvre de l’égalité entre les femmes et les hommes. Un colloque sur le même sujet a suivi le 8 mars à Paris, organisé par l’Institut de relations internationales et stratégiques. Y sont notamment intervenus : la sociologue Camille Boutron, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire ; le capitaine Marion Buchet, pilote de chasse ; Nathalie Tournyol du Clos, directrice adjointe des ressources humaines au ministère des Armées.

Mesures d’accompagnement. Deux ans après l’entrée en vigueur du Plan mixité, les effectifs féminins des armées ont augmenté de 4,7 %, indique l’amiral de Mazieux. Outre la présence d’une femme militaire dans chaque centre de recrutement, un mentorat se développe pour aider les jeunes filles, notamment celles admises à l’écrit des concours, à acquérir les codes et usages. Toutefois, elles doivent faire leurs preuves, sans bénéficier de « passe-droits », souligne l’amiral. Depuis octobre 2020, le droit à l’avancement est maintenu après un congé parental de cinq ans pour élever les enfants en bas âge. La mise en place de « référents Egalité-Mixité », à l’écoute, permet de désamorcer des situations du vécu quotidien. Le portail intitulé « Combattre le sexisme ordinaire », interne au ministère des Armées et particulièrement détaillé, vise à obtenir une « tolérance zéro » en matière de comportement en toutes circonstances. Par ailleurs, l’Association française de normalisation a décerné le label « égalité » au ministère des Armées pour le Service des essences, le Service des ressources humaines civiles et le service achat du Service parisien de soutien de l’administration centrale (53.000 agents). En outre, le Plan égalité professionnelle entre les femmes et les hommes civils, signé le 14 décembre 2020 par la ministre des Armées et les organisations syndicales, concerne les 62.500 agents civils du ministère. Enfin, depuis 2017, une circulaire du Premier ministre exclut l’usage, au sein du gouvernement et des armées, de l’écriture « inclusive » consistant à tout mettre au masculin et au féminin.

Evolutions et résistances. Outre les cantinières, le débat sur la place des femmes dans les armées a commencé sous la Révolution, rappelle Camille Boutron. La professionnalisation, décidée en 1996 et effective en 2002, joue un rôle majeur dans l’égalité professionnelle. En 2000, une résolution de l’ONU porte sur la mise en place d’un programme visant à une plus grande participation des femmes dans les armées et dans les opérations de sécurité. Au cours des conflits, la frontière s’estompe entre combattants et non-combattants avec une participation accrue des femmes aux combats, notamment celles parties rejoindre Daech après 2014. En Inde, les femmes ont obtenu l’accès au rang d’officier dans l’armée de Terre, décision politique pourtant contestée par son chef d’état-major auprès de la Cour suprême. Par ailleurs, la gestion de la vie de famille dévolue aux femmes, reflet de la société en général, freine, par autocensure ou culpabilisation, leur accès à certaines spécialités. Le choix d’une carrière s’avère complexe dans les armées, faute de modèle féminin dans ce monde d’hommes, où perdure l’idée de ne pas mettre les femmes en danger. Pourtant depuis 2012, elles se trouvent en opération en Afghanistan. Des unités féminines américaines y ont été constituées pour le renseignement et des groupes féminins suédois pour les actions civilo-militaires. Au sein des forces spéciales, les femmes se montrent aussi performantes mais plus à l’aise entre elles que dans des unités mixtes.

Ouverture et fidélisation. A part la Légion étrangère, toutes les spécialités militaires sont ouvertes aux femmes, rappelle Nathalie Tournyol du Clos. Les barèmes des épreuves physiques sont en cours de réexamen pour les femmes, car la force n’intervient plus dans le domaine numérique, par exemple dans le cyber, pour contrer les attaques des hôpitaux militaires, ou la technologie du combat collaboratif Scorpion. Les jeunes filles performantes dans les écoles techniques sont recrutées comme sous-officiers mécaniciens dans l’armée de l’Air et de l’Espace. En revanche, elles ne constituent que 20 % des effectifs du niveau ingénieur dans l’Ecole de l’Air ou l’Ecole navale. En moyenne, les femmes restent dix ans de moins que les hommes dans les armées. La fidélisation repose sur les sous-officiers et les jeunes lieutenants pour pallier les démissions de soldats dans l’armée de Terre, fréquentes pendant les premiers mois. L’incitation financière fonctionne pour les spécialités pointues. Quant aux carrières courtes sous contrat, les femmes restent en moyenne 4 ans de moins que les hommes parmi les sous-officiers et 2 ans de moins chez les officiers. Elles sont donc encouragées à préparer le concours de l’Ecole de guerre, afin de pouvoir rester plus longtemps. Il faut en effet 20 ans pour atteindre le grade de colonel et 30 ans pour celui d’officier général. Comme 60 % des femmes militaires vivent en couple avec un militaire, la Direction des ressources humaines de chaque armée doit gérer au mieux leurs carrières et affectations respectives.

Opérations et vie privée. En 1946, le général de Gaulle a accordé le droit de vote et le statut militaire aux femmes, souligne le capitaine Buchet. La première femme pilote de chasse a reçu la croix de Guerre 1939-1945 et a été faite officier de la Légion d’honneur. Cette spécialité ne requiert pas une force physique exceptionnelle. La légitimité des femmes va de pair avec leur ambition. Quant au sexisme, il tend actuellement à la culpabilité générale des hommes. La différence entre interdiction et manque de respect ne s’applique pas spécifiquement aux femmes. Tout dépend du chef, qui règle une situation problématique ou l’élude quand il comprend mal certains comportements. La garde des enfants nécessite une disponibilité peu compatible avec les missions de plusieurs mois en opération, mais palliée par une bonne solde en France. Dans les pays anglo-saxons, les mères célibataires confient leurs enfants aux voisins. Enfin, la perte de deux femmes pilotes de chasse n’apparaît pas plus tragique que celle de pilotes masculins.

Loïc Salmon

Avec 33.000 femmes, soit 16,1 % de ses effectifs, les forces armées françaises se trouvent en 4ème position derrière celles d’Israël (33 %), de la Hongrie (20 %) et des Etats-Unis (18 %). Parmi les 20.000 jeunes recrutés chaque année, les femmes représentent 17,2 % des militaires et 41,3 % des civils. Au niveau officier, elles ont pu intégrer l’Ecole de l’air en 1977, l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1983 et l’Ecole navale en 1993. Elles représentent 9,8 % des officiers généraux et 41,3 % des postes civils en 2020. Le taux de féminisation du ministère des Armées se monte à 21 %, ainsi réparti :  Service de santé des armées, 61,2 % ; Secrétariat pour l’administration, 30,9% ; armée de l’Air, 23,6 % ; Marine nationale, 14,8 % ; armée de Terre, 10,7 % ; Délégation générale pour l’armement, 46,2 %.

Défense : le « plan mixité » pour la performance opérationnelle

Harcèlement dans les armées : « Thémis » libère la parole

Femmes dans les armées : la réussite devient possible




Harcèlement dans les armées : « Thémis » libère la parole

« Thémis », cellule de lutte contre les harcèlements sexuel et moral, la violence et la discrimination au sein du ministère de la Défense, a déjà été saisie 192 fois depuis sa création le 21 juillet 2014. La cellule compte en tout 4 personnes civiles et militaires. Son directeur, le contrôleur général des armées Bernard Ducateau, a présenté la situation à la presse le 11 décembre 2014. Dans la mythologie grecque, Thémis, qui signifie « « la loi divine », est la déesse de la justice, de la loi et de l’équité (photo). En effet, la cellule du même nom recommande aux victimes de déposer une plainte auprès de la Gendarmerie, car seulement 1 viol sur 7 est porté à la connaissance des autorités judiciaires en France. Alors que les affaires de harcèlement sexuel faisaient auparavant l’objet d’une simple enquête de commandement, Thémis a déclenché « une prise de conscience » et reconnaît le statut de la victime, souligne son directeur. Elle s’appuie sur la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes et les articles L 4123-10 et 4123-10-1 du code de la défense. Ceux-ci stipulent que les militaires jouissent d’une protection juridique du ministère de la Défense et qu’aucun militaire ne doit subir de harcèlement sexuel. Avant la création de Thémis, les chefs de corps devaient prévenir un tel comportement, aujourd’hui ils doivent y mettre un terme. Alors que les données des autres ministères sont inexistantes, celui de la Défense publie les siennes. Il emploie 77 % de militaires et 23 % de civils. Sur les 192 saisines (militaires et civiles) indiquées, 66 concernent le harcèlement sexuel. Parmi elles, 53 cas sont antérieurs au 15 avril 2014, date de présentation au ministre d’un rapport sur la question, et concernent des affaires connues, mais mal prises en compte ou qui n’avaient pas été portées à la connaissance du commandement. Avec 50 % des saisines, le téléphone, qui garantit l’anonymat, reste le principal moyen de prendre contact avec Thémis, loin devant la messagerie interne du ministère (32 %) et internet (10 %). Le ministère de la Défense compte 80 % d’hommes et 20 % de femmes… qui constituent 88 % des victimes ayant saisi Thémis ! La cellule permet aux victimes de passer outre à la voie hiérarchique et de s’adresser directement au Contrôle général des armées, rattaché au ministre. Thémis propose à l’autorité hiérarchique des mesures conservatoires, conduit des enquêtes administratives, conseille le commandement et contribue à l’élaboration de statistiques sur les harcèlements, violences et discriminations en tous genres. Elle conseille, soutient et accompagne les victimes dans la durée, pour s’assurer du bon déroulement de leur carrière. Elle les réoriente vers le bon interlocuteur, lorsque leur demande ne relève pas de sa compétence. Parfois, les victimes, mutées à leur demande, n’acceptent pas que leur nouveau chef de corps soit informé de leur infortune, mais souhaitent connaître la sanction disciplinaire infligée à leur agresseur. Des chefs de corps ont été impliqués dans des cas de harcèlement sexuel ou moral, a reconnu le contrôleur général des armées Ducateau. Les victimes ou témoins de comportements suspects peuvent : contacter Thémis par courriel (themis@defense.gouv.fr ou themis@intradef.gouv.fr) par téléphone (01 42 19 88 88) ; parler à un psychologue, via Écoute Défense (08 08 800 321, appel gratuit) ; s’adresser à une association agréée, mais extérieure au ministère (www.stop-violences-femmes.gouv.fr ou appeler le 3919).

Loïc Salmon

Femmes dans les armées : promotion par la compétence et soutien contre le harcèlement

Exposition photographique itinérante « Femmes de la défense »




Femmes dans les armées : la réussite devient possible

La carrière des femmes militaires dépend de leur compétence, clé du commandement qui est respecté même si une femme l’exerce. Leur réussite inclut leur épanouissement familial.

Ce thème a fait l’objet d’un colloque organisé, le 8 mars 2017 à Paris, par l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM). Y sont notamment intervenus : la générale de division Isabelle Guion de Meritens, commandant l’Ecole des officiers de la gendarmerie nationale ; la lieutenante-colonelle Catherine Busch, commandant le 2ème bataillon de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr ; Claude Weber, maître de conférences en sociologie aux écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan ; Nathalie Legrand, consultante à Abonea Coaching.

Cœur, passion et raison. Mariée à un collègue et mère de famille, passée par Saint-Cyr et 1ère femme officier affectée à la Gendarmerie mobile, la générale Guion de Meritens a construit sa carrière au ministère de la Défense puis à celui de l’Intérieur depuis 2009. Elle se définit  comme un chef militaire qui exerce un métier de service public, qui a connu une aventure opérationnelle en métropole et outre-mer et qui doit gérer des ressources matérielles et humaines. Cela nécessite de travailler beaucoup et de réussir dans les postes opérationnels, qui vont notamment du commandement de 400 gendarmes dans un quartier urbain à l’interpellation à 6 h du matin, l’arme au poing, et à une action de force contre des sans-papiers. En tant que chef, elle exclut tout féminisme et se sent responsable de l’épanouissement de ses subordonnés, hommes et femmes. Elle a vécu l’adaptation de l’institution à l’arrivée des femmes, qui perturbait les gendarmes… et leurs épouses ! Aujourd’hui, l’égalité professionnelle et l’équité sont de mise. Les femmes ont accès à tous les métiers, y compris, pour les sous-officiers, dans la  Gendarmerie mobile auparavant réservée aux officiers féminins. Totalisant 19 % des 100.000 personnels de la Gendarmerie, les femmes constituent 13 % des sous-officiers et 7 % des officiers. Ces dernières sont issues des écoles militaires, du corps des sous-officiers ou directement du monde civil. Depuis 2002, la Gendarmerie recrute en effet au niveau universitaire 25 à 30 candidats par an, dont la moitié de femmes qu’il s’agit ensuite de « fidéliser ». Satisfaites de leur parcours, celles-ci recherchent un équilibre en matière de disponibilité, car l’ambition professionnelle s’use au profit de la vie de famille. Les femmes célibataires et sans enfant représentent 41 % des officiers et les hommes 13 %. Le succès, conclut la générale, repose sur la continuité dans l’action, l’implication des hommes, la communication et la poursuite d’une politique facilitant les carrières des deux sexes et pas seulement celles de femmes.

Symbole, alibi, hors de l’ordinaire. Le choix de Saint-Cyr correspond à celui d’une carrière militaire longue et à celui de commander, rappelle la lieutenante-colonelle Busch. Le contexte politique actuel de discrimination positive a pesé dans sa désignation à la tête du 2ème bataillon de Saint-Cyr, reconnaît-elle en précisant que ses compétences ont été validées pour le poste. L’institution a placé la femme qu’il faut là où ça va moins bien. Mais mener une carrière militaire en même temps que des vies de femme et de famille reste un choix difficile et implique des sacrifices à consentir. Beaucoup de femmes y renoncent, surtout parmi les sous-officiers. Même si l’institution essaie de faire les choses bien, la maternité n’est guère compatible avec les temps de commandement. La tentation est grande d’utiliser les femmes pour illustrer la politique menée. Celles-ci doivent rester vigilantes pour ne pas se trouver entraînées à des responsabilités non souhaitées et à exposition médiatique trop élevée. Parfois, il faut savoir dire « non », afin de préserver sa famille et ne pas s’autocensurer dans la volonté de maternité, souligne la lieutenante-colonelle. Enceinte de son 2ème enfant lorsqu’elle a préparé le concours de l’Ecole de guerre, période lourde à gérer, elle a accepté le risque d’échouer. Son accouchement a eu lieu entre les épreuves écrites (août) et orales (octobre). Lors d’une affectation à un poste sensible, elle recommande aussi de se méfier du perfectionnisme, pression personnelle supplémentaire. Enfin, elle rend hommage à… la compréhension de son mari !

Le monde civil. Nathalie Legrand a vécu une première carrière de « trader » dans la bourse où les décisions, toujours rapides, font gagner, ou perdre, beaucoup d’argent. Elle n’entrevoit guère de parité avant une dizaine d’années dans les hautes fonctions des entreprises privées, où les femmes représentent aujourd’hui 33 % des cadres supérieurs et 20 % des dirigeants. Quoique majoritaires parmi les diplômés de l’enseignement supérieur (55%), celles-ci voient leur carrière freinée par différents facteurs : efficacité des réseaux masculins ; insuffisance de mentors pour les former et de « sponsors » pour les tirer vers le haut ; manque de confiance en elles pour poser leur candidature à un poste à responsabilité ; doute sur leur légitimité. S’y ajoutent : la maternité, qui les exclut pendant quelques mois du monde de l’entreprise en évolution permanente ; la culpabilité vis-à-vis du conjoint et des enfants. Alors que les hommes demandent la reconnaissance de leurs compétences, les femmes l’attendent. Toutefois, selon un rapport (2011) du cabinet d’audit Mc Kinsey, les entreprises dont le comité exécutif compte le plus de femmes obtiennent un taux de rendement financier supérieur de 41 % à celles dont l’équipe dirigeante est exclusivement masculine. Les réseaux féminins se renforcent, dont Ladies First, Elles@Coke, Financi’elles et Grandes Ecoles au Féminin. Nathalie Legrand conseille aux femmes d’oser !

Constat et pistes possibles. La culture militaire aboutit à une division sexuelle des tâches découlant du combat, finalité des armées, estime Claude Weber. Les hommes ont tendance à voir la femme avant le soldat et plutôt de façon négative ou bien de considérer la femme militaire en décalage par rapport aux autres femmes de la société civile. Les femmes réagissent par la discrétion, l’évitement ou la lutte, facteurs perturbateurs de la cohésion qui devrait reposer sur la complémentarité et non sur l’identité. Claude Weber recommande : de développer les études sur les catégories de métiers, les opérations extérieures et les effets générationnels ; tenir compte des expériences d’autres pays ; observer la société civile et les autres professions ; inclure les hommes dans les réflexions.

Loïc Salmon

Femmes dans les armées : discrétion, mais besoin d’équité

Enseignement militaire supérieur : former les chefs d’aujourd’hui et de demain

Exposition photographique itinérante « Femmes de la défense »

Selon le ministère de la Défense, les armées comptent environ 60.000 femmes (plus de 15 % des effectifs en 2015), soit deux fois plus qu’en 1995. Les femmes représentent 58 % des effectifs du Service de santé, 29 % de ceux du commissariat, 22 % de ceux de l’armée de l’Air, 14 % de ceux de la Marine nationale et 10 % de ceux de l’armée de Terre. Très nombreuses dans les ressources humaines (48 %), elles le sont beaucoup moins dans les activités opérationnelles (3 %), quoique 1.500 soient actuellement déployées sur les théâtres extérieurs. En 2016, tous services et armées confondus, les officiers généraux comptaient 30 femmes dans leurs rangs. En 2017, 5 autres devraient les rejoindre, en vue d’un objectif de 7 % en 2019.




Femmes dans les armées : discrétion, mais besoin d’équité

Les jeunes femmes qui s’engagent dans les armées y recherchent des valeurs. Les contraintes du métier militaire, quoique plus lourdes pour elles, ne les empêchent guère d’y faire leurs preuves comme leurs collègues masculins.

Ce thème a fait l’objet d’un colloque organisé, le 8 mars 2017 à Paris, par l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM). Y sont notamment intervenus : le général de brigade Christophe Abad, Direction des ressources humaines de l’armée de terre ; le médecin-chef Nathalie Koulmann, chef du département environnements opérationnels de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) ; le médecin-chef Marion Trousselard, chef de l’unité de neurophysiologie du stress (IRBA).

Vivier indispensable. La féminisation ne fait plus partie des priorités du haut commandement. En 15 ans, les femmes ont accédé à tous les domaines des armées de Terre occidentales, selon leurs envies, talents et potentiel, rappelle le général Abad. Sans elles, les forces terrestres françaises n’auraient pu réaliser leur montée en puissance depuis 2015. Elles recrutent 15.000 personnels en moyenne par an parmi un vivier d’un million de Français intéressés, âgés de 17,5 à 30 ans avec les niveaux physique et de formation suffisants pour passer les tests d’aptitude. Pour les jeunes en manque de repères, l’armée de Terre présente une valeur refuge avec la possibilité d’y progresser selon leurs qualités propres. L’égalité de traitement reste fondamentale parmi les officiers, sous-officiers et militaires du rang. Toutefois, souligne le général, la discrimination positive n’existe pas : le parcours professionnel se construit par les examens, concours et formations. Etre militaire implique les mêmes compensations et sujétions pour les hommes et les femmes. Référencée dans chaque unité, la mixité fait l’objet d’une sensibilisation, dès la formation initiale des officiers à Saint-Cyr, et d’une définition précisée dans la doctrine du commandement dans l’armée de Terre. Il s’agit ensuite de « fidéliser » les femmes, afin de conserver le maximum de compétences acquises au cours de leurs années de service. Ainsi, une élève de la première génération mixte de saint-cyriens sera prochainement promue colonelle. L’efficacité opérationnelle va de pair avec un projet d’épanouissement individuel. Or, peu de femmes se sentent attirées par les systèmes de combat de l’armée de Terre, où l’exigence physique, la rusticité et la grande promiscuité de la vie en opérations sont plus fortes que dans les autres spécialités (encadré). Par ailleurs, la disponibilité permanente demeure difficilement compatible avec la vie de famille. Chaque promotion de Saint-Cyr voit ses effectifs diminuer après 15 ans de service : 30 % chez les hommes et … 66 % parmi les femmes !

Aptitude au combat. La compétence à exercer le métier, pour lequel un(e) candidat(e) a été recruté(e) s’appuie sur des données objectives liées au sexe, souligne le médecin-chef Nathalie Koulmann. Plus petite de 8 % en moyenne que l’homme, la femme présente une composition corporelle, une longueur relative des membres et un développement de la cage thoracique différents, qui ont des impacts sur les tâches à accomplir. Ainsi, par rapport à un homme de référence de 1,74 m et de 73 kg, une femme de référence de 1,64 m et de 57 kg présente une masse du cœur de 256 g contre 349 g et un volume des poumons de 4,25 l contre 5,70 l. Cette moindre capacité de transport d’oxygène s’accompagne d’un taux d’hémoglobine moyen inférieur de 10 % et de réserves en fer souvent limitées. Mais sa capacité à brûler plus de graisse, supérieure de 10 %, lui donne un avantage pour les exercices de très longue durée. Les tâches militaires, complexes, intègrent plus ou moins des aptitudes physiques  élémentaires : force musculaire et agilité, endurance musculaire et équilibre dynamique, aptitude aérobie avec coordination et puissance, flexibilité avec temps de réaction et vitesse. Quoique la force soit déterminante dans certaines activités, la femme la plus forte l’emportera toujours sur l’homme le plus faible. Mais désavantagées pour le port de charges lourdes, les femmes réussissent très rarement la totalité des tests physiques. Malgré une masse grasse plus élevée et un débit sudoral plus faible, elles présentent une tolérance à la chaleur presque similaire. Elles résistent aussi bien aux contraintes aéronautiques avec un « pantalon anti-G » adapté à leur morphologie. Pour les exercices de faible intensité, elles se fatiguent moins vite et récupèrent plus vite. En plongée, leur autonomie est supérieure, car elles consomment moins d’air, comme en témoignent deux femmes plongeurs-démineurs et une nageuse de combat ! Le risque de fracture de fatigue (sur-utilisation des os) lors des marches avec une charge lourde, quoique 2 à 6 fois plus élevé chez la femme, se réduit de 95 % en modifiant la fréquence des pas. Une doctrine d’aptitude physique minimale à certains postes, sans barème différentiel par sexe, reste à définir.

Environnement opérationnel. Les neurosciences permettent de comprendre les processus mentaux de perception, d’action, d’apprentissage et de mémorisation, explique le médecin-chef Marion Trousselard. Elles trouvent des applications militaires : prise en charge des blessés et des soins de l’avant ; amélioration de la sélection, de la formation et de l’entraînement ; organisation optimale de la préparation des opérations et de leur gestion. Tous les militaires connaissent le stress, réponse comportementale, émotionnelle, cognitive et physiologique face à un événement grave. Des études (2007) démontrent : la supériorité des hommes en capacité et vitesse de traitement de l’information ; la supériorité des femmes pour la capacité d’attention, la mémoire des mots et des visages ainsi qu’aux tests d’intelligence sociale. Le risque de dépression s’accroît lors des missions orbitales, des patrouilles sous-marines et de l’hivernage polaire, auxquels des femmes ont participé. Celles-ci embarquent déjà sur les sous-marins, notamment en Suède depuis 1989, en Australie (1998), au Canada (2001) et aux Etats-Unis (2010). En France, la féminisation a été décidée en 2006 sur les futurs sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda dont le 1er entrera en service fin 2018. La formation de 3 femmes officiers, dont 1 médecin, a commencé en 2015, en vue d’un embarquement sur un sous-marin nucléaire lanceur d’engins en 2017.

Loïc Salmon

Femmes dans les armées : promotion par la compétence et soutien contre le harcèlement

Lieutenants en Afghanistan, retour d’expérience

Selon le ministère de la Défense, l’encadrement dans l’armée de Terre se répartissait ainsi en 2015 : officiers de carrière (Saint-Cyr), 49,9 % de femmes pour 80,1 % d’hommes ; officiers sous contrat, 51,1 % de femmes pour 19,9 % d’hommes ; sous-officiers de carrière (Ecole de Saint-Maixent), 54,7 % de femmes pour 52,1 % d’hommes ; sous-officiers sous contrat, 45,3 % de femmes pour 47,9 % d’hommes. La part des femmes par spécialité se montait à : 0,5 % dans l’arme blindée ; 0,5 % dans l’infanterie ; 2,3 % dans le génie ; 3,8 % dans l’artillerie ; 5,1 % dans la maintenance ; 26,7 % dans les budget, finances et comptabilité ; 29,7 % dans la santé ; 30,6 % dans la communication ; 42,4 % dans l’administration ; 43,5 % dans la gestion des ressources humaines.




Femmes dans les armées : promotion par la compétence et soutien contre le harcèlement

La proportion de femmes « officier général », de 3,5 % (19) en 2013, devrait passer à 7 % (38) en 2019. Toutefois, quoique fières de leur métier, les jeunes femmes militaires ne sont pas à l’abri du harcèlement sexuel, que les autorités militaires entendent prévenir, traiter en toute transparence et sanctionner.

A cet effet, le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, a demandé aux officiers généraux Brigitte Debernardy et Didier Bolelli de mener une enquête sur le harcèlement sexuel dans les armées, dont le rapport lui a été remis le 15 avril 2014 à Paris en présence de 200 responsables civils et militaires.

Parité accrue. En décembre 2013, le ministre a installé un « Observatoire pour la parité », dont le secrétariat est assuré par Françoise Gaudin, nommée « Haut fonctionnaire à l’égalité des droits » auprès du secrétaire général pour l’Administration en septembre 2012. Cet observatoire devra constituer un tableau de bord de l’avancement pour : mesurer l’accès des femmes aux étapes clés de la carrière (diplôme d’état-major, École de guerre et Centre des hautes études militaires) ; suivre l’ancienneté moyenne pour l’accès aux grades d’officier supérieur ; évaluer la parité à l’avancement ; identifier et analyser les étapes et motifs de sortie des femmes de l’institution et les reconversions offertes. L’égalité professionnelle poursuit son cours dans les armées. Actuellement, les femmes ne peuvent faire partie des équipages de sous-marins pour des raisons de sécurité, de santé et d’aménagements des locaux à bord. Mais, dès 2017, 3 femmes officiers seront intégrées à titre expérimental à un équipage de sous-marin nucléaire lanceur d’engins, après une sélection de volontaires en 2014 et une période de formation initiale en 2015, en vue de la pérennisation de la féminisation des équipages de sous-marins. En outre, 2 femmes ont atteint le grade d’amiral : l’une a déjà quitté la Marine et l’autre commande toutes les forces armées en Polynésie française depuis 2012. Dans l’armée de l’Air, 6 femmes colonels ont déjà commandé une base aérienne ou un détachement air. Des femmes pilotes ont été affectées aux escadrons, en outre-mer et même à la tête de la patrouille de France. A l’été 2014, un lieutenant-colonel féminin doit commander la première escadre de défense sol/air équipée de missiles SAMP. Une femme devrait diriger l’escadron de chasse «  La Fayette » des Forces aériennes stratégiques à l’été 2015. Dans l’armée de Terre, une femme colonel commande, depuis 2013, le 40ème Régiment de transmissions, qui a participé à l’opération « Serval » au Mali. En 2015, le Bataillon de Saint-Cyr sera confié pour la première fois à une femme. A la Direction générale de l’armement, depuis 2013, une ingénieure dirige un centre d’expertise de renommée mondiale dans la lutte contre les menaces biologique et chimique. Au cours de 2014, 2 des 9 hôpitaux d’instruction des armées et 3 des 6 centres du commissariat des armées seront dirigés par des femmes.

Harcèlement sexuel. Les deux rapporteurs ont rempli leur mission d’enquête sur le harcèlement sexuel dans les armées en un mois. Ils ont retenu tous les faits survenus en France et en opérations extérieures, en service, à l’occasion du service et en dehors du service mais à l’intérieur d’un site Défense. Ces faits incluent notamment les viols, agressions sexuelles, exhibitions sexuelles, harcèlement sexuel ou moral, atteinte à l’intimité de la vie privée, bizutages, diffamations et provocations à la discrimination en raison du sexe. La méthode de travail des rapporteurs, qui ont rencontré 300 femmes, a combiné des auditions en dehors de la hiérarchie, des tables rondes par catégories (militaire du rang, sous-officier et officier) et des vérifications sur pièces et sur place dans les formations et les écoles militaires pour corroborer les déclarations. Les rapporteurs ont constaté l’absence de statistiques exhaustives au sein du ministère de la Défense sur ce sujet, qui touche aussi les hommes. La promiscuité protège, car chacun vit aux yeux de tous. Les propos à connotation sexuelle s’estompent au fur et à mesure que le nombre de femmes augmente dans une unité. Le grade et la spécialité protègent en créant une distance et une meilleure capacité de réaction. Toutefois, les dérapages font suite à des jeux qui tournent mal sous l’emprise de l’alcool consommé par des gens très jeunes (18-19 ans), non encore psychologiquement stabilisés. Une femme victime préfère parler  d’abord à une autre femme, avant de porter plaine, et de préférence à une de sa catégorie. Le recours à une aide psychologique au profit de la victime n’est que très rarement envisagé, à l’exception de la Marine, indique le rapport. Les faits avérés de harcèlement sexuel donnent lieu à une sanction disciplinaire (nombre variable de jours d’arrêt), susceptible de ruiner une carrière, ou même à une condamnation pénale si la justice est saisie. Le rapport énumère 12 canaux de signalement d’événements graves, au sein et en dehors de la hiérarchie, mais peu connus du personnel militaire et civil. Enfin, il propose 26 recommandations.

Mesures ministérielles. Suite à cette enquête, le ministre de  la Défense a présenté un plan d’action en 4 axes. Une cellule de soutien et de conseil dénommée « Thémis », dirigée par le contrôleur général Brigitte Debernardy, accompagnera la victime et le commandement pour la définition des suites judiciaires à donner à l’événement. La prévention sera renforcée par l’inscription des articles relatifs aux harcèlements, discriminations et violences dans le Code de la défense et le Code du soldat et par l’ouverture au droit à une protection juridique pour la victime. Pour assurer la transparence, le Haut fonctionnaire à l’égalité des droits traitera les signalements, fournira chaque année des statistiques sur les faits de harcèlement et de violence et mettra à la disposition des personnels militaires et civils toutes  les informations nécessaires quant à leurs droits et devoirs. La politique disciplinaire appliquera des sanctions plus graves, allant de l’exclusion temporaire à la radiation des cadres, pour les actes de violence ou d’agression sexuelle.

Loïc Salmon

Exposition photographique itinérante « Femmes de la défense »

Enseignement militaire supérieur : former les chefs d’aujourd’hui et de demain

Service de santé : traumatismes psychiques dans les armées, problème de santé publique

L’inspecteur général Didier Bolelli et le contrôleur général Brigitte Debernardy ont mené l’enquête sur le harcèlement sexuel dans les armées, hors Gendarmerie (ministère de l’Intérieur). Le ministère de la Défense emploie 60.000 femmes, soit près de 38 % du personnel civil et 15 % du personnel militaire. Quoique l’École Navale n’ait été ouverte aux femmes qu’en 1992, celles-ci représentent 14 % des effectifs de la Marine. L’École de l’Air est accessible aux jeunes filles depuis 1976. La féminisation atteint 33 % des militaires techniciens de l’air et 62 % des volontaires. L’armée de Terre compte 11.600 femmes. Elle en admet parmi les sous-officiers depuis 1976 et à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan depuis 1983. La Direction générale de l’armement, féminisée depuis longtemps, compte 11 des 19 officiers généraux féminins du ministère de la Défense. Le Service de santé emploie 59 % de femmes, qui représentent 42 % des effectifs projetés en opérations extérieures. Enfin, le corps des commissaires compte 27 % de femmes.




Défense : le « plan mixité » pour la performance opérationnelle

Donner envie aux femmes de rejoindre les armées, fidéliser celles qui y sont et lever les appréhensions des candidates potentielles par une meilleure image.

Tels sont les objectifs du « plan mixité », présenté à la presse, le 7 mars 2019 à Paris, par la ministre des Armées, Florence Parly, accompagnée de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, du général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre, du vice-amiral d’escadre Stanislas Goulez de la Motte, major général de la Marine nationale et du général de corps aérien Alain Ferran, directeur des ressources humaines de l’armée de l’Air (photo).

L’égalité. Il ne s’agit pas d’un plan de la féminisation des armées, souligne Florence Parly. : « Il n’y aura pas de discrimination positive, il n’y aura pas de passe-droit. La sécurité des Français est en effet notre priorité absolue, l’outil militaire, c’est notre assurance-vie. (…) Chaque poste sera donc attribué au regard des compétences et des mérites. » Dans la société civile, explique-t-elle, la réussite professionnelle d’une femme dépend de la bienveillance de son supérieur… et de son compagnon. Dans les armées, le taux « d’évaporation » des effectifs est plus rapide chez les femmes, en raison de la difficile conciliation entre les vies professionnelle et familiale. Par ailleurs, les femmes peuvent désormais accéder à toutes les spécialités militaires. En 2018, un équipage de quatre femmes a été validé sur un sous-marin lanceur d’engins. En outre, les futurs sous-marins d’attaque Barracuda sont aménagés pour l’accueil de femmes dans un espace plus confiné. Une adaptation des critères physiques généraux fait l’objet d’une réflexion. Toutefois, certaines situations de combat exigent les mêmes aptitudes physiques pour la sécurité du groupe, précise Florence Parly.

Le pragmatisme. Le plan mixité se décline en 22 mesures concrètes, dont 6 dites « phares ». La 1ère diversifie les profils dans les corps d’officiers, en élargissant le recrutement sous contrat et sur titre universitaire, au sein des grandes écoles militaires, à des profils non scientifiques. La 2ème assouplit la gestion pour l’accès aux grades et aux responsabilités afin de conserver les droits à l’avancement, lors d’un congé parental ou pour élever un enfant, dans la limite de cinq ans au cours de la carrière. La 3ème développe le « mentorat » pour tous, par des accompagnateurs hors hiérarchie, volontaires et expérimentés, pour les aider à construire leur carrière. La 4ème assouplit les conditions d’accès aux examens et concours, notamment à l’Ecole de guerre, pour les officiers sous contrat ou pour les candidats ayant acquis des compétences dans le civil lors d’une disponibilité. La 5ème généralise la mise en place de « référents mixité », qui assurent un rôle de prévention, conseil et appui au commandement. La 6ème renforce la féminisation du haut encadrement militaire, à savoir 10 % de femmes/an parmi les lauréats du concours de l’Ecole de guerre d’ici à 2025 et 10 % de femmes parmi les officiers généraux d’ici à 2022.

La féminisation en 2018. Les armées emploient 32.02 femmes militaires, soit 15,5 % des effectifs. Elles constituent 8 % des militaires déployés en opérations extérieures et 38 % des personnels civils. Elles représentent 15 % des officiers, 18 % des sous-officiers et 13 % des militaires du rang. L’armée de Terre emploie 10 % de femmes, la Marine 14 %, l’armée de l’Air 23 %, le Services des essences 30 % et le Service de santé 58 %, dont 40 % de médecins.

Loïc Salmon

Femmes dans les armées : la réussite devient possible

Défense : le « plan famille » de fidélisation des militaires

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Service de santé : médecine de guerre, efficacité maximale

Dans le face à face des blessés, qui souffrent, et du personnel, qui soigne et console, il s’agit d’équilibrer évacuation et prise en charge thérapeutique.

Ce thème a fait l’objet d’une conférence-débat organisée, le 26 septembre 2019 à Paris, par l’ordre de la Libération. Y sont intervenus : le médecin général inspecteur (2S) Raymond Wey ; le médecin chef Marc Puidupin ; le médecin général (2S) Chantal Roche.

Un siècle d’évolution. Au début de la première guerre mondiale, les erreurs tactiques entraînent des hécatombes de morts et de blessés qui font prendre conscience de la nécessité d’un soutien médical opérationnel, rappelle le médecin général Wey. En 1917, le député et médecin major de réserve Chassaing imagine un avion de transport sanitaire pour deux blessés couchés. Une vingtaine d’avons sanitaires sont envoyés au Maroc en 1918 à la demande du général Lyautey, résident général. Ils s’ajoutent aux évacuations par route et chemin de fer vers l’hôpital Marie Feuillet à Rabat. Quelques 7.000 évacuations sanitaires sont effectuées au Maroc et au Levant entre 1920 et 1938. Dans les années 1930, les techniques d’anesthésie au penthotal, de réanimation et de conservation du sang pendant 10 jours sont mises au point. La lyophilisation du plasma sanguin est réalisée en 1940. Les services de santé des différentes armées totalisent 20.000 médecins, 4.000 pharmaciens et 100.000 infirmiers pendant la seconde guerre mondiale. En 1944, les Etats-Unis fournissent des trousses de soins contenant des sachets de morphine et de sulfamides antibactériens. Des stocks de sang sont envoyés au front. Lors de la guerre d’Indochine (1945-1954), les personnels médicaux partagent les risques et l’isolement des soldats. Grâce aux évacuations aériennes (avions et hélicoptères), les antennes chirurgicales mobiles permettent de stabiliser les fonctions vitales des blessés. Pendant la guerre froide, les services de santé s’adaptent à un conflit en Centre-Europe, selon le schéma OTAN pour le sauvetage élémentaire de combat, le triage et l’évacuation sanitaire. Les ressources techniques suffisent pour traiter les blessés et les polytraumatisés. Après la chute du mur de Berlin (1989), les opérations extérieures (Opex) nécessitent une médicalisation la plus précoce possible au moyen de plates-formes adaptées. En 1996, celle-ci devient interarmées et doit égaler en qualité les hôpitaux publics. Elle inclut la réinsertion des blessés dans la société.

La « mort évitable ». Les guerres évoluent vers des conflits hybrides incluant guerre conventionnelle, guerre irrégulière, actions terroristes et criminelles, auxquelles se superposent la cyberguerre, indique le médecin chef Puidupin. Les études épidémiologiques des blessures de guerre permettent de mieux connaître leurs spécificités et d’évaluer leurs traitements. La prise en charge des blessés repose sur le concept de « mort évitable » grâce au sauvetage au combat, à savoir la médicalisation au plus près, et la maîtrise des dégâts (« damage control » en anglais) par la chirurgie et la réanimation de l’avant. Selon une étude des blessés de guerre en Afghanistan réalisée en 2015, 51,6 % d’entre eux souffrent d’au moins deux atteintes lésionnelles. Ainsi, les blessures concernent : la tête et le cou dans 55 % des cas ; les membres supérieurs, 48 % ; les membres inférieurs, 42 % ; le thorax, 21 % ; l’abdomen, 12 %. La mort par hémorragie, suffocation des poumons ou infection peut être évitée, à condition d’intervenir à temps. Selon la gravité des blessures, 1/5 des décès reste inévitable, le sauvetage au combat en évite 1/5 et 3/5 des blessures ne présentent pas une gravité immédiate. Une blessure au crâne ou au tronc entraîne la mort immédiate dans 42 % des cas et dans les 5 minutes dans 25 %. Environ 15-20 % des décès précoces peuvent être évités par une structure de soins accessible dans les 30 minutes. Toutefois, des décès par suite de blessures, peuvent survenir entre 2 heures et 1 semaine après un traitement médical. D’après une étude américaine, le taux de mortalité hospitalière est passé de 25 % pendant la guerre du Viêt Nam (terminée en 1975) à celles d’Irak (2003) et d’Afghanistan (2014), grâce à la protection balistique du combattant, le sauvetage au combat et la chirurgie précoce. Tout combattant concourt à la mise en condition de survie des blessés selon un standard de soins du sauvetage de combat. Celui-ci se décline en trois niveaux successifs : gestes salvateurs compatibles avec l’exposition au feu par tous les soldats ; gestes complémentaires adaptés au contexte tactique par les auxiliaires sanitaires ; gestes de réanimation de l’avant par les médecins et infirmiers. La chirurgie de sauvetage écourtée se concentre sur le contrôle de l’hémorragie et de l’infection, prévoyant d’emblée une chirurgie secondaire pour le traitement définitif. Parallèlement, une réanimation intensive vise à rétablir la physiologie en corrigeant les troubles de coagulation sanguine et l’anémie, l’hypothermie et l’acidose (trouble de l’équilibre acido-basique dans le sang). En cas de rapatriement sanitaire, la réanimation se poursuit pendant le vol à bord d’un avion C-135 équipé du système « Morphée » (module de réanimation pour patients à haute élongation d’évacuation). La durée d’évacuation vers les Etats-Unis est passée de 45 jours pendant la guerre du Viêt Nam à 36 heures pendant le conflit en Irak et, vers la France, à 24 heures pendant celui en Afghanistan. En 2019, il s’écoule en moyenne 35 heures entre le moment où un soldat est blessé en Opex et son arrivée à un hôpital militaire en France. L’accompagnement du blessé jusqu’à l’autonomie dure en moyenne de 2 à 6 mois pour la rééducation, jusqu’à 1 an pour la réadaptation et jusqu’à 2 ans pour la réinsertion.

La place des femmes. Service le plus féminisé du ministère des Armées, le SSA compte 60 % de femmes, souligne le médecin général Roche. Lors de la première guerre mondiale, elles n’étaient qu’infirmières, aujourd’hui, elles sont surtout médecins. Exercice de toutes les facettes de l’art médical, la médecine militaire combine les fonctions de soignant et de militaire, avec les mêmes valeurs d’engagement de disponibilité. Les femmes militaires mènent leur existence, professionnelle et privée, avec le paradoxe de donner la vie mais aussi la mort. Alors qu’elles représentaient 20 % des membres de la Résistance, leur engagement n’a guère été valorisé pendant le second conflit mondial. En 2019, les officiers généraux ne comptent dans leurs rangs que 3 femmes dans l’armée de Terre, 2 dans l’armée de l’Air et 1 dans la Marine.

Loïc Salmon

Au sein de ses 1.038 compagnons, l’ordre de la Libération compte 26 médecins, dont 21 militaires. Parmi ces deniers, 13 sont morts pour la France entre 1939 et 1954, pendant la seconde guerre mondiale et celle d’Indochine. Parmi les compagnons, 300 ont été blessés, dont 100 amputés. L’ordre ne compte que 6 femmes. Selon le médecin général Roche, les femmes constituent la moitié des 14.760 personnels dédiés à la prise en charge médico-chirurgicale des armées et de la Gendarmerie. Les militaires, qui représentent 70 % du total, se répartissent ainsi : 1.927 médecins ; 4.765 paramédicaux (22 professions différentes) ; 68 vétérinaires ; 43 chirurgiens-dentistes ; 2.997 réservistes.

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Exposition photographique itinérante « Femmes de la défense »

Avec 15 % de femmes parmi son personnel militaire en 2012, l’armée française est la plus « féminisée » d’Europe, devant celles de la Grande-Bretagne (9,7 % en 2010) et de l’Allemagne (9,1 % en 2010). Elles servent dans tous les domaines, sauf les sous-marins en raison de la promiscuité à bord. Toutefois, le programme des futurs sous-marins nucléaires d’attaque « Barracuda » prévoit des aménagements pour leur embarquement. Sur les 60.000 femmes du ministère de la Défense, 38 % sont civiles. Les autres, au nombre de 33.000 dans les armées, représentent 6 % des militaires engagés en opérations extérieures. Une exposition photographique itinérante, inaugurée le 29 août 2013 par Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement (photo), leur est consacrée. Elle en montre 23 dans leur quotidien : pilote de chasse à Saint-Dizier, navigateur en mer Rouge, secrétaire au sein du groupement Terre au Tchad, infirmière militaire en Jordanie, réserviste chef de groupe section Vigipirate à l’aéroport Roissy Charles-De-Gaulle, ingénieur civil expérimentateur navigant à Cazaux, commandant du bâtiment école Panthère à Brest, chef de projet à Paris, gendarme au Bourget, directeur de pont d’envol en océan Indien, mécanicienne armement à Solenzara, chasseur alpin à Paris, commandant supérieur des forces armées en Polynésie française à Tahiti, chef d’équipe appui image drone en Afghanistan, pilote d’hélicoptère à Saillagouse, juriste à Paris, adjoint chef d’escouade transport en Côte d’Ivoire, directeur d’essais à Biscarrosse, convoyeuse de l’air au Mali, chef d’équipe chargée de prévention à Paris, manœuvrier en surveillance maritime au large de la Birmanie, conducteur de chien à Chabeley et… parachutiste en Afghanistan ! Une femme haut fonctionnaire a été nommée à l’égalité des droits en 2012 au sein du ministère de la Défense et un observatoire de la parité établi en 2013 pour appuyer son action. Les femmes peuvent accéder au grade d’officier général : elles sont déjà une dizaine à la Direction générale de l’armement, quelques unes au Service de santé des armées et au Commissariat (service interarmées) et… une dans la Marine ! La voie a été ouverte par le médecin général Valérie André, présente à l’inauguration de l’exposition photographique à l’Hôtel de Brienne (Paris). Résistante et pilote d’hélicoptère, elle totalise plus de 4.200 heures de vol, 129 missions de guerre en Indochine, 365 missions de guerre en Algérie et 7 citations. Titulaire des croix de Guerre 1939-1945 et des Théâtres d’opérations extérieures, de la croix de la Valeur militaire, de la Médaille de l’aéronautique et de la Legion of Merit (Etats-Unis), elle est Grand-Croix de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite. L’exposition est présentée sur les grilles du 231 boulevard Saint-Germain à Paris, siège du ministère de la Défense et de l’Etat-major des armées. Elle passera notamment à Toulon (15 octobre-7 novembre), Toulouse (7-30 novembre) et Lyon (mars 2014).

Loïc Salmon

Une deuxième femme amirale

Femmes en guerre 1940-1946