Marine nationale : groupe aérien aux Etats-Unis, modernisation du porte-avions

Pendant l’arrêt technique majeur du porte-avions Charles-de-Gaulle, son groupe aérien s’entraîne aux Etats-Unis pour maintenir ses compétences et accroître son interopérabilité avec l’aviation embarquée américaine.

La partie aérienne a été présentée à la presse, le 29 mars 2018 à Paris, par le contre-amiral Guillaume Goutay, commandant la force de l’aéronautique navale, et le capitaine de frégate Marc Bourdilleau, commandant le groupe aérien embarqué. La partie navale a été exposée par le capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain, commandant le Charles-de-Gaulle (CdG) pendant son indisponibilité, lors d’une conférence-débat organisée, le 21 mars 2018 à Paris, par le Centre d’études stratégiques de la marine.

Déploiement « Chesapeake ». Pendant le chantier du CdG, les pilotes du groupe aérien poursuivent leur entraînement à terre à la base de Landivisiau, contribuent à la protection du ciel métropolitain et ont participé aux exercices OTAN et à l’opération « Chammal » au Levant, avec l’armée de l’Air à partir de la Jordanie, rappelle l’amiral Coutay. Tous ont suivi une formation de deux ans aux Etats-Unis. En outre, le déploiement « Chesapeake » (3 avril-27 mai 2018) de douze Rafale Marine et d’un avion de guet aérien E-2C Hawkeye, dans deux bases navales américaines et sur le porte-avions George-H-W-Bush, permet au groupe aérien embarqué d’être « au top niveau » sur le plan tactique quand le CdG reprendra la mer. En 2008, 6 Rafale et 1 Hawkeye s’étaient déjà entraînés avec le porte-avions Theodore-Roosevelt. Cette coopération se prolongera dans les opérations conjointes futures, grâce au niveau élevé de confiance réciproque sur les plans technique et tactique, souligne l’amiral. Selon, le capitaine de frégate Bourdilleau les 350 marins déployés dans « Chesapeake », incluant pilotes, préparateurs de mission, mécaniciens et personnels du pont d’envol proviennent des flottilles 4F, 11F, 12F et 17F ainsi que du Centre d’expertise groupe aérien embarqué. Conçue comme une projection opérationnelle, « Chesapeake » a commencé par une manœuvre de convoyage de 3 jours. Le Hawkeye a suivi la route du Nord avec des escales en Ecosse, en Islande, au Groenland et au Canada. Passés par le Sud, les 12 Rafale ont rallié les Etats-Unis, via les Açores, grâce aux 3 avions ravitailleurs KC135 de l’armée de l’Air. Le retour est prévu début juin pour les Rafale et début juillet pour le Hawkeye. Lors de la première phase du déploiement, à terre en Virginie (5 avril-8 mai), les Rafale sont accueillis par l’unité Carrier Air Wing 8 sur la base aéronavale d’Oceana, près de Norfolk, et le Hawkeye sur celle de Chambers, dans l’arsenal de Norfolk. Au cours des appontages simulés sur piste, les pilotes répètent les manœuvres à entreprendre avec un très haut niveau de sécurité. Chacun doit en réussir 8 avant de passer sa qualification sur porte-avions, laquelle exige 10 appontages réussis, de jour et de nuit. La seconde phase (8-18 mai) se déroule à bord du George-H-W-Bush, au large de Norfolk. Sur les 27 pilotes, 5 auront effectué leur premier appontage à bord d’un Rafale Marine. Les quelque 180 exercices prévus auront inclus 430 vols sur Rafale et 40 sur Hawkeye. Les missions complexes, avec avions français et américains équipés de missiles de croisière, incluent : soutien de troupes au sol ; attaque ou défense de navires ; recherche de cibles défendues par des missiles sol-air ; combat aérien avec un ou plusieurs avions ; bombardement ; défense de zone ; protection de raids dans la profondeur. Toutefois, indique le capitaine de frégate Bourdilleau, les deux parties n’auront pas mis en œuvre tous leurs modes opératoires, par souci de discrétion.

Outil militaire à longue élongation. Un porte-avions permet la maîtrise des espaces aéromaritimes et une projection de puissance, qui expliquent sa prolifération avec une variante en porte-aéronefs (voir encadré). Egalement porteur d’une composante arienne de la dissuasion nucléaire, le CdG a été déployé 14 mois en opérations en deux ans, rappelle le capitaine de vaisseau de Saint-Germain. Ses missions portent aussi sur le renseignement. Ainsi son apport de l’information, à traiter en état-major et à exploiter pour l’action, a permis de comprendre la menace, lors de la mise en place du porte-aéronefs russe Amiral-Kouznetsov pendant l’opération « Chammal » lancée en 2014 au large de la Syrie. Stocks de pièces de rechange et bancs de maintenance moteurs et équipements électroniques, mis en œuvre par 450 techniciens dans le grand hangar du CdG, lui donnent une capacité de production d’heures de vol. Son 2ème arrêt technique majeur, sur les 4 prévus au cours de sa vie opérationnelle, commencé au premier trimestre 2017, doit s’achever par une remontée en puissance au début de 2019. L’entretien lourd décennal inclut le maintien en condition opérationnelle, le rechargement des cœurs nucléaires, l’entretien et le contrôle des chaufferies et de la propulsion. La refonte à mi-vie, qui lui donnera 20 ans de potentiel supplémentaire, porte sur le système de combat (dont les senseurs radars et organiques), l’installation d’aide à l’appontage et les réseaux informatiques. Enfin, le groupe aérien embarqué termine sa transformation au format chasse « tout Rafale Marine », équipé du missile air-air longue portée (150 km) Meteor. Au cours du chantier, conduit en partenariat avec le maître d’œuvre Naval Group, l’équipage assure 50 % des travaux. En raison de la même doctrine d’emploi que ses homologues américains, le CdG a déjà remplacé l’un d’eux en opérations dans le golfe Arabo-Persique. Pourtant, il n’est équipé que de 2 catapultes et n’embarque que 24 chasseurs, contre 4 catapultes et 80 appareils, capables de 100 sorties par jour, pour un porte-avions américain.

Loïc Salmon

Marines : le porte-avions, outil militaire et diplomatique pour agir loin

Marine nationale : opération « Arromanches » en Méditerranée et océan Indien

Patrouille de France, la tournée américaine de 2017

Selon le Centre d’études stratégiques de la marine, les 11 porte-avions (PA) américains (330 m de long, 112.000 t de déplacement et 4.500 personnels), actuellement en service, sont à propulsion nucléaire et équipés de catapultes à vapeur et de brins d’arrêt. L’unique PA français (260 m, 42.500 t et 1.950 p) présente les mêmes caractéristiques. L’unique porte-aéronefs (PO) chinois (304 m, 65.000 t et 2.500 p) utilise le fioul pour sa propulsion et est équipé d’un tremplin pour avions à décollage court et appontage par brins d’arrêt. Les 2 PO indiens (273 m, 45.000 t, fioul et 1.600 p) présentent les mêmes caractéristiques. Le PO russe (302 m, 60.000 t, fioul et 1.950 p) dispose des mêmes équipements aviation. L’unique PO britannique (280 m, 65.000 t, fioul et 1.600 p) dispose d’un tremplin, mais pas encore de groupe aérien. Vers 2022-2023, il embarquera des avions américains F35B à décollage court et atterrissage vertical puis sera rejoint par un navire jumeau. A l’horizon 2030, 27 unités devraient naviguer dans le monde : Etats-Unis, 11 PA équipés de catapultes électromagnétiques ; France, 1 PA à catapultes à vapeur et études lancées pour son successeur ; Brésil, 1 PO car le PA Sao-Paulo (ex-Foch français), désarmé, devrait être remplacé après le rachat du porte-hélicoptères britannique Ocean ; Italie, 2 PO qui auront été transformés pour recevoir des F35B ; Espagne, 1 PO ; Inde, 3 PO dont 1 avec catapultes ; Chine, 4 PO et projet de propulsion nucléaire ; Russie, 2 PO.




Marine et armée de Terre : « Bois Belleau 100 », exercices majeurs en interalliés

Pour la première fois, des exercices franco-américains ont eu lieu dans la zone de crise Méditerranée orientale, mer Rouge et golfe Arabo-Persique, dans le cadre du déploiement opérationnel interarmées « Bois Belleau 100 » du 21 novembre 2017 au 4 mars 2018.

Leurs déroulement et bilan ont été présentés à la presse, le 15 mars 2018 à Paris, par le capitaine de vaisseau Nicolas Vaujour, commandant du groupe amphibie « Bois Belleau 100 », et le « brigadier general » (général de brigade) américain Francis Donovan, commandant la Task force amphibie 51/5 du corps des « Marines ».

Procédures coordonnées. Pour la première fois, « Bois Belleau 100 » a été dirigé par un état-major binational, chargé de planifier des opérations interarmées, cyber et de renseignement. Il a mis en œuvre les moyens nécessaires : près de 700 militaires français et américains ; le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre ; la frégate de défense aérienne Chevalier-Paul ; 1 hélicoptère Caïman Marine de la flottille 31 F, 1 Dauphin de la 35 F et 1 Panther de la 36 F ; 2 Caïman Terre et 2 Gazelle du 1er Régiment d’hélicoptères de combat ; 1 équipe médicale américaine ; 1 groupe tactique de « Marines » ; 1 détachement de la flottille amphibie ; 1 frégate américaine (périodiquement) ; 1 avion de patrouille maritime Atlantique 2 ; 1 section de la 9ème Brigade d’infanterie de marine ; le 5ème Régiment de cuirassiers, stationné à Abu Dhabi. La montée en puissance de « Bois Belleau 100 » a porté sur les manœuvres amphibies : évacuation de ressortissants ; projection, commandement et soutien d’une force à terre ; récupération tactique de personnes en zone de crise ; commandement d’opérations combinées ; raids aéroporté et maritime ; soutien médical d’une opération à terre. L’hôpital du Tonnerre a été placé sous commandement américain pendant toute la mission. Un premier grand exercice s’est déroulé dans le golfe d’Aqaba avec une frégate et un BPC égyptien. Un 2ème dénommé « Alligator Dagger » a mobilisé deux bâtiments américains au large de Djibouti. Le commandement du groupe amphibie franco-américain, assuré par la Marine française, est passé sous contrôle opérationnel américain en océan Indien. Le 3ème exercice, « Alligator Thunder », s’est déroulé à proximité du Koweït. Le croiseur américain Monterey a escorté le BPC Tonnerre. La frégate Chevalier-Paul a participé à la protection du porte-avions américain Théodore-Roosevelt.

Interopérabilité renforcée. Le groupe amphibie possède des capacités d’action en mer, pour la sécurisation des espaces et des voies maritimes, et des capacités de réponse aux crises de la mer vers la terre et à terre. Il renforce les moyens militaires français permanents dans la région, dont les forces prépositionnées à Djibouti et aux Emirats arabes unis. « Bois Belleau 100 » a permis d’élargir la capacité d’action amphibie commune à un niveau encore jamais atteint, face aux menaces transrégionales nécessitant des solutions multinationales et multi-domaines, a déclaré le brigadier general Donovan. Selon le capitaine de vaisseau Vaujour, « Bois Belleau 100 » a participé à l’évaluation de la situation dans le golfe d’Aden lors de son intégration aux forces opérationnelles combinées TF 151 et « Atalante » de lutte contre la piraterie et TF 150 contre le terrorisme. Enfin, la collecte et le partage d’informations entre le Tonnerre, le Chevalier-Paul et les armées de l’Air des pays riverains, contribuent à la liberté d’appréciation stratégique de la France.

Loïc Salmon

Marine nationale : mission « Arromanches 3 » du GAN en Méditerranée orientale

Océan Indien : CTF 150, synergie franco-britannique

Marines : outils de sécurité, du Moyen-Orient à l’océan Indien




Forces spéciales : réactivité maximale partout dans le monde avec les ERC

Les « embarcations rapides commandos » (ERC), prépositionnées ou déployées, permettent aux commandos marine d’effectuer opérations spéciales, interventions aéromaritimes de la mer vers la terre et actions de l’Etat en mer.

Elles ont fait l’objet d’une présentation à la presse, le 15 février 2018 à Paris, par un capitaine de frégate de la Force maritime des fusiliers marins et commandos (Forfusco).

Systèmes d’armes modulables. La Forfusco dispose de deux types d’ERC : l’Etraco (Embarcation de transport rapide pour commandos) et l’Ecume (Embarcation commando à usages multiples et embarquable). Toutes deux, capables d’embarquer jusqu’à 12 commandos équipés, sont employables depuis la terre par transport routier sur remorque. Pour les missions lointaines, elles sont déployables par mer sur les frégates multimissions (6.000 t), bâtiments de projection et de commandement ou bâtiments de soutien. En cas d’urgence, elles sont largables d’avions de transport tactique C-130 Hercules ou A400M Atlas. Longue de 8 m, l’Etraco déplace 2,4 t, emporte une mitrailleuse de 7,62 mm et navigue à plus de 50 nœuds (93 km/h). L’Ecume, qui a profité du retour d’expérience de l’Etraco, est modulable selon les missions, endurante et particulièrement manœuvrable même par gros temps. Elle présente une longueur de 9,3 m, un déplacement de 7 t, une vitesse supérieure à 40 nœuds (75 km/h), une capacité d’emport de 3 t et une autonomie en charge de 200 nautiques (370 km). La future frégate de taille intermédiaire (4.250 t) pourra en embarquer un ou deux.

Large spectre de missions. L’action de l’Etat en mer s’exerce sur l’ensemble des zones économiques exclusives de la France. Cela va de la lutte contre les narcotrafics jusqu’à 60 nautiques (111 km) au large des Antilles à celle contre la pêche illicite dans les zones maritimes de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française. S’y ajoutent la lutte contre la piraterie dans le golfe de Guinée, le détroit de Malacca et au large de la Somalie et celle contre le crime organisé sur la côte libyenne. Celle contre le terrorisme s’étend de la Méditerranée orientale à la mer Rouge. Les ERC rendent possibles des opérations spéciales contre la terre, comme pénétrer de façon discrète dans un espace hostile, notamment pour recueillir du renseignement. Pour s’y préparer physiquement et mentalement et se maintenir à niveau, les commandos effectuent des raids nautiques de 1.200 km en 4 jours entre Lorient et Saint-Malo. Cet entraînement leur permettra de faire des raids de 100 nautiques (1.852 km), à partir d’un bâtiment porteur ou par aérolargage pour, par exemple, rattraper un navire détourné par des pirates. La capacité à conduire des assauts de vive force contre des adversaires en mer, explique le capitaine de frégate, nécessite de parcourir de longues distances, longtemps, et avec une importante réserve de puissance au moment de les intercepter et d’agir contre eux, sans leur laisser la possibilité de fuir. Une autre action contre la terre consiste à forcer le déni d’accès à une côte, lequel peut s’étendre jusqu’à 50 nautiques (90 km) en mer et sur des longueurs de plus en plus longues. Cela implique la participation des partenaires aériens et navals de la Forfusco, pour le transport jusqu’à la limite de la zone, et la mise à l’eau de senseurs, pour que les commandos puissent passer inaperçus. L’équipe ERC/hélicoptère Caïman permet de les récupérer. L’action à partir de sous-marins relève des nageurs de combat.

Loïc Salmon

Forces spéciales : création du commando Ponchardier de la Marine nationale

Forces spéciales Air : allonge, rapidité et puissance de feu




Armées de Terre et de l’Air : « Acinonyx », exercice TAP majeur et interalliés

Pour la première fois, des troupes aéroportées (TAP) françaises et américaines se sont entraînées ensemble en France, au cours de l’exercice annuel interarmées « Acinonyx », tenu du 5 au14 février 2018 dans le Sud-Ouest de la France.

Le colonel Bertrand Debray, chef de corps du 8ème Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa), a présenté cet exercice à la presse le 1er février à Paris.

« Acinonyx ». Organisé par la 11ème Brigade parachutiste et la Brigade aérienne d’appui et de projection, cet exercice a mobilisé plus de 1.000 soldats à partir du Pôle national des opérations aéroportées de Toulouse/Francazal, dans des conditions d’engagement proches de la réalité. La composante aérienne a inclus : 1 A400M Atlas, 1 C-160 Transall, 1 C-130 Hercules et 1 Casa, avions de transport tactique français ; 2 C-130J Hercules américain ; 2 Alphajet, 6 Rafale et 4 Mirage 2000C français. Engagées par saut sur la zone du camp de Ger, les TAP ont effectué plusieurs missions : saisie de zones et sécurisation de sites ; reconnaissance offensive et destruction d’objectifs ; mise en place d’une chaîne de décontamination, suite à un incident chimique. Les parachutistes français et ceux de la 173ème Brigade aéroportée américaine, stationnée au camp de Caylus, ont ainsi pu s’entraîner avec : le 5ème Régiment d’hélicoptères de combat ; des personnels du 2ème Régiment de dragons pour le traitement de la menace chimique et bactériologique ; des équipes du 132ème Bataillon cynophile de l’armée de Terre ; un détachement du 516ème Régiment du train pour l’escorte des convois. « Acinonyx » avait pour premier objectif d’entraîner la capacité de projection, par voie aérienne, d’une force de réaction rapide de TAP depuis Toulouse (illustration). Il a aussi permis la validation avant projection du 8ème RPIMa, en vue de son déploiement en Côte d’Ivoire en juin 2018.

La « capitale de l’urgence ». A Toulouse, le Pôle national des opérations aéroportées peut, très rapidement, regrouper 800 militaires et leurs matériels et les envoyer partout dans le monde jusqu’à 5.000 km, grâce aux A400M basés à Orléans. La Brigade aérienne d’appui et de projection gère tous les avions de transport et de liaison : C-160 Transall ; C-130 Hercules ; CN-235 Casa ; A 310 ; A 330 ; A 340 ; Falcon 900 ; Falcon 7 X ; Falcon 2000LX ; Xingu ; TBM 700 ; DHC-6 Twin Otter. S’y ajoutent les hélicoptères Puma, Super Puma, Fennec et Caracal. Grâce à l’alerte spécifique permanente dite « Guépard  TAP», la 11ème Brigade parachutiste (BP) fournit une première réponse à une situation de crise. Sa principale mission consiste à s’emparer d’une zone aéroportuaire, rétablir son fonctionnement et la livrer à un autre élément de force déployé ultérieurement. La 11ème BP peut engager environ 700 combattants répartis en deux échelons d’alerte, le premier à 12 heures et le second à 48 heures. Depuis 2015, le « Guépard TAP » a été déclenché 8 fois sur le territoire national, en Centrafrique, au Gabon, en Côte d’Ivoire et aux Antilles (assistance après l’ouragan Irma). Répartie surtout dans le Sud-Ouest avec son état-major à Toulouse, la 11ème BP compte : le centre de formation initiale des soldats ; l’Ecole des troupes aéroportées ; 8 régiments (chasseurs, hussards, train, génie, infanterie de marine, artillerie et légion étrangère). Ses 7.500 militaires sont équipés d’ensembles de parachutage individuel et du combattant et, pour les commandos, de parachutes à ouverture retardée.

Loïc Salmon

Défense : les opérations aéroportées, capacités spécifiques selon les missions

Armées de l’Air et de Terre : interopérabilité en transport tactique et aérolargage




Armée de l’Air : l’appui aérien aux opérations terrestres

Le processus « Air Land Integration » (ALI), à savoir une coordination élevée entre aéronefs et forces terrestres, implique une adaptation permanente de la mission au théâtre d’opération.

Le lieutenant-colonel Fabrice Laurens de l’état-major de l’armée de l’Air l’a présenté à la presse le 7 septembre 2017 à Paris, à l’occasion de l’exercice interarmées et interalliés « Serpentex ».

Synergie et technologie. Dans un contexte multi-théâtres, évolutif et avec emploi de technologies avancées, l’armée de l’Air met ses moyens en synergie au sein de la campagne globale. Elle respecte la liberté de décision et le choix des modes d’action de la composante terrestre bénéficiaire. L’ALI, qui nécessite un important investissement humain et technique, met en œuvre l’ensemble des processus tactiques (planification et conduite) pour optimiser la manœuvre interarmées. Il s’applique principalement à l’appui aérien : le feu au profit de troupes au sol et le renseignement pour les forces spéciales. La composante air de l’ALI met en place des chaînes de commandement adaptées au théâtre. Ainsi pour l’opération « Chammal » au Levant, les forces françaises sont engagées dans une coalition internationale au commandement très centralisé en raison des nécessités politiques du théâtre. L’appui aérien nécessite alors une coordination classée « haute » au niveau de l’état-major. En revanche dans la bande sahélo-saharienne, l’opération « Barkhane », menée par la France, permet une organisation décentralisée de l’ALI. La chaîne C2 Air (système de commandement et de conduite) descend au plus bas niveau tactique. Des officiers de l’armée de l’Air sont mis en place dans la structure du commandement Terre, constituant une prolongation, sur le terrain, du JFAC (commandement de la composante air interarmées) installé à la base aérienne de Lyon Mont-Verdun.

« Serpentex » 2017. La complexité des opérations nécessite un entraînement ALI très poussé en interarmées et interalliés, du plus bas niveau tactique à celui des chaînes C2. L’expertise de l’ALI, acquise pendant une dizaine d’années, est mise à profit dans l’exercice « Serpentex » (11-29 septembre 2017) à la base aérienne de Solenzara (Corse). Il vise à : entraîner les contrôleurs aériens avancés (JTAC) à leur mission d’appui aérien dans des conditions réalistes ; tester des matériels et éprouver des procédures nouvelles en interarmées et interalliés ; prendre en compte les opérations récentes. Plus de 10 pays, principalement de l’OTAN, soit 1.000 militaires dont 800 Français, participent à « Serpentex ». Ce dernier met en œuvre : une trentaine d’avions de chasse dont 17 étrangers ; 4 hélicoptères (1 Puma et 3 Fennec) ; 2 avions de transport tactique (Transall et Casa) ; 1 drone Reaper ou Harfang ; 1 avion radar AWACS E3-F ; 1 avion ravitailleur KC-135 français ; 74 JTAC, dont 13 instructeurs ; 1 système de défense sol-air Mistral de l’armée de Terre ; 1 simulateur de menace sol-air américain TRTG. Les commandos parachutistes de l’Air N°10, 20 et 30 utilisent le système « Alliance » pour effectuer le guidage terminal d’une bombe, en évitant les communications vocales. En outre, « Alliance » aide à la décision tactique en affichant : des points d’intérêt mise à jour en temps réel sur une carte ou une image satellite ; des éléments issus des bibliothèques ; les ordres de commandement. Il accélère la boucle décisionnelle pour l’appui aérien rapproché. Enfin, il réduit les risques de tirs fratricides et de dommages collatéraux par la visualisation de la zone létale de l’armement.

Loïc Salmon

Forces spéciales : ET «Poitou»/CPA10, binôme avions/commandos

Armées de l’Air et de Terre : interopérabilité en transport tactique et aérolargage

Défense : les opérations aéroportées, capacités spécifiques selon les missions




Tigre 2 : exercice franco-saoudien d’opérations spéciales

Pour la première fois, des forces saoudiennes sont déployées en Europe, en l’occurrence la Corse (base aérienne 126 de Solenzara), dans le cadre d’un exercice bilatéral de forces spéciales dénommé « Tigre 2 » (28 septembre – 20 octobre 2012).  Ce dernier fait suite à « Tigre 1 », portant sur la préparation d’un PC commun et qui s’est déroulé en Arabie Saoudite en 2011. Cette fois-ci, il s’agit de réaliser une « opération spéciale », par la mise en application du plan de coopération militaire bilatéral (élaboré en 2005 et engagé depuis 2010), le renforcement de l’interopérabilité entre les forces armées des deux pays et l’entraînement des commandements aux niveaux opératif (théâtre) et tactique. La France déploie environ 1.000 personnels dans « Tigre 2 ». Les forces spéciales (300 hommes) proviennent des commandos du 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine, du 13ème Régiment de dragons parachutistes, du Commando parachutiste de l’air No10 et des commandos Marine « De Monfort » et « Kieffer ». Elles mettent en œuvre des hélicoptères de 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales, des avions de transport de l’escadron « Poitou » de l’armée de l’Air et des drones. Elles bénéficient de l’appui et du soutien du Commandement de la force terrestre (une douzaine d’organismes et d’unités dont le 2ème Régiment étranger de parachutistes et le 2ème « Régiment de dragons – nucléaire, biologique et chimique »),  de la Marine nationale (bâtiment ravitailleur Meuse) et de l’armée de l’Air (avions de chasse Rafale). Les moyens saoudiens, dont les effectifs n’ont pas été divulgués, comprennent des commandos de la 64ème Brigade des forces spéciales, des hélicoptères Black Hawk et Bell (Little Bird) ainsi que des avions de transport C-130 Hercules.

Loïc Salmon