Défense : actualisation de la LPM 2014-2019

Le projet d’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, adopté par le Conseil des ministres le 20 mai 2015, sera présenté à l’Assemblée nationale début juin. Jean-Claude Mallet, conseiller spécial du ministre de la Défense, l’a présenté à la presse le même jour. Le budget du ministère de la Défense augmentera de3,8 Md€ par rapport à la LPM initiale pour totaliser 162,41 Md€ sur 2015-2019, grâce à des crédits budgétaires supplémentaires et des cessions immobilières et de matériels militaires. La Force opérationnelle terrestre augmentera de 11.000 hommes pour totaliser 77.000 personnels. Compte tenu des engagements extérieurs depuis trois ans (reliquat Afghanistan, Mali et Centrafrique), un investissement de 1,5 Md€  portera sur les équipements clés. Ainsi, pour l’aérocombat notamment dans la bande sahélo-saharienne, 7 hélicoptères Tigre supplémentaires seront commandés et la cadence de livraison des hélicoptères de transport tactique NH90 sera accélérée. Les trois derniers avions ravitailleurs MRTT seront livrés entre 2018 et 2025, pour compenser le retrait du service des C 135, âgés en moyenne de 51 ans. Compte tenu des aléas de l’avion de transport tactique A 400 M, 4 avions C 130 Hercules doivent être acquis, dont 2 capables de ravitailler des hélicoptères en vol. Les forces spéciales recevront 2 avions C 130 et renouvelleront leur parc de jumelles à vision nocturne. En 2023 aura lieu la première livraison du programme de frégates de taille intermédiaire, complémentaires des frégates multi missions (FREMM), dont 6 auront été livrées en 2019. D’ici là, les frégates furtives seront rénovées avec l’ajout d’un sonar, lors de leurs arrêts techniques programmés. En matière de renseignement, la capacité d’observation spatiale sera renforcée par l’acquisition d’un troisième satellite, en coopération avec l’Allemagne dans le cadre du programme MUSIS (système multinational pour la surveillance, la reconnaissance et l’observation). En outre, une charge utile ROEM (renseignement d’origine électromagnétique) sera installée sur les drones Reaper. Pour garantir la souveraineté française dans le Sud-Est de l’océan Indien, la Marine nationale recevra un 4ème bâtiment multimissions, qui sera basé à La Réunion. En outre, elle va acquérir 4 bâtiments de soutien et d’assistance hauturier pour la surveillance des approches maritimes métropolitaines. La capacité d’intervention aérienne sera renforcée par l’acquisition de 25 nacelles TALIOS (système optronique de ciblage et d’identification à longue distance) destinées aux Mirage 2000 et Rafale, dont 152 appareils auront été livrés en 2019 sur les 180 commandés. En matière de cyberdéfense, 1.000 personnels civils et militaires supplémentaires seront recrutés sur la période 2014-2019. De plus, les organisations et les capacités d’analyse et de surveillance du ministère de la Défense seront renforcées. Dans ce dernier domaine et afin d’améliorer la protection du territoire national, des partenariats seront conclus avec les entreprises, en vue de recruter 28.000 à 40.000 réservistes pour servir de 30 à 210 jours/an pendant au moins 3 ans. Par ailleurs, le projet d’actualisation de la LPM 2014-2019 autorise la création et l’adhésion libre à des « associations professionnelles nationales de militaires ». Toutefois, sont interdites actions collectives (grèves) ou initiatives individuelles pour défendre des intérêts professionnels de la part de militaires engagés en opérations, afin de garantir  la disponibilité des armées.

Loïc Salmon

Défense : conserver les capacités nécessaires dans un budget contraint

Cyberdéfense militaire : DEFNET 2015, exercice interarmées à tous les niveaux

Renseignement militaire : clé de l’autonomie stratégique et de l’efficacité opérationnelle




Femmes en guerre 1940-1946

Cet ouvrage, réalisé par cinq personnes, présente les femmes qui ont participé, sous l’uniforme, à la seconde guerre mondiale du côté des Alliés. Abondamment illustré de photos et documents, sans oublier les détails vestimentaires et insignes,  il souligne leur engagement et leurs difficultés à se faire admettre par leurs collègues masculins. « Bien des combattants d’hier tiennent pour inadmissible la présence de femmes dans leurs rangs. Nous ternissons la pureté de leur légende, mettons de la sauce majorette dans leur gloire », explique Suzanne Torrès, qui épousera le futur général Massu. Elle fait partie des Françaises vivant à New York que la riche Américaine Florence Conrad, soutenue par les puissantes ligues féministes, recrute en 1943 pour créer le groupe de conductrices ambulancières « Rochambeau », du nom du commandant des troupes françaises pendant la guerre d’Indépendance américaine. Les « Rochambelles » accompagnent la 2ème Division blindée du général Leclerc jusqu’en Allemagne. En décembre 1940, au Caire, le général Catroux crée le Bureau central d’assistance pour les Forces françaises libres au Moyen-Orient et en confie la direction à sa femme Marguerite, infirmière principale de 1ère classe. Une autre infirmière, la comtesse Gali-Leila du Luart, met sur pied la Formation chirurgicale mobile (FCM) N°1, franco-américaine de statut civil, pour secourir les grands blessés pendant la campagne de France. Elle reçoit la croix de Guerre et la Légion d’Honneur. Après divers avatars, la FCM reprend du service en Tunisie en 1942, suit tous les combats en Italie, rejoint la France le 31 mai 1945 et défile à Paris le 14 juillet. L’armée de l’Air crée le Corps auxiliaire féminin en 1943 à Alger. Parmi ces « filles de l’air » figurent la chanteuse américaine Joséphine Baker (croix de guerre avec palme et chevalier de la Légion d’Honneur) et l’aviatrice Maryse Bastié (croix de Guerre avec palme et commandeur de la Légion d’honneur). Outre ces grandes dames, nombreuses furent les femmes de métropole et des colonies à contribuer à la libération de la France. En Afrique du Nord, les volontaires doivent avoir entre 18 et 45 ans mais, les effectifs ne suffisant pas, un appel individuel sous les drapeaux est institué pour les Françaises de 21 à 40 ans, célibataires, veuves, divorcées et mariées sans enfants. Seules celles ayant souscrit un engagement peuvent servir aux armées. De tous les corps féminins, celui des transmissions, créé par le général Merlin, est le plus connu. Les « Merlinettes » participent à la libération de la Corse en 1943 et au débarquement de Provence en 1944. Parmi les 30 d’entre elles recrutées par le 2ème Bureau (renseignement), 7 seront parachutées en France occupée, capturées par les Allemands et exécutées. La Marine constitue les Services féminins de la flotte (SFF), dont les cadres sont recrutés en fonction des diplômes, des états de service ou des services rendus. Deux groupes d’ambulancières SFF se distinguent au 1er Régiment de fusiliers marins et au Régiment blindé de fusiliers marins. Les premières, engagées en Italie en juillet 1944, seront considérées comme membres à part entière de l’unité, malgré la méfiance du début, pour leur courage, leur endurance et leur calme en toutes circonstances. Les secondes seront présentes à la prise de Berchtesgaden (« nid d’aigle » d’Hitler) les 4 et 5 mai 1945. Pourtant, l’unique monument aux ambulancières mortes pour la France, situé à Réchésy (Territoire de Belfort), ne sera inauguré… qu’en 1991 !

Loïc Salmon

Exposition photographique itinérante « Femmes de la défense »

 

« Femmes en guerre 1940-1946 » (2013).

Éditions E-T-A-I/176 pages/36 €




Renseignement : indispensable à la souveraineté et garant de l’indépendance nationale

Les services de renseignement (SR) français ont connu une grande transformation en France ces dernières années, après la prise de conscience de l’opinion et des pouvoirs publics de la nécessité de leurs travaux.

Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, a fait le point de la situation au cours d’une conférence-débat organisée, le 9 février 2015 à Paris, par l’Institut des hautes études de défense nationale.

Évolution de l’opinion publique. Dans les pays anglo-saxons, les services de renseignement (SR) sont considérés comme utiles et légitimes et leurs agents comme exerçant « un métier de seigneur ». En France, en dehors des conflits armés, le renseignement a longtemps été perçu comme infâmant et comme un mélange de trahison et de surveillance policière. Cette absence de culture de renseignement ne résulte pas du hasard, estime Jean-Jacques Urvoas. La géographie du pays et son autosuffisance économique pendant longtemps n’ont guère incité ses habitants à s’informer sur l’extérieur, la quête de l’unité l’emportant sur la conquête hors frontières naturelles. Peu curieux, le tempérament français a valorisé la connaissance et méprisé le renseignement. Depuis le Moyen-Age, le risque doit permettre la victoire, qui résulte d’un exploit guerrier. La beauté du geste compte, notion totalement étrangère au monde du renseignement. La mémoire collective a retenu les « affaires » louches : Dreyfus (1894-1906), Ben Barka (1965), micros du Canard enchaîné (1973) et Rainbow Warrior (1985). Les dirigeants politiques français ont longtemps mal connu les possibilités et les contraintes des SR, estimant qu’ils peuvent tout, savent tout et ont réponse à tout… immédiatement ! Jusqu’à Nicolas Sarkozy (2007-2012), indique Jean-Jacques Urvoas, les présidents de la Vème République ont gardé une attitude méfiante ou prudente à leur égard. Toutefois, ces sentiments ne sont pas l’apanage de la France. Aux États-Unis, le président John Kennedy, échaudé par le fiasco de « l’affaire de la Baie des cochons » (1961) imputé à la CIA, avait déclaré à son personnel dans le hall de l’agence de renseignement : « Vos succès ne seront pas rendus publics, mais vos échecs seront annoncés à la trompette » ! Pourtant, tout change après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis par l’organisation terroriste Al Qaïda. Celle-ci, qui ne dépend pas d’un État, peut frapper n’importe où, n’importe quand et n’importe comment. Contrairement à la guerre froide (1945-1991) où les objectifs des SR étaient de grande taille (capacités militaires et économiques adverses), la menace est devenue diffuse. Les renseignements d’origines humaine, technique et satellitaire ne suffisent plus. Il s’agit de détecter les « signaux faibles », cachés probablement au fond d’un ordinateur qui n’est pas connecté à internet. En outre, devant le développement exponentiel de la téléphonie mobile (courriels compris), les défis majeurs résident dans le tri de l’information et la capacité d’analyse. Pour l’opinion publique française, les SR, outils indispensables de l’État, sont devenus des « réducteurs d’incertitude » face à une menace non identifiable.

« Mutation » des SR. Le Livre blanc 2008 sur la défense et la sécurité nationale mentionne la nouvelle fonction stratégique « connaissance et anticipation », au même titre que « dissuasion », « protection », « prévention » et « intervention ». Est également créée la communauté du renseignement, qui regroupe 6 SR : Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Direction du renseignement militaire et Direction de la protection et de la sécurité de la défense rattachées au ministère de la Défense ; Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, police nationale) ; Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (ministère de l’Économie) ; Tracfin (encadré, ministère des Finances). En 2014, le président de la République et le gouvernement ont engagé des mutations juridique et capacitaire des SR, indique Jean-Jacques Urvoas. Un budget supplémentaire de 425 M€ financera les équipements et le fonctionnement. Les effectifs, actuellement de 12.000 personnes, seront renforcés de 1.300 postes. A titre de comparaison, les SR américains emploient 80.000 personnes et les SR britanniques 30.000. En raison de la montée en puissance du terrorisme, le renseignement intérieur a été restructuré. La DCRI a été transformée en « Direction générale de la sécurité intérieure » (DGSI). Le recrutement, auparavant constitué à 66 % de fonctionnaires de police (formation juridique) est ouvert, par des contrats de 3-4 ans, aux informaticiens, mathématiciens (cryptage), traducteurs et analystes financiers. Le maillage territorial est reconfiguré en fonction du risque estimé. La DGSI a accès directement au ministre de l’Intérieur et peut coopérer plus facilement avec la DGSE. Elle peut établir des partenariats avec : la Préfecture de police de Paris pour les recherches sur l’immigration clandestine, les infractions à l’emploi d’étrangers, le terrorisme et l’action violente ; le Service central du renseignement territorial, né en mai 2014, pour le travail de détection en amont de dérives sectaires et de repli identitaire dans les quartiers difficiles ; la sous-direction à l’anticipation opérationnelle de la Gendarmerie nationale, qui dispose de brigades aux échelons départemental, régional et zonal ; le Bureau du renseignement pénitentiaire. En matière d’écoutes téléphoniques, les fichiers de Google et d’Amazon sont plus performants que ceux de la DGSI. En outre, les terroristes, se sachant sur écoutes, ne disent rien au téléphone et ne se parlent que chez eux. Leur domicile doit donc être « sonorisé » et leur véhicule suivi grâce à la pose de balises. Enfin, la loi va bientôt obliger les sociétés étrangères de téléphonie, comme Skype, à coopérer. L’emploi de ces moyens sera validé par une commission de contrôle avec des ingénieurs chargés de la vérification technique, précise Jean-Jacques Urvoas. Enfin, en matière d’espionnage industriel et de pillage de savoir-faire des entreprises, les plus grands prédateurs se trouvent parmi les pays alliés proches, souligne-t-il.

Loïc Salmon

Le renseignement, clé pour la connaissance et l’anticipation

Renseignement : importance croissante en France depuis la première guerre mondiale

Renseignement : cadre législatif à améliorer, selon la DPR

Le service de renseignement financier « Tracfin », qui dépend du ministère des Finances, compte une centaine dagents. Le département de lanalyse du renseignement et de linformation assure lintégration, lenrichissement et la valorisation de linformation. Il entretient des relations avec les professionnels déclarants et les services étrangers homologues. Le département des enquêtes recherche notamment les fraudes financières en matière de jeux et de transferts dargent. La cellule danalyse stratégique exploite les informations disponibles, afin didentifier les tendances en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Une cellule spécifique traite les affaires de financement du terrorisme. Le pôle juridique et judiciaire assure aussi une mission dexpertise. La mission « système dinformation » est chargée du fonctionnement et des évolutions des systèmes informatiques de Tracfin.  




Tigre 2 : exercice franco-saoudien d’opérations spéciales

Pour la première fois, des forces saoudiennes sont déployées en Europe, en l’occurrence la Corse (base aérienne 126 de Solenzara), dans le cadre d’un exercice bilatéral de forces spéciales dénommé « Tigre 2 » (28 septembre – 20 octobre 2012).  Ce dernier fait suite à « Tigre 1 », portant sur la préparation d’un PC commun et qui s’est déroulé en Arabie Saoudite en 2011. Cette fois-ci, il s’agit de réaliser une « opération spéciale », par la mise en application du plan de coopération militaire bilatéral (élaboré en 2005 et engagé depuis 2010), le renforcement de l’interopérabilité entre les forces armées des deux pays et l’entraînement des commandements aux niveaux opératif (théâtre) et tactique. La France déploie environ 1.000 personnels dans « Tigre 2 ». Les forces spéciales (300 hommes) proviennent des commandos du 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine, du 13ème Régiment de dragons parachutistes, du Commando parachutiste de l’air No10 et des commandos Marine « De Monfort » et « Kieffer ». Elles mettent en œuvre des hélicoptères de 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales, des avions de transport de l’escadron « Poitou » de l’armée de l’Air et des drones. Elles bénéficient de l’appui et du soutien du Commandement de la force terrestre (une douzaine d’organismes et d’unités dont le 2ème Régiment étranger de parachutistes et le 2ème « Régiment de dragons – nucléaire, biologique et chimique »),  de la Marine nationale (bâtiment ravitailleur Meuse) et de l’armée de l’Air (avions de chasse Rafale). Les moyens saoudiens, dont les effectifs n’ont pas été divulgués, comprennent des commandos de la 64ème Brigade des forces spéciales, des hélicoptères Black Hawk et Bell (Little Bird) ainsi que des avions de transport C-130 Hercules.

Loïc Salmon




Combat en zone urbaine : au cœur des engagements actuels

L’armée de Terre dispose d’un « Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine » (Cenzub), unique en Europe. Le 28 novembre 2012 au camp de Sissonne (Aisne), elle a organisé une démonstration dynamique devant la presse et des parlementaires des commissions de Défense de l’Assemblée nationale et du Sénat. Pendant une heure, un sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) a mis en œuvre drones, hélicoptères, blindés légers et lourds, mortiers et fantassins et pris d’assaut une zone urbaine représentant une ville de 5.000 habitants. Le SGTIA, commandé par un capitaine, regroupe près de 200 hommes et 30 blindés et peut faire appel aux hélicoptères de l’Aviation légère de l’armée de terre. Le Cenzub peut accueillir, en même temps et pendant deux semaines, deux SGTIA qui mettent en pratique les spécificités de ce type de combat. La formation dispensée s’enrichit des retours d’expériences des armées françaises et alliées sur les théâtres d’opérations extérieurs en milieu urbain avec ses menaces spécifiques, dont les engins explosifs improvisés et attaques-suicides. En outre, les types d’engagement les plus probables sont étudiés. Les stagiaires s’entraînent au combat en espace confiné (distances d’engagement de 0 à 100 m, milieu très cloisonné, pièces fermées et zones obscures) et en zone habitée (impacts juridique et d’influence). Ils apprennent à réduire au maximum les pertes dans ce type de combat particulièrement meurtrier. Le Cenzub, où viennent déjà s’entraîner les armées allemande et britannique, doit accueillir un SGTIA des Emirats arabes unis en mai 2013.

Loïc Salmon




Défense : nouveaux ministre et ministre délégué

Le 16 mai 2012, le président de la République François Hollande a nommé Jean-Yves Le Drian ministre de la Défense et Kader Arif ministre délégué chargé des Anciens Combattants. La passation de pouvoir entre Gérard Longuet et Jean-Yves Le Drian a eu lieu le lendemain (photo). Ce dernier, âgé de 64 ans, est inspecteur général de l’Education nationale. Secrétaire d’Etat à la mer (1991-1992) dans le premier gouvernement d’Edith Cresson, il a été élu et réélu député du Morbihan (1978-1988 et 1997-2002). Il a été notamment membre, rapporteur et vice-président de la Commission de la défense nationale et des forces armées (1988-1991 puis 1997-2002), puis membre et rapporteur de la Commission d’enquête sur la sécurité du transport maritime des produits dangereux ou polluants (2000). Kader Arif (52 ans), élu et réélu député européen (2004-2012), a remplacé Marc Laffineur dans ses fonctions le 17 mai.

L.S.




Euronaval 2012 : défis maritime et industriel

L’avenir et la sécurité des nations se jouent en mer, où se déploient leurs capacités militaires. Les océans, qui rapprochent des pays autrefois lointains, entraînent une distorsion et un rétrécissement de l’espace géopolitique en abolissant la majeure partie des frontières et en offrant un accès direct à la plupart des zones sensibles.

Telle est l’opinion du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, exprimée le 23 octobre 2012 au Bourget (banlieue parisienne), lors de l’inauguration du salon d’armement naval Euronaval 2012.

L’industrie navale militaire. Les choix politiques et stratégique concernant la Marine nationale seront poursuivis, a précisé le ministre. Ils portent sur : onze frégates européennes multimissions (FREMM), déjà commandées ; le programme « Barracuda », destiné à remplacer les sous-marins nucléaires d’attaque de type Rubis ; le missile de croisière naval qui permettra de renforcer la frappe de précision dans la profondeur ; les torpilles ; la version navale de l’hélicoptère NH90 (Caïman). Seront également construits des bâtiments de projection et de commandement, des patrouilleurs et aussi des bâtiments côtiers chargés de la surveillance et de la lutte contre toutes sortes d’intrusions et  de trafics. Le ministre entend encourager l’innovation pour détecter les ruptures, qui pourraient changer la donne, et rester en capacité de fournir le bâtiment le plus polyvalent et le mieux intégré, en tenant compte des meilleures conditions économiques. Dans ce contexte, il a rendu hommage à deux types d’acteurs de la filière navale : les systémiers, seuls capables de maîtriser la complexité croissante de la mise en œuvre de nouveaux équipements ; les petites et moyennes entreprises, porteuses d’innovations technologiques, qui devront  être mieux intégrées dans l’ensemble du « process » (ensemble des étapes ou transformations nécessaires à la fabrication d’un produit) lancé par le ministère de la Défense ou les grands groupes. La filière navale française, longtemps morcelée, associe désormais les secteurs civil et militaire dans une nouvelle ambition maritime. Cette logique, qui mérite d’être davantage accompagnée, a souligné le ministre, consiste à encourager le rapprochement des acteurs scientifiques, académiques et étatiques, des régions, des industriels et des petites et grandes entreprises « dans une stratégie globale d’affirmation de souveraineté maritime et d’affirmation de compétences ».

Exportation et coopération. L’industrie navale militaire est le premier secteur de défense à l’exportation pour plusieurs raisons, selon Jean-Yves Le Drian. Sa réussite, tient notamment aux partenariats stratégiques à long terme établis avec le Brésil et l’Inde, qui bénéficient d’une coopération dans le domaine des sous-marins. L’Etat s’engage au plus haut niveau pour dynamiser le processus de soutien à l’exportation, en vue de garantir le maintien de la base industrielle et technologique de défense. Il doit être le partenaire d’autres Etats, a indiqué le ministre, en fixant les normes du partenariat et en créant les conditions de la confiance. « L’industriel doit être celui qui propose ses compétences et ses capacités dans le cadre de ce partenariat, il faut que les rôles des uns et des autres soient complémentaires, qu’ils se fertilisent pour que la France joue vraiment son rôle de partenaire et que, du même coup, l’exportation s’en tire mieux ». Au cours d’une conférence de presse à l’issue de sa visite d’Euronaval 2012, Jean-Yves Le Drian a précisé : « Nous devons établir, nous, moi, le gouvernement, des relations étatiques qui permettent l’échange, qui s’inscrivent dans les demandes du gouvernement partenaire. Et, l’industriel joue sa propre partition dans ce cadre-là. Evidemment, le gouvernement n’est pas ignorant de ce que fait l’industriel et réciproquement ».

Partenariats industriels. Après l’échec du rapprochement entre les groupes franco-allemand EADS et britannique BAE, le ministre a fait le point sur les drones. Une décision a été prise pour un « prépositionnement » sur le drone tactique Watchkeeper, que construit Thales UK pour l’armée britannique. Une autre concerne le partenariat entre BAE et Dassault Aviation sur le drone de combat futur. Toutefois, rien n’a encore été décidé sur le drone MALE (moyenne altitude longue endurance), qui fait l’objet de discussions entre la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Par ailleurs, le ministre a rappelé qu’avec les Emirats arabes unis, où il s’est rendu les 21-22 octobre, les relations industrielles ont débouché sur un partenariat de longue durée concrétisé par une base permanente (aérienne et navale) française à Abou Dhabi (700 militaires sur place). Son agenda inclut une visite au Brésil (4-6 novembre) pour voir la base navale que construit DCNS avec le groupe brésilien de construction de bâtiments et travaux publics Odebrecht à Itaguai, près de Rio de Janeiro. Le programme « Prosub », conclu entre DCNS et la Marine brésilienne en 2008, prévoit également la conception et la construction  de quatre sous-marins à propulsion diesel-électrique de type Scorpène en transfert de technologie ainsi que l’assistance technique pour la réalisation des parties non nucléaires du premier sous-marin à propulsion nucléaire brésilien. La coopération militaire porte sur la surveillance des frontières communes et la lutte contre l’orpaillage clandestin et la pêche illicite. En 2010, le Brésil a commandé pour 100 M€ d’armements à la France et réceptionné des équipements d’un montant de 50 M€.

Enfin, une visite de Jean-Yves Le Drian en Inde est prévue ultérieurement. « J’active le partenariat », ajoute-t-il.

Loïc Salmon

Le salon de l’armement naval Euronaval 2012 (22-26 octobre) a accueilli 350 exposants (152 entreprises françaises) et environ 80 délégations officielles, dont celles de l’ONU, l’OTAN et l’Union Européenne. La Marine nationale et l’armée de Terre ont présenté les opérations amphibies, de la planification à la projection de forces. La Délégation générale de l’armement a exposé le premier système d’alerte de vagues scélérates et le projet « Espadon » de lutte contre les mines au moyen de drones marins. Euronaval 2012 été inauguré par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui a notamment visité les stands d’entreprises du Brésil, du Chili, d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne et de France, dont Thales (électronique de défense), EADS (aéronautique et espace), MBDA (missiles) et Dassault Aviation. Sur celui de DCNS (armement naval), Jean-Yves Le Drian (3ème à gauche) et le ministre délégué aux Anciens Combattants Kader Arif (2ème à gauche) ont été accueillis par le président directeur général Patrick Boissier (4ème à gauche) et Bernard Planchais (6ème à gauche), directeur général délégué.

 

 




Résilience : la survie de la collectivité nationale

En raison de leurs moyens, compétences et capacité à évoluer dans des environnements dégradés, les armées peuvent constituer des ressources pour la gestion de crises majeures sur le territoire national (actes de terrorisme, accidents industriels et catastrophes naturelles). Elles contribuent à la résilience de la nation, comme les réserves militaires et civiles.

Leur participation a fait l’objet d’un colloque organisé le 15 mars 2012, à l’Ecole militaire de Paris, par l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), la Fondation pour la recherche stratégique et le Conseil supérieur de la réserve militaire.

L’Etat : d’après le vice-amiral d’escadre Richard Laborde, directeur de l’IHEDN et de l’Enseignement militaire supérieur, la Défense, première raison d’être de l’Etat, et la Sécurité nationale, dont dépendent la vie et la mort de la collectivité, fonctionnent en synergie. La résilience résulte de « la volonté de vivre ensemble, de faire face et de résister par la force des armes si nécessaire ».  Connaître le danger pour savoir le mesurer conduit à la résilience. L’esprit de défense, sur les plans individuel et collectif, a consisté à accepter et endurer la guerre jusqu’à la disparition de l’Union soviétique. Aujourd’hui, l’analyse des menaces porte sur la stratégie et les intentions de l’ennemi éventuel dans le cadre de l’Europe de la défense et aussi la prise en compte de l’évolution de la collectivité nationale : « que peut-on défendre, que veut-on défendre et contre qui ». La France dispose d’un outil militaire qui répond à ses ambitions sur le plan international. Cet outil apparaît comme un modèle à forte résilience : ouverture, disponibilité, force morale et discipline. La dimension morale de l’usage de la force joue un rôle moteur dans la politique internationale, « dans l’observation stricte des lois de la guerre ». Il convient de comprendre la situation internationale pour se donner les moyens d’agir, d’inscrire l’effort dans la durée (lois de programmation militaire depuis 1960) et d’expliquer pour susciter l’adhésion de la nation. « Aucune politique n’a de sens sans consentement national ». Pour le préfet Yann Jounot, chargé de la protection et de la sécurité de l’Etat au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), « la résilience consiste à résister, surmonter et rétablir ». Une approche globale et simultanée des risques et menaces implique les mêmes types de préparation, qui se traduisent par un guide pour l’action en termes de sécurité globale. Un dispositif existe au niveau du Premier ministre et avec l’ensemble des ministères. La capacité à comprendre ce qui se passe se met au service d’une stratégie de réponse aux niveaux de l’Etat, du territoire (coordination départementale) et de l’environnement européen, condition d’efficacité internationale. D’abord, il y a le plan gouvernemental, outil de planification, guide pour la stratégie d’action sur le terrain, support de la gestion politique des crises et prise en compte du retour d’expérience. Les professionnels de la gestion de crises y sont associés. Par ailleurs, il convient de connaître les capacités des organisations publiques et privées à tenir dans la durée (économie, transport et santé) et celles des collectivités locales à continuer leurs activités. Les sites internet gouvernementaux communiquent sur la connaissance des risques et menaces pour faciliter leur compréhension par les citoyens. Selon le préfet Jounot, la communication doit être accrue et apporter des réponses précises : comportement des citoyens, association des collectivités locales à la planification et participation à des colloques et séminaires.

Les armées : la résilience est plus longue que la simple gestion des crises, estime le colonel (Terre) Patrick Chanliau, officier « Projets » du Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations. «  C’est un cycle à quatre-temps :  la préparation, résister, se rétablir et consolider ». Lorsque la crise est jugulée, il faut dresser rapidement un état des lieux et reconstruire, surtout les esprits pour ne pas affecter la volonté de résister à l’événement. Il convient pour tous de ne pas céder à la panique et de garder confiance en soi. Par leur capacité à agir en situation dégradée, les armées inspirent confiance et maintiennent la cohésion nationale, sans laquelle il ne peut y avoir de résilience.  La réponse se trouve dans la solidité des acteurs, la capacité d’agir de manière décentralisée et la solidité technique (réseaux informatiques). Par rapport à la société, les armées ont un rôle à jouer : éduquer en suscitant la conscience raisonnée de la menace (continuité de l’histoire du pays et de ses intérêts) ; informer sur ce qu’il convient de faire (code des sirènes, aujourd’hui méconnu) ; impliquer la réserve ; éviter les initiatives malheureuses et les rumeurs déstabilisantes. Le retour d’expérience doit se faire à chaud et sans complaisance pour en tirer des enseignements. Enfin, il faut intégrer la nécessité de se préparer à la crise future et ajuster les comportements individuels et collectifs.

La réserve : permet à l’Etat de monter en puissance de façons quantitative et qualitative (voir rubrique « Archives » 14-3-2012). Le général d’armée (Gendarmerie) Marc Watin-Augouard, inspecteur général des armées, explique la particularité du réserviste citoyen, qui reste dans son entreprise ou sa collectivité. Il correspond à la notion de poste-clé entre les acteurs de terrain, civils et militaires. La réserve permet d’ajuster l’offre de sécurité et de défense. La réserve citoyenne constitue une résilience territoriale capable de jouer en réseaux maillés. « Il faut 50.000 réservistes, hommes et femmes de toutes conditions. Dans une situation et un lieu géographique donnés, ils peuvent donner de la rassurance », déclare le général Watin-Augouard, qui recommande aux jeunes retraités militaires d’animer ces réseaux citoyens. Enfin, Jean-François Daguzan de la Fondation pour la recherche stratégique conclut : « La résilience est possible quand le citoyen sait qui il est et ce qu’il doit faire ».

Loïc Salmon

Selon le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (2008),  « la résilience se définit comme la volonté et la capacité d’un pays, de la société et des pouvoirs publics à résister aux conséquences d’une agression ou d’une catastrophe majeure, puis à rétablir rapidement leur capacité de fonctionner normalement, ou à tout le moins dans un mode socialement acceptable. Elle concerne non seulement les pouvoirs publics, mais encore les acteurs économiques et la société civile tout entière. (…) C’est en effet un devoir pour l’État de se préparer à répondre aux situations dans lesquelles pourraient être mis en cause la vie de la population ou le fonctionnement régulier de la vie économique, sociale ou institutionnelle du pays. Cela suppose une organisation des pouvoirs publics, conçue dès le temps de paix pour prendre en compte les hypothèses du temps de crise, et l’établissement de priorités dans les capacités de renseignement, d’analyse et de décision. La résilience suppose aussi d’organiser la coopération entre l’État et les collectivités territoriales, pour la complémentarité des moyens, et entre l’État et les entreprises privées dans les secteurs stratégiques (énergie, communication, santé, alimentation) ».




Armée de Terre : professionnalisme et inquiétude

L’armée de Terre, malgré la réduction de son format, peut remplir ses missions, y compris en coopération. Toutefois, les difficultés budgétaires pourraient l’empêcher de tenir son rang dans la durée.

Telle est l’opinion exprimée, le 11 juillet 2012, par son chef d’état-major, le général d’armée Bertrand Ract-Madoux, devant l’Association des journalistes de défense.

Seules, les opérations de guerre, comme en Afghanistan et en Libye, nécessitent l’engagement d’hélicoptères de combat. En Afghanistan, ils servent à l’appui des unités terrestres et au ramassage des blessés. Il en restera probablement quelques uns sur place après le retrait des troupes fin 2012. « Nos hommes sont courageux et se sont montrés intelligents quand il a fallu s’adapter à une évolution de la stratégie depuis un an ». Les talibans ont abandonné le combat frontal au profit des attaques suicides et des tirs fratricides, qui affectent le lien de confiance entre les troupes afghanes et internationales. Le Service de santé français soigne beaucoup de civils… qui constituent 90 % des pertes ! Les talibans, qui ne tiennent pas à la vie, tirent de façon aveugle. Par ailleurs, pour éviter leur infiltration dans les troupes régulières, les autorités afghanes font converger les activités de leurs services pour filtrer le recrutement. En outre, des soldats français participent directement à la sécurité des instructeurs français. En Libye, même s’il n’y a pas eu officiellement de troupes engagées au sol, 15 hélicoptères et 200 hommes ont participé à l’opération « Harmattan ». Ils ont détruit 600 objectifs de nuit, au cours de raids effectués au ras du sol. « On a eu beaucoup de chance de ne déplorer aucune perte », bien que les équipages soient entraînés à agir en toute discrétion et avec des appareils de vision nocturne. Toutefois, une opération purement aérienne ne donne qu’un résultat partiel, estime le général Ract-Madoux qui ajoute : « Tous les conflits commencent à terre et finissent à terre ». Au Sahel, l’armée de Terre n’a pas été sollicitée pour une planification d’ampleur, qui relève du chef d’Etat-major des armées. Il n’y a guère de communication officielle sur cette région, où sont impliqués les forces spéciales, les services de renseignement et un dispositif diplomatique permanent. La planification d’une opération terrestre serait très complexe en raison des grandes distances à parcourir dans le désert malien, milieu extrêmement difficile. Enfin, une mission en Syrie, entreprise sous mandat de l’ONU, serait plutôt humanitaire au sens large (1), donc très différente d’une intervention offensive consistant à combattre l’un des protagonistes.

Le modèle de l’armée de Terre ne devrait pas connaître de rupture, vu l’absence de bouleversements stratégique depuis 2008. Elle prépare tous les types de missions pour répondre aux besoins exprimés par une organisation internationale ou un pays ami, qui demanderait du secours ou un coup de main. Toutefois, elle va perdre de la visibilité en France, car ses effectifs vont descendre à 100.000 personnels sur une population de plus de 60 millions d’habitants. Elle aura perdu 25.000 postes entre 2008 et 2015 et en aura transféré autant dans les services interarmées. Les économies budgétaires, déjà entreprises depuis quelques années, vont toucher les flux : fonctionnement, soutien et effectifs. « Ce sera très difficile et douloureux, car nous sommes arrivés à un plancher en termes de fonctionnement et d’activités et on devra saupoudrer (les économies) partout ». Faute de capacité logistique (stocks et disponibilité) suffisante, il n’est guère possible de tenir dans la durée les exigences du Livre blanc 2008 sur la défense et la sécurité nationale. Les troupes régulières doivent pouvoir participer à la reconstruction d’un pays… après une phase très dure de combats ! Les forces spéciales doivent alors être ramenées et utilisées en va-et-vient. Quoiqu’intégrant des éléments de la Marine et de l’armée de l’Air, celles-ci complètent les forces terrestres. Par ailleurs, les armes capables de détruire à distance ne suffisent pas pour gagner sur le terrain, souligne le général Ract-Madoux.

La coopération fonctionne bien avec les armées de Terre italienne, allemande et britannique. Des projets sont en cours avec la Grande-Bretagne, en vue de pouvoir engager une force terrestre de deux brigades sous un commandement commun. Les procédures opérationnelles et la langue de travail (l’anglais) sont les mêmes, quoique l’interconnexion des systèmes d’information présente encore des difficultés. Des équipements communs sont à l’étude : drones et canons de 40 mm pour les futurs véhicules blindés. Les drones tactiques correspondent en effet aux besoins des deux armées. Les SDTi (système de drone tactique intérimaire) français ont quitté l’Afghanistan début juillet, après un travail qualifié d’exceptionnel. Les images de certains engagements serviront à préparer les engagements futurs dans de bonnes conditions.

Les réserves devraient être appelées à jouer un rôle accru dans les deux armées. Elles totalisent 10.000 personnels pour une armée de 82.000 militaires d’active en Grande-Bretagne, contre 16.000 pour 100.000 hommes en France. Or, constate le général Racht-Madoux, les réservistes sont surtout des fonctionnaires, car les contreparties accordées aux entreprises ne suffisent pas à compenser leurs pertes occasionnées par les absences temporaires de leurs personnels partis en périodes. Beaucoup de réservistes du secteur privé ne peuvent donc en effectuer que pendant leurs vacances. Il faudrait une adaptation législative et un budget suffisant, alors qu’aujourd’hui il est inférieur à 50 M€ par an. De plus, les crédits des réserves sont rognés après chaque crise. Enfin, souligne le chef d’état-major de l’armée de Terre, « sans garantie de crédits, on ne peut faire de grands projets ».

Loïc Salmon

(1) Un groupement médico-chirurgical est opérationnel à la frontière jordano-syrienne depuis le 14 août.

Le général d’armée Bertrand Ract-Madoux est chef d’état-major de l’armée de Terre depuis le  1er septembre 2011. A sa sortie de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1972, il choisit l’arme blindée et cavalerie. Breveté d’études militaires supérieures, il est auditeur du Centre des hautes études militaires et de l’Institut des hautes études de défense nationale. Il a notamment commandé le 1er Régiment de spahis (1995), le Bataillon N°2 de l’IFOR en ex-Yougoslavie (février-juin 1996) et la 2ème Brigade blindée (2002). Au cours de cette dernière affectation, il a assuré le commandement tactique  des forces françaises en Côte d’Ivoire (octobre 2003-février 2004) dans le cadre de l’opération Licorne. Enfin, il a été le « numéro deux » de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) pendant quatre ans (2007-2011). Titulaire de la croix de la Valeur militaire avec deux citations, le général Ract-Madoux est commandeur de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite. Bernard Fanucchi (à droite) est président de l’Association des journalistes de défense.




Coopération franco-libyenne en matière de défense

Une commission de défense mixte franco-libyenne a été mise sur pied pour développer l’organisation militaire et évaluer les besoins capacitaires du pays. Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, s’est rendu à cet effet en Libye, fin février 2012, pour lancer les bases d’une coopération bilatérale durable.

Celle-ci porte sur la surveillance des frontières terrestres (lutte contre les trafics d’armes, d’être humains et de drogue), la surveillance côtière (déminage des ports et formation de personnels) et la coopération aérienne militaire (remise en état des avions Mirage F1 libyens et formation). En fait, la coopération a commencé dès novembre 2011. Pendant quatre mois, un appui technique français a été apporté pour la réouverture des accès aux ports menacés par des mines marines et des munitions non explosées. En effet pendant l’opération Harmattan (mars-octobre 2011), plusieurs navires chargés de munitions avaient été coulés dans les ports libyens. Le dispositif d’assistance français mis en place comprenait le bâtiment de plongeurs démineurs Achéron (28 octobre-3 décembre 2011), puis le chasseur de mines tripartites Céphée (23 janvier-1er mars 2012) avec son engin sous-marin télécommandé et autopropulsé, ainsi qu’une équipe de déminage des accès portuaires et une équipe de neutralisation de munitions et de mines non explosées. Par ailleurs, les équipes françaises sont intervenues pour neutraliser des munitions à terre, pour des besoins ponctuels, à la demande des autorités libyennes. Fin février, une dizaine de ports avaient été contrôlés et reconnus accessibles aux navires de commerce et une épave avait été renflouée.

Loïc Salmon