L‘ordre de Saint-Michel

A l’origine outil d’affirmation du pouvoir royal, l’ordre de Saint-Michel a accompagné l’évolution des distinctions récompensant la fidélité à la personne du souverain puis le mérite civil jusqu’à la création de la Légion d’honneur en 1802.

Institué le 1er août 1469 au château d’Amboise par Louis XI, l’ordre s’inscrit dans la tradition médiévale des compagnies chevaleresques des Cours européennes perpétuant la légende des chevaliers de la Table Ronde. Dès 1348, le roi d’Angleterre Édouard III fonde l’ordre de la Jarretière qu’il place sous la protection de Saint-Georges. Depuis le XIIème siècle, les rois Capétiens manifestent leur attachement à l’archange saint Michel, chef des milices célestes. Pendant la guerre de Cent-Ans, ce dernier devient le symbole national en France, face à saint Georges pour l’Angleterre. Tous deux ont vaincu le dragon représentant le Mal. Saint Michel, cité dans la Bible, l’attaque à pied, tandis que saint Georges, valeureux soldat romain martyrisé pour sa foi chrétienne selon une légende du XIème siècle, le combat à cheval pour sauver une jeune femme. Pour Louis XI, l’ordre de saint Michel prend une dimension politique afin de rallier à lui la haute noblesse, face à son adversaire le puissant duc de Bourgogne Charles le Téméraire, dont le père, Philippe le Bon, a institué l’ordre de la Toison d’or en 1430. De fait, tous les ordres royaux ou princiers européens s’inspirent de celui de la Jarretière avec un saint patron prestigieux, un souverain chef de l’ordre, un nombre limité de chevaliers habilement sélectionnés, un signe d’appartenance matérialisé par une ceinture ou un collier, dont la remise et le port donnent lieu à des rituels soigneusement codifiés. L’insigne de l’ordre de Saint Michel se compose d’un médaillon, montrant saint Michel terrassant le dragon, et d’un collier constitué de cordelières des moines franciscains et de coquilles saint jacques. Celles-ci symbolisent le pèlerinage à saint Jacques de Compostelle (Espagne), mais aussi au mont Saint-Michel (Normandie), retenu comme siège de l’ordre et qui a victorieusement résisté aux Anglais. L’intégration dans l’ordre de Saint-Michel exige des chevaliers de renoncer à toute autre appartenance, à l’exception des empereurs, rois et ducs, eux-mêmes souverains d’un ordre. Comme les autres ordres de chevalerie, celui de Saint-Michel prend dès le début une dimension diplomatique. Louis XI le confère au roi du Danemark Jean II puis au à celui d’Écosse Jacques III, mais aussi aux serviteurs les plus fidèles, aux seigneurs récemment ralliés, à certains grands féodaux et à la petite noblesse attachée aux différents offices de la Couronne. Sous François Ier, l’ordre se réunit en 1527, 1528, 1542, 1543 et 1546…le 29 septembre, jour dédié à saint Michel. Sous Henri II, la fête de l’ordre intègre les rituels de la monarchie. Ensuite, les guerres de religion entre catholiques et protestants pèsent lourdement sur la vie de l’ordre. Son succès politique, dû à des nominations pléthoriques, cause sa chute. Henri III le relègue au second plan en établissant l’ordre du Saint-Esprit en 1578. Henri IV nomme des chevaliers dans les deux ordres. Louis XIII innove en attribuant l’ordre de saint Michel à des artistes peintres. Louis XIV le réforme, confirme son statut d’ordre noble et essentiellement militaire et réduit son effectif à 100 récipiendaires. Puis il crée l’ordre de Saint-Louis pour récompenser les services militaires mais sans contingents limités, ce qui renforcera son éclat. Louis XV et Louis XVI ouvrent l’ordre de Saint-Michel à des personnalités méritantes de la magistrature, des sciences, des arts et du commerce, anoblies pour la circonstance. Aboli en 1791, l’ordre réapparaît sous la Restauration en 1814 jusqu’à sa suppression en 1830. Enfin, avant leur largage sur la Bretagne le 6 juin 1944, les commandos français du Special Air Service britannique ont choisi saint Michel comme patron des parachutistes.

Loïc Salmon

« L’ordre de Saint-Michel », ouvrage collectif. Éditions Pierre de Taillac, 182 pages, nombreuses illustrations, 39 €.

La Légion d’honneur

D’or et d’argent

Epopée de la Médaille militaire

 




Journée de rencontre-débats sur les institutions civiles décorées de la croix de Guerre 30 juin 2022

 

LA MARQUE DU COURAGE

Les Institutions civiles décorées de la Croix de Guerre

JOURNEE DE RENCONTRE-DEBATS

Reportée en raison des restrictions sanitaires, elle aura lieu :

Jeudi 30 JUIN 2022 

De 9H00 à 18H00

Amphithéâtre Parodi

Institut du Service Public (ex-ENA)
(Héritier de l’Ecole nationale de la France d’Outre-Mer,
décorée de la Croix de Guerre des théâtres d’opérations extérieurs)

2, avenue de l’Observatoire 75006 PARIS

 PROGRAMME DU MATIN

9H00 > ACCUEIL

Monsieur Frédéric GUTHMANN

Secrétaire général de l’Institut National du Service Public

Colonel (H) Michel BACHETTE-PEYRADE

Président de l’Association nationale des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire

Présentation de la journée et synthèse de chaque table ronde par Monsieur Jean-François DUBOS, Chef du département de la bibliothèque du Service Historique de la Défense

 

10H00 > 1ère TABLE RONDE

Les 14 grandes écoles civiles décorées de la Croix de Guerre

Présidée par le Colonel (H) Pierre CASTILLON,

Président fondateur de l’Académie des technologies

12H30 > INTERVENTION

Monsieur le Ministre des Armées

 

13H00 COCKTAIL DEJEUNATOIRE

PROGRAMME DE L’APRES-MIDI

14H00 > 2ème TABLE RONDE

Les administrations et organisations civiles décorées de la Croix de Guerre

Présidée par Madame Frédérique NEAU-DUFOUR,

Professeur agrégé d’histoire, Ecrivain

16H15 > 3ème TABLE RONDE

Les entreprises et organisations professionnelles

décorées de la Croix de Guerre

Présidée par le Lieutenant-colonel (R) Franck GALLAND,

Directeur général d’Environmental Emergency & Security Services, (ES)²

 17H15 > SYNTHESE, CONCLUSION ET CLÔTURE

Synthèse par Monsieur Jean-François DUBOS

Conclusion par le Colonel (H) Michel BACHETTE-PEYRADE

Président de l’Association nationale des Croix de Guerre et de la Valeur Militaire

Clôture par le Général Grand Chancelier de la Légion d’honneur

 

Par ailleurs, voici quelques liens utiles concernant la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives du ministère des Armées :

www.defense.gouv.fr/memoire

www.eduscol.education.fr/cid47702/ressources-nationales-pour-l-education-a-la-defense.html

www.cheminsdememoire.gouv.fr

www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr

 

 




Meilleurs vœux pour l’année 2022

 Le Président national et les Membres du Conseil d’administration

de l’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire

vous présentent leurs meilleurs vœux pour la nouvelle année

 

 

 




Journée de rencontre-débats sur les institutions civiles décorées de la croix de Guerre reportée à juin 2022

 

LA MARQUE DU COURAGE

Les Institutions civiles décorées de la Croix de Guerre

JOURNEE DE RENCONTRE-DEBATS

Reportée à une date à déterminer vers la mi-juin 2022

en raison des restrictions sanitaires.

Le programme reste le même.

 

De 9 h à 18 h

A L’ENA

2, avenue de l’Observatoire 75006 PARIS

 PROGRAMME DU MATIN

9H00 > ACCUEIL

Monsieur Frédéric GUTHMANN

Secrétaire général de l’Ecole Nationale d’Administration

Colonel (R) Michel BACHETTE-PEYRADE

Président national de l’ANCGVM

10H00 > 1ère TABLE RONDE

Les 14 grandes écoles civiles décorées de la Croix de Guerre

Présidée par le Colonel (R) Pierre CASTILLON,

Président fondateur de l’Académie des technologies

12H00 > INTERVENTION

Madame Geneviève DARRIEUSSECQ

Ministre déléguée auprès de la Ministre des Armées,

chargée de la Mémoire et des Anciens combattants

12H30 COCKTAIL DEJEUNATOIRE

PROGRAMME DE L’APRES-MIDI

14H00 > 2ème TABLE RONDE

Les administrations et organisations civiles décorées de la Croix de Guerre

Présidée par Madame Frédérique NEAU-DUFOUR,

Professeur agrégé d’histoire, Ecrivain

16H00 > 3ème TABLE RONDE

Les entreprises et organisations professionnelles

décorées de la Croix de Guerre

Présidée par le Lieutenant-colonel (R) Franck GALLAND,

Directeur général d’Environmental Emergency & Security Services, (ES)²

 17H30 > INTERVENTION

Général d’armée Benoît PUGA,

Grand chancelier de la Légion d’honneur

 Débats des trois tables rondes modérés par Monsieur Jean-François DUBOS,

Conseiller scientifique de la journée d’étude,

Chef du département de la bibliothèque du Service Historique de la Défense

Par ailleurs, voici quelques liens utiles concernant la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives du ministère des Armées :

www.defense.gouv.fr/memoire

www.eduscol.education.fr/cid47702/ressources-nationales-pour-l-education-a-la-defense.html

www.cheminsdememoire.gouv.fr

www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr

 

 




Journée d’étude « Honneur de la cité, cités à l’honneur », le 16 novembre 2018 à Bar-le-Duc (Meuse)

Le colonel (H) Michel Bachette-Peyrade, président de l’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire (à droite), remet une croix de Guerre 1914-1918 au colonel (ER) Philippe Mignolet, conservateur du musée du génie belge (à gauche). Au centre : Jean-François Dubos, conservateur en chef de la bibliothèque du SHD (cravate rose) et le colonel (ER) Eric Tripnaux-Monin (micro à la main).

Placée sous le haut patronage du général d’armée Benoît Puga, Grand chancelier de la Légion d’honneur, une journée d’étude, consacrée aux villes décorées, s’est déroulée le 16 novembre 2018 à Bar-le-Duc. Elle a été organisée par le Service historique de la défense, le Département de la Meuse, qui a mis à disposition l’hémicycle de son hôtel, et l’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire, dont le délégué pour la Meuse, le colonel (ER) Alain Artisson, directeur de la mission « Histoire » du département.

Plus de cent élus de communes, décorées des deux guerres mondiales, ont écouté avec attention les interventions mettant ces cités à l’honneur. La journée a été ouverte par de brèves allocutions de Claude Léonard, président du Conseil départemental de la Meuse, du colonel (H) Michel Bachette-Peyrade, président de l’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire (ANCGVM), et de Jean-François Dubos, conservateur en chef de la bibliothèque du Service historique de la Défense (SHD) et vice-président de la Société d’histoire des ordres et décorations. Ont suivi des exposés, passionnants et documentés, sur les villes décorées de la Légion d’honneur, celles décorées de la croix de Guerre et celles médaillées de la Résistance et Compagnons de la Libération. Par ailleurs, le colonel (ER) de l’armée belge, Eric Tripnaux-Monin, a expliqué pourquoi la ville de Liège a reçu la Légion d’honneur en 1916 et d’autres villes la croix de Guerre française. En effet, une croix de Guerre belge a été créée le 25 octobre 1915, pour acte de bravoure à titre individuel ou collectif. Toutefois, la Belgique n’a décoré aucune ville commune belge pendant la Grande Guerre, alors que toutes ont subi des dommages. Il faudra attendre 2006 pour que sept d’entre elles reçoivent l’appellation de « ville martyre » ! En revanche, onze villes recevront la croix de Guerre belge 1940-1945. Les actes complets du colloque feront l’objet d’une publication en juin 2019 par le SHD et l’ANCGVM. En outre, le dossier du numéro de juin 2019 de la revue « Croix de Guerre & Valeur militaire » de l’ANCGVM reprendra l’essentiel des exposés.

 

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Loïc Salmon

Bar-le-Duc | Juin 2017

 




Exposition « De l’Asie à la France libre » aux Invalides

Joseph et Marie Hackin, connus pour leurs travaux archéologiques en Afghanistan dans les années 1930, ont été nommés « compagnons de la Libération » à titre posthume. C’est le seul couple de l’Ordre de la France libre.

Le « savant combattant ». D’origine luxembourgeoise, Joseph Hackin (1886-1941), diplômé de l’Institut commercial de Paris, entre en 1905 à l’Ecole libre des sciences politiques (section économique et sociale). Son intérêt pour les civilisations orientales s’éveille par ses fréquentes visites au musée Guimet, place d’Iéna et proche du domicile familial. Cela l’incite à choisir un sujet de fin d’études politiques original : « Une phase de l’histoire comparée des religions (de l’Iran et du Japon) ». Il entretient une correspondance avec Emile Guimet, dont le nom est associé à celui des Arts asiatiques qu’il a fondé en 1888 à partir des collections amassées au cours de ses voyages. Engagé comme secrétaire d’Emile Guimet et diplômé de « Sciences-Po » en 1907, Joseph Hackin continue des études historiques et philologiques en sanscrit et en tibétain à l’Ecole pratique des hautes études. Une fois diplômé en 1911, il commence une thèse de doctorat sous la direction de son professeur de sanscrit, Sylvain Lévi, professeur au Collège de France. L’obtention de la nationalité française l’année suivante, grâce aux relations d’Emile Guimet, lui permet d’être embauché au musée Guimet comme conservateur-adjoint en 1913. Considéré comme trop âgé (27 ans !), il est dispensé de service militaire…mais pas de la mobilisation générale au début de la première guerre mondiale. Fantassin de 2ème classe en août 1914, il la termine comme lieutenant commandant de compagnie, au terme d’un long parcours de combattant : bataille de la Marne (1914) ; offensive en Artois (1915) ; Verdun (1916-1917) ; Serbie (1918) ; Ukraine (1919). Titulaire de la croix de Guerre (deux citations) et chevalier de la Légion d’honneur, il a été blessé trois fois (1915, 1916 et 1918). Il consacre une année complète de soins à continuer puis présenter, en 1916, sa thèse intitulée « Scènes figurées de la vie de Bouddha d’après les peintures tibétaines ». Son propre courage physique lui fera dire que « le danger mesure exactement la valeur de la personnalité humaine ». Dans ses carnets de guerre, il analyse, à partir de son expérience du combat, les raisons de son attachement à la France qui justifient de « tenir envers et contre tout ». Démobilisé en 1919, il revient au musée Guimet, dont il devient le conservateur quatre ans plus tard. Il en enrichit les collections et le réorganise avec deux galeries d’archéologie khmère et une salle dédiée aux fouilles du monastère de Hadda (Afghanistan). La bibliothèque devient un centre de recherche grâce à l’acquisition de nombreux ouvrages. En 1928, il épouse Marie Parmentier (1905-1941), elle aussi de famille luxembourgeoise. Arrivée à Paris quelques années plus tôt, Marie suit les cours de l’Ecole du Louvre en auditrice libre et réside avenue d’Iéna, près du musée Guimet. Naturalisée française par son mariage, elle participe aux recherches de Joseph, tant dans ses missions en Asie que pour ses travaux scientifiques au musée Guimet.

Les grands voyageurs. En 1924, Joseph Hackin effectue sa première mission en Afghanistan et vit « l’archéologie comme un sport », écrit-il dans ses carnets. Il se rend notamment dans la vallée de Bamyan, où il réalise sa première étude sur les Bouddhas géants. Il participe aux fouilles dans le Sud de Bagram et y découvre, dans le monastère de Païtava, un « Bouddha au grand miracle » (photo). Cette stèle révèle l’extension en Afghanistan de l’art bouddhique, venu de l’Inde et marqué par les influences iranienne, grecque et romaine. Elle représente Sâkyamouni, le Bouddha historique, qui manifeste sa puissance devant l’assemblée des maîtres « hérétiques » en accomplissant des miracles. Le lotus de la Loi est gravé dans la paume de sa main droite levée. Les dieux hindous Indra et Brahma tiennent un parasol au-dessus de sa tête, en signe de révérence. Deux petits bouddhas, assis en méditation, l’encadrent pour accentuer son aspect monumental. Cette campagne de fouilles va profondément marquer Joseph Hackin qui, rentré en France en 1925, se détourne du Tibet au profit de l’Afghanistan. Quatre ans plus tard, il repart pour Kaboul diriger les fouilles de la Délégation française en Afghanistan, en compagnie de Marie et de l’architecte Jean Carl. Lors des événements liés à la prise de pouvoir par Nadir Shah, sa participation, l’arme à la main, à la protection de la légation française, lui vaut une promotion au grade d’officier de la Légion d’honneur. Ensuite, il organise la remise en ordre du musée de Kaboul et explore les sites de Bamiyan et de Kakrak. De 1930 à 1933, à la tête de la Maison franco-japonaise à Tokyo, Joseph y dirige l’action intellectuelle de la France au Japon. De mai 1931 à février 1932, il accompagne la mission Citroën Centre-Asie (la « Croisière jaune ») à travers l’Afghanistan, l’Himalaya et la Chine, où il acquiert des sculptures chinoises et tibétaines pour les musées Guimet et du Louvre. Rentré en France en 1933, il devient titulaire de la chaire d’art et d’architecture de l’Inde à l’Ecole du Louvre. Pendant quatre autres missions en Afghanistan et son séjour au Japon, Marie photographie et filme paysages, découvertes et gens.

Les Résistants. En Afghanistan en 1939, Joseph Hackin est mobilisé sur place comme officier de liaison auprès de la légation de France à Kaboul. En désaccord avec l’armistice de juin 1940, il informe de son ralliement le général de Gaulle, qui lui demande de le rejoindre à Londres. Le couple y arrive mi-octobre après un voyage de 20.000 km via l’Afrique du Sud. Joseph s’engage dans les Forces françaises libres le 19 octobre et Marie le 26 décembre. Début 1941, Joseph est chargé d’entrer en contact avec le gouvernement de l’Inde, de mettre de l’ordre entre les groupes rivaux de la France libre des comptoirs français, premiers ralliés de l’Empire colonial français, et d’établir des relations avec les gouvernements de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie. Le 20 février, Marie embarque avec lui comme secrétaire sur le Jonathan-Holt. Ils disparaissent lors de son torpillage par un sous-marin allemand le 24 février au large des Îles Féroé.

Loïc Salmon

De l’Asie à la France libre

La Résistance en Europe, les combattants de l’ombre

L’exposition « De l’Asie à la France libre » (15 juin-16 septembre 2018) est organisée par et dans le musée de l’Ordre de la Libération aux Invalides à Paris. Elle présente des photographies, documents, objets et archives cinématographiques sur la « Croisière jaune » à travers l’Asie centrale jusqu’à Pékin (avril 1931-février 1932) et la destruction des Bouddhas de Bamyan (Afghanistan) par les talibans (mars 2001). L’ensemble provient des collections des musées des Arts asiatiques-Guimet, du Quai Branly-Jacques Chirac, de l’Armée, d’Art moderne-Centre Pompidou et de la Photographie, du Service historique de la défense, des Archives nationales et de la Cinémathèque française. Le musée de l’Ordre de la Libération accueille en moyenne 100.000 visiteurs par an. Il dispose de collections permanentes et d’un centre de recherches et de documentation : dossiers individuels de compagnons de la Libération ; collection de presse et périodiques ; 6.500 ouvrages ; 30.000 photographies. (www.ordredelaliberation.fr)




Défense : la croix de la Valeur militaire a 60 ans

Par décret du 12 octobre 1956, la croix de la Valeur militaire a été créée, suite à la modification du décret du 11 avril 1956 instituant une médaille de la valeur militaire symbolisant la marque du courage de nos soldats engagés dans les opérations de maintien de l’ordre en Afrique du Nord. Depuis 1962, les opérations de maintien ou de retour à la paix se sont multipliées, notamment en Afrique. Les actes de bravoure des soldats engagés ont entraîné l’attribution de citations donnant droit à cette décoration, comme pour l’attribution de la croix de Guerre en 1914-1918 et 1939-1945, dont le centième anniversaire a été célébré en 2015.

Par la suite, d’autres opérations qualifiées de guerre ont donné lieu à la création d’une croix de guerre dite des « théâtres d’opérations extérieurs ». Après le second conflit mondial, celle-ci a été décernée lors des guerres d’Indochine (1946-1954), de Corée (1950-1953) et du Golfe (1990-1991).  Créée pour une période déterminée, la croix de la Valeur militaire est désormais considérée comme une véritable croix de Guerre, remise pour toutes les opérations de sécurité, à savoir au Zaïre, au Liban, en Somalie, au Rwanda, dans l’ex-Yougoslavie et au Kosovo, en Haïti, en Côte d’Ivoire, en Afghanistan et, aujourd’hui, dans la bande sahélo-saharienne.

A l’occasion du 60ème anniversaire de la croix de la Valeur militaire, l’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire (ANCGVM) rend hommage aux décorés et s’incline devant la mémoire des soldats disparus au cours de ces opérations. Association d’intérêt général, créée en 1919 et reconnue d’utilité publique en 1963, l’ANCGM accueille tous les titulaires d’une croix de Guerre, d’une croix de la Valeur militaire, de la Médaille d’or de la défense nationale avec citation et tous les sympathisants. Totalement indépendante, l’ANCGVM s’interdit toute discussion politique ou religieuse.

Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire

11 novembre 2015 : la croix de Guerre à l’Arc de Triomphe

 




L’ONAC-VG : 100 ans au service du monde combattant

L’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG) a célébré son centième anniversaire, le 6 mai 2016, dans le grand salon de l’Hôtel de Ville de Paris. L’événement s’est terminé en musique avec le « Chant des partisans », entonné par le chœur Hugues Reiner (photo) devant une assistance debout !

Mémoire et solidarité. Paris sait ce qu’il doit aux anciens combattants et à ceux d’aujourd’hui avec l’opération « Sentinelle », a rappelé Catherine Vieu-Charier, adjointe à la maire de Paris, chargée de la mémoire et du monde combattant, correspondant défense. « L’actualité récente, avec les attentats odieux qui ont frappé Paris en 2015, mais je veux penser aussi à Bruxelles, Madrid, Londres, Copenhague, Bamako, Tunis et tant d’autres lieux, montre bien, hélas, que le monde n’a tiré aucune leçon du passé », ajoute-t-elle. La Ville de Paris apporte diverses formes de soutien à l’action de solidarité de l’ONAC-VG ainsi qu’à celle de la mémoire. La capitale et sa proche banlieue comptent trois hauts lieux de mémoire : celui de la France combattante au Mont-Valérien ; celui de  la guerre d’Algérie et des combats de Tunisie et du Maroc au quai Branly ; celui des martyrs de la déportation sur l’île Saint-Louis. En outre, la construction en 2018 d’un monument des Parisiens morts pendant la Grande Guerre sera financée par souscription. L’ONAC-VG, qui relève du ministère de la Défense, est géré par les représentants des associations et ceux de l’État à parité. En 2016, il assure 105 services de proximité (un par département de métropole et d’outre-mer) et entretient 9 hauts lieux de mémoire et 256 nécropoles nationales. Il gère 9 écoles de reconversion professionnelle, 1 centre de pré-orientation et 8 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Il suit trois millions de personnes, hommes, femmes et enfants, qui bénéficient de l’aide sociale et d’appuis divers. Les nouveaux « anciens combattants » existent, rappelle sa directrice générale, Rose-Marie Antoine. « Ce sont, dit-elle, les nouvelles générations du feu, ceux qui ont participé aux opérations extérieures, le Liban, la guerre du Golfe, l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire, la Centrafrique, le Mali. Ils sont parfois très jeunes. Tous sont engagés volontaires, puisque le service militaire n’existe plus ».

Témoignages. Divers bénéficiaires des prestations de l’ONAC-VG se sont confiés au cours d’une « table ronde ». Une Résistante de 96 ans continue de parler de ce que qu’elle a vécu : « On voit l’intérêt des jeunes qui croient en ce qu’on pouvait faire ». Un rescapé du camp de la mort de Dachau explique que pour « survivre là-bas, il fallait avoir de la chance » et que « les jeunes écoutent ». Un appelé du contingent, âgé de 20 ans pendant la guerre Algérie, déclare : A l’époque, on était mineur (la majorité était fixée à 21 ans), il m’a fallu un an pour m’en remettre ». Un harki avoue qu’il « est très difficile d’en parler à des jeunes, car on risque un mauvais accueil. Les harkis sont mal vus ». La veuve d’un combattant en opération extérieure indique que ses cinq enfants ont été adoptés par l’État, statut unique au monde ! Un pupille de la nation, qui termine ses études d’ingénieur, ajoute : « A l’école, on est quelqu’un à part entière, dont le passé est reconnu. En parler permet de mieux se relever ». Un survivant de l’attentat terroriste de l’hyper cacher (Paris, 13 novembre 2015) reconnaît que s’exprimer sur le sujet constitue une thérapie : « Il faut en parler dans les écoles pour qu’il n’y ait plus jamais ça ». Par la qualité de son accueil et sa disponibilité, l’ONAC-VG reste pour eux…une famille.

Loïc Salmon

11 novembre 2015 : la croix de Guerre à l’Arc de Triomphe

Lieutenants en Afghanistan, retour d’expérience




11 novembre 2015 : la croix de Guerre à l’Arc de Triomphe

La croix de Guerre, créée il y a un siècle, a été à l’honneur lors de la cérémonie commémorative de l’anniversaire de l’armistice de la Grande Guerre, le 11 novembre 2015 à Paris. A cette occasion, un petit film, réalisé par l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense, a été projeté sur de grands écrans de chaque côté de l’Arc de Triomphe. De son côté, l’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire, fondée en 1919 et reconnue d’utilité publique depuis 1963, a publié une plaquette intitulée « Symboles du Brave », recueil de mémoire et de témoignages. Sa revue de mars 2015 (téléchargeable) retrace l’origine historique des décorations. Le 28 janvier 1915, le député et lieutenant-colonel Driant, rapporteur de la commission de l’armée, plaide pour la création d’une décoration particulière pour honorer des actes individuels de courage sur le champ de bataille et qui exclut la faveur et l’ancienneté. Ce sera la « croix de Guerre ». La loi l’instituant a été promulguée le 8 avril 1915 : Article unique – Il est créé une croix, dite « croix de Guerre », destinée à commémorer depuis le début de la guerre 1914-1915 les citations individuelles pour faits de guerre à l’ordre des armées de Terre et de Mer, des corps d’armée, des divisions, des brigades et des régiments. Jusqu’à la cessation de la dite guerre, cette croix sera attribuée dans les mêmes conditions que ci-dessus, dans les corps participant à des actions de guerre en dehors du théâtre principal des opérations. Un décret réglera l’application de la présente loi. La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et la Chambre des députés sera exécutée comme loi de l’État ». Cette loi sera aussi appliquée aux communes de la ligne de front, qui ont subi de graves souffrances et dégâts pendant plusieurs années. De 1915 à 1919, la première croix de Guerre a été décernée à plus de 1,2 million de combattants des armées françaises et alliées et environ 400 régiments et 200 autres unités de l’armée de Terre, 30 bâtiments et unités de la Marine nationale, 70 escadrilles de l’armée de l’Air, et 2.951 villes et communes de 18 départements français. La croix de Guerre 1939-1945 a été attribuée à 161 unités militaires et 1.585 communes de 86 départements. Parmi ces dernières, 209 étaient déjà titulaires de la croix de Guerre 1914-1918. Par ailleurs, il est apparu nécessaire de récompenser également les combattants qui se sont illustrés par des faits d’armes directement liés à une expédition militaire postérieure au premier conflit mondial. Cette « croix de Guerre des théâtres d’opérations extérieurs » (TOE, photo) sera instituée par la loi du 30 avril 1921, modifiée par le décret du 7 mai 2012. Elle a été décernée lors des expéditions militaires au Levant (1920), au Maroc (1925-1926), à Madagascar (1942), en Indochine (1946-1954), en Corée (1950-1953) et dans le golfe Arabo-Persique (1990-1991). Après le second conflit mondial, les opérations de maintien de l’ordre en Afrique du Nord (Algérie, Tunisie et Maroc) ne sont pas considérées comme des guerres ou expéditions militaires. Un décret du 11 avril 1956 crée alors une « médaille de la Valeur militaire», devenue « croix de la Valeur militaire » et équivalente à la croix de Guerre des TOE. Attribuée ensuite pour diverses opérations extérieures, elle a déjà été décernée à environ 120.000 personnes et unités combattantes. Enfin, le décret du 21 avril 1982 institue une « médaille de la Défense nationale » (MDN) pour « services particulièrement honorables ». Depuis 2004, la MDN d’or avec « citation sans croix » récompense une « action comportant un risque aggravé ».

Loïc Salmon

 




D’or et d’argent

Les décorations des derniers princes descendant du Grand Condé (1621-1686) sont exposées pour la première fois à Chantilly, à l’initiative du musée Condé et de la Société des amis du musée de la Légion d’Honneur et des ordres de chevalerie.

Le duc d’Aumale (1822-1897), fils de Louis-Philippe, en a hérité en 1829 en tant que filleul du duc de Bourbon, dernier prince de Condé et première fortune de France. Les trois précédents propriétaires de Chantilly ont servi dans « l’armée de Condé », constituée d’émigrés et de royalistes en lutte contre les troupes révolutionnaires. A la bataille de Valmy le 20 septembre 1792, les Alliés (Autriche, Prusse et Hesse) s’en méfient et la cantonnent à l’arrière. Cette armée, qui compte 20.000 hommes en 1797, perd son intérêt pour les Alliés après le coup d’État du 18 brumaire (1799), qui porte le général Bonaparte au pouvoir. Faute de crédits, elle sera dissoute en 1801 après la signature du traité de paix de Lunéville. Louis-Joseph de Bourbon (1736-1818), seul membre de la famille royale à avoir perçu l’importance de la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, décide de quitter la France avec toute sa famille. Il prend la tête de l’armée de Condé en 1792 et rentre en France en 1814. Il loue   à l’État sa résidence du Palais-Bourbon… occupée par la Chambre des députés ! Il parvient à récupérer une partie des trésors de Chantilly, qui avaient été confisqués et réunis aux collections nationales. Son fils, Louis-Henri-Joseph (1756-1830) est le parfait représentant de ces émigrés qui n’ont « rien appris, rien oublié » en 25 ans d’exil. Pendant les Cent-Jours  (1er mars-7 juillet 1815) du retour de Napoléon à la tête de l’État, il rencontre en Angleterre Sophie Dawes qui, devenue grâce à lui baronne de Feuchères, négociera le legs de sa fortune au futur duc d’Aumale, tout en gardant une partie pour elle. Le duc de Bourbon avait en effet perdu son fils, Louis-Antoine-Henri, le célèbre duc d’Enghien (1772-1804) enlevé et exécuté dans un fossé du château de Vincennes. Le catalogue « D’or et d’argent » présente tous les ordres de chevalerie et décorations, français et étrangers, portés par les trois derniers princes de Condé et le duc d’Aumale. L’Ordre de Malte est le dernier héritier des ordres militaires, religieux et hospitaliers européens apparus à la suite des croisades. Au XIVème siècle, ces derniers prennent un caractère étatique et dynastique. L’un d’eux, l’Ordre anglais de la Jarretière fondé par Édouard III en 1348, perdure aujourd’hui. Entre le XVème et le XVIIème siècle, le port d’insignes d’ordre de chevalerie certifie publiquement la qualité de membre d’une famille royale, ce qui facilitera ultérieurement l’identification ou même la datation des personnages de certains tableaux. En France, l’Ordre de Saint Michel est institué par Louis XI en 1469. Celui du Saint-Esprit, crée par Henri III en 1578, sera le plus prestigieux jusqu’à la Révolution et pendant la Restauration (1815-1830). Louis XIV innove en 1693 par l’institution de l’Ordre de Saint-Louis, décerné uniquement au mérite aux officiers catholiques de l’armée royale. Les trois derniers Condé ont donc fait preuve de leur talent militaire et de leur vaillance pour recevoir la croix de chevalier de Saint-Louis. Son ruban rouge sera repris par le Premier Consul Napoléon Bonaparte en 1802 pour l’instauration de la Légion d’Honneur. La Restauration ne l’abolira pas, mais remplacera l’aigle impériale ou l’effigie de l’Empereur par le profil du « Bon Roi » Henri IV.

Loïc Salmon

Expositions « D’or et d’argent » et…d’autres raretés au château de Chantilly

La Légion d’honneur

« D’or et d’argent » par Nicole Garnier-Pelle, Patrick Spilliaert et Astrid Grange. Éditions Monelle-Hayot. 120 pages/25 €.