Renseignement et espionnage pendant la seconde guerre mondiale
Matrice historique des services de renseignement (SR) actuels, la seconde guerre mondiale a permis l’affrontement, la découverte et l‘échange des méthodes offensives dans l’espionnage civil ou militaire et pour les opérations spéciales.
Les SR de tous les belligérants remplissent quatre fonctions, avec des succès divers : connaissance des intentions, capacités, difficultés, armement, ordre de bataille et plans de l’ennemi ; neutralisation des SR adverses et de leurs agents ; fausser le jugement de l’adversaire par la transmission d’informations erronées ; soutien à la résistance dans les territoires occupés pour désorganiser ses communications et sa production industrielle et immobiliser ses forces. L’interception des communications et des signaux radar et leurs équipes de cryptanalystes et de linguistes ont permis aux SR britanniques et américains de déchiffrer les communications allemandes et japonaises. Les unités clandestines s’inspirent du terrorisme et de la guérilla. En juin 1940, le service Action du MI6 britannique ouvre un centre de formation au sabotage pour les exilés européens destinés à retourner dans leur pays pour organiser des réseaux de résistance. Le mois suivant, le « Special Operations Executive » est chargé de « mettre l’Europe à feu et à sang » (Churchill). Son succès entraîne la mise en œuvre de la « Force 136 » pour organiser et soutenir les résistances locales dans les pays occupés par le Japon. Le centre d’instruction commando, situé en Inde, accueille des Malaisiens, Chinois, Thaïlandais, Birmans, Indiens et des Occidentaux connaissant l’Asie ou y résidant (Français, Australiens et Sud-Africains). Aux États-Unis, le FBI se trouve, avec les SR militaires, au centre du dispositif d’espionnage, de contre-espionnage et de lutte contre le sabotage, et noue des relations avec les SR canadien et britannique. Mais, l’attaque surprise de l’aviation japonaise sur Pearl Harbor en décembre 1941 l’empêche d’étendre ses activités à l’extérieur. Ce rôle est dévolu l’année suivante à l’Office of Strategic services (OSS), ancêtre de la CIA. Par ailleurs, le succès du système de décryptement britannique Ultra conduit Washington à négliger les moyens conventionnels de renseignement, provoquant la grande reddition de troupes américaines lors de la bataille des Ardennes en 1944. En France, en 1940, hommes politiques et chefs militaires préfèrent les informations de « sources personnelles », relevant souvent de l’intoxication, à celles fournies par les spécialistes du renseignement militaire. Les rapports de ces derniers ne trouvent aucun crédit auprès d’officiers supérieurs ou généraux imbus d’idées préconçues sur une Allemagne imaginaire. Durant l’Occupation, le régime de Vichy utilise les capacités de renseignement de la gendarmerie pour traquer ses opposants politiques ou les réfractaires au Service du travail obligatoire en Allemagne. Mais d’autres gendarmes choisissent la Résistance. La convention d’armistice interdisant à la France d’organiser des SR, son armée se dote d’une double structure : l’une officielle, chargée de la protection du secret défense, du sabotage et des menées antinationales ; l‘autre, clandestine, pour lutter contre les SR de l’Axe (Allemagne, Italie et Japon). Cette dernière, épaulée par les SR britannique Secret Intelligence Service (SIS) et américain (OSS) préparent le débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, Le SR allemand Abwehr ne l’anticipe pas, car le SIS est parvenu à infiltrer son réseau en Angleterre et lui envoyer de fausses informations. Ce débarquement permet l’unification des SR de la Résistance intérieure en France, aidés par l’OSS, avec le Bureau central de renseignement et d’action de la France libre à Londres.
Loïc Salmon
« Renseignement et espionnage pendant la seconde guerre mondiale », ouvrage collectif. Éditions Cf2R Ellipses, 774 p., 32,99 €.
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