Trafics d’armes : nouveautés techniques et effets sanitaires

La formation continue des forces de sécurité (police, douanes et vigiles aéroportuaires) s’avère indispensable pour contrer les trafics d’armes, qui prolifèrent dans les zones de non-droit et menacent la sécurité intérieure et le développement de certains Etats.

Ce thème a été abordé au cours d’un colloque organisé, le 15 mai 2019 à Paris, par l’Institut de relations internationales et stratégiques, la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (ministère des Armées) et le Groupe de recherche et d’informations sur la paix et la sécurité (Belgique). Y sont notamment intervenus : Pascal Girault, chef du service des armes au ministère de l’Intérieur ; Stéphan Hoffert, directeur du développement à ICTS France ; Stéphanie Delgado Martin, Programme des nations unies pour le développement (PNUD) ; Philip Cook, Université de Duke (Etats-Unis).

Valeurs ajoutées technologiques. Rationnel, le criminel cherchant à acquérir une arme létale minimise d’abord ses propres risques, souligne Pascal Girault. Il évite la transaction par un intermédiaire, qui pourrait être surveillée par les forces de l’ordre et ne garantit pas la qualité de l’arme. La technologie des armes pour un usage d’homicide ou de tentative d’homicide allant plus vite que la réglementation, il pourrait recourir à l’impression 3D. Mais celle-ci nécessite de la matière première, une imprimante à coût variable de 100 € à 10 M€ et un schéma numérique accessible sur internet. Mais l’arme ne fonctionne pas toujours et peut exploser. La 3D présente aussi le risque pénal de fabrication illégale. Sur le plan technique, l’impression dure de 12 à 20 heures pour une arme en plastique et coûte plusieurs centaines de milliers d’euros pour une en métal. Une arme en plastique ne tire qu’un coup, qui la déforme. En outre, son schéma numérique ne se trouve guère à l’abri de défauts volontaires de la part de son auteur. Les armes de cinéma, provenant de stocks militaires et neutralisées, peuvent être réactivées. Certaines d’origine slovaque ont été vendues en France. Ainsi, l’un des auteurs de l’attentat de Charlie Hebdo en 2015 en a utilisé une. Les Etats de l’Union européenne renforcent le contrôle technique des armes de tir à blanc, neutralisées mais facilement transformables en armes réelles. De nouvelles normes européennes vont s’appliquer en 2020 aux armes d’alarme, qui tirent des projectiles de petits calibres. Faciles à acquérir, les armes anciennes sont classées en France dans la catégorie « B » (soumises à autorisation). L’auteur de la fusillade de masse (5 morts et 11 blessés) au marché de Noël à Strasbourg (2018) en a utilisé une vieille de cent ans. Le renforcement des normes internationales contraint criminels et terroristes isolés à se rabattre sur les armes de bas de gamme. Toutefois, le rapport qualité/prix semble plus favorable aux premiers, qui disposent de moyens financiers et logistiques plus élaborés.

Détection aux aéroports. Depuis l’arrivée des armes à feu en polymères (matières plastiques diverses), aucune prise de contrôle d’aéronef par des pirates armés exclusivement de pistolets Glock 17, difficilement détectables dans les aéroports, n’a été constatée, souligne Stéphan Hoffert. Un terroriste, un peu renseigné, échappe au contrôle primaire, à savoir les portiques de détection métallique et scanneurs à bagages. Le portique détecte des munitions composites de polymères et cuivre. Pour le scanneur à bagages à main, la faille vient de l’opérateur, surtout si l’arme y est dissimulée en pièces détachées ou s’il s’agit d’une arme d’un nouveau genre. Toutefois, sur un vol dit « sensible », certains passagers peuvent subir une inspection de filtrage renforcée (contrôle secondaire sur sélection) par palpation, magnétomètre, détecteur de traces d’explosifs, scanneur de chaussures et scanneur corporel. Ce dernier visualise les objets dissimulés par les vêtements et placé au contact du corps, mais pas celles dans les cavités naturelles, à savoir rectum, sillon fessier, ou entre des bourrelets de graisse abdominale. La palpation, différente de la fouille, consiste à toucher le corps à travers les vêtements pour détecter des objets suspects. La sélection de certains passagers se fait de façon aléatoire ou par détection d’un comportement estimé anormal. Cette dernière, dénommée « profilage de sûreté », se pratique avec succès en Israël depuis 40 ans. Des bases de données nominatives d’individus dangereux tenues par les services de police et de renseignement, sont accessibles aux services de sécurité aéroportuaires. Enfin, des passagers peuvent faire l’objet d’un troisième contrôle, par la police, lorsque le doute a été levé après une alarme lors des deux contrôles précédents. De fait, l’œil du personnel de terrain reste le meilleur détecteur, conclut Stéphan Hoffert.

Aspects socio-économiques. Dans la cadre de son projet d’appui à la réforme de la sécurité à Madagascar, le PNUD a procédé à une enquête sur les armes entre juillet et octobre 2017, indique Stéphanie Delgado Martin. Dans l’île, la possession d’une arme répond à plusieurs motivations : statut social ; tradition, chasse ; autodéfense ; protection des biens, récoltes et troupeaux ; criminalité. Difficile dans les zones urbaines, leur acquisition semble plus aisée dans le Sud pour diverses raisons : fabrication artisanale d’armes ; frontières poreuses et trafics via les ports ; participation présumée de certains membres de forces de sécurité et de défense aux trafics ; disparition d’armes lors des crises politiques ; brigands disposant de plus en plus d’armes ; corruption pour contourner les procédures onéreuses d’achat légal. La société malgache en subit les conséquences : pertes de zébus à la base de plusieurs rituels en zone rurale ; migrations forcées ; trafics de drogue et d’êtres humains ; insécurité des investissements. Les structures criminelles peuvent s’y installer sans se soucier des réactions de l’Etat et mener des activités comme l’extraction illégale de ressources naturelles et des trafics divers. Les solutions incluent : gestion et contrôle des armes ; recensement des armes ; amnistie pour collecter et régulariser les armes détenues par des civils ; renforcement de l’effort d’identification et de démantèlement des réseaux criminels.

Loïc Salmon

Selon Philip Cook, les armes légères et de petit calibre ont tué 40.000 personnes aux Etats-Unis en 2017, dont 24.000 suicides et 16.000 homicides. Ce chiffre, égal à celui des accidents mortels sur les autoroutes, correspond à 12 tués pour 100.000 habitants, proportion la plus élevée parmi les pays développés et 20 fois supérieure à celle de la France. Les agressions par balle s’établissent à 1 mort pour 6 blessés et les tentatives de suicide à 6 morts pour 1 blessé grave. En 1994, les 134.000 blessures par balle ont coûté 2,3 Md$ en frais médicaux (la moitié par financement public), soit l’équivalent de 5,3 Mds$ en 2019. S’y ajoutent les traumatismes psychiques parmi les survivants ou témoins d’une tuerie, entraînant des difficultés de concentration et d’apprentissage chez les jeunes et un taux de suicides plus élevé chez les adultes. Depuis 1999, 200.000 enfants se sont trouvés ainsi exposés dans des écoles ciblées. Ceux grandissant dans des environnements violents risquent invalidités physiques et troubles mentaux.

Trafics d’armes : dynamique, modes opératoires et routes

Trafics d’armes : fin de crise, embargos, désarmement et consolidation de la paix




Armements : la France parmi les cinq principaux exportateurs

Avec 4,8 Md€ de prises de commandes d’armement en 2012 contre 6,5 Md€ l’année précédente, la France se maintient dans le peloton de tête des exportateurs mondiaux. Toutefois, le marché de l’armement fonctionne par cycles où le poids des contrats majeurs prédomine, explique le rapport au Parlement sur les exportations françaises d’armement, présenté le 11 septembre 2013 par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Pour la période 2008-2012, les prises de commandes françaises (contrats signés et premiers acomptes versés) se répartissent essentiellement entre l’Asie avec 26,9 %, les Amériques (26,3 %), les Proche et Moyen-Orient (21,4 %), l’Europe (16 %) et l’Afrique (5,2 %). Sur le plan mondial entre 2006-2011, les Etats-Unis arrivent en tête avec 48 % des parts du marché, suivis de la Russie (12 %), de la Grande-Bretagne (10,8 %), de la France (8,6 %) et d’Israël (5 %). Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, les dépenses militaires dans le monde, quoiqu’en baisse de 0,5 % en un an, ont totalisé 1.244 Md€ en 2012 et le volume des exportations d’armement a augmenté de 9 % avec des prises de commandes de 79,5 Md€. La Russie, qui souhaite se donner les moyens militaires d’une politique de puissance a augmenté ses dépenses d’armement de 113 % entre 2003 et 2012 et va y consacrer 600 Md€ d’ici à 2022. Malgré la réduction des budgets de défense, les dépenses militaires des Etats-Unis représentent 40 % du total mondial et celles des pays européens 18 %, dont celles de la France 3,4 %. Selon les données officielles des Etats, les pays européens de l’OTAN ont dépensé 285 Md€ pour leur défense, soit moins que ceux d’Asie-Pacifique avec 300 Md€. Ces derniers, qui ont connu une croissance économique depuis dix ans, renforcent en effet leurs capacités de défense en raison de leur perception des risques et menaces liés à leur environnement régional. Par ailleurs, le 2 avril 2013, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté le Traité sur le commerce des armes à une très large majorité. La France l’a signé le 3 juin ainsi que 66 Etats, dont 24 de l’Union européenne. Ce traité interdit tout transfert d’armement qui aurait pour conséquences, notamment, la violation d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, le non-respect par un Etat de ses obligations internationales ou encore des attaques dirigées contre des populations civiles ou des biens civils protégés par des accords internationaux. Ce traité doit encore être ratifié par les Parlements de 50 Etats pour entrer en vigueur.

Loïc Salmon

DGA : l’expertise technologique, avenir de l’outil de défense

Eurosatory 2012: armements terrestres, enjeux et perspectives

Les GTIA en Opex : besoin urgent d’armements adaptés




Armée de Terre : 1er REC, projeté dans toutes les Opex

Le 1er Régiment étranger de cavalerie (REC) assure des missions de reconnaissance et d’intervention avec la puissance de feu de chars AMX 10RC-R à roues et canon de 105 mm. Il recueille aussi le renseignement tactique (véhicules blindés légers) et agit contre les chars (missile Milan et successeur).

Installé dans les Bouches-du-Rhône sur le camp de Carpiagne (1.600 ha), le 1er REC a accueilli, le 25 janvier 2018 en visite de travail, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, avant la discussion du projet de loi de programmations militaire 2019-2025 le 22 mai prochain. Son président, Christian Cambon, a souligné le rôle du Sénat pour éviter, notamment, le contournement des engagements du président de la République en matière de Défense (19 janvier à Toulon) par le ministère de l’Economie et des Finances. De son côté, le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre, a rappelé que l’entretien de matériels anciens coûte aussi cher que leur remplacement par des équipements modernes protégeant mieux les soldats.

Préparation opérationnelle. Un sous-groupement tactique interarmes en opération extérieure (Opex), accroché par un adversaire, l’isole, le neutralise puis se réarticule pour poursuivre sa mission. Le 1er REC a procédé à une démonstration dynamique en plusieurs phases : véhicule blindé léger touché par un engin explosif improvisé et déminage autour (photo) ; évacuation d’un blessé par hélicoptère ; prise d’assaut d’une habitation, dont se sont emparés 10 terroristes, renforcés par 20 combattants en réserve avec des pickups. Alors que l’entraînement réel fait prendre conscience de la réalité du terrain, de l’adversaire et de l’incertitude du combat, la simulation permet de l’optimiser par un gain de temps de formation et une économie de munitions. A cet effet, le 1er REC dispose d’un centre complet de simulation. Une vision globale du champ de bataille est obtenue par sa numérisation par recueil de données en temps réel. La simulation par ordinateur permet d’envoyer des ordres et de recevoir des comptes rendus. La salle de planification organise des exercices où se multiplient les incidents, comme les engins explosifs improvisés ou les évacuations sanitaires. Il s’agit d’intégrer les bons réflexes, de comprendre les mécanismes de combat et d’acquérir des savoir-faire, du niveau d’une équipe de trois légionnaires à celui du colonel chef de corps. La simulation du tir de missile Milan et de canon d’AMX 10 RC-R constitue un entraînement avant la campagne de tirs réels. Le Milan, d’une portée de 1.900 m, présente une période de vulnérabilité de 12 secondes pour le tireur. Son successeur, le MMP (missile moyenne portée), d’une portée de 4.000 m et qui n’a pas cet inconvénient, entre déjà en service dans les unités terrestres.

Arme et équipement individuels. D’ici à 2028, toute l’armée de Terre sera dotée du fusil d’assaut allemand HK 416 F, en remplacement du Famas français amélioré. La version standard, au calibre Otan (5,56 mm) et réglable pour les gauchers, est munie d’une baïonnette, d’un bipied, d’un lance-grenade de 40 mm et d’une aide à la visée. Les légionnaires du 1er REC s’entraînent déjà au tir de cette arme en marchant. Le nouveau gilet pare-balles, plus confortable que les précédents, empêche la perforation mais pas le choc de l’impact. Le « barda », qui inclut musette, gilet, fusil, casque en kevlar, rations de combat et munitions (12 chargeurs à 30 cartouches pour le HK 416 F), pèse 40-50 kg. Enfin, le soldat consomme 9 litres d’eau par jour en opération.

Loïc Salmon

La Légion étrangère : qualité, commandement et formation

Armée de Terre : programme « Scorpion », le GTIA de demain

Défense : le futur combattant dans un monde numérisé

 




La simulation au cœur de tout engagement aérien

Véritable laboratoire des opérations aériennes, la simulation a pour but de préparer les forces présentes et futures à agir vite, en toute sécurité et à être capable de durer, grâce aux ravitaillements en vol, dans un environnement interallié et interarmées.

La préparation, la conduite et l’engagement en mode virtuel des opérations aériennes ont été traités lors d’un séminaire organisé, le 13 juin 2012 en région parisienne, par le Commissariat général au salon d’armements terrestres Eurosatory 2012.

La préparation aux opérations commence au centre de Lyon-Mont-Verdun (voir encadré). Selon le lieutenant-colonel Cyrille Testu du CASPOA, une trentaine de stagiaires, dont un tiers de ressortissants de pays membres de l’OTAN, suivent une formation théorique et pratique, puis une mise en situation et une préparation individuelle. Enfin, ils sont maintenus en condition opérationnelle par des scénarios complexes. De la guerre du golfe (1991) à l’engagement en Libye (2011), les principes du commandement et de la conduite des opérations aériennes sur l’ensemble d’un théâtre restent identiques : organiser, protéger et agir. La formation et l’entraînement reposent sur une doctrine d’emploi et le retour d’expérience, en vue d’une expérimentation pour valider des choix. En raison du continuum (passage continu entre éléments homogènes d’un ensemble) entre les milieux aérien et spatial et l’interaction avec la surface de la terre due à la précision du GPS, il est indispensable de cacher ses moyens pour ne pas être repéré par les satellites d’observation. Pour s’adapter aux demandes des autorités politiques, seule une organisation centralisée peut utiliser la puissance aérienne de façon souple face à l’environnement adverse (structure, organisation et opérations). Le système C2 Air (commandement et conduite des opérations aériennes) de l’OTAN vise à mutualiser ses moyens, afin de disposer d’outils modulables contre les missiles balistiques et la défense aérienne classique.

L’entraînement au combat aérien par simulation consiste à échanger des informations tactiques en trois dimensions par le réseau dit « liaison 16 » (L 16) de l’OTAN. Il concerne les équipages en l’air et les contrôleurs de défense aérienne au sol. Tous voient les mêmes choses : paysage, frontières et systèmes de défense air/sol. Selon le commandant Denis Daligault, chef de l’équipe de marque de liaisons de données tactiques de l’armée de l’Air, les menaces injectées par L 16 apparaissent sur les écrans des équipages et tout intervenant abattu est prévenu. Cela permet d’analyser les réactions des équipages, par exemple lors de missions de bombardement d’un port ou de destruction d’un convoi. Le retour d’expérience d’Afghanistan sert à entraîner les contrôleurs avancés qui assignent des objectifs aux équipages en l’air dans des situations et selon des procédures identiques. Une situation réelle peut être virtuellement enrichie pour concevoir une défense aérienne plus complexe au niveau du chef de patrouille. Le système d’entraînement L 16 « Solstice » comporte plusieurs consoles. L’une (simulation) reproduit des déroulements d’exercices prédéfinis et une situation dense et réaliste avec des tirs sol/air. Une autre (contrôle) diffuse la surveillance (plots radar), identifie les pistes et assigne les missions. La troisième (coordination des opérations) valide les tirs air/air simulés et anime les combats aériens (identification des aéronefs abattus, régénération de ces derniers et émergence de nouvelles détections). Lors d’un entraînement avec des munitions réelles, l’avion est mis en position de tir, mais hors situation tactique. Des exercices majeurs OTAN sont régulièrement organisés. En mai 2011 sur la base de Cambrai, celui dénommé «Tiger Meet » a inclu la participation, temporaire, d’un avion d’alerte avancée AWACS, parti ensuite intervenir au dessus de la Libye. Le deuxième, « Serpentex » (mars-avril 2012, Solenzara – Corse),  a utilisé les procédures en vigueur en Afghanistan. Le troisième, « Tactical Leadership Programme » (mai 2012, Albacete – Espagne), a mis en œuvre une situation tactique au sol complexe : animation en temps réel de sites missiles sol/air, convois et objectifs au sol. Dans la salle de  « débriefing », les équipages à terre ont pu voir ce qui s’est passé en l’air, y compris les erreurs des uns et des autres. Tout est enregistré.

La simulation de l’engagement complète l’entraînement du pilote, mais ne peut constituer un substitut au vol. La simulation est un exercice purement mental, alors que l’entraînement physique permet au pilote de supporter 9 G (neuf fois son propre poids) en vol tournoyant et de maintenir son sens de l’équilibre. Pour remplir une mission en tout temps, un pilote doit gérer le stress, la fatigue et les conditions des environnements naturel et aéronautique. Toutefois, l’entraînement en vol est limité par les pannes particulières, la portée autorisée des armements, la réduction par deux des espaces aériens au profit des vols commerciaux, la gêne sonore, la discrétion sur l’utilisation du spectre électromagnétique et surtout le coût exponentiel de l’heure de vol et du maintien en condition opérationnelle. Selon le colonel Pierre-Jean Dupont de l’état-major de l’armée de l’Air, l’outil de simulation sur Rafale au standard F3 est un véritable laboratoire de vol, en raison de sa polyvalence … qui exige davantage de formation, une acquisition étendue des savoir-faire et l’entretien de compétences très diverses. Les contraintes de pilotage du Rafale nécessitent trois mois d’adaptation, dont 50 % en simulation. Le « Centre de simulation Rafale » permet une grande souplesse de configuration, des gains d’heures de vol et un accès aisé à des espaces de manœuvres réalistes infinis. Les nouvelles technologies sont intégrées au fur et à mesure. La préparation spécifique à la posture permanente de sûreté concerne la dissuasion nucléaire (densité des scénarios et travail en équipage de guerre) et la défense aérienne du territoire (beaucoup d’alertes, sens de l’initiative mais sans improvisation). En Afghanistan, l’appui aérien des forces terrestres en combat asymétrique nécessite une large palette d’effets, en coordination avec le sol. Lors de l’intervention en Libye, baptême du feu pour beaucoup de personnels, l’armée de l’Air a utilisé toute sa panoplie (voir « Archives », Retex armée de l’Air 28-3-2012).

Loïc Salmon

Le Centre d’analyse et de simulation pour la préparation aux opérations aériennes (CASPOA), installé à la base de Lyon-Mont-Verdun, est accrédité « Centre d’excellence » de l’OTAN depuis 2008. Parmi les 16 centres de ce type, il est le seul français et unique expert en matière de C2 Air (commandement et conduite des opérations). Rattaché au Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes, le CASPOA forme environ 1.000 militaires par an, dont 150 étrangers venus de 35 pays différents Enfin, il participe aux travaux de doctrine ou de concepts d’emplois français et de l’OTAN à partir d’analyse d’opérations réelles et d’exercices.




Armée de Terre : le soldat, entraînement et protection

L’esprit guerrier consiste à gagner par l’entraînement, la haute technologie et les traditions. Cela implique l’amélioration de la protection du soldat et du cadre de vie de sa famille.

Telle est la conviction du général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre dont les capacités de la 1ère Division ont été présentées le 4 octobre 2018 au camp de Satory.

L’ensemble du spectre. La démonstration a porté sur l’engagement des forces terrestres sur le territoire national, lors d’un conflit asymétrique ou d’un affrontement entre Etats. En effet, l’armée de Terre peut intervenir en métropole et dans les départements et territoires d’outre-mer, en soutien des populations, en appui et en complément des forces de sécurité intérieure. Grâce à ses formations et entraînements, elle apporte une réponse adaptée à la menace et à la nature de la crise. Dans l’urgence, l’armée de Terre peut déployer une force capable de produire d’emblée des effets. Elle intervient en montagne, en zone désertique ou équatoriale avec des moyens spécifiques. Elle assure une gestion de crise dans la durée, au contact des populations, selon une approche globale et dans un cadre multilatéral, avec un emploi de la force maîtrisé et réversible. Les innovations récentes concourent à la protection accrue de la force face à un adversaire tenace et dont les capacités se durcissent. Enfin, en raison du risque de guerre ouverte face à un ennemi puissant, l’armée de Terre entretient sa capacité à assumer la responsabilité de nation-cadre au sein de l’OTAN ou d’une coalition ad hoc. Son « système infocentré Scorpion » renforce sa capacité à prendre l’ascendant sur l’adversaire pour emporter la décision.

Le renseignement « Terre ». L’armée de Terre dispose de ses propres capacités de renseignement. Ainsi, le 2ème Régiment de hussards s’occupe de la recherche humaine : surveillance des objectifs ou des cibles ; guidage ; traitement des sources humaines ; exploitation des matériels sensibles. Le 61ème Régiment d’artillerie effectue de la recherche par imagerie (drones) pour appuyer en temps réel ou différé, acquérir des objectifs et évaluer les frappes. Le 28ème Groupe géographique recueille des renseignements de terrain, les exploite et apporte un appui cartographique. La recherche électromagnétique, assurée par le 44ème Régiment de transmissions, consiste à reconnaître les signaux, les détecter, les intercepter, les décoder, les localiser et, éventuellement, les neutraliser. La 785ème Compagnie de guerre électronique et le 54ème Régiment de transmissions apportent un appui électronique. Tous ces capteurs, complémentaires, travaillent en synergie dans l’espace et dans le temps au profit des différents niveaux de commandement, du Corps de réaction rapide-France (OTAN) au groupement tactique interarmes, des forces spéciales ou de la Direction du renseignement militaire. Le Commandement du renseignement garantit la cohérence d’emploi et l’évolution des moyens de recherche et d’exploitation (analyse et connaissance des modes d’action adverses). Il assure la formation aux métiers du renseignement, l’entraînement des bureaux dédiés des états-majors opérationnels et celui des structures « multicapteurs ». En outre, il adapte la fonction renseignement Terre aux évolutions permanentes de l’adversaire. Enfin, il participe aux missions du Centre interarmées des actions sur l’environnement, pour faire mieux comprendre et accepter l’action des forces françaises sur les théâtres extérieurs auprès des acteurs locaux et ainsi gagner leur confiance. Les missions portent sur l’aide directe aux populations, la gestion de chantiers de reconstruction ou les actions de communication d’influence auprès de la population, des élites et des élus locaux.

La référence. Compte tenu de l’évolution de la menace, l’armée de Terre adapte en permanence ses dispositifs opérationnels sur le territoire national et sur les théâtres extérieurs, rappelle son chef d’état-major. La modernisation de l’exercice du commandement inclut notamment la renaissance d’une Ecole de guerre « Terre » depuis le 30 août 2018, d’une durée de 43 semaines et complémentaire de l’Ecole de Guerre interarmées. Une vision prospective permet d’anticiper les ruptures futures. Le général Bosser énumère six critères de référence : un modèle complet pour affronter tout type de menaces ; une masse pour produire des effets stratégiques dans la durée ; des équipements de 4ème génération pour dominer l’adversaire ; une capacité à agir dans le cadre d’une stratégie globale pour gagner la paix ; une singularité militaire au service de l’efficacité opérationnelle ; un esprit guerrier pour décupler les forces morales. La loi de programmation militaire, qui s’étend de 2019 à 2025, dure autant que l’engagement moyen d’un jeune militaire du rang ou d’un sous-officier, souligne le général. Elle modernise l’outil de combat en préparant le déploiement en opération de groupements interarmes Scorpion à partir de 2021 (voir encadré). En 2019, l’armée de Terre doit mettre en œuvre 5 zones techniques Scorpion et 1 régiment de formation équipé de 92 véhicules blindés multi-rôles Griffon. Elle poursuivra la transformation de la maintenance terrestre et aura obtenu les premiers résultats du « contrat globalisé » pour les hélicoptères d’attaque Tigre. En matière d’innovation pour garder l’ascendant sur l’adversaire, sont prévues en 2019 : l’implantation du « Battle Lab Terre » (laboratoire de la bataille terrestre) à Satory ; la poursuite de la transformation numérique de l’administration (dossiers et recrutement) ; la numérisation de l’espace de formation ; l’accélération des processus de passation de marché.

Le quotidien du soldat. En 2019 et pour combler des lacunes majeures, indique le général Bosser, l’armée de Terre doit recevoir des treillis de dernière génération, 24.000 fusils d’assaut HK416 et 730 véhicules 4×4. L’entretien du matériel bénéficiera d’un financement renforcé. L’aguerrissement et l’entraînement collectif seront consolidés. Le nouveau Centre de formation de Bourges doit accueillir la première promotion de mécaniciens aéronautiques. Par ailleurs, le « Plan famille » porte sur le préavis des mutations, le déploiement wifi, des garderies supplémentaires et l’accession à la propriété. En 2017, l’armée de Terre comptait 126.000 militaires avec 60.000 conjoints ayants droits et 123.000 enfants, dont 24.000 de moins de 3 ans. Ils ont connu 14.000 mutations et 115 jours d’absence hors garnison.

Loïc Salmon

Destinée à projeter un sous-groupement interarmes Scorpion en opération extérieure dès 2021, la 1ère Division compte : 26.500 personnels d’active ; 5.200 réservistes ; 5 états-majors ; 27 régiments ; 1 école ; 1 centre d’aguerrissement ; 4 centres de formation initiale des militaires du rang. Outre les éléments français de la Brigade franco-allemande, elle regroupe trois grandes unités interarmes de 7 à 8 régiments : 7ème Brigade blindée ; 9ème Brigade d’infanterie de marine ; 27ème Brigade d’infanterie de marine. Enfin, elle dispose du 1er Régiment d’artillerie, du 19ème Régiment du génie et du 132ème Bataillon cynophile de l’armée de terre.

Armée de Terre : la remontée en puissance par l’innovation

Renseignement militaire : clé de l’autonomie stratégique et de l’efficacité opérationnelle

 




Armement : la coalition « Artillerie pour l’Ukraine »

Une coalition, dirigée par la France et les États-Unis, vise à orienter, fédérer et coordonner les initiatives des pays participants pour équiper, former et structurer l’artillerie de l’Ukraine.

Annoncée le 18 janvier 2024 par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, cette coalition a été présentée à la presse le 25 janvier par le général de division Jean-Michel Guilloton, commandant de l’entraînement au combat interarmes et de la base de défense de Mourmelon-Mailly.

Selon le ministère des Armées, la France propose à l’Ukraine une offre complète de soutien militaire : livraisons capacitaires, de l’équipement individuel au char de combat ; maintien des matériels en condition opérationnelle ; munitions ; formation. Elle lui fournira 3.000 obus de 155 mm par mois, une quarantaine de missiles de croisière Scalp et plusieurs centaines de bombes A2SM longue portée.

La situation du front. Depuis l’invasion russe du 22 février 2022, indique le général Guilloton, l’armée ukrainienne montre des signes d’usure avec l’échec de la contre-offensive du printemps 2023, malgré la livraison importante de matériels occidentaux. En matière d’artillerie, l’armée russe tire six fois plus d’obus que la partie ukrainienne et accentue sa pression sur le front. Elle impose son tempo opérationnel et conserve l’initiative. A l’arrière, la Russie a transformé son industrie en économie et de guerre et, grâce à des partenariats, aurait reçu près d’un million d’obus de la Corée du Nord et des drones armés de l’Iran. Depuis la seconde guerre mondiale, l’armée russe compte sur son artillerie pour conduire la guerre avec une masse très variée de canons, lance-roquettes multiples, missiles longue portée et drones armés. Elle frappe, très loin dans la profondeur, les points névralgiques ukrainiens, les centres énergétiques et la population. Le champ de bataille devient transparent par la connexion directe des capteurs à l’artillerie longue portée et fait l’objet d’une guerre hybride via la propagande et l’influence. De son côté, l’Ukraine va bientôt atteindre son maximum en matière d’équipements, de logistique, de capacité de combat et de munitions. En face, la Russie s’est organisée en ordre de marche pour favoriser son rapport de force dans la durée.

La coalition « Artillerie ». Sur proposition des États-Unis, les 54 nations alliées pour la défense de l’Ukraine (31 membres de l’OTAN et 23 hors OTAN), réunies sur la base aérienne de l’OTAN à Ramstein (Allemagne), ont constitué un groupe de contact, dit « format Ramstein ». Le 19 septembre 2023 et afin de mieux coordonner l’aide apportée à l’Ukraine, rappelle le général Guilloton, elles ont défini cinq coalitions capacitaires majeures, à savoir maritime, aérienne, blindée, défense sol-air et artillerie sol-sol. Dans ce cadre, la France a pris la direction de la coalition de l’artillerie sol-sol. Actuellement, l’artillerie ukrainienne compte plusieurs milliers de pièces, dont 30 canons Caesar français et 19 Caesar danois. Le ministre des Armés a annoncé la livraison prochaine de 6 Caesar et une offre de 72 autres, dont 12 financés par la France et les autres par les diverses nations alliées. Une vingtaine d’États ont manifesté leur intérêt pour cette coalition, co-dirigée par les États-Unis qui ont déjà proposé plusieurs centaines de milliers d’obus. L’aide inclut tous les systèmes d’artillerie de 105 mm à 155 mm, les lance-roquettes et les capacités émergentes. En 2023, la France a formé 5.000 combattants ukrainiens, dont 350 artilleurs. L’objectif de 2024 porte sur 7.000-9.000 combattants, dont 220 artilleurs. A court terme, il s’agit de répondre aux besoins urgents en munitions et en maintenance et réparations des matériels cédés. Le moyen terme concerne la création d’une nouvelle armée ukrainienne interopérable au standard OTAN. Le long terme porte sur la mise en œuvre d’une production nationale ukrainienne, sous licence étrangère, de lanceurs, de munitions, de pièces détachées et de matériels logistiques.

Loïc Salmon

Russie : confit en Ukraine, mobilisation partielle et fragilités

Ukraine : ascendant opérationnel incertain dans le conflit en cours

Armements terrestres : enjeux capacitaires et industriels dans le contexte du conflit en Ukraine




ALAT : retour d’expérience opérationnelle

En cinq ans d’engagements en Afghanistan, en Libye, en Côte d’Ivoire, en République Centrafricaine et au Mali, l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) a développé son savoir-faire et sa doctrine de l’aérocombat : vol tactique ou de combat, de nuit et au plus près du sol.

Un colloque sur ce sujet a été organisé, le 17 juin 2014 à Villepinte (banlieue parisienne), dans le cadre du salon des armements terrestres Eurosatory. Parmi les intervenants figurent : le général de brigade Laurent Kolodziej, à l’époque chef interarmes de l’opération « Serval » au Mali ; le général de brigade Michel Grintchenko, chef de l’état-major aéromobile au sein du Commandement des forces terrestres ; le général Sancho, commandant de l’ALAT espagnole.

Opération interarmes. Outil de guerre souple et réactif, l’hélicoptère de combat démultiplie la liberté d’action du chef, explique le général Kolodziej. L’aérocombat s’inscrit dans la manœuvre tactique, décidée par le chef interarmes, au contact de l’adversaire et à dominante arme blindée cavalerie ou infanterie mécanisée. Il permet de s’affranchir des distances, rend son emploi réversible et assure la surprise. Au Mali, intégré à un groupement tactique interarmes (GTIA) déployé sur une zone grande comme une fois et demi la Belgique, le groupe aéromobile apporte la plus-value de la combinaison des composantes de combat, la souplesse de l’articulation et une complémentarité des capacités (appui feu et logistique). Il permet l’acquisition du renseignement et l’agression dans la 3ème dimension. Il assure des actions d’opportunité : prendre pied sur un objectif lointain et difficile d’accès ; combiner le feu et la reconnaissance ; accélérer les approvisionnements en alimentation, eau et munitions. En outre, les mesures de coordination dans la 3ème dimension, qui excluent l’improvisation, sont acquises par la préparation opérationnelle de personnels certifiés et entraînés dans les régiments. La planification interarmées intègre les contraintes logistiques de l’avant : points d’appui sécurisés de la « plateforme opérationnelle désert » pour ne pas user trop vite hommes et machines ; maillage de points de ravitaillement et de maintenance des hélicoptères. Plus exposé que les troupes au sol en cas de crash, l’hélicoptère doit être rapidement sécurisé, avec la prise en compte de blessés parmi l’équipage et par une température extérieure pouvant monter à 55° C. Le déploiement de 3.000 hommes sur un vaste territoire exige l’intégration permanente d’un détachement ALAT au PC du GTIA, en vue d’agir vite, fort et loin : opération héliportée, raid dans la profondeur ou force de réaction rapide comme l’héliportage d’une compagnie (140 hommes) à une distance de 100 km en moins d’une heure. Il s’agit de pré-établir un dispositif cohérent, sans dévoiler sa manœuvre. Un groupe aéromobile permet souplesse et réactivité. Il peut se réarticuler au cas où la mission est reconfigurée en vol. Par exemple, quand l’adversaire n’est pas celui qu’on croyait ou n’est pas là où on le croyait. Capacité majeure du combat de haute intensité grâce à son ubiquité, l’aérocombat montre aussi à la population locale que la force « Serval » peut agir partout.

Fulgurance et continuité. Les récents engagements de l’ALAT ont mis en avant ses diverses facettes tactiques, indique le général Grintchenko : Afghanistan, puissance de feu de petits modules dans un espace restreint; Côte d’Ivoire, combat en zone urbaine et déstructuration d’une armée hostile et à rechercher ; Libye, briser un front et détruire 2 brigades ; Mali, immensité des zones d’action et grosse masse de manœuvre. Préparée en 3 jours avec des actions offensives de 3 mois, l’opération « Serval » dure depuis janvier 2013. Elle a engagé 20 hélicoptères, 1 avion, 50 véhicules et 300 personnels. L’hostilité de l’environnement atteint la limite du possible technique et humain : température, altitude, nuit noire et sable abrasif. L’entrée en premier, pour sécuriser les autorités maliennes, signifie pour les équipages : délai inconnu de l’arrivée des munitions, absence de PC et ignorance du lieu de logement. Ce combat semi itinérant exige de se déplacer toujours avec sa logistique et d’installer une « plateforme désert », permanente ou temporaire, à partir de rien et qui permettra de durer. La combinaison avec les troupes au sol prend en effet du temps… pendant lequel les réservoirs des hélicoptères se vident ! Le combat devient de haute intensité face à un adversaire fanatisé, initialement mobile puis en position de défense ferme dans son réduit. Les attaques en « meute » nécessitent de nombreux appareils, qui brûlent beaucoup de potentiel (heures de vol). Elles exigent aussi de l’intelligence collective pour déterminer les configurations multiples, afin de couvrir l’ensemble du spectre des missions. Le Tigre, très bien protégé, dispose d’une redoutable puissance de feu, terreur des djihadistes. La boucle décisionnelle, très courte, du commandement des hélicoptères, facilite une forte réactivité pour exploiter l’occasion. Par exemple, la découverte d’une préparation d’embuscade entraîne le déroutement d’un hélicoptère, qui ira tirer sur la  colonne djihadiste concernée avant qu’elle ne se mette en position. Les actions d’éclat alternent avec celles, plus humbles et constantes, pour assurer la continuité de l’action : rechercher un camion qui s’est perdu, secourir un véhicule en panne ou même un canon Caesar destiné à appuyer une unité. Les hélicoptères de nouvelle génération (Tigre et NH90) ont permis de gagner les batailles, souligne le général Grintchenko. Mais, dit-il, la guerre a été gagnée par ceux de l’ancienne génération (Puma et Gazelle), quoique plus vulnérables, qui ont apporté volume, rusticité et disponibilité avec un coût d’emploi acceptable.

Fiabilité du matériel. La Famet (ALAT espagnole) a mis 3 hélicoptères Tigre au service de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan entre mars et décembre 2013. Le général Sancho en a présenté un retour d’expérience, qu’il juge très satisfaisant avec un taux de disponibilité de 91% sur 8 mois. La Famet a couvert une zone de 450 km de large sur 550 km de long. Ses missions ont consisté notamment en escorte de convois (31 %), protection aérienne (23 %), reconnaissance et surveillance (8 %), renseignement (5 %) et opérations spéciales (5 %). La menace venait surtout des armes de petit calibre, et des lance-roquettes individuels utilisés comme armes anti-aéronefs et, dans une moindre mesure mais dont il fallait tenir compte, des missiles sol/air portatifs. Enfin, la Famet devrait disposer de 28 Tigre en 2025 et de 47 en 2040.

Loïc Salmon

« Serval » : manœuvre aéroterrestre en profondeur et durcissement de l’engagement

Libye : bilan du Groupe aéromobile dans l’opération Harmattan

L’histoire de l’Aviation légère de l’armée de terre 1794-2014

L’Aviation légère de l’armée de terre entretient des liens traditionnels et tactiques avec les troupes au sol, qui peuvent compter sur elle pour un appui feu ou une évacuation sanitaire. L’expérience acquise lui permet de réduire la prise de risques au strict nécessaire. Arme de mêlée, d’appui et de soutien, elle change le rapport de forces sur le terrain. Son appui feu démultiplie l’effet combiné air/sol. Enfin, le tir à vue évite les dégâts collatéraux, qui pourraient remettre la décision en cause.




Armes nucléaires : arsenaux modernisés d’ici à 2040

Les Etats détenteurs de l’arme nucléaire portent leurs investissements futurs surtout sur les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) et les performances des missiles.

Ce constat a fait l’objet d’une note publiée, le 2 octobre 2020 à Paris, par deux membres la Fondation pour la recherche stratégique : Bruno Tertrais, directeur adjoint, et Emmanuelle Maitre, chargée de recherche.

Perspectives. Après analyse des arsenaux nucléaires, actuels et futurs, notamment des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, de la Grande-Bretagne, de l’Inde, du Pakistan et d’Israël, quatre tendances caractérisent leur modernisation : pérennisation des armes pour les Etats occidentaux, diversification et amélioration pour les autres ; développement de la composante maritime, à des degrés divers, pour tous ; montée en gamme des missiles en portée, vitesse et capacité d’emport ; dualité des systèmes d’armes, classique ou nucléaire, combinant porteurs (chasseurs-bombardiers ou sous-marins) et lanceurs (missiles balistiques ou de croisière). Vers 2030, l’Inde et le Pakistan, qui devraient disposer chacun de 200 à 1.000 armes nucléaires, deviendront des « puissances nucléaires de deuxième rang », au même titre que la Chine, la France et la Grande-Bretagne. De leur côté, les Etats-Unis et la Russie pourraient se lancer dans une course aux armements, en multipliant les têtes nucléaires sur les lanceurs balistiques. Toutefois, les conséquences économiques de la pandémie du Covid-19 pourraient provoquer une baisse des investissements dans ce domaine.

Les Etats-Unis. La modernisation de la triade nucléaire est estimée à 1.200 Mds$ sur 30 ans. Les SNLE de la classe Columbia (voir encadré), qui effectueront leur première patrouille en 2030-2031, coûteront le cinquième du budget de la construction navale militaire pendant une décennie. Leurs missiles Trident 2-D5LE resteront en service jusqu’en 2084. Le bombardier B-21 Raider, en cours de développement, remplacera les B-1B et B-2 à partir de la fin des années 2020. Il emportera des missiles LRSO à longue portée et des bombes B-61-12. Sur les 1.000 exemplaires de LRSO prévus, la moitié sera dotée d’une arme nucléaire. La bombe B-61-12 restera en service jusqu’en 2038. Transportable sur les F-15, F-16 et PA-200 Tornado, elle sera déployée en Europe avant 2025.

La Russie. Quatre nouveaux SNLE Borei sont entrés en service. A la fin des années 2020, dix unités seront réparties entre la Flotte du Nord et celle du Pacifique. Le programme de « drone torpille thermonucléaire » Status-6 Poseidon, s’il est maintenu, commencera en 2027. La modernisation de la composante terrestre, entreprise en 2000, sera achevée en 2025 avec 530 lanceurs opérationnels. Déjà, 140 lanceurs, mobiles ou en silo, RS-24 Yars (SS-27 Mod-2) peuvent emporter jusqu’à quatre armes nucléaires chacun. Certains lanceurs SS-19 modifiés sont équipés du planeur hypersonique Avangard, capable de déborder les boucliers anti-missiles américains, grâce à sa vitesse et sa faculté de changer de cap et d’altitude. Dans les années 2030, tous les bombardiers stratégiques actuels à long rayon d’action, Tu-160 et Tu-95, seront remplacés par l’appareil de nouvelle génération PAK-DA. Ils emporteront le missile AS-23B, mis au point pendant la décennie précédente.

La Chine. En 2020, 6 SNLE seraient déjà en service et équipés chacun de 12 missiles JL-2. Beaucoup plus discrets, de nouveaux submersibles de type O96 sont en développement pour constituer un parc de 10 SNLE au cours de la décennie 2030. Ils seront équipés du missile JL-3, en cours d’essais et dont la portée intercontinentale leur permettra d’élargir leurs zones de patrouille. Après vingt ans de développement, le missile intercontinental sol-sol DF-41 devrait bientôt entrer en service. Il aurait une capacité d’emport d’armes nucléaires accrue et des modes de lancement diversifiés par rapport aux missiles balistiques existants. A la fin des années 2020, le futur bombardier stratégique H20, comparable au B-2 américain, pourra emporter des missiles de croisière à charge militaire classique CJ-10K ou nucléaire CJ-20.

L’Inde. Un 2ème SNLE Arihant doit entrer en service en 2021 et deux sont en construction. Une base dédiée sur la côte Est (baie du Bengale) pourra en abriter quatre en 2030-2040. En outre, 2 bâtiments de surface emportent chacun 2 missiles Dhanush à courte portée et à tête nucléaire, dirigés contre le Pakistan. Le missile balistique intercontinental Agni-5, mobile, menace les centres vitaux chinois. Une version mer-sol de l’Agnis-6 pourrait voir le jour. Dans les années 2030, l’Inde va augmenter sa capacité de production de matières fissiles et doter des lanceurs à longue portée de têtes nucléaires multiples.

Le Pakistan. Le missile de croisière Babur-3 équipera les sous-marins classiques Agosta et quelques submersibles d’origine chinoise prévus dans la décennie 2020. Le missile sol-sol Abadeel pourra emporter des têtes multiples, pour contrer les défenses antimissiles indiennes. Les bombes Ra’ad (air-sol) et les missiles de croisières Babur (sol-sol) sont destinés à la dissuasion nucléaire du Pakistan.

Israël. Six sous-marins classiques auraient été adaptés à l’emport de missiles de croisière à charge nucléaire. Plusieurs dizaines d’armes nucléaires, en stock, peuvent déjà équiper les missiles sol-sol Jéricho-II et III, à portée régionale, ou être embarquées sur les chasseurs bombardiers F-16.

Loïc Salmon

A l’horizon 2030-2040, l’arsenal nucléaire stratégique des Etats-Unis devrait totaliser : 12 SNLE classe Columbia de 20.810 t en plongée emportant chacun 20 missiles balistiques Trident II D5LE/D5LE2, en remplacement de 14 SNLE Ohio (18.750 t) ; des missiles balistiques sol-sol GBSD remplaçant les 450 Minuteman III en service en 2020 ; des bombardiers B-21 transportant des bombes B61-12 et des missiles de croisière à propulsion nucléaire LRSO pour remplacer 46 B-52H et 20 B-2. L’arsenal nucléaire de la Russie devrait totaliser : 10 SNLE Borei (24.000 t) emportant chacun 16 missiles Balava et 1 SNLE Oscar (18.300 t) adapté pour le lancement de 6 torpilles Poseidon, en remplacement de 6 SNLE Delta IV et Delta III (12.600 t) en 2020 ; des missiles balistiques RS-28, SS27 Mod 1 et Mod 2 (RS-24 Yars) ; 60 bombardiers Tu-160M modernisés transportant des bombes AS-23B. L’arsenal nucléaire de la Chine devrait totaliser : 10 SNLE Jin (11.000 t) emportant des missiles JL-3, contre 6 emportant chacun 12 missiles JL-2 en 2020 ; des missiles balistiques DF-15, DF-21, DF-16, DF-5B, DF-31 et DF-41 ; 20 bombardiers H-20 transportant des bombes CH-AS-X-13. L’arsenal nucléaire de la Grande-Bretagne devrait se limiter à 4 SNLE Dreadnought (17.200 t) avec chacun 12 missiles Trident-2-D5 américains. L’arsenal nucléaire de l’Inde devrait totaliser : 4 SNLE Arihant (5.500-6.500 t) emportant 4-8 missiles H-4 et K-5 ; des missiles Agni III, IV, V et VI ; des bombardiers Mirage 2000H, Rafale et Su-30MKI transportant bombes et missiles. L’arsenal nucléaire du Pakistan devrait totaliser : des sous-marins classiques (1.760 t) avec des missiles Babur-3 ; des missiles balistiques Abadeel ; des bombardiers F-16 A/B et JF-17 transportant des bombes Ra’ad-2.

Dissuasion : nécessité de la modernisation des forces nucléaires françaises

Dissuasion nucléaire : modernisation de la composante aéroportée

Armes nucléaires : l’interdiction des essais en question




Industrie de défense : les armes hypersoniques à l’heure asiatique

Alternative quasi-invincible au missile balistique, les armes hypersoniques sont au cœur d’une course technologique en Asie, où l’équilibre sécuritaire maintenu par les États-Unis est remis en cause.

Pour éclairer ces implications qu’Emmanuelle Maitre, chargée de recherche à la Fondation sur la recherche stratégique, est intervenue au cours d’une conférence-débat organisée le 29 septembre 2022 par les associations Sights et Les Jeunes IHEDN Normandie.

Matériel polyvalent mais coûteux. Le terme d’arme hypersonique désigne un engin emportant une charge à une vitesse égale ou supérieur à Mach 5 (6.174 km/h) suivant une trajectoire atmosphérique modifiable en vol. Il se décline sous deux formes, à savoir planeur et missile, se différenciant par leur propulsion et leur altitude. Le planeur est mis à poste à 300 km d’altitude par des fusées spatiales, qui lui confèrent sa vitesse inertielle et potentielle. Le missile est, quant à lui, équipé d’un statoréacteur et se déplace à 30 km d’altitude. Leur portée est tenue secrète mais certains prototypes pourraient atteindre une cible jusqu’à 5.000 km avec une précision d’une dizaine de mètres. L’alliance du vol à basse altitude, de la vitesse et de la manœuvrabilité rend ces armes difficiles à détecter, à anticiper et à intercepter. Cette imprévisibilité les distingue du missile balistique, qui atteint également une vitesse hypersonique mais suit une trajectoire extra-atmosphérique en ellipse avec un point de chute facilement calculable. Si la charge embarquée peut être autant nucléaire que conventionnelle, les armes hypersoniques ont d’abord été pensées à des fins de dissuasion stratégique. Pionniers dans le domaine, les États-Unis ont étudié un programme de planeur comme vecteur nucléaire dès les années 1960. Cependant ce programme a été abandonné en raison des progrès des missiles intercontinentaux toujours difficilement contrés. Lancé à l’issue de la guerre froide, le programme américain « Prompt Global Strike » a tenté de développer des missiles de croisière hypersoniques à portée globale. Après quelques difficultés, les efforts se sont concentrés sur des missiles de plus petite taille à emploi tactique, afin d’éliminer une cible précise, mobile et à haute valeur ajoutée, sur un champ de bataille. Par ailleurs, des projets sont à l’étude afin d’étendre les usages de la vitesse hypersonique au transport civil. Cette technologie présente néanmoins plusieurs inconvénients. L’exemple américain a permis de chiffrer les coûts très élevés de développement pour mener un programme à maturité. D’autres armes, plus abouties et moins onéreuses, offrent le même résultat. Enfin, des systèmes de contre-mesure sont déjà financés pour neutraliser ces missiles. Pourtant plusieurs pays d’Asie n’ont pas hésité à investir dans cette technologie pour ne pas rater l’accès à une arme d’apparence prometteuse.

Prolifération de programmes en Asie. Plusieurs États de la zone indopacifique investissent dans la recherche et le développement des missiles hypersoniques et avec succès. Au-delà de l’effet d’annonce, Emmanuelle Maitre rappelle que ces programmes ne répondent pas toujours à des objectifs limpides ni même aux caractéristiques d’une arme hypersonique. Les États-Unis mènent actuellement sept programmes de missiles dont trois au stade d’essais : « Operational fires » , « AGM-183A » et « HAWC ». Toutefois, ils sont rattrapés, voire dépassés, par la Russie et la Chine qui disposent d’armes déjà opérationnelles. Ainsi, la Russie a mis au point le planeur Avangard (voir encadré), le missile antinavire Zirkon et le système Kinjal, à savoir un missile balistique mis à feu depuis un avion. La Chine déploie le DF-ZF (ou DF 17), constitué d’un planeur couplé au missile balistique de courte portée DF-16. Un missile de croisière à statoréacteur serait aussi en développement. La Corée du Nord a récemment annoncé avoir lancé un missile hypersonique, en réalité un missile balistique à tête manœuvrante. Elle n’a pas indiqué la distance entre la séparation et le point d’impact qui permettrait d’y déceler un bond technologique. Le gain de temps offert en cas de frappe sur Séoul (capitale de la Corée du Sud) ne constitue pas une rupture par rapport à ses missiles balistiques. Face à elle, la Corée du Sud a lancé son premier missile hypersonique il y a trois ans. Le Japon a publié son objectif de concevoir un planeur d’ici à 2030 pour ne pas se laisser distancer par ses adversaires potentiels russes et chinois. La France développe aussi un armement hypersonique dans le cadre du renouvellement de ses forces aériennes nucléaires stratégiques, notamment le planeur VMAX. Quant à l’Inde, elle aurait lancé un missile HSTDV couplé à un missile balistique Agni de portée moyenne ou intermédiaire développé en interne. Elle a également commencé l’étude du Bramos 2 en coopération avec la Russie, bien que le programme semble à l’arrêt depuis 2020. Comme Pyongyang, New-Dehli semble davantage rechercher un gain politique en démontrant sa capacité technologique, au détriment d’une réflexion stratégique sur le l’emploi de ces armes.

Menace du « game changer ». Par ses caractéristiques techniques, l’arme hypersonique peut remettre en question l’équilibre militaire de la zone indopacifique marquée par de fortes tensions. S’il est peu probable, pour Emmanuelle Maitre, qu’un État puisse totalement se protéger d’une attaque nucléaire, un bouclier anti-missile apparaît néanmoins pertinent contre des tirs conventionnels. Le cas de Taïwan illustre bien le bouleversement induit par l’emploi des missiles hypersoniques. Dans le scénario d’une invasion, une frappe de précision rapide pourrait paralyser la capitale Taipei et ralentir la mobilisation de ses forces armées. Dans un deuxième temps, les bases américaines situées à proximité seraient neutralisées, leurs défenses étant encore inopérantes face aux missiles hypersoniques. Enfin, une zone de déni d’accès autour de l’île serait imposée aux flottes américaine et japonaise. Malgré les inconnues qui persistent sur les performances et le nombre réel des missiles chinois, il est clair que les porte-avions américains seront les premiers visés. Pièce maîtresse de la protection du détroit, ils ne disposent pas non plus de défense face à des missiles aussi véloces. Le discours politique pointant cette vulnérabilité a permis au Pentagone d’obtenir le financement des programmes hypersoniques dans le budget voté par le Congrès en 2021. Parmi les technologies défensives étudiées, les armes à énergie dirigée seraient en mesure de désorienter les composants, aussi sensibles que perfectionnés, d’un système hypersonique. La Corée du Sud et le Japon coopèrent avec les États-Unis pour obtenir un succès dans ce domaine. Une réflexion est aussi engagée pour repenser la défense anti-missile. Pour limiter la vulnérabilité du dispositif américain à l’égard des frappes, la mobilité et la dissimulation des forces doivent être améliorées. L’aspect révolutionnaire des armes hypersoniques doit être pour le moment relativisé, conclut Emmanuelle Maitre. Elle pointe avant tout leur bénéfice politique. Si les avancées scientifiques se poursuivent, elles n’accoucheront pas d’une arme miracle capable d’emporter la décision. Sans doctrine d’emploi, le risque est grand de gâcher des munitions au coût très élevé, à l’image du missile russe Kinjal en Ukraine.

Louis Lamiot

Le planeur russe Avangard, lancé par un missile balistique, atteindrait 33.000km/h avec des rebonds atmosphériques successifs pour contourner les systèmes américains THAAD (anti-missiles balistiques) et Aegis (antinavire et anti-aérien). Le système hypersonique chinois DF-ZF est un drone capable de voler à Mach 10 (12.348 km/h) selon des trajectoires paraboliques. Le missile balistique DF-17, qui l’emporte, pourrait parcourir de 1.800 à 2.500 km. La cellule du DF 17 serait protégée par une couche d’aérogel (solide à très faible densité) pour résister à une chaleur de 1.000 °C et bloquer de rayonnement infrarouge sans gêner les émissions de ses capteurs.

Drones et armes hypersoniques : futurs enjeux de puissance

Défense : l’innovation, pour la supériorité opérationnelle et l’autonomie stratégique

Défense : l’ONERA, acteur majeur de l’innovation

 




Sommet franco-britannique : communauté de vues sur la Défense

Le président de la République française Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron ont réaffirmé, le 17 février 2012 à Paris, la coopération bilatérale en matière de défense, notamment pour les opérations et les équipements.

Opérations : les enseignements tirés de l’intervention commune en Libye, un an auparavant, concernent le développement des systèmes d’information, le renseignement, la surveillance, le ciblage, la reconnaissance et les munitions de précision. La force expéditionnaire commune, ainsi testée, devra, en 2016, pouvoir entrer en premier sur un théâtre, faire face à des menaces multiples jusqu’au niveau maximal d’intensité et être disponible pour des interventions bilatérales ou relevant de l’OTAN, de l’ONU, de l’Union européenne ou d’autres instances. Un grand exercice commun interarmées, dénommé « Corsica Lion », est prévu cette année en Méditerranée. Un état-major déployable de forces interarmées sera mis en place d’ici à 2016. Enfin, un groupe aéronaval franco-britannique intégré devrait être opérationnel après 2020.

Equipements : la France s’intéresse au drone de reconnaissance tactique non armé Watchkeeper, construit par Thales UK et déjà commandé par l’armée de Terre britannique. Ensuite, une équipe de programme conjointe Dassault Aviation (France) et BAE Systems (Grande-Bretagne) a été établie en 2011 pour étudier les risques techniques relatifs aux drones armés de reconnaissance MALE (moyenne altitude longue endurance). Enfin, un programme de démonstrateur technologique du futur système de combat aérien sera lancé en 2013, en vue de la mise au point d’un drone de combat armé utilisable dans des opérations de haute intensité. Ce démonstrateur, dont les caractéristiques seront définies ultérieurement, sera réalisé par Dassault Aviation et BAE Systems. Par ailleurs, un groupe bilatéral d’utilisateurs a été formé pour optimiser les coopérations en matière d’entraînement sur l’avion de transport tactique A400 M (techniques et procédures opérationnelles de formation sur simulateur et en vol). Un contrat de soutien intégré de l’A400 M sera négocié avec Airbus Military, pour la mise en service du premier A400 M français en 2013. En matière de technologies sous-marines, un mémoire d’entente bilatéral a été signé en juin 2011 sur l’étude de faisabilité d’un nouveau sonar. Les feuilles de route des deux Marines ont été harmonisées pour mettre au point, à partir de 2013, un démonstrateur/prototype de système autonome, fondé sur les technologies de drone sous-marin. En outre, un canon de 40 mm pour véhicule blindé, qualifié OTAN d’ici à 2013, fera l’objet d’une promotion à l’exportation. Un plan d’action conjoint de lutte contre les engins explosifs improvisés sera élaboré en 2012. Enfin, en matière de futurs missiles, le groupe européen (France, Grande-Bretagne et Italie) MBDA va étudier un missile de croisière, à partir d’une évaluation conjointe des améliorations du Storm Shadow britannique et du Scalp français, et un missile anti-navire dénommé « future anti ship guided weapon/anti-navire léger ».

Loïc Salmon