L’histoire de l’Aviation légère de l’armée de terre 1794-2014

Par son adaptabilité, l’hélicoptère de combat de l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) peut s’utiliser du conflit de haute intensité à l’action humanitaire. Sa rapidité d’emploi lui confère une dimension politico-militaire dans la gestion des crises.

Il aura quand même fallu 60 ans pour y arriver, comme le présente en détail ce livre, tiré de la thèse de doctorat d’histoire contemporaine du général (2S) André Martini, soutenue en 2004 puis enrichie pendant la décennie suivante. L’ALAT justifie sa double appartenance au monde rustique de l’armée de Terre et à celui de la technique aéronautique. Son esprit pionnier, caractéristique de la saga de l’aviation tout court, se heurtera souvent aux dures réalités administratives et financières, sans oublier les rivalités entre armées de Terre et de l’Air. Aux États-Unis, les expériences de ballons d’observation aériennes et de réglage de tirs d’artillerie débutent à la guerre de Sécession (1860-1865). La Grande-Bretagne met sur pied une unité de ballons au Beschuanaland (Afrique australe) en 1884. Mais la France les a précédées lors de la bataille de Fleurus…en 1794 ! Cette innovation est ensuite décriée comme une « tricherie » dans la conduite de la guerre. Elle ne réapparaît qu’au siège de Paris en 1870. Après les essais de « l’avion » de Clément Ader (1897) et surtout la traversée de la Manche par Louis Blériot en 1909, les militaires s’y intéressent. L’aéronautique désigne alors la science de la navigation aérienne, l’aérostation « les plus légers que l’air » et l’aviation « les plus lourds que l’air ». L’hélicoptère apparaît dans les années 1920, mais il faut attendre les guerres de Corée puis d’Indochine et surtout d’Algérie pour qu’il démontre son utilité. Le 8 mars 1956, le colonel Marcel Bigeard réussit la première opération héliportée en utilisant des hélicoptères comme engins d’assaut. Par ailleurs, fin 1960, plus de 1.500 blessés ont été évacués de nuit en plus de 750 missions extrêmement risquées. Vulnérable, l’hélicoptère sera rapidement doté de mitrailleuses, lance-roquettes et enfin missiles. Le besoin de deux niveaux d’action aérienne se manifeste : appui mené par des moyens concentrés sur quelques bases opérationnelles, du ressort de l’armée de l’Air ; action aérienne immédiate et intégrée à la manœuvre terrestre qui relève de l’ALAT. La formation des pilotes d’hélicoptères se fait dans les deux armées. Dans l’armée de l’Air, elle attire les pilotes devenus inaptes au métier de chasseur ou de transporteur. En revanche, dans l’armée de Terre, les jeunes officiers se tournent vers l’hélicoptère, comme leurs anciens vers la cavalerie légère. Les progrès techniques transforment le combat dans la 3ème dimension. Le radar « Spartiate » permet de guider vers l’arrière les hélicoptères possédant l’aptitude au vol ans visibilité, garantissant du secours aux équipages par tous les temps. Viennent ensuite les jumelles intensifiant la lumière résiduelle, pour le vol de nuit, et la caméra thermique pour l’identification des cibles. Les combats de demain, intenses et de courte durée seront soumis à la surveillance constante des moyens de renseignement et à la menace permanente d’armes précises à temps de réaction très bref. Le rythme des interventions de l’ALAT sera accru en conséquence. Devant la complexité des équipements destinés à maîtriser ces risques, le facteur humain restera toujours primordial.

Loïc Salmon

ALAT : retour d’expérience opérationnelle

Armée de Terre : l’ALAT, indispensable à l’engagement terrestre

« L’histoire de l’Aviation légère de l’armée de terre » 1794-2014, par le général André Martini. Éditions Lavauzelle, 448 pages.




Marine nationale : mission « Jeanne d’Arc » 2014 en Atlantique

De mars à juillet 2014, un groupe amphibie (GA) se déploie en Atlantique au profit des officiers-élèves de l’École navale et des forces françaises prépositionnées outre-mer, dans le cadre de la mission « Jeanne d’Arc ». Il pourrait, éventuellement, être engagé en opérations.

Les missions. Le GA, composé du bâtiment de projection et de commandement Mistral et de la frégate La-Fayette, effectue la mission dite « Jeanne d’Arc » à 4 volets. Sur le plan opérationnel, il participe à l’opération « Corymbe » de présence dans le golfe de Guinée et en Afrique de l’Ouest pour y protéger les intérêts français. Cela relève des missions générales de connaissance, d’anticipation de crises et de coopération régionale. S’y ajoute le renforcement temporaire des forces de souveraineté en Guadeloupe et en Martinique par des entraînements communs. Le cas échéant, le chef d’État-major des armées peut utiliser le GA dans la conduite d’opérations vers la terre ou en mer. Le volet « coopération » porte sur la préparation opérationnelle interarmées des bâtiments déployés et des détachements de l’armée de Terre embarqués (groupements tactique et aéromobile). Il inclut l’interopérabilité avec les grands pays alliés, par des exercices OTAN avec les forces américaines et canadiennes, et les entraînements bilatéraux avec les Marines d’autres pays riverains de l’océan Atlantique (Sénégal, Cote d’Ivoire, Togo, Bénin, Brésil et Portugal). Le volet « rayonnement »  consiste à apporter un soutien naval à la diplomatie de la France et, lors des escales, un soutien à l’exportation d’armements français et, par voie de conséquence, à l’emploi industriel en France. Enfin, la mission « Jeanne d’Arc » constitue l’école d’application des élèves de la promotion 2011 de l’École navale, intégrés au « systèmes d’hommes » du GA : découverte des enjeux stratégiques de l’océan Atlantique, zone d’opérations des armées françaises ; rythme de navigation soutenu et enchaînement rapide d’activités pour se préparer à la prise de responsabilités au retour ; acquisition d’une expérience dense et variée du monde maritime par la vie en équipage.

Les personnels. Les élèves embarqués comptent 155 officiers et 20 civils. Il y a : 95 enseignes de vaisseau de 2ème classe, dont 13 étrangers (2 Allemands, 2 Saoudiens, 2 Béninois, 1 Camerounais, 1 Sud-Coréen, 1 Libanais 1 Malgache, 1 Sénégalais et 1 Togolais) ; 9 commissaires-élèves des armées, dont 1 Camerounais ; 11 administrateurs des Affaires maritimes ; 8 médecins des armées ; 8 officiers-élèves invités en cursus extérieur (1 Belge, 1 Brésilien, 1 Gabonais, 2 Koweïtiens, 1 Malaisien, 1 Canadien et 1 Britannique). En outre, embarquent pour une courte période : 10 sous-lieutenants de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan ; 14 stagiaires-ingénieurs de l’armement ; 20 stagiaires de l’école de commerce EDHEC. Par ailleurs, le groupement tactique embarqué compte 60 véhicules et engins ainsi que 210 soldats du 3ème Régiment d’infanterie de marine, du Régiment d’infanterie chars de marine, du 11ème Régiment d’artillerie de marine et du  6ème Régiment du génie. Le groupement aéromobile se monte à 2 hélicoptères de manœuvre et d’assaut Puma, 2 hélicoptères de reconnaissance et d’attaque Gazelle et 35 soldats issus du 5ème Régiment d’hélicoptères de combat. Enfin, les détachements Marine comptent 1 hélicoptère Alouette III de l’escadrille 22S, 1 engin de débarquement amphibie rapide et 2 chalands de transport de matériel.

Loïc Salmon

Golfe de Guinée : zone de crises pour longtemps

Mission Jeanne d’Arc 2012 : un tour du monde opérationnel




Armée de Terre : l’ALAT, indispensable à l’engagement terrestre

Créée en 1954 et engagée dans les guerres d’Indochine et d’Algérie puis en opérations extérieures, l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) a acquis un savoir-faire opérationnel unique dans le combat au sol de basse intensité, en appui de l’infanterie et de l’arme blindée cavalerie.

Elle a fait l’objet d’une présentation à l’Association de journalistes de défense, le 26 novembre 2013 au Cannet-des-Maures (Sud de la France), par le général de brigade Marc Demier, commandant l’École de l’ALAT, et le lieutenant-colonel Stéphane Le Floch, commandant la Base école général Lejay.

« L’aérocombat ». Il s’agit d’envoyer loin une puissance de feu en vue d’un effet tactique, déterminé par le commandement, et de rester sur le terrain au plus près des combattants et dans des conditions très rustiques, explique le général Demier. Seule l’ALAT peut employer des hélicoptères de manœuvre et de combat, véritables « chars volants », à partir de terrains sommairement aménagés, de la mer, en zones montagneuse, urbaine et désertique, par grand froid et de jour comme de nuit. Le ravitaillement en vol d’hélicoptères, très onéreux, est utile pour les forces spéciales mais guère pour les troupes conventionnelles. Un groupement aéromobile peut être projeté de façon autonome à 1.000 km en 18 heures, par voie maritime à 1.500 km en 24 h et par avion à 15.000 km en 24 h. Peu utilisés isolément, les hélicoptères manœuvrent en patrouille (3), escadrille (8 à 12), bataillon et régiment (13 à 36), selon les formats des unités terrestres qu’ils appuient. L’aérocombat consiste à se déplacer en vol de combat, se poster, observer, utiliser ses armes et rendre compte. Quelles que soient les conditions, l’hélicoptère va chercher une cible à 120 km/h et à 150 m du sol. Il doit garder la maîtrise et l’initiative du feu, ascendant moral sur l’adversaire qui croit que le tir a eu lieu au bon endroit. L’efficacité de la procédure d’appui feu donne confiance aux troupes au sol, surtout aux fantassins qui doivent « coller » au barrage de feu aérien. L’ALAT dispose d’un espace de manœuvre qui lui donne une indépendance opérationnelle mais elle doit aussi prendre des risques, notamment pour la reconnaissance : les drones ne peuvent aller partout ! Son commandement s’adapte au contexte politico-militaire : OTAN en Libye, Union européenne en Somalie et français au Mali. Le contrôle national s’exerce directement sur l’action de l’hélicoptère « au contact » sur un objectif de très haute valeur ajoutée. Par contre, dans une grande coalition, chaque composante nationale connaît des restrictions juridiques d’action. Ces « caveat », selon la terminologie OTAN, imposent aux pilotes de prendre la bonne décision sans remettre en cause la légitimité politique de l’intervention.

Les retours d’expériences. « On a joué en 3 ans dans les opérations « Pamir » (Afghanistan), « Licorne » (Côte d’Ivoire) et « Harmattan » (Libye) ce qu’on a appris en 30 ans », souligne le lieutenant-colonel Le Floch. Pour « Harmattan » (2011), la planification a duré 4 mois avant l’embarquement des hélicoptères sur le bâtiment de projection et de commandement Tonnerre. La composante aéromobile tactique, employée dans des actions d’aérocombat au sein d’une campagne aérienne, est placée sous commandement français interarmées à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle. Elle dépend également du commandement interalliés (OTAN) à Naples, dont le chef est un Canadien francophone et pilote d’hélicoptère : cela facilite le dialogue ! Elle agit dans le cadre d’opérations littorales en liaison avec une force terrestre tierce, à savoir des unités libyennes rebelles. L’adversaire se cache quand il entend un drone parti identifier des objectifs, obligeant le groupe aéromobile à s’adapter en permanence et à intervenir toujours de nuit. Au cours de 308 sorties entre mai et septembre 2011, ce dernier est intervenu sur 37 opérations contre 550 objectifs, dont 129 sites militaires. « L’ennemi était courageux mais pas valeureux car, sur 40 hélicoptères engagés dans « Harmattan », pas un seul n’a été touché », souligne le lieutenant-colonel Le Floch. Les hélicoptères britanniques, placés uniquement sous le contrôle de l’OTAN et selon une procédure d’engagement plus lourde, n’ont effectué que 22 opérations contre 106 objectifs, dont 49 sites militaires. Avant même le déclenchement de l’opération « Serval » (2013) au Mali, les forces spéciales étaient déjà prépositionnées au Burkina Faso. Puis, en une semaine, 17 transports stratégiques ont acheminé 22 hélicoptères et 250-300 personnels. Ce groupement aéromobile dénommé « Hombori » avait pour missions : l’appui à la manœuvre interarmes (feu, renseignement, logistique et évacuations sanitaires) ; les actions autonomes dans la profondeur ; l’aide à la recherche et au sauvetage de combat. « Il a fallu chercher l’adversaire et le débusquer de son repaire très protégé ». Seul un hélicoptère des forces spéciales a été touché, mais pas abattu.

Les formations. L’Ecole de l’aviation légère de l’armée de terre dispense une formation longue, en vue de fournir, aux forces, des équipages aptes à être engagés d’emblée en opérations. Chaque année en 35.000 heures de vol, plus de 1.000 stagiaires pilotes, chefs de bord, chefs de patrouille, moniteurs et contrôleurs aériens vont se former dans 4 centres situés à Dax (initiation) et au Cannet-des-Maures (combat et formations sur les nouveaux hélicoptères Tigre et Caïman). Environ 150 actions de formation concernent les personnels des Armées de Terre et de l’Air et de la Marine. Le Tigre, hélicoptère développé par la France et l’Allemagne à partir de 1984, a eu pour conséquence la création d’une école binationale au Cannet-des-Maures en 2003. La simulation (16.000 heures par an) permet de vérifier la formation individuelle de base et le niveau opérationnel d’un équipage ou d’une unité d’hélicoptères. Elle représente 63 % de la formation sur Tigre et 84 % de celle sur Caïman, commencée en 2013. Elle rentabilise également la formation en vol : 1 heure de vol coûte 20.000 € sur Gazelle, 4.000 € sur Puma et de 8.000 à 10.000 € sur Tigre et Caïman. En outre, 1 heure de vol sur hélicoptère nécessite ensuite… 7 à 10 heures de maintenance !

Loïc Salmon

Libye : bilan du Groupe aéromobile dans l’opération Harmattan

Marine nationale : Harmattan, les BPC en action

ALAT : essais de « navalisation » de l’hélicoptère d’assaut Caïman

Avec 485 hélicoptères de combat toutes armées confondues, la France se place au 6ème rang mondial derrière les Etats-Unis (5.690), la Russie (854), la Chine (708), le Japon (700) et la Corée du Sud (682). L’Aviation légère de l’armée de terre compte à elle seule 200 hélicoptères de reconnaissance/attaque et manœuvre/assaut, servis par 3.800 personnels : Commandement des forces terrestres, 165 appareils répartis entre 3 régiments d’hélicoptères de combat, 1 détachement à Djibouti et 1 au Gabon ; Commandement des opérations spéciales, 35 appareils regroupés dans 1 régiment d’hélicoptères de combat. Le Caïman (au premier plan sur la photo), qui commence à équiper les forces, peut transporter au choix : 14 à 20 fantassins avec leur équipement « Félin » ; 12 blessés couchés ; 2,8 t de charge intérieure ; 1 véhicule léger ; 1 charge externe de 400 kg.




ALAT : essais de « navalisation » de l’hélicoptère d’assaut Caïman

La campagne d’essais de « navalisation » de l’hélicoptère de manœuvre et d’assaut NH 90 Caïman, destiné à l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), s’est déroulée avec succès en Méditerranée du 12 au 15 novembre 2013, à bord du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre. En coordination avec le constructeur NH Industries, la Direction générale de l’armement (DGA) et l’équipage du BPC, elle a consisté à vérifier la tenue du train d’atterrissage, les efforts sur la structure, la marge de puissance du moteur, la marge sur les commandes de vol et les qualités de vol d’un Caïman à la masse maximale de 10,6 t. Cet hélicoptère a effectué 4 vols d’essais de 2 heures dans les conditions maximales fixées par la DGA : vent de 55 nœuds (plus de 100 km/h), roulis de 7 ° et tangage de 2 °.  Quand le vent de travers atteint 50 nœuds (92 km/h), aucun hélicoptère ne vole, sauf le Caïman (photo). L’équipe de marque de la Section technique de l’armée de Terre procédera à une expérimentation technico-opérationnelle en mars 2014, puis à une première capacité de projection de 4 Caïman en juillet 2014. Elle s’assurera que les pilotes de l’ALAT sont capables de remplir ces objectifs ainsi que ceux par temps chaud et en montagne. Sur les 68 Caïman commandés pour l’ALAT, 9 ont déjà été livrés. Le 12 décembre, les 3 premiers équipages opérationnels décolleront du Centre de formation interarmées NH90 du Cannet des Maures pour rejoindre le 1er Régiment d’hélicoptères de combat de Phalsbourg. D’une façon générale, tous les équipages de l’ALAT (pilote, commandant de bord et mécanicien) doivent être qualifiés à l’appontage de jour et de nuit sur grande plate-forme (BPC). Les plus performants peuvent acquérir les qualifications de jour et de nuit sur petite plate-forme (frégates). Chaque qualification requiert 6 appontages. Par la suite, tous les équipages opérationnels doivent s’entraîner une fois par an avec des bâtiments de la Marine, dans la mesure des disponibilités des uns et des autres.

Loïc Salmon

Marine nationale : mise en service opérationnel des hélicoptères Caïman




Mali : obsèques nationales pour le premier tué de l’opération Serval

Le 15 janvier 2013 aux Invalides (Paris), le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a présidé la cérémonie d’hommage national au lieutenant Damien Boiteux, mortellement blessé le 11 janvier lors du déclenchement de l’opération « Serval » au Mali. Le lieutenant Boiteux, chef de bord d’un hélicoptère de combat au 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales de l’armée de Terre, a été promu au grade supérieur et fait chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume. Le même jour, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a expliqué à la presse le pourquoi et le comment de l’opération Serval, lancée moins de cinq heures après l’ordre du président de la République, François Hollande, à la suite de la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU. « Le Mali, dit-il,  fait face à une « agression caractérisée, organisée et coordonnée » du mouvement islamiste Ansar Eddine et des groupes terroristes Aqmi et Mujao. Selon le ministre, ceux-ci avaient déployé dans le nord du pays environ 200 véhicules et 1.200 combattants pour s’emparer de la capitale Bamako et anéantir l’armée malienne avant l’intervention de la force internationale de soutien au Mali (Misma) et la mission européenne de formation militaire (UTM Mali). La réaction militaire française poursuit trois objectifs : arrêter l’offensive des mouvements terroristes et les empêcher de menacer l’Etat malien ; préserver et retrouver l’intégrité et la souveraineté du Mali ; faciliter la mise en œuvre des décisions internationales et en accélérer le tempo pour les forces africaines et européennes. Pour cela, les forces françaises doivent remplir quatre missions : aider les forces maliennes à arrêter la progression de l’adversaire vers le sud par des frappes aériennes (avions et hélicoptères) et le déploiement d’éléments terrestres ;  frapper dans la profondeur (actions aériennes) les bases arrière adverses pour empêcher toute nouvelle offensive ; envoyer un signal fort de soutien au gouvernement malien de transition et assurer la sécurité des ressortissants français et européens ; préparer les conditions nécessaires à l’organisation et l’intervention de la Misma (commandée par un général nigérian) et de l’UTM Mali. Au 15 janvier, l’opération Serval avait déjà mobilisé 1.700 militaires dont 800 au sol, des avions Atlantique (renseignement et guidage de frappe), 12 avions de chasse (Rafale et Mirage 2000), 5 avions ravitailleurs et 5 avions de transport tactique (C-130 et C-160). Le dispositif au sol, qui compte une cinquantaine de véhicules blindés, devrait monter en puissance, a indiqué le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, présent à la conférence de presse. Enfin, le ministre, qui a reçu des offres d’assistance des pays européens et du Canada (transport et soutien santé) et aussi des Etats-Unis (renseignement et logistique), a souligné « qu’il s’agit d’une mission importante qui se mènera dans la durée aux côtés des forces maliennes et africaines et aux côtés de la mission européenne de formation ».

Loïc Salmon




Libye : bilan du Groupe aéromobile dans l’opération Harmattan

Depuis le déploiement d’un bâtiment de projection et de commandement (BPC) fin mai au large de la Libye dans le cadre de l’opération « Harmattan », les hélicoptères embarqués du Groupe aéromobile (GAM) ont mis 530 objectifs hors de combat. La situation au 22 septembre 2011 a été exposée à la presse par le contre-amiral Jean-Baptiste Dupuis, commandant de la Task Force (TF) 473, et le colonel Pierre Meyer, commandant le GAM, lors d’une visioconférence entre le BPC Tonnerre et le ministère de la Défense à Paris.

En plus de 300 sorties, le GAM a réalisé 37 opérations le long de la côte : 20 autour de Brega pour fixer les forces pro-Kadhafi très combatives, 10 dans la zone de Misratah pour desserrer l’étau qu’elles faisaient peser sur la population civile, 6 dans celle de Syrte où les combats contre les insurgés étaient les plus acharnés et une seule à l’ouest de Tripoli. Le BPC, précise l’amiral Dupuis, est une « plate-forme interarmées » qui embarque 600 personnes avec l’état-major de la TF 473, un hôpital de campagne, le GAM de l’armée de Terre (14 Tigre et Gazelle de combat et des hélicoptères de reconnaissance) et un détachement (Air) « resco » pour la recherche et la récupération de pilotes d’appareils éventuellement abattus. Outre le BPC, la TF 473 compte un pétrolier ravitailleur, trois frégates et un sous-marin nucléaire d’attaque. Un avion de patrouille maritime ATL 2 assure des missions de reconnaissance et d’appui. Les raids aéromobiles créent un effet tactique par leurs participations à l’attrition des pièces d’artillerie et des chars et au harcèlement des forces des premier et deuxième échelons. Les hélicoptères de l’armée de Terre complètent l’action des avions de combat avec leurs propres moyens de renseignement pour se faire une idée tactique de ce qu’il se passe sur le terrain, explique le colonel Meyer, « nous pouvons faire un effort dans la durée. L’hélicoptère est imprévisible. La brutalité des frappes venant de la mer crée un effet psychologique que nous avons vérifié, même s’il n’y a pas eu beaucoup de missions ». Les renseignements viennent de l’ATL2, de satellites et d’avions de combat. Ensuite, sur le terrain, le pilote d’hélicoptère peut garantir qu’il s’agit d’un lance-roquettes ou d’un char. Le temps d’intervention entre la définition d’un objectif et sa destruction est d’une demi-heure, délai considéré comme suffisant. Un raid n’est entrepris que si la zone est favorable à l’emploi d’hélicoptères, qui vont chercher dans le détail les objectifs désignés, souvent cachés sous les arbres ou à proximité d’habitations. Les hélicoptères volent suffisamment bas pour minimiser leur détection. « En raison de l’effet de surprise, souligne l’amiral Dupuis, l’ennemi n’a que quelques secondes pour réagir ». Selon le colonel Meyer, le GAM a essuyé des tirs d’armes de petits calibres, un ou deux tirs de missiles antiaériens, mais aucun impact n’est à déplorer. Par ailleurs, la différence de concepts d’emploi des hélicoptères français (Tigre et Gazelle) et britanniques (Apache) n’a pas empêché la coopération. Celle-ci se termine, car la Grande-Bretagne a annoncé le rapatriement de ses moyens, faute d’objectifs à traiter. Toutefois, il reste des poches de résistance importantes à Syrte et Baniwalid entrant dans le domaine d’action à partir de la mer, indique l’amiral Dupuis. En outre, dit-il, l’OTAN ayant décidé le 21 septembre de prolonger de trois mois l’opération « Unified Protector » en Libye, « la France maintient son dispositif ». Depuis le 31 mars, les avions de l’OTAN ont effectué 23.550 sorties, dont 8.751 dites de « bombardement ».

Loïc Salmon