Marine : missions « Clemenceau 2021 » pour le GAN et « Jeanne d’Arc 2021 » pour le GEAOM

Le groupe aéronaval (GAN) a quitté Toulon le 21 février 2021 pour la mission « Clemenceau » (quatre mois) jusqu’en océan Indien. La mission « Jeanne d’Arc » (146 jours), qui emmène le Groupe école d’application des officiers de marine (GEAOM) jusqu’en mer de Chine et au Japon, est partie de Toulon le 18 février.

Ces deux missions présentent un volet opérationnel avec des spécificités : lutte contre le terrorisme islamiste et renforcement des partenariats pour le GAN ; formation, coopération et assistance humanitaire pour le GEAOM.

Clemenceau 2021. En Méditerranée orientale, le GAN participe à l’opération américaine « Inherent Resolve » contre le djihadisme au Levant, via son intégration au dispositif français « Chammal » de soutien des forces irakiennes, engagées au sol pour détruire les capacités militaires de Daech. Dans le cadre des opérations « Inherent Resolve » et « Agénor » (Union européenne) en mer Rouge, dans le golfe Arabo-Persique et en océan Indien (mer d’Arabie), il approfondit les connaissances des zones traversées et assure une présence opérationnelle, réactive et adaptable pour garantir la sécurité régionale. Le GAN se compose du porte-avions Charles-de-Gaulle, qui embarque : 20 avions de chasse Rafale marine (F3R) ; 2 avions de guet aérien E-2C Hawkeye ; 2 hélicoptères Dauphin pour la sécurité des équipages et les missions de recherche et de secours ; 1 hélicoptère Caïman pour les luttes anti-sous-marine et antinavire et le transport logistique. Il est escorté par : la frégate de défense aérienne et de commandement des opérations aériennes Chevalier-Paul ; la frégate multi-missions Provence, renforcée temporairement par sa jumelle Auvergne, pour les luttes anti-sous-marine et antinavire, l’appui aux opérations terrestres et la projection de puissance, chacune embarquant un hélicoptère Caïman ; un sous-marin nucléaire d’attaque pour le recueil de renseignement, l’intervention contre des enaces navales ou sous-marines et la mise en œuvre de forces spéciales ; le bâtiment de commandement et de ravitaillement Var. En outre, un avion de patrouille maritime Atlantique-2, basé à terre, assure, pour le GAN, des missions de renseignement en haute mer, de lutte anti-sous-marine et, éventuellement, de puissance de feu sur des objectifs terrestres par des bombes guidées laser. « Clemenceau 2021 » prévoit la participation partielle de la frégate belge Leopold-1er, d’une frégate grecque et du destroyer américain Porter.

Jeanne d’Arc 2021. Dans le cadre de la présence française ans la zone indopacifique, le GEAOM intègre la « Combined Task Force 150 » de la coalition internationale en océan Indien, pour lutter contre les trafics et activités illicites liées au terrorisme et sécuriser les espaces maritimes. Il contribue au maintien de la connaissance des zones et de l’étude de leurs évolutions, afin d’anticiper l’apparition des crises tout en conservant une liberté autonome d’appréciation de la situation. Le GEAOM se compose du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre et de la frégate Surcouf. Outre un groupement tactique et des hélicoptères de l’armée de Terre, les deux navires embarquent 148 officiers de Marine en formation, dont 14 femmes, 8 enseignes de vaisseau étrangers (Allemagne, Cameroun, Côte d’Ivoire, Madagascar, Togo et Viêt Nam) et 5 officiers invités (Egypte, Ethiopie, Indonésie, Malaisie et Maroc). « Jeanne d’Arc 2021 » inclut des exercices majeurs avec les Marines d’Inde, d’Australie, du Japon et des Etats-Unis.

Loïc Salmon

L’océan Indien : enjeux stratégiques et militaires

Marine nationale : l’aéronavale, tournée vers les opérations

Marine nationale : opération « Agénor » et missions « Foch » et « Jeanne d’Arc »

 




Armes nucléaires : vérifier pour lutter contre la prolifération

La vérification du non-détournement des usages pacifiques de l’énergie nucléaire à des fins militaires repose sur la neutralité des experts inspecteurs.

Cette question a fait l’objet d’une conférence-débat organisée, le 5 février 2020 à Paris, par l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire, à l’occasion du réexamen du Traité de non-prolifération nucléaire en 2020. Y sont intervenus : Emmanuelle Maître, chargée de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique ; Alexandre Quinet, chargé de la mission non-prolifération et désarmement à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie du ministère des Armées.

Enjeux stratégiques. La vérification se trouve liée à la maîtrise des armements nucléaires, explique Emmanuelle Maître. Aucun pays doté d’armes nucléaires ne peut s’en défaire sans contrôler que les autres parties feront de même. Dès 1967, les négociations entre les Etats-Unis et l’URSS portent sur l’expérimentation d’un contrôle sur les armes en processus de démantèlement avec la certitude, par le partage d’informations, qu’il s’agit bien d’armes nucléaires sans avoir directement accès à celles-ci. Les traités bilatéraux START I (1991), START II (1993) et New START (2010), sur la réduction des armes stratégiques (missiles balistiques intercontinentaux), ainsi que FNI, sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (500-5.500 km), concernent uniquement le démantèlement de missiles, sans certitude sur celui des têtes nucléaires. L’Agence internationale de l’énergie atomique doit s’assurer que le plutonium de qualité militaire ne puisse plus produire d’arme, avec le risque de diffusion d’informations cruciales pour la fabrication d’armes nucléaires à des pays tiers. Des explications ont été fournies sur les procédures de transport et de manipulation d’armes nucléaires. Il s’agit de faire partager une vision commune à 14 Etats et de s’assurer que les armes déclarées n’ont pas été déplacées, en vérifiant si elles entrent et sortent du site de démantèlement.

L’action de la France. En matière d’armement nucléaire, la France a rendu public son arsenal en 2017 : moins de 300 têtes nucléaires ; 210 détonations entre 1960 et 1996 ; 48 missiles balistiques M51 sur les sous-marins de la Force océanique stratégique ; 54 missiles de croisière air-sol moyenne portée améliorés (500 km, précision inférieure à 10 m). Selon Alexandre Quinet, ses priorités portent sur le lancement des négociations pour un traité interdisant la production de matières fissiles et la réduction des deux plus grands arsenaux, à savoir ceux des Etats-Unis et de la Russie qui se sont retirés du traité FNI en 2019. La France milite pour la participation de la Russie et de la Chine au processus de vérification du désarmement nucléaire, qu’elles refusent comme étant une idée des pays occidentaux. Depuis 2015, les experts d’une trentaine d’Etats, dotés ou non de l’arme nucléaire, travaillent sur des procédures et des technologies dans le cadre de l’IPNDV (partenariat international pour la vérification du désarment nucléaire). Ainsi, la France et l’Allemagne ont procédé à l’exercice NuDiVe sur le site allemand de recherche nucléaire de Jülich le 25 septembre 2019 et qui a rassemblé 21 participants de 11 pays, dont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. L’arsenal d’un Etat fictif, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, comptait 1.000 têtes dont 830 déployées : 140 sur missiles de croisière, 140 sur sous-marins et 550 sur missiles balistiques sol-sol intercontinentaux. NuDiVe a validé les hypothèses de l’IPNDV.

Loïc Salmon

Forces nucléaires : incertitude sur leur maîtrise à terme

Stratégie : la dissuasion, nucléaire pour longtemps

Dissuasion nucléaire : assurer à la France son indépendance




Armées de l’Air et de Terre : interopérabilité en transport tactique et aérolargage

Transport aérien tactique et livraisons par air, indispensables à toute opération militaire, exigent rigueur, minutie et partage de savoir-faire, face à tout type de menaces sur des terrains sommaires où le « sur mesure » est de mise.

Leurs particularités ont été présentées à la presse, le 4 mai 2017 à Paris, par le lieutenant-colonel Christophe Piubeni, commandant le Centre d’instruction des équipages de transport, et le colonel Nicolas Filser, commandant le 1er Régiment du train parachutiste (RTP).

Le transport tactique. Outre le remplissage de l’avion de fret et le largage de matériel et de vivres, le transport tactique inclut les opérations aéroportées, les poser d’assaut et l’évacuation de ressortissants, explique le lieutenant-colonel Piubeni, L’Agence européenne de défense a lancé le programme ETAP (European Tactical Airlift Program), qui inclut le cours « Multi Ship » de vol à plusieurs avions. Les stagiaires apprennent à aller au combat dans un environnement représentatif d’une opération aérienne en coopérations interarmées et interalliées, afin de contribuer à l’interopérabilité des forces aériennes européennes. Dans ce cadre, un exercice multinational (9-19 mai 2017) se déroule à partir de la base 123 d’Orléans avec : 3 équipages français, dont 1 sur A400M et 2 sur Casa CN235, ainsi que des officiers de renseignement ; 1 équipage allemand sur C160 Transall; 1 équipage espagnol sur C130 Hercules ; 1 équipage néerlandais sur C130 Hercules. Il s’agit d’améliorer leurs connaissances des opérations, leur aptitude à préparer et conduire des missions tactiques, en vue de préparer leur qualification « élément leader ». A cet effet, l’armée de l’Air mobilise : 1 escadron électronique sol (moyens d’écoute et de brouillage) ; 1 escadron de défense sol/air (systèmes SAMP-T et Crotale) ; 1 escadron de chasse avec des Rafale, Mirage 2000 et Alphajet ; des commandos parachutistes de l’air ; le Centre air de saut en vol ; le Centre national des opérations aériennes. S’y ajoutent : 1 avion de détection et de commandement AWACS ; 1 avion de guet aérien Hawkeye de la Marine Nationale ; 2 avions de chasse allemands Eurofighter ; 1 avion ravitailleur KC135 espagnol. L’armée de Terre déploie 100 parachutistes, des équipes de largage et de récupération ainsi qu’une équipe belge de contrôle de l’appui aérien.

La livraison par air. Polyvalente, efficace et adaptée aux situations d’urgence, la livraison par air donne la capacité d’entrer en premier sur un théâtre d’opérations, souligne le colonel Filser. Elle cumule diversité des modes, rapidité des moyens, multiplicité des acheminements et, lors des largages à très grande hauteur de personnels sous oxygène, invulnérabilité. Toutefois, elle dépend de la météorologie et de la disponibilité des avions. Le 1er RTP de Toulouse apporte un appui à la projection d’une force, à sa mise à terre et à son ravitaillement par voie aérienne. La maîtrise de tout le spectre de missions exige une formation de 10-15 ans. Le largage des colis de 50-225 kg (armement, munitions et carburant) s’effectue par les portes latérales. Les colis de 700-2.500 kg (véhicule blindé ou autre) sont largués par gravité (ouverture automatique du parachute) à des altitudes de 125 m à 10.000 m par la rampe arrière. Les très gros colis de 1,6-8 t sont largués par éjection, au moyen d’un petit parachute extracteur puis d’une voile jusqu’à 700 m2. Le conditionnement d’un bulldozer de 6,5 t nécessite 10 heures de travail. En 2016, le 1er RTP a effectué 49 missions pour le largage de 258 t de fret.

Loïc Salmon

Défense : les opérations aéroportées, capacités spécifiques selon les missions

Forces spéciales : ET «Poitou»/CPA10, binôme avions/commandos

Mali : la boucle du Niger contrôlée en 48 h par les forces franco-africaines




Eurosatory 2018 : l’accent sur l’innovation technologique

Le salon Eurosatory présente des équipements et services destinés aux opérations militaires et actions, publiques ou privées, contre la malveillance, le terrorisme et les catastrophes naturelles ou industrielles.

L’édition 2018 (11-15 juin à Paris Villepinte) a été présentée à la presse le 17 mai par Stéphane Mayer, président du Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres, et le général (2S) Patrick Colas des Francs, commissaire général.

Premier salon du monde. Eurosatory accueille 1.750 exposants de 63 pays en 2018, contre 1.571 en 2016 (57) et 37 pays étrangers disposent de leur propre pavillon (36). La France (590 exposants), les Etats-Unis (150), l’Allemagne (116), la Grande-Bretagne (88) et Israël (71) restent les plus représentés. En deux ans, le nombre d’exposants de l’Australie est passé de 3 à 46, celui de la Turquie de 29 à 60 et celui de la République tchèque de 34 à 44. Le Cap Vert, la Géorgie, le Kazakhstan, le Nigeria et Oman y exposent pour la première fois. Eurosatory 2018 regroupe huit pôles technologiques : renseignement ; sécurité civile, gestion des crises et sécurité des populations ; sécurisation des infrastructures et des sites sensibles ; ingénierie, tests et mesures ; risques nucléaire, radiologique, biologique et chimique ou explosif ; entraînement et simulation ; drones et robotique ; électronique embarquée. Sa fréquentation est estimée à 58.000 visiteurs et 230 délégations officielles des armées, des forces spéciales, des forces de sécurité et du secteur civil. Les start-ups de 13 pays se répartissent par thèmes : surveillance et renseignement ; cybersécurité et technologie de l’information ; soutien de l’homme ; intervention et engagement de la force ; communications ; production, matériaux, maintenance et logistique ; briques technologiques. Les exposants présentent aussi des démonstrations dynamiques de l’armée de Terre, des forces spéciales, de la préfecture de police et des forces d’intervention RAID et GIGN. Des mesures particulières, assurées par les services étatiques assurent la protection du salon contre : terrorisme ; intrusion et vol ; ingérence et piratage industriel ; manifestations et contestataires. Elles mettent en œuvre 50 caméras et 200 agents de sécurité.

Un marché mondial. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, Les Etats-Unis arrivent en tête des cinq premiers exportateurs de produits de défense en 2017 avec 26,9 Mds$, suivis de la Russie avec 7,2 Mds$, de la France avec 5,2 Mds$, de l’Allemagne avec 4,3 Mds$ et de la Grande-Bretagne avec 4 Mds$. Parmi les importateurs majeurs, l’Inde occupe la première place avec 13 %, du marché, devant l’Arabie Saoudite avec 8,2 %, les Emirats arabes unis avec 4,6 %, la Chine avec 4,5 %, et l’Algérie avec 3,7 %. En France, l’industrie de défense réalise un chiffre d’affaires de 18 Mds$, emploie 165.000 personnes dont 20.000 à des niveaux de haute qualification et recrute, chaque année, 5.000 diplômés et conclut 4.500 contrats d’apprentissage. Par ailleurs, le marché de la sécurité devrait croître de 9 % en 2018-2019. Ses dépenses ont atteint 549 Mds€ en 2016, contre 507 Mds€ en 2014. L’Asie représente 26 % des dépenses mondiales de sécurité, l’Europe 25 % et l’Amérique du Nord 39 %. En France, la filière de la sécurité atteint 1,3 % du produit intérieur brut. La moitié de la production est exportée. Ce secteur compte 300.000 emplois marchands (hors administrations publiques) et devrait en créer 52.000 nouveaux d’ici à 2020.

Loïc Salmon

Défense et sécurité : « réagir ensemble » aux attentats terroristes et aux crises

Eurosatory 2016 : équilibrer la défense et la sécurité

Sécurité : la norme ISO 18788 pour les vigiles armés




Joint Warrior 13-1 : exercice combiné majeur interalliés

L’exercice majeur biannuel, multi-menaces, interalliés et interarmées « Joint Warrior 13-1 » s’est déroulé en Ecosse du 9 avril au 4 mai 2013. Il a regroupé 9 pays, 13.000 militaires, 55 navires et 50 aéronefs. Selon le capitaine de vaisseau Aymard, commandant le groupe aérien embarqué (GAE) du porte-avions Charles-De-Gaulle, cet exercice de projection de puissance a permis de démontrer la complémentarité des moyens français et britanniques et d’améliorer leur interopérabilité. L’Allemagne, la Belgique, le Canada, le Danemark, la Norvège, la Pologne et la Suède ont également envoyé des unités. La Marine française a mis en œuvre le bâtiment de commandement et de ravitaillement Marne, un sous-marin nucléaire d’attaque et le GAE, qui a déployé 8 Super Etendard Modernisés, 7 Rafale Marine, 1 avion de guet aérien Hawkeye et 320 personnes.  L’activité aérienne a duré 8 jours (52 heures de vol/jour) et a été réalisée à 65 %, malgré les mauvaises conditions météorologiques (202 sorties). Ont notamment été tirés 12 roquettes d’entraînement à guidage laser et 5.500 obus. Des tirs combinés d’avions, de bâtiments et d’artillerie terrestre, en appui des troupes au sol, ont eu lieu de jour et de nuit. C’est une « première » pour les forces françaises, qui ne disposent pas de champs de tir équivalents et suffisamment éloignés d’une agglomération. Le GAE a participé à la lutte anti-navires et des raids de haute intensité en opposition ou en coordination avec les avions Typhoon britanniques. Enfin, il a utilisé les liaisons L16 de données tactiques et de commandement. Selon le lieutenant-colonel Cuny, officier de liaison français, la partie terrestre de Joint Warrior 13-1 a mobilisé 1.300 soldats britanniques de la 16 Air Assault Brigade et 500 militaires de la  11ème Brigade parachutiste, 3 avions de transport tactiques (1 C-160 Transall français, 1 C-160 allemand et 1 C-130 Hercules britannique), 12 hélicoptères britanniques (3 CH-47 Chinook, 3 Appache, 3 Seaking et 3 Lynx), 4 hélicoptères français (2 Puma et 2 Gazelle) et des moyens français et britanniques ISTAR (renseignement, surveillance, acquisition d’objectifs et reconnaissance). Pour sa partie terrestre, Joint Warrior 13 s’apparente au module projetable « Guépard » d’intervention d’urgence avec un volume de forces spécifiques, un délai court, une empreinte logistique minimale et une mission clé (évacuation de ressortissants). L’opération comprenait un parachutage, un poser d’assaut, un héliportage et l’intégration d’éléments britanniques au sein du 1er Régiment de chasseurs parachutistes. Le travail de planification, de conception des ordres et de conduite des opérations a permis la validation de l’I-CJEF (Force expéditionnaire commune) du côté britannique. Celle du côté français doit se faire au cours de l’exercice « Pegasus », dont la date et le lieu n’ont pas été précisés.

Loïc Salmon




Défense : relance de la politique immobilière des armées

Adaptation des infrastructures aux grands programmes d’armement, amélioration de l’habitat militaire et transition écologique constituent les piliers de la nouvelle politique immobilières des armées.

Un document, rendu public à Paris le 21 janvier 2021, récapitule les avancées réalisées dans le cadre de la loi de programmation miliaire 2019-2025.

Grandes infrastructures. Les armées bénéficient progressivement des investissements nécessaires à l’accueil et au soutien des grands équipements militaires de nouvelle génération. L’armée de Terre va recevoir des véhicules blindés multi-rôles Griffon et engins blindés de reconnaissance et de combat Jaguar. Ainsi, 17 M€ ont été consacrés à l’adaptation de la zone technique du 13ème Bataillon de chasseurs alpins à Saint-Alban/Barby, inaugurée en mars 2021. En outre, 4,5 M€ sont destinés à la construction du bâtiment d’accueil des simulateurs Griffon et Jaguar du 1er Régiment de chasseurs d’Afrique de Canjuers (juin 2021). La Marine nationale doit pouvoir assurer le soutien des sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda et des frégates multi-missions (FREMM). Ainsi, 18,2 M€ ont été alloués à la construction d’un second ponton pour les FREMM à la base navale de Brest (mars 2021). Par ailleurs, 30,2 M€ ont financé la construction des bâtiments et aires aéronautiques pour la 3ème Flottille de chasseurs embarqués Rafale de la base de Landivisiau (janvier 2021). L’armée de l’Air et de l’Espace doit prendre en charge les avions de transport militaire polyvalents A400 M et de transport et de ravitaillement en vol Airbus A330 MRTT. Par ailleurs, 67 M€ ont été alloués à la construction, pour une inauguration en novembre 2021, des infrastructures « techniques et horizontales » pour l’unité de transport aérien franco-allemand C-130J sur la base aérienne 105 d’Evreux.

Habitat à « hauteur d’homme ». Le plan d’amélioration d’hébergement en enceinte militaire a engagé des travaux à hauteur de 237 M€ en 2021, soit une augmentation de 60 M€ par rapport à 2020 et deux fois plus qu’en 2019. Les livraisons portent sur 2.250 plans d’hébergement : 850 places nouvelles, dont 500 dans les bâtiments pour les cadres célibataires (BCC) ; 1.400 places réhabilitées. Ainsi ont été attribués en 2021 : 11,8 M€ à l’armée de Terre pour la construction de 100 places BCC à l’Ecole nationale des sous-officiers d‘active de Saint-Maixent ; 10,6 M€ à la Marine nationale pour 200 places sur la base de Lorient ; 3,5 M€ à l’armée de l’Air et de l’Espace pour la réhabilitation de logements sur la base de Saint-Dizier. En outre, le projet de loi de finances 2021 prévoit 160 M€ d’autorisations d’engagement en faveur du logement familial pour les personnels.

Transition écologique. Dans le cadre de la Stratégie ministérielle pour la performance énergétique, près de 500 M€ ont été mobilisés jusqu’en 2025 pour réduire les consommations énergétiques des infrastructures du ministère des Armées, remettre aux normes les installations classées et dépolluer les sols et les eaux. En 2021, 65,30 M€ d’autorisations d’engagement (AE) et 38,72 M€ de crédits de paiement (CP) ont été affectés à des investissements de transition écologique. Ainsi, 53,46 M€ en AE et 34,24 M€ en CP doivent notamment financer le remplacement de chaufferies au charbon ou au fioul lourd ou les contrats de performance énergétique, comme au camp de Mourmelon. Par ailleurs, un champ solaire a été édifié à Saint-Christol et une chaufferie biomasse construite à Mailly-le-Camp.

Loïc Salmon

Défense : la stratégie énergétique, un atout opérationnel pour la résilience

Défense : budget 2021, commandes et livraisons

Défense : le ministère des Armées à l’ère du numérique




OTAN : un Français à la tête des Services de santé

Pour la première fois, les 28 pays membres de l’OTAN ont élu un Français à la présidence du Comité des chefs de Services de santé militaires (COMEDS), en l’occurrence le médecin général des armées Gérard Nédellec, en fonction pour trois ans depuis le 1er décembre 2012. Le COMEDS conseille le Comité militaire (chefs d’état-major), subordonné au Conseil de l’Atlantique Nord (chefs d’Etat ou de gouvernement). Il participe au processus de planification de défense et coordonne les politiques, doctrines, concepts, procédures, techniques, programmes et initiatives en matière de santé sur les théâtres d’opération. Ainsi, la construction des hôpitaux est définie entre toutes les nations participantes pour éviter de dupliquer les efforts déjà entrepris. Les mêmes équipes du COMEDS travaillent avec l’Agence européenne de défense. Par ailleurs, la France et l’Italie développent une approche modulaire des hôpitaux médico-chirurgicaux. En Afghanistan, a indiqué le médecin général Nédellec au cours d’une conférence presse à Paris le 6 décembre 2012, les 50 nations partenaires ont mis en œuvre 27 hôpitaux en multinational. Celui de Kaboul disposera de 142 personnels médicaux français jusqu’à la fin de 2014. En outre, le COMEDS détermine notamment les temps de prise en charge des blessés sur les théâtres d’opération. Les normes internationales se rapprochent du principe français, en vigueur depuis trois siècles et consistant à être au plus près des blessés. Actuellement, un blessé doit pouvoir être secouru dans les dix minutes par un autre soldat, assisté dans l’heure qui suit par un médecin et se trouver au bloc opératoire dans les deux heures. Pour une blessure psychique, le « ressenti » de chaque militaire, quoiqu’individuel, dépend aussi des règles d’ouverture du feu, variable selon les pays. En conséquence, la réflexion des psychiatres sur la définition d’un syndrome (association des différents signes) est différente selon la culture de chaque pays belligérant.

Loïc Salmon




Drones : menaces aériennes à très basses altitudes

Souvent à l’abri des radars, les minidrones emportant une charge explosive constituent un outil de harcèlement en opération ou de terrorisme contre des cibles civiles.

Cette menace a fait l’objet d’une visioconférence organisée, le 20 avril 2021 à Paris, par COGES Events, filiale du Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres. Y sont notamment intervenus : Yannick Genty-Boudry, rédacteur en chef Défense de la publication Air & Cosmos ; Xavier Tytelman, expert en systèmes anti-aériens et ex-officier navigant sur avion de patrouille maritime ATL2.

Environnement de combat. Dès 2015, l’organisation terroriste Daech a monté des embuscades en Syrie avec des minidrones chargés de grenades, indique Yannick Genty-Boudry. Lors de la bataille de Mossoul, elle a utilisé des drones de 3 m de long pour cibler des centres irakiens de commandement tactique. Lors du conflit du Haut-Karabagh (2020), l’armée azérie a envoyé des minidrones armés jusqu’à 5-6 km derrière les troupes arméniennes pour les prendre à revers. Sous l’effet de la sidération, celles-ci n’ont pu réagir à une telle attaque qui a fait 80 morts. Les drones-suicides, non récupérables, visent des cibles de haute valeur comme les radars ou les centres de commandement et de contrôle. Le conflit du Yémen a pris une tournure économique avec le ciblage d’installations pétrolières saoudiennes, par les rebelles Houthis, au moyen de minidrones-suicides tirés à saturation comme des missiles balistiques classiques. La « démocratisation » du drone, ainsi armé à bas prix, provoque des dégâts matériels, psychologiques et économiques importants. Des acteurs non étatiques se professionnalisent à coûts réduits en armant des petits drones navals ou aériens avec une charge explosive de quelques kilogrammes. Cette tendance technico-opérationnelle dans des conflits de basse intensité prend une dimension de plus en plus stratégique. Des études en ce sens avec de l’intelligence artificielle (IA) embarquée ont commencé aux Etats-Unis, en Russie, Chine, Inde et Israël. En matière de drones armés, les démocraties occidentales veulent garder un contrôle humain avant une frappe contre des individus. Pour les autres nations, l’IA suffira pour déterminer une frappe en fonction d’un schéma. Dans l’armée russe, chaque groupe de combat devrait inclure un opérateur de système anti-drone. Une filiale de la société Kalachnikov développe une arme à énergie dirigée pour neutraliser les liaisons de données et les systèmes électroniques des minidrones.

Contexte civil. Aucun drone armé n’a encore été utilisé contre des aéronefs civils, indique Xavier Tytelman. Le groupe ADP (ex-Aéroports de Paris) utilise des caméras électro-optiques et infrarouges et étudie l’emploi de l’Intelligence artificielle avec l’armée de l’Air et de l’Espace. Quoique la plus efficace, la détection acoustique cible difficilement un minidrone dans un aéroport bruyant. Toutefois, s’y ajoutent les goniomètres (radio), radars, caméras numériques PTZ et balises DCL (40 km de portée). Après fusion des données et gestion de la menace, le poste de commandement donne l’ordre de neutralisation du petit drone intrus. De façon physique, celui-ci est enveloppé dans un filet, transporté par un minidrone « ami », capturé par un aigle, dressé à cet effet, ou détruit par un tir de précision. Des moyens électroniques peuvent, soit déstabiliser son gyroscope, soit brouiller sa liaison GPS ou la communication avec son pilote au sol.

Loïc Salmon

Drones civils : réponses opérationnelles et juridiques aux usages malveillants

Sécurité : détection, identification et neutralisation des drones malveillants

Drones et robots en mer : toujours garder l’homme dans la boucle de décision




Service de santé : « Maison des blessés et des familles » à Percy

Désormais, les grands blessés au combat peuvent vivre avec leur famille sur le site de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Percy pendant leur prise en charge déambulatoire (6 mois à 1 an). Cette « Maison des blessés et des familles » (MBF), inaugurée officiellement le 7 avril 2015, a été présentée à la presse, le 2 avril à Paris, par le médecin général inspecteur Christian Plotton, directeur de l’HIA Percy. Dans un petit film vidéo, un blessé (photo) témoigne : « On ne peut se reconstruire seul pendant un an » ! La MBF répond à l’objectif de parcours global de soins : présence des proches du blessé pendant la phase aigüe, au-delà des droits réglementaires, et meilleures conditions d’hébergement lors des réhospitalisations. Seul le praticien ou le chirurgien juge de la pertinence d’une prise en charge déambulatoire. Lors d’un engagement armé, il s’écoule en moyenne 35 heures entre le moment où un soldat est gravement blessé, son rapatriement par avion médicalisé et son arrivée à l’HIA Percy. Après la phase de réanimation et de chirurgie, le blessé entreprend une rééducation de 2 à 6 mois, puis une réadaptation (prise en charge déambulatoire) de 6 mois à 1 an et enfin une réinsertion de 2 ans environ par le travail et le sport. Le besoin d‘une MBF s’est fait sentir en 2011 avec le grand nombre de grands blessés de l’armée de Terre rapatriés d’Afghanistan, la saturation des capacités d’accueil des familles à proximité de l’HIA, la dispersion des origines géographiques des militaires hospitalisés (métropole et départements d’outre-mer) et les longues durées d’hospitalisation. Centre de polytraumatologie et structure d’accueil des grands blessés des théâtres d’opérations, l’HIA Percy a été retenu pour la future MBF en raison de sa capacité de prise en charge globale et permanente, grâce à la présence de l’ensemble des disciplines médico-chirurgicales et de réanimation. Également centre de rééducation et de réhabilitation, il  peut soigner les blessures physiques et psychiques. Disposant d’une réserve foncière de 2.700 m2, il a consacré 1.000 m2 à l’aménagement de 11 logements au standard « handicap », pour le déplacement du blessé en fauteuil roulant, et d’une crèche pour les enfants en bas âge : 6 studios de 23 m2 ; 4 logements de 75 m2 ; 1 appartement de 87 m2. Ces logements, bâtis en rez-de-chaussée, sont contigus pour permettre les échanges entre les familles. Le séjour, est pris en charge par le ministère de la Défense. La MBF a coûté 4 M€, dont 80.000€ payés par des associations. En effet, elle a vu le jour grâce à l’appui de divers services du ministère de la Défense et à la réactivité et l’action déterminante de la communauté associative, estime le médecin général. La réussite de la MBF explique-t-il, est due au personnel hospitalier (soignants, ergothérapeutes et kinésithérapeutes), aux cellules d’aide aux blessés et aux associations Terre Fraternité, Solidarité Défense, ANFEM (Association nationale des femmes de militaires) et Bleuet de France. De son côté, le général de division Bernard Barrera, porte-parole adjoint du ministère de la Défense et ancien commandant de la brigade « Serval » au Mali (2013), rappelle que les blessés au combat connaissent la réactivité du Service de santé sur le terrain et savent que ni eux, ni leur famille, ne seront abandonnés à leur sort après. Enfin, indique le médecin général Plotton, les blessés des récentes opérations extérieures dans la bande sahélo-saharienne le sont moins gravement que pendant l’engagement en Afghanistan.

Loïc Salmon

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Grande-Bretagne : coopération militaire avec la France malgré le « Brexit » et l’AUKUS

La coopération bilatérale franco-britannique en matière de défense se développe sur les plans capacitaire, opérationnel et industriel, malgré les divergences politiques sur l’Europe et les conséquences de l’AUKUS.

Le colonel Bruno Cunat de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie l’a présentée à la presse le 23 mars 2023 à Paris. L’AUKUS, accord militaire conclu en septembre 2021 entre l’Australie, la Grande-Bretagne et les États-Unis, avait entraîné l’annulation immédiate, par l’Australie, d’un grand contrat avec la France portant sur la fourniture de sous-marins à propulsion diesel-électrique.

Pilier capacitaire. Puissances nucléaires et membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, les deux pays ont une lecture proche des enjeux internationaux et une culture militaire similaire. La France a élaboré son modèle d’armée de manière autonome et la Grande-Bretagne le sien en coordination avec les États-Unis. Cette dernière dispose d’une capacité terrestre restreinte, mais a mis l’accent sur la haute technologie et le cyber. La coopération franco-britannique, qui remonte au traité de Lancaster House de 2010, évolue selon un dialogue permanent. Le traité inclut un volet sur la recherche et l’expérimentation nucléaires et la capacité, effective depuis 2020, à déployer une force expéditionnaire, commune mais non permanente, de 10.000 militaires sur un théâtre avec un état-major interarmées. Depuis 2016, la fonction d’adjoint est attribuée à un général britannique dans une division française et à un Français dans une division britannique. Les deux pays, qui ont apporté leur soutien à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, développent une capacité de projection vers l’Est avec le déploiement de matériels lourds dans le cadre de l’OTAN. En 2023, la coopération inclut la logistique, le renseignement et le cyber.

Pilier opérationnel. La France et la Grande-Bretagne participent à la « Combined Maritime Force 150 », coalition multinationale de lutte contre le terrorisme dans l’océan Indien. Des patrouilles communes aériennes et maritimes, avec des ravitaillements en vol et à la mer mutualisés, sont menées dans la zone Indopacifique avec les pays riverains, dont le Japon, pour maintenir la liberté de navigation face à la Chine. Des unités britanniques ont participé à l’exercice interalliés Orion 2023, organisé en France de février à mai avec un volet spatial dénommé Aster(X).

Pilier industriel. Sur la période 2021-2024, la Grande-Bretagne investit 188 Mds£ (212,2 Md$) dans la défense, dont 3 Mds£ (3,4 Mds€) dans le nucléaire et 20 Mds£ (22,6 Mds£) dans la recherche et le développement. La coopération avec la France concerne d’abord la filière missile du groupe franco-britannique MBDA. Les futurs missiles de croisière, successeurs du Scalp français et du Shadow britannique, pourraient être déclinés selon deux technologies : furtivité à une vitesse subsonique ou manœuvrabilité à des vitesses supersoniques. La famille du missile anti-aérien et antibalistique Aster (supersonique) sera modernisée : Aster 15 pour l’auto-défense antinavire et contre avions, drones et missiles de croisière ; Aster 30 pour la défense de zone et contre missiles balistiques. La coopération industrielle franco-britannique inclut divers programmes : missile air-air Meteor ; projet de drone sous-marin pour la lutte anti-mines MMCM ; canon de 40 mm monté sur véhicules blindés Jaguar français et Ajax britanniques ; armes à énergie dirigée ; maîtrise des fonds marins ; hélicoptères.

Loïc Salmon

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