Défense : renforcement industriel en armement et munitions

Les commandes d’armement aux industriels ont atteint 20 Mds€ en 2023. Les livraisons de missiles et d’obus, prévues pour 2024-2030 s’échelonneront entre l’été 2024 et le 2ème semestre 2025.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, les a annoncées au cours d’une conférence de presse, organisée le 26 mars 2024 à Paris, en présence des hautes autorités militaires et civiles, dont le chef d’État-major des armées, le général d’armée Thierry Burkhard, et le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva (photo).

Accélération des commandes. Le montant de 20 Mds€ des commandes effectives de 2023 dépassent d’un tiers celui de la moyenne de 15 Mds€ sur la période 2017-2022 et de plus du double celui de la moyenne de 9,5 Mds€ sur la période 2012-2016. Cela donne beaucoup de visibilité aux industriels de l’armement, explique le ministre, qui reconnaît des segments en tension dont les missiles Aster 30. Ces derniers équipent le dispositif sol-air Mamba, installé en Roumanie dans le cadre des missions OTAN de réassurance à l’Ukraine. Ce besoin de missiles concerne aussi la France. Ainsi, les frégates déployées en mer Rouge pour sécuriser le trafic maritime, ont tiré 22 missiles Aster 15 et 30 contre les drones et missiles balistiques lancés par les rebelles Houthis en réponse à l’offensive d’Israël à Gaza. Les commandes de divers types de missiles sol-air s’accélèrent. La livraison prévue en 2026 de 200 missiles longue portée Aster, commande d’un montant de 900 M€, aura lieu au 2ème semestre 2024. Celle de 1.500 missiles antichars MMP (400 M€) prévue fin 2024, sera avancée à l’été 2024, comme celle de 300 missiles courte portée Mistral (150 M€). Celle de 500 missiles air-air Mica-NG (700 M€), prévue fin 2026, aura lieu au 2ème semestre 2025. La livraison de 55.000 obus de 155 mm (600 M€) pour le canon Caesar, prévue de 2024 à 2030, sera avancée à l’été 2024. En outre, le ministre annoncé une commande anticipée de 200 missiles Aster, portant le montant total à 2 Mds€ et une autre similaire pour le Mica-NG. Au 31 décembre 2023, les principales commandes se répartissent ainsi : MBDA (missiles), 3 Md€ ; Naval Group (construction navale), 4 Mds€ ; Thalès (électronique), 6 Mds€ ; Arquus (véhicules terrestres), 1 Md€ ; Nexter (systémier terrestre), 1,5 Md€ ; Safran (aéronautique et espace), 2 Mds€. A l’export, le succès des canons Caesar offerts à l’Ukraine suscite de l’intérêt au Moyen Orient et en Europe, de même que les radars GM200 ou GM400. Toutefois, certains contrats n’ont pu aboutir en raison de délais de livraison trop longs.

Économie de guerre. Il s’agit de produire plus vite et en plus grande quantité, souligne le ministre, en s’appuyant sur une base industrielle et technologique de défense complètement autonome et performante à l’exportation. Les difficultés résultent de la diminution des crédits budgétaires et de contrats opérationnels, notamment au Sahel, ne nécessitant pas la même masse d’équipements ou de munitions qu’un conflit de haute intensité. Les industriels ont alors investi dans l’innovation et le développement d’armes nouvelles pour ne pas perdre des avancées technologiques. Toutefois, la production faisant la différence sur le terrain opérationnel, des travaux sont en cours sur les simplifications administratives et le financement, notamment au niveau de l’Union européenne. Enfin, le ministère des Armées va investir 10 M€ dans une usine de fabrication de poudre, filière perdue depuis 2007, pour produire l’équivalent à terme de 150.000 obus de 155 mm par an.

Aide à l’Ukraine. En deux ans de guerre, la France a livré environ 30.000 obus de 155 mm à l’Ukraine et lui en fournira 80.000 en 2024 ainsi que 78 canons Caesar (financement international bouclé). La France et l’Allemagne lui ont livré 400 équipements, qui auront besoin de maintenance. Un dialogue se poursuit avec les partenaires anglo-saxons pour adapter des bombes françaises A2SM sur les avions américains F16 destinés à l’Ukraine.

Loïc Salmon

Armement : produire plus et plus vite en temps de guerre

Ukraine : les enseignements de deux ans de guerre

Armement : la coalition « Artillerie pour l’Ukraine »




Europe : industrie de défense et forum stratégique à Paris

Simultanément à la publication par la Commission européenne d’une stratégie pour l’industrie de défense et d’une proposition de programme pour l’investissement de défense, l’Académie de défense de l’École militaire (ACADEM) organise, à Paris les 13 et 14 mars 2024, un forum international sur l’Europe.

Le 7 mars 2024, le ministère des Armées a publié un communiqué sur l’industrie de défense européenne et le général de corps d’armée Benoît Durieux, président de l’ACADEM, a présenté le forum à la presse.

Industrie de défense européenne. Le document de la Commission européenne sur la « Stratégie européenne pour l’industrie de défense » présente une vision à l’horizon 2035 selon cinq axes : investir mieux, ensemble et entre Européens ; assurer une meilleure disponibilité des équipements de défense ; un volet financement ; consolider une culture de préparation à la défense ; un volet partenariats, principalement avec l’Ukraine et l’OTAN. Le ministère français des Armées prend en compte ce qui sera défini comme « produit européen », à savoir conçu et fabriqué sur le sol européen. Il rappelle que l’industrie de défense doit répondre aux besoins des armées de chaque pays et que la vente d’équipements dépend de mesures définies au niveau national. Par ailleurs, la Commission européenne propose la création d’un Programme européen pour l’investissement de défense avec une enveloppe budgétaire de 1,5 Md€.

Contexte international tendu. Le général Durieux souligne que la Russie apparaît objectivement comme un péril pour l’Europe dans un monde où le repères se brouillent. Ainsi, l’ex-président des États-Unis Donald Trump (2017-2021), à nouveau candidat en 2024, a laissé entendre, le 10 février, que l’intervention des États-Unis ne serait pas automatique en cas d’attaque de la Russie contre un pays membre de l’OTAN. Il a répondu à un président d’un État membre : « Non je ne vous protégerai pas. En fait, je les encouragerai à faire ce qu’ils veulent ». Vous devez payer vos dettes ». Il faisait allusion aux pays membres qui ne consacrent pas encore 2 % de leur produit intérieur brut à la défense, pourcentage qui devrait être atteint par 18 pays membres (dont la France) sur 31 en 2024. Par ailleurs, le général Durieux a rappelé que de nombreux pays trouvent normal de ne pas condamner l’agression russe en Ukraine, que la violence politique se banalise et que l’organisation islamiste palestinienne a lancé une attaque terroriste contre Israël (7 octobre 2023), sans oublier les tensions en mer de Chine et les nombreuses attaques cyber récurrentes.

Forum international stratégique. Selon l’ACADEM, 2.600 personnes se sont inscrites au forum, qui réunit 215 conférenciers autour de 38 tables rondes et 3 ateliers continus. Parmi les invités, 68 nationalités sont représentées, dont : 80 personnes de la délégation franco-lituanienne (président lituanien et plusieurs ministres) ; 82 diplomates (22 ambassadeurs en poste) ; 41 parlementaires français et étrangers ; 39 attachés de Défense (42 attachés de. Défense adjoints) ; 26 officiers généraux étrangers (hors attachés de Défense) ; 128 officiers généraux français (59 en activité) ; 22 présidents-directeurs généraux de la base industrielle et technologique de défense. Le premier thème porte sur les architectures de défense et de sécurité de l’Europe, en raison de la proximité géographique de la guerre. Celle-ci appelle à accompagner l’innovation de rupture technologique, en tenant compte du changement climatique et de l’efficacité énergétique. Le deuxième thème aborde la géopolitique à l’Est, en mer Baltique, en Méditerranée, en Afrique et dans la zone indopacifique, où les ambitions territoriales de la Chine impliquent une « négociation coercitive entre États ». Le troisième thème concerne les milieux terrestre, maritime, aérien, spatial, cyber et informationnel, l’influence et le nucléaire.

Loïc Salmon

Ukraine : les enseignements de deux ans de guerre

Défense : l’ACADEM, rayonnement de la pensée stratégique française

Technologie : guerre électronique, cyber et renseignement




Ukraine : les enseignements de deux ans de guerre

Depuis l’offensive de la Russie contre l’Ukraine le 24 février 2022, la guerre s’enlise. Elle rappelle l’importance des forces morales, de l’accès aux ressources et du champ électromagnétique ainsi que le risque nucléaire. En outre, les deux belligérants s’adaptent en permanence.

Un retour d’expérience du conflit a été présenté à la presse, le 22 février 2024 à Paris, par le général de division aérienne Vincent Breton, directeur du Centre interarmées de concepts, doctrines et expérimentations.

Haute intensité et attrition. La Russie occupe encore une partie de Ukraine pour agrandir son propre territoire (en rouge sur la carte de situation du 21 au 23 février 2024, établie par l’État-major des armées). Cette guerre entraîne une attrition des matériels et des hommes. Les pertes seraient de l’ordre de 100.000 morts de chaque côté avec un ratio de 2 à 4 blessés pour 1 décès. Dans le milieu terrestre, les combats de tranchées, les champs de mines et les échanges d’artillerie réapparaissent. Aucun des belligérants ne dispose de la supériorité aérienne, qui lui permettrait la liberté de manœuvre aux abords du front et des frappes dans la profondeur. Presque chaque nuit, la Russie tire des missiles de croisière, des missiles balistiques et des drones Shahid 131 et 136, munitions préprogrammées bon marché de conception iranienne. L’Ukraine a développé ses propres missiles de croisière capables de frapper des raffineries et des dépôts pétroliers au cœur du territoire russe. Elle tire des missiles de croisière français Scalp et britanniques Storm Shadow contre des centres de commandement russes en Crimée. Par une manœuvre très habile, sa défense sol-air a détruit un avion radar Iliouchine A50, spécialisé dans la surveillance aérienne et basé en Biélorussie. L’Ukraine compense son manque de munitions d’artillerie par l’emploi massif (1 million/an) de drones FPV britanniques utilisés pour l’observation, les relais radio et comme munitions téléopérées. Toutefois, la Russie a rattrapé et même dépassé l’Ukraine en la matière et l’emporte dans la guerre électromagnétique, employée pour le renseignement et le brouillage de drones, du GPS, d’émissions radio et de radars. Dans le domaine maritime, les deux belligérants se neutralisent. L’Ukraine ne possède pas assez de navires pour contrôler la mer Noire, mais sa défense côtière oblige la flotte russe à se replier plus à l’Ouest. En outre au cours des trois derniers mois, la destruction de cinq bâtiments amphibies entrave la capacité russe d’opérations de la mer vers la terre.

Cyber et propagande. Au début de la guerre, la Russie a lancé de nombreuses cyberattaques, mais guère décisives car l’Ukraine avait préparé sa protection en amont. Toutefois, la menace cyber reste permanente. Ainsi en décembre 2023, une attaque russe contre le principal opérateur ukrainien de téléphonie mobile a privé une partie de la population des sirènes d’alerte aérienne. En matière de propagande, internet et les réseaux sociaux offrent une caisse de résonance extraordinaire dans une société hypermédiatisée. La stratégie de communication de l’Ukraine lui permis d’obtenir un soutien massif de l’Occident. La machine de guerre informationnelle de la Russie, héritée du KGB soviétique, joue sur la lassitude de la guerre pour créer un doute et lézarder la cohésion occidentale, mais sans y parvenir. Vis-à-vis des pays émergents, elle tente de faire passer l’invasion de l’Ukraine comme une guerre défensive contre une pseudo-agression de l’Occident, en jouant sur le ressentiment global des pays du Sud à son égard.

Profondeur stratégique. L’Ukraine parvient à résister grâce à la résilience de sa population et l’aide de l’Occident. La Russie, qui dispose d’un quasi-continent riche en matières premières, a conservé des stocks considérables de matériels, d’équipements, de munitions et d’armements accumulés pendant la guerre froide (1947-1991). Enfin, ses intentions restent difficiles à déterminer.

Loïc Salmon

Armement : la coalition « Artillerie pour l’Ukraine »

Russie : confit en Ukraine, mobilisation partielle et fragilités

352 | Dossier : « L’Ukraine, un an de guerre




Armement : les commandes majeures de 2023

Le 1er février 2024, la Délégation générale de l’armement (DGA) a annoncé des commandes, passées en 2023 et totalisant 20,3 Mds€, pour renouveler et moderniser les capacités aérienne, terrestre, navale, forces spéciales et missiles.

Armée de l’Air et de l’Espace. Un contrat de 42 avions Rafale en version monoplace au standard F4 a été notifié aux sociétés Dassault Aviation, Thales, Safran et MBDA. Le standard F4 comprend l’intégration du poste radio Contact, du missile Mica de nouvelle génération et du brouilleur autonome numérique intégré au système d’autoprotection Spectra. Le premier appareil sera livré en 2027. Les avions évolueront vers le standard F5 après 2030.

Armée de Terre. La société Nexter Systems, filiale du groupe franco-allemand KNDS, a reçu commande de 109 systèmes d’artillerie Caesar nouvelle génération (Mk II), dont la première livraison aura lieu en 2026. Le système Caesar se compose d’un canon de 155 mm d’une portée de 40 km et monté sur un camion 6X6 à cabine blindée. Sa mobilité lui permet d’atteindre plus de 80 km/h sur route sur une distance supérieure à 600 km. Le Caesar Mk II disposera d’une cabine au blindage renforcé contre les engins explosifs improvisés, mines, munitions de petit calibre et éclats d’artillerie. Il sera équipé d’une motorisation de 460 cv, contre 2015 cv auparavant, d’une boîte de vitesses automatiques, d’un nouveau châssis et d’un logiciel de conduite de tir de nouvelle génération. Compatible avec les munitions actuelles, il pourra utiliser les futures munitions de précision. Il sera compatible avec les matériels des programmes Scorpion interconnectés, grâce à une « vétronique » commune, à savoir l’architecture des systèmes de navigation, de contrôle, de communications, d’observation et de protection.

Marine nationale. La DGA a commandé 7 patrouilleurs hauturiers pour remplacer les patrouilleurs de haute mer basés à Brest et Toulon et les patrouilleurs de service public de Cherbourg. Leurs missions portent sur le soutien à la dissuasion nucléaire, la présence dans les zones de souveraineté et d’intérêt national, l’évacuation de personnels, l’escorte et l’intervention pour l’action de l’État en mer. Outre leur capacité de traitement de l’information et une tenue à la mer performante, ils pourront mettre en œuvre un hélicoptère ou un drone dans la durée. La première livraison aura lieu en 2026, en vue de la mise en service de 10 unités vers 2035. Naval Group a obtenu le contrat de modernisation du porte-avions Charles-de-Gaulle lors de son troisième arrêt technique majeur en 2027-2028. Les travaux porteront sur la mise en place du nouveau système de combat Setis 3.0 de Naval Group, du nouveau radar à quatre panneaux fixes Sea Fire (Thales) pour la lutte antimissile et du système de tir reconfigurable (MBDA) pour les missiles Aster. Après les Courbet et La-Fayette, la frégate Aconit a terminé sa modernisation et ses essais à la mer pour rester en service au-delà de 2030. Les travaux ont porté sur le système de combat, la veille optronique et le système de défense anti-aérienne.

Forces spéciales. La DGA a commandé 8 hélicoptères NH90 Caïman standard 2 pour remplacer les Caracal et Cougar du 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales en 2026-2029. Le standard 2 étendra les capacités d’insertion et d’extraction de commandos, d’appui-feu et de communications tactiques, grâce à une caméra infrarouge avec pointeur et désignateur laser, de nouveaux armements et un kit de communications.

Missiles. La DGA a commandé à MBDA 1.300 missiles moyenne portée Akeron et 329 missiles très courte portée Mistral 3. Outre une précision métrique et son mode « tire et oublie », l’Akeron neutralise des cibles statiques ou mobiles à 4 km, de jour comme de nuit, et conserve l’homme dans la boucle de décision. Le Mistral 3 fonctionne en « tire et oublie » contre les avions, hélicoptères, drones, missiles de croisière et munitions rôdeuses.

Loïc Salmon

Guerres : bilan 2022 et transferts mondiaux d’armements

Armement : la coalition « Artillerie pour l’Ukraine »

04ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales




Armement : la coalition « Artillerie pour l’Ukraine »

Une coalition, dirigée par la France et les États-Unis, vise à orienter, fédérer et coordonner les initiatives des pays participants pour équiper, former et structurer l’artillerie de l’Ukraine.

Annoncée le 18 janvier 2024 par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, cette coalition a été présentée à la presse le 25 janvier par le général de division Jean-Michel Guilloton, commandant de l’entraînement au combat interarmes et de la base de défense de Mourmelon-Mailly.

Selon le ministère des Armées, la France propose à l’Ukraine une offre complète de soutien militaire : livraisons capacitaires, de l’équipement individuel au char de combat ; maintien des matériels en condition opérationnelle ; munitions ; formation. Elle lui fournira 3.000 obus de 155 mm par mois, une quarantaine de missiles de croisière Scalp et plusieurs centaines de bombes A2SM longue portée.

La situation du front. Depuis l’invasion russe du 22 février 2022, indique le général Guilloton, l’armée ukrainienne montre des signes d’usure avec l’échec de la contre-offensive du printemps 2023, malgré la livraison importante de matériels occidentaux. En matière d’artillerie, l’armée russe tire six fois plus d’obus que la partie ukrainienne et accentue sa pression sur le front. Elle impose son tempo opérationnel et conserve l’initiative. A l’arrière, la Russie a transformé son industrie en économie et de guerre et, grâce à des partenariats, aurait reçu près d’un million d’obus de la Corée du Nord et des drones armés de l’Iran. Depuis la seconde guerre mondiale, l’armée russe compte sur son artillerie pour conduire la guerre avec une masse très variée de canons, lance-roquettes multiples, missiles longue portée et drones armés. Elle frappe, très loin dans la profondeur, les points névralgiques ukrainiens, les centres énergétiques et la population. Le champ de bataille devient transparent par la connexion directe des capteurs à l’artillerie longue portée et fait l’objet d’une guerre hybride via la propagande et l’influence. De son côté, l’Ukraine va bientôt atteindre son maximum en matière d’équipements, de logistique, de capacité de combat et de munitions. En face, la Russie s’est organisée en ordre de marche pour favoriser son rapport de force dans la durée.

La coalition « Artillerie ». Sur proposition des États-Unis, les 54 nations alliées pour la défense de l’Ukraine (31 membres de l’OTAN et 23 hors OTAN), réunies sur la base aérienne de l’OTAN à Ramstein (Allemagne), ont constitué un groupe de contact, dit « format Ramstein ». Le 19 septembre 2023 et afin de mieux coordonner l’aide apportée à l’Ukraine, rappelle le général Guilloton, elles ont défini cinq coalitions capacitaires majeures, à savoir maritime, aérienne, blindée, défense sol-air et artillerie sol-sol. Dans ce cadre, la France a pris la direction de la coalition de l’artillerie sol-sol. Actuellement, l’artillerie ukrainienne compte plusieurs milliers de pièces, dont 30 canons Caesar français et 19 Caesar danois. Le ministre des Armés a annoncé la livraison prochaine de 6 Caesar et une offre de 72 autres, dont 12 financés par la France et les autres par les diverses nations alliées. Une vingtaine d’États ont manifesté leur intérêt pour cette coalition, co-dirigée par les États-Unis qui ont déjà proposé plusieurs centaines de milliers d’obus. L’aide inclut tous les systèmes d’artillerie de 105 mm à 155 mm, les lance-roquettes et les capacités émergentes. En 2023, la France a formé 5.000 combattants ukrainiens, dont 350 artilleurs. L’objectif de 2024 porte sur 7.000-9.000 combattants, dont 220 artilleurs. A court terme, il s’agit de répondre aux besoins urgents en munitions et en maintenance et réparations des matériels cédés. Le moyen terme concerne la création d’une nouvelle armée ukrainienne interopérable au standard OTAN. Le long terme porte sur la mise en œuvre d’une production nationale ukrainienne, sous licence étrangère, de lanceurs, de munitions, de pièces détachées et de matériels logistiques.

Loïc Salmon

Russie : confit en Ukraine, mobilisation partielle et fragilités

Ukraine : ascendant opérationnel incertain dans le conflit en cours

Armements terrestres : enjeux capacitaires et industriels dans le contexte du conflit en Ukraine




Mer Rouge : trafic maritime international perturbé, riposte américano-britannique

Les 12 et 13 janvier 2024, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont effectué des frappes contre les rebelles houthis au Yémen, qui menacent le trafic maritime en mer Rouge (12 % du trafic mondial). La France déploie une frégate et assure une présence permanente dans la zone par des bases à Djibouti et aux Émirats arabes unis.

Les frappes américano-britanniques. Des missiles de croisière ont été tirés d’un sous-marin et par des avions. Ces derniers sont des appareils britanniques, basés à Chypre, et des appareils américains du porte-avions Dwight-D-Eisenhower, déployé en Méditerranée orientale. Les missiles ont atteint des sites militaires dans plusieurs villes contrôlées par les Houthis, dont Sanaa (capitale), Hodeïda (port), Taïz et Saada. Cette opération a été menée avec succès, a affirmé le président américain Joe Biden, en réponse « directe aux attaques sans précédent des Houthis sur des navires internationaux ». Il a indiqué que d’autres mesures pourraient suivre, si nécessaire. Depuis décembre 2023, la coalition « Prosperity Gardian », destinée à protéger le trafic en mer Rouge, réunit l’Australie, Bahreïn, le Canada, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Leurs gouvernements ont déclaré que les frappes du 12 janvier 2024 « démontrent un engagement commun pour la liberté de navigation, le commerce international et la défense de la vie des marins face à des attaques illégales et injustifiables ». Soutenus par l’Iran, les Houthis contrôlent une grande partie du Yémen et attaquent, par missiles et drones, des navires de commerce soupçonnés de servir des intérêts israéliens. Ils disent agir en solidarité avec la bande de Gaza, théâtre d’une guerre entre les forces armées israéliennes et le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a lancé une attaque terroriste dans le Sud-Est d’Israël le 7 octobre 2023 faisant 1.140 morts et prenant environ 250 personnes en otage, dont 110 ont été échangées contre des prisonniers palestiniens.

La contribution française. Le 11 janvier 2024 par visioconférence, le vice-amiral Emmanuel Slaars, commandant la zone maritime de l’océan Indien, a présenté la perception française de la situation à la presse à Paris. Après le 7 octobre 2023, les Houthis ont tenté, sans succès, de frapper le territoire israélien par des drones qui ont été interceptés ou ont dysfonctionné. Ils ont alors réorienté leurs efforts vers le trafic maritime du détroit de Bab el-Mandeb et de la mer Rouge. Plutôt que d’attaquer des pétroliers au risque déclencher une riposte des pays du golfe Arabo-Persique ou de provoquer une marée noire à leur détriment, ils visent les grands porte-conteneurs. Vu l’ancienneté de leurs données, ils ciblent, de façon erronée, un grand nombre de navires dont les intérêts dépassent ceux d’Israël, en raison de la diversité des nationalités des équipages, des pavillons et des cargaisons. Ils localisent leurs proies par des drones d’observation. Puis ils émettent par radio des injonctions, inefficaces, que les navires et leurs armateurs entendent. Ils lancent alors des drones-suicides et des missiles antinavires volant à quelques mètres au-dessus de la mer à plus de 900 km/h. Touché, un grand porte-conteneurs ralentit ou s’arrête pour éteindre l’incendie. Un drone d’observation part relever sa position exacte, en vue d’une frappe par missile balistique ou drone-suicide. La France, dont le dispositif aérien contribue à son appréciation autonome de la situation, déploie la frégate multi-misions Languedoc qui effectue des patrouilles, coordonnées ave celles de « Prosperity Gardian » et sous l’égide de la Combined Task Force 153 (15 pays). La frégate a tiré deux missiles Aster 15 contre des drones houthis le 8 décembre 2023. Selon l’amiral Slaas, 80 % du trafic de la mer Rouge continue avec plus de 320 navires. Le contournement de l’Afrique nécessite deux à trois semaines de navigation de plus avec un surcoût.

Loïc Salmon

Océan Indien : les forces françaises aux EAU, surveillance et coopération opérationnelle

L’océan Indien : enjeux stratégiques et militaires

Marine : GAN et « Mission Jeanne d’Arc » en océan Indien




Défense : contributions des armées à la sécurisation des Jeux Olympiques 2024

Les armées vont déployer 15.000 militaires sur le territoire national, dont 10.000 en Île-de-France, pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, en coordination avec le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer. Toutefois, elles garderont leur liberté d’action dans les milieux terrestre, aérien, maritime et cyber.

Le général de corps d’armée Christophe Abad, gouverneur militaire de Paris, l’a expliqué à la presse le 23 novembre 2023 à Paris. Des vidéos ont été présentées sur la posture permanente de sûreté air, par le général de brigade aérienne Arnaud Bourguignon, et sur la posture permanente de sauvegarde maritime, par le contre-amiral Vincent Grégoire, adjoint opérations à la zone maritime Méditerranée, et le contre-amiral Geoffroy d’Andigné, commandant supérieur des Forces armées en Polynésie française.

Longue préparation. La montée en puissance a commencé depuis deux ans avec des travaux de planification et des entraînements matérialisés par des exercices, indique le général Abad. L’un d’eux, spécifique aux Jeux Olympiques et dénommé « Coubertin », se déroule en plusieurs éditions en 2022, 2023 et 2024. Ces exercices, parfois sous une température supérieure à 45 ° C, ont porté sur la menace terroriste, la chute d’avion, les attaques de drones et les mouvements perturbateurs à l’entrée des emprises militaires. Un camp militaire sera implanté à Orly pour accueillir 5.000 soldats. S’y ajoute le retour d’expérience de la Coupe du monde de rugby tenue en France (8 septembre – 28 octobre 2023). Un protocole, conclu avec le Comité d’organisation des Jeux Olympiques, prévoit l’intervention de la police, de la Gendarmerie et des armées en cas de défaillances des sociétés privées de sécurité. Par ailleurs, l’opération « Sentinelle » de protection du territoire national, commandée depuis le Camp des Loges à Saint-Germain-en-Laye, verra son effectif porté à 7.000 personnels à l’été 2024. La cérémonie d’ouverture sur la Seine, sécurisée en amont par les armées, et certaines épreuves olympiques se dérouleront au centre de Paris. Les armées assureront la montée des drapeaux nationaux pendant la remise de 350 médailles des Jeux Olympiques et des 550 médailles des Jeux paralympiques à Lourdes. Enfin, la Préfecture de police pourra faire appel à des démineurs et des plongeurs militaires.

Sûreté aérienne. La défense aérienne du territoire national sera renforcée pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques, indique le général Bourguignon. Elle traitera les menaces par la mise en œuvre de moyens de défense sol-air, de chasseurs Rafale et Mirage 2000, d’avions ravitailleurs, d’un avion radar AWACS, de drones Reaper, d’avions d’entraînement Pilatus PC 21, pour identifier visuellement un appareil inconnu, et d’hélicoptères Fennec avec un tireur d’élite embarqué et des moyens de brouillage. La lutte contre les drones, au sol et en coordination avec le ministère de l’Intérieur, consiste à les détecter, les identifier et brouiller leurs moyens de communication.

Sauvegarde maritime. Les épreuves de voile, soit 150 régates, auront lieu en rade de Marseille, dont il faudra assurer la sécurité et celle des spectateurs, indique le l’amiral Grégoire. L’amiral commandant la zone Méditerranée et préfet maritime assure le maintien de l’ordre public, la sauvegarde des personnes et des biens et le bon déroulement de l’événement. Ses moyens incluent une cellule anti-pollution, un groupe de plongeurs-démineurs, la Gendarmerie maritime, des fusiliers marins et des unités navales de protection au large pour anticiper les menaces sur la frange côtière. Enfin, certaines épreuves, prévues en Polynésie française avec hébergement des athlètes dans un navire-hôtel, seront sécurisées par la Marine nationale, sous l’autorité du Haut-commissaire, responsable de l’action de l’État en mer, précise l’amiral d’Andigné.

Loïc Salmon

Armée de l’Air et de l’Espace : sûreté aérienne, la sécurisation du Salon aéronautique du Bourget

Territoire national : protection permanente contre intrusions aériennes et maritimes

 




Guerres : bilan 2022 et transferts mondiaux d’armements

Le nombre de conflits armés a progressé en 2022, alors que les transferts internationaux d’armes ont diminué. Toutefois, le nombre d’ogives nucléaires en alerte opérationnelle est resté stable.

C’est ce qui ressort du rapport annuel du Sipri (Institut international de Stockholm sur la paix), dont un résumé en français a été publié, début décembre 2023 à Bruxelles, par le Grip (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité).

Conflits armés. La guerre en Ukraine a été le seul conflit interétatique majeur impliquant des armées permanentes. Hors d’Europe, les conflits ont continué entre États aux frontières poreuses avec la participation de groupes armés non-étatiques, à savoir réseaux djihadistes, organisations criminelles, forces séparatistes et groupes rebelles. En tout, 56 pays se sont trouvés en état de guerre, soit 5 de plus qu’en 2021, avec plus de 147.600 morts, soit un peu moins qu’en 2021. Les combats ont causé plus de 10.000 morts en Ukraine, au Myanmar (Birmanie) et au Nigeria. Outre des conflits armés causant moins de 1.000 morts, l’Afrique a connu deux coups d’État réussis et trois tentatives infructueuses. Encore considéré comme un canal valable de coopération, le Conseil de sécurité de l’ONU a continué de mandater, au même rythme qu’en 2021, des opérations de paix, des régimes de sanctions et des initiatives de médiation, notamment en Afghanistan, en Haïti et au Myanmar. En Afrique, les forces armées nationales et multinationales sont parvenues à repousser les groupes djihadistes en Somalie et au Mozambique.

Privatisation croissante des conflits. Aucune définition universellement acceptée et juridiquement contraignante ne caractérise les sociétés militaires et de sécurité privées (SMSP), apparues lors des guerres en Irak (2003-2011) et d’Afghanistan (2001-2021). Actives dans le monde entier pour des clients très divers, les SMSP assument des responsabilités de sécurité mais aussi dans des fonctions essentielles de l’État et d’entreprises clés des pays d’accueil. Ceux-ci se procurent ainsi des compétences et des services à moindre coût. Selon le Sipri, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine et l’Afrique du Sud abriteraient 70 % des SMSP. Chine et Russie déploient les leurs en Afrique, en vue du contrôle et de l’extraction des ressources naturelles. Toutefois, la Russie, a utilisé ses SMSP au combat en Libye, Syrie, Ukraine et Afrique subsaharienne. L’une d’elles, le groupe Wagner, est connue pour ses violations des droits de l’homme et du droit humanitaire, contrats abusifs et ingérences dans les élections locales.

Transferts d’armements. Les États soumis à des conflits armés ou des tensions politiques internes ont tendance à acquérir de l’armement à l’étranger. Selon le Sipri, le volume de transferts internationaux d’armes majeures de la période 2018-2022 a diminué de 5,1 % par rapport à 2013-2017. Parmi les 63 États exportateurs, les États-Unis, la Russie, la France, la Chine et l’Allemagne contrôlent 76 % du marché mondial. En 2018-2022, la part des États-Unis est passée à 40 % du total mondial (+ 14 % par rapport à 2013-2017) et celle de la Russie à 16 % (- 31 %). Pendant la même période, les exportations d’armes de la France ont augmenté de 44 %, tandis que celles de la Chine ont diminué de 23 % et celles de l’Allemagne de 35 %. Parmi les 167 États acheteurs d’armes, l’Inde, l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Australie et la Chine ont acquis 36 % du total. Par zones d’importation, l’Asie-Pacifique arrive en tête avec 41 % du total, suivie du Moyen-Orient (31 %), de l’Europe (16 %), des Amériques (5,8 %) et de l’Afrique (5 %). Le Sipri évalue le commerce des armes à 127 milliards de dollars en 2021, soit…0,5 % du commerce international mondial !

Forces nucléaires. Début 2023, États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël totalisent 12.512 armes nucléaires, dont 9.576 potentiellement disponibles sur le plan opérationnel. Les forces armées en déploient 3.844, dont 2.000 en état d’alerte.

Loïc Salmon

La nouvelle guerre secrète

Russie : partenariats en Afrique, son principal marché d’exportation d’armement

Afrique : zone d’intérêt stratégique accru pour la Chine

 




Service de santé : IRBA, avoir un temps d’avance sur l’épidémie

L’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) participe à la préservation de la santé des militaires en opérations extérieures (Opex) par son expertise en matière de maladies infectieuses.

Le médecin chef des services Jean-Nicolas Tournier, chef de la division défense NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique), l’a expliqué à la presse le 21 septembre 2023 à Paris.

Crises sanitaires. En 1918, le virus H1N1, connu sous le nom de grippe espagnole, a tué plus de 20 millions de personnes. En 1957, est survenu le virus H2N2 ou grippe asiatique, suivi en 1968 du H3N2 ou grippe de Hong-Kong. Au début du XXème siècle, arrivent d’autres virus, dont le risque est pris en compte par les armées : SARS-coronavirus en 2003 ; Chikungunya en 2005 ; H1N1 ou grippe porcine en 2009 ; MERS-covid en 2012 ; Ébola en 2015 ; Zika en 2016 ; covid-19 en 2019. Les virus de la Chikungunya, du Zika et de la dengue, appelés « arbovirus », sont transmis par les moustiques. La dengue menace entre 2 milliards et 3,7 milliards de personnes. Elle a déjà causé 2.000 morts en France, où 883 cas ont été détectés entre 15 mai et le 15 septembre 2023. Le paludisme, également transmis par les moustiques, tue encore 500.000 personnes par an. Ce parasite, découvert par le médecin militaire Alphonse Laveran, premier prix Nobel français de médecine en1888, a causé plus de 5.000 morts parmi les troupes françaises lors de l’expédition de Madagascar en 1895, contre 25 tués au combat. Aujourd’hui, le réchauffement climatique élargit le domaine d’infection virale et le transport aérien en facilite la diffusion, notamment celle du covid-19. L’IRBA travaille sur les maladies virales, très difficiles à détecter et qui prennent une forme asymptomatique. Ainsi, des patients porteurs du virus ne présentant aucun symptôme ne se savent pas infectés.

« Piège à moustiques ». Très peu d’arbovirus ont été découverts chez les moustiques, mais beaucoup dans leurs déjections. Partant de cette observation scientifique, deux jeunes chercheurs de l’IRBA, récompensés par le prix de l’Audace en 2022, l’ont appliquée à la surveillance de ces maladies virales en capturant et gardant en vie des moustiques pour récupérer leurs déjections. Ces moustiques constituent un échantillon de l’environnement facile à transporter et ne nécessitant pas de compétence particulière en entomologie. Des tests ont été effectués en Camargue et au Mali en 2020 et à Djibouti et en Gironde en 2023. Un virus a été identifié en 1937 en Ouganda dans la sous-région du Nil occidental. Transmis par les moustiques, il se reproduit chez les oiseaux, notamment migrateurs, et infecte les chevaux et même les hommes, dont 80 % sont asymptomatiques. Seuls les plus fragiles, soit 1 %, peuvent souffrir de maladies neurologiques comme la méningite ou l’encéphalite. Cet outil dénommé « projet MX », souligne le médecin chef des services Tournier, permet de savoir ce qui se passe en matière de maladies virales avec leurs conséquences importantes sur les forces armées françaises déployées en Opex dans des territoires en zone tropicales, où circulent les arbovirus. Des infections par arbovirus ont été détectées sur le territoire métropolitain. L’évaluation du projet MX se poursuit dans les armées pendant les Opex.

Autres axes de recherche. L’IRBA développe des programmes de recherche centrés en priorité sur le combattant, placé au cœur de la capacité de défense, avec des retombées pour la santé publique. Parmi eux, l’un porte sur les réponses adaptatives aux environnements extrêmes, dont les milieux d’emploi subaquatique et aéronautique et les climats contraignants. Un autre concerne la prévention des conséquences de la fatigue et la gestion du rythme veille-sommeil. Un troisième programme porte sur la neurobiologie des états de stress et la prévention de leurs conséquences. Un quatrième concerne la médecine régénérative, à savoir la thérapie cellulaire et la réparation tissulaire.

Loïc Salmon

Service de santé : renforcement des capacités biomédicales

Service de santé : culture du retour d’expérience en opération extérieure

Service de santé : garantir au mieux la survie des blessés

 




Défense : de la réserve de complément à celles de compétences et de combat

Composante essentielle des forces morales et incarnation de la cohésion nationale, la réserve militaire, en cours de rénovation, contribue à la défense et à la résilience.

Le général Frédéric Barbry, commandant la division « Cohésion nationale » de l’État-major des armées et délégué interarmées aux réserves, l’a présentée à la presse le 19 octobre 2023 à Paris.

Montée en puissance. En 2023, le ministère des Armées compte 40.000 réservistes opérationnels, dont 25.000 dans l’armée de Terre, 6.000 dans la Marine nationale et 5.000 dans l’armée de l’Air et de l’Espace. S’y’ajoutent ceux des services interarmées (Santé, Commissariat et Énergie opérationnelle) et de la Direction générale de l’armement (3.000 réservistes d’ici à 2030) dans un contexte d’économie de guerre pour renforcer l’industrie d’armement en cas de crise majeure. L’effectif de la réserve devrait atteindre 80.000 personnels en 2030 en l’adaptant, quantitativement et qualitativement, aux besoins des armées tout en intégrant les exigences nouvelles de la société civile. Son emploi porte sur la protection du territoire, l’intervention aux côtés des unités d’active et l’apport de compétences. Actuellement, 60.000 anciens militaires d’active, sous-utilisés, ont l’obligation de disponibilité de cinq ans à leur départ en retraite. Ils consolideront les unités d’active et de réserve pour les régénérer en cas de conflit majeur. Dès 2024, le premier centre de rappel des réservistes sera mis en œuvre, en vue d’une dizaine pour la métropole et les Outre-mer en 2030. En outre, l’armée de Terre va constituer six bataillons (500 militaires chacun) de réserve, six de plus en 2025 et enfin l’unité d’outre-mer, en captant des compétences civiles en cyber, logistique ou maintenance. En 2024, la Marine nationale va déployer trois flottilles côtières sur l’ensemble du littoral Atlantique puis, ultérieurement, en Méditerranée en en Manche ains que six escouades (une quinzaine de militaires chacune) en outre-mer avec un effort sur les Antilles en 2025 et 30 unités de réserve opérationnelle dans les ports. L’armée de l’Air et de l’Espace va constituer une base aérienne de réserve et des escadrons (une centaine de militaires chacun) de réserve, adossés à chaque base aérienne. Les directions et services vont aussi créer des unités nouvelles. Dès 2027, le Service des synergies opérationnelles va établir une unité pétrolière de soutien auprès de la base pétrolière interarmées, sur un modèle de parité entre militaires d’active et de réserve. La gestion des compétences sera mise en place dans le cadre des reconnaissances croisées des compétences à la fois civiles et militaires. Le temps d’entraînement du réserviste, actuellement de 17 % de son temps de service, sera porté à 25 %. Le Plan Réserve 2035 repose surtout sur la communication institutionnelle déclinée par les principales composantes Terre, Air et Espace, Marine nationale, Directions et Services. Le système d’informations ROC (réservistes opérationnels connectés) pilotera la montée en puissance. Un service d’assistance téléphonique permettra à chaque candidat réserviste d’avoir un correspondant pour guider son choix.

Être réserviste en 2023. Militaires à part entière, les réservistes ne font pas l’objet d’un distinguo en situation opérationnelle, souligne le général Barbry. Ils viennent du service nationalπ pour 7,3 %, des armées d’active pour 39,6 % et directement du monde civil…pour 53,2 % ! Âgé d’environ 7 ans de plus que son homologue d’active, le réserviste peut désormais servir jusqu’à 72 ans ! Les militaires du rang représentent 80 % des moins de 30 ans et les sous-officiers 55 % des 40-50 ans et 58 % des plus de 50 ans. Les officiers constituent 7 % des moins de 30 ans, 35 % des 30-50ans et 45 % des plus de 50 ans. La répartition s’établit ainsi : militaires du rang, 73 % d’hommes et 27 % de femmes ; sous-officiers, 77 % d’hommes et 23 % de femmes ; officiers, 84 % d’hommes et 16 % de femmes.

Loïc Salmon

Garde nationale : catalyser les réserves militaires et civiles

Défense : la réserve opérationnelle, outil indispensable aux armées

Armement : gestion des stocks dans un conflit de haute intensité