Blessés psychiques : l’opération « Omega » de réinsertion professionnelle civile
Le bilan des compétences de blessés psychiques en opérations extérieures (Opex) permet de déceler leurs talents dans une nouvelle profession, que 80 % d’entre eux souhaitent civile. Le 7 janvier 2016 à Paris, le colonel Thierry Maloux, chef de la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre (CABAT), a présenté à la presse l’opération « Omega », soutenue par l’armée de Terre, le gouverneur militaire de Paris et l’association Terre Fraternité (photo). Lancée en avril 2015, « Omega » a déjà débouché sur 13 contrats à durée indéterminée chez Nexter, Conforama, Michelin, Décathlon et Auchan ainsi que des promesses d’embauche chez Thales et Aéroports de Paris.
Évaluation et soutien. Au 1er octobre 2015, plus de 500 blessés psychiques de l’armée de Terre se trouvaient en congé maladie de longue durée et souffraient de syndromes post-traumatiques consécutifs aux Opex des cinq dernières années. Souvent, ces blessés ne peuvent plus servir en situation opérationnelle et font l’objet d’un processus de réadaptations sociale et professionnelle. Le blessé, homme ou femme, rassemble des savoir-faire et des « savoir-être » militaires transposables dans le milieu civil, explique le colonel Maloux. A l’issue d’un parcours de soins en vue de regagner progressivement son autonomie, il parvient à valoriser ses qualités de résilience, d’audace, d’endurance, de travail en équipe et de loyauté. Le processus d’accompagnement de l’opération « Omega » se fonde sur l’acquisition, par les blessés, des outils de la reconversion, et, pour la CABAT, sur la fidélisation des entreprises susceptibles de les embaucher. D’ici à la fin de 2016, la CABAT estime pouvoir définir un processus ayant prouvé son efficacité, en vue de le transposer à une échelle ministérielle, et adossé à un vivier pérenne d’employeurs potentiels. Elle recherche stages professionnels et formations de l’Agence de reconversion de la défense, de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre ou des Maisons départementales pour les personnes handicapées.
Compagnonnage progressif. Les « acteurs ressources », visés par la CABAT, sont constitués par les grands groupes, petites et moyennes entreprises et relais professionnels, en mesure de proposer des offres d’emplois adaptés aux blessés psychiques et ce dans le cadre d’une relation privilégiée avec l’armée de Terre. Chaque blessé peut faire l’objet d’une période d’immersion d’un mois à un an dans l’entreprise, afin d’adapter au mieux le poste envisagé et d’acquérir une confiance mutuelle et une confiance partagée. La CABAT et le Service de santé des armées garantissent un suivi médical et social pendant la période d’immersion. Elle signe avec l’acteur ressources une « charte éthique », précisant les conditions du tutorat en entreprise, et une convention d’immersion. Le blessé est protégé par le code de la défense et le certificat médical de réadaptation professionnelle. Maintenu sous contrat militaire, il est rémunéré par le ministère de la Défense. L’association Terre Fraternité finance les frais éventuels liés à l’immersion, notamment l’hébergement. Cette immersion doit normalement se conclure par la signature d’un contrat à durée indéterminée, dans le cadre de l’obligation d’emploi de personnes en situation de handicap. En outre, la loi N°2005-102 du 11 février 2005 accorde des avantages aux entreprises, qui doivent réserver jusqu’à 6 % de leurs ressources humaines aux travailleurs handicapés qualifiés.
Loïc Salmon
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