Armée de l’Air et de l’Espace : imaginer et mettre en œuvre une défense spatiale

Indispensables à l’économie, la sécurité, l’autonomie stratégique et aux opérations militaires, les capacités spatiales sont confrontées à des risques croissants et à de nouvelles menaces.

Le 3 mars 2022 à Paris, Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées, et le général de division aérienne Michel Friedling, qui dirige le Commandement de l’espace (CDE), ont présenté à la presse la situation et les perspectives d’avenir dans ce domaine.

Les enjeux. Actuellement, 5.000 satellites militaires se trouvent en orbite et la Russie a réussi la destruction d’un de ses anciens satellites par un missile, rappelle Hervé Grandjean. La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit 4,3 Mds€ pour le renouvellement des capacités militaires spatiales. En outre, 700M€ supplémentaires permettront d’en financer trois de plus, à savoir la surveillance, la défense active et le C2 (commandement et conduite) qui permet le dialogue entre les capteurs et les systèmes d’arme d’interception. Chaque système comprend un missile, un radar de conduite de tir et l’autodirecteur du missile pour son guidage terminal sur la cible.

Les capacités militaires. Outre les services commerciaux, indique le général Friedling, le CDE dispose des programmes de satellites de communication militaires : Syracuse 4A et 4B, remplacés par Syr4C en 2029 ; Sicral 2, franco-italien ; Athéna-Fidus, franco-italien à usage également civil. Pour l’imagerie spatiale, il utilise : les services commerciaux d’Airbus Defence & Space ; les satellites du programme CSO, remplacé en 2028 par le programme Iris ; le système allemand de reconnaissance radar Sar Lupe (résolution, 1 m), bientôt remplacé par le système Sarah (résolution 35-40 cm) ; le système radar italien Cosmo SkyMed, à usages militaire et civil pour la surveillance du bassin méditerranéen. Le renseignement d’origine électromagnétique est assuré par le système CERES, remplacé par le système CELESTE en 2029. De plus, le CDE peut utiliser les systèmes de navigation Galileo (Union européenne) et Oméga (Etats-Unis, Norvège, Liberia, France, Argentine, Australie et Japon). Pour l’appui aux opérations, le programme ARES (Action et résilience spatiale) inclut des moyens de surveillance : optiques, avec les réseaux de télescopes automatiques Tarot et de capteurs GEOTracker® ; radar, avec les systèmes Satam (trajectographie des avions et des munitions), GRAVES (détection de satellites en orbite basse), qui aura un successeur en 2025, et Leolabs (Etat-Unis), capable de suivre 250.000 objets de moins de 10 cm ; de radiofréquences, avec le réseau de capteurs We Track de Safran Data Systems. En lien avec l’Agence d’innovation de défense, le LISA (Laboratoire d’innovation spatiale des armées) réunit les compétences du CNES, de l’ONERA, de la Direction générale de l’armement et d’une trentaine d’entreprises. Par ailleurs, le 28 janvier 2021, l’OTAN a décidé d’implanter, à Toulouse à proximité du CDE, un centre d’excellence dédié à l’espace auquel 14 pays ont annoncé leur participation. Du 24 février au 4 mars 2021, le CDE a organisé l’exercice spatial militaire « AsterX 2022 », mené aux niveaux opérationnel et tactique avec la Direction du renseignement militaire, la Direction interarmées des réseaux d’infrastructures et des systèmes d’information de la défense ainsi que des partenaires étrangers. En 2025, le CDE devrait compter 470 personnels civils et militaires contre 226 à sa création en 2019.

Loïc Salmon

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